
obfervons que les pierres qui n’ont point été attachées
, ne montrent aucune apparence de liaifon de
fcionze , & font cependant très-bien liées. Il talloit
donc un oeil bien pénétrant pour découvrir , fans fe
tromper , les endroits où il y avoit du métal. S’ il
en reftoit encore dans ceux qui font bien confer-
vés , on le découvriroit aujourd’hui aufii - bien
qu’on le découvrit autrefois dans ceux qui font
troués. Il n’y en a pas dans les uns, il n’y en avoit
donc pas dans les autres.
5e*. On a percé ces pierres pour chercher des
dépôts d’argent, de bijoux , &c.
6°. Ces trous ont été faits dans le temps même
qu’on bâtiffoit le Colifée. Ils fervoient à recevoir
les pièces de charpente qui formoiènt les échaffauds.
Rcponfe. Ces deux opinions ne valent pas la peine
d ’être réfutées.
7° . Enfin , autrefois il s’eft tenu de grandes
foires aux environs du Colifée. Les marchands y
ont fait ces trous. On lit dans Donati la preuve
hiftorique de ;ce fait : il fe fonde fur le paflage d’un
auteur du douzième fièele , où il eft parlé de diffère
ns ouvriers établis dans le Cohiée , &. en particulier
de certains Banderirii , que Donati „explique
par les termes d’ouvriers en foie;
Réponfe. Si l ’on ne parle que de logis , de boutiques
appuyées contre le Colifée, il refte toujours
à expliquer pourquoi les voûtes du dedans ont été
percées & pourquoi lès mêmes trous régnent au
plus haut de l’édifice.
Telle eft l’analyfe fuccinte de la differtation de
l'évêque de Vaifon, & de la réfutation qui en fut
faite par Marangoni.
Avant d’adopter une opinion fur cet objet, il
me femble que la queftion doit fe généralifer davantage.
Et d’abord il faut favoir que le Colifée
n’eft pas le feul monument où l’on apperçoive de
ces cavités. On en voit ad théâtre de Marcellus ,
à ce qu’on appelle le temple de Janus, aux arcs antiques,
à la colonne Trajane. Mais ces trous font-
ils de même nature par-tout ? Non. Par exemple ,
à l ’arc de Conftantin, on trouve des trous quar-
rément faits & répandus irrégulièrement fur les
piédroits. Il eft vifible que c’étoit des trous de
icellement, qui attachoient les ornemens de bronze
dont ces piédroits étoient ornés. Mais ces trous de
feeliement qu’on voit à d’autres édifices encore,
n’ont rien de femblable à ceux qui fe voient aux
joints des pierres du colifée, de la colonne Trajane
, & qui font forés au hafard fans aucun ref-
pecl pour la pierre, & fans annoncer aucune intention
de feeliement. L’on ne fauroit donc induire
de l’exemple de l’arc de Conftantin aucune analogie
dans le motif des trous du colifée. Quelle
plaifante & ridicule idée eût été celle de décorer
de bronze une mafle telle que celle-là, ou de s’imaginer
qu’on auroit pu faire fervir ce placage de
bronze à la folidité. d’ une fi énorme conftru&ion î
Le quatrième ordre étoit le feul où de femblable«
précautions auroient pu paroitre utiles , parce qu’il
ne confifte que dans une fimple muraille, bien épaiffe
il eft v ra i, mais dont la preique moitié étoit fans
point d’appui par derrière. De plus , cet ordre
avoit à foutenir l’effort du jeu des poulies, lorfqn’on
étendoit ou retiroit les toiles qui couvroient l’amphithéâtre.
Cette partie cependant eft la feule où
l ’on ne voie point les cavités en queftion.
Ce qui contribue à rendre encore doutéufe■ ,1’opi-
" nion qu’on peut prendre fur les motifs de ces trous,
c’ eft qu’ils ne font pas tous pratiqués entre les joints
des pierres ; qu’il y en a , & en grand nombre, faits
dans le v if même des pierres, dans le coeur des
tambours qui forment les colonnes. Pourquoi en-
fuite, fi l’objet de ces trous a été d’extraire les crampons
de bronze qui lioient une pierre à une autre,
ou d’établir d’une pierre à l’autre , ce qui ne fauroit
avoir de vraifemblance., des attaches extérieures
femblables à celles qu’on met aux tablettes des
baluftrades ou aux parapets des ponts & des quais;
pourquoi, dis-je, dans telle pierre , voit-on deux
ou trois trous , tandis qu’il n’y en aura qu’un, que
quelquefois même il n’y en aura pas dans la pierre
qui lui répond, & . avec laquelle elle devoit être
liée |
Il n’y a ce me femble que deux conje&ures qui
puiffent rendre une raifon fatisfaifante de ces trous;
& ces conjectures fe changent en. certitude, par la
comparaifon que l’on fait des cavités en queftion
avec celles dont il a. été parlé plus haut, & qui
étoient deftinées à des fceliemens , tandis que celles-
: c i , par le déchirement de la pierre , annoncent
qu’elles étoient des trous de boulin.
Il paroît que Ton avoit conçu , ou partiellement
en différens temps , ou généralement & tout à la
-fois, le projet de détruire les monumens de Rome,
& qu’on fit à ces bârimens condamnés & proferits
un échafaudage propre à opérer leur démolition.
L’amphithéâtre de Nifmes devoit fe détruire par
le feu, comme le prouve l’intérieur de fes corridors,
encore noircis , calcinés & dégradés par l’effet des
eombuftibles qu’on y avoit entaffés ; mais l’édifice
réfifta à cet incendie. On aura voulu procéder à,
celui de Rome d’une manière plus fûre , & la partie
détruite du Colifée prouve qu’on avoit .employé
à cette deftru&ion des moyens très-adifs. Mille
raifoïis' ont'pu fufpendre ou arrêter cette démolition
, & l’échafaudage aura difparu en laiffanf le»
traces des trous de boulin.
Il paroît encore que la certitude de trouver des
crampons de bronze dans une grande partie des édifices
romains , aura, dans un temps de détrefte,
fuggéré à quelquè fpéculateur, d’entreprendre l’extraction
univerfelle & économique de ce métal dans
tous les monumens où l’on en fuppofoit. On aura
échafaudé tous les édifices, on aura été trompe
fur la quantité qu’on efpéroit exploiter , & peut-etre
aura-t-on abandonné l’entreprife* quand on aura vu
Le la dépend excédoit le revenu dont on »'étoit
I ntoi qu’il en foit de l’une ou l’autre de ces deux
Lpothèfa , il eft confiant que ces trous ont été
l i t s uour recevoir un échafaudage ; & comme on
Enquiétoit peu du fort des monumens qu on
Ivouoit à la violation ou à la deftru&on, on aura
L i s le moyen le plus-fimple & le plus economique
Inour échafauder. Voilà pourquoi ces trous font
Itaits fans ordre, fans foin , fans art, fans refpefl
Inour les pierres ni pour l’architefture. Et voila
i pourquoi oh i tant de peine à trouver un motif
Iréeulier dans le rapport de ces cavités ou le haiard
tfieul dut préfider.
f Crxmpoh , f. m. ( conftrua. ) eft une petite
Jbarre de métal pliée par les deux bouts ; on en
Idiftingue de trois fortes, favoir, à pointe à patte
E t à feeliement ; les crampons à pattes & à joints
Kbit des pièces de ferrurerie, qui fervent ordinal- -
Irement de gâches ou de conduits pour des ver-
Eouils, ou targettes. (Voyez ces mots),
i Les crampons à feeliement ont été imaginés pour
junir les pierres de taille,avec plus de force, dans
Iles conftru&ions qui exigent’ une très-grande foli-
Idité, telles que les premières affifes des culées &
j des piles de ponts; les vOu (loirs des grandes voûtes,
lies tablettes des baluftrades, & en général les gran-
j des pierres qui terminent une partie d’édifice,
ilorfqu’eUes font ifolées de deux côtés, tels que les
■ baluftrades qui forment le deflus des parapets des
j ponts & des quais ,& celles dont les joints font lu-
w jets à être dégradés par les eaux.
I Les anciens ont. employé le bronze au lieu du
■ fer pour ces fortes de crampons , parce qu’il eft
■ plus durable , n’étant pas fuje t,' comme le fer, à
letre détruit par la rouille, qui, en augmentant le
■ Volume des crampons de fe r , fait éclater les pierres
»dans lefquelles ils font fceilés.
[ La manière la plus folide de fixer les crampons en
■ place, eft de les entailler de leur épaiffeur dans la
B pierre, & de les fceller en plomb , lorfque la pierre
j eft de nature à fupporter la chaleur qu’occafionne
Bcette opération, fans éclater. Tous les crampons
antiques, qu’on a découverts dans les ruines des an-
B tiens édifices, étoient fceilés de cette manière.
I Lorfqu’ôn ne peut pas faire ufage du plomb,'on
I peut fe fervir de foufre ; cette matière, qui forme
Kun corps dur & folide fi-toc qu’elle eft refroidie,
f s’unit fortement à la pierre & au fer qu’elle ga-
1 rantit de la rouille. L’expérience a./ fait connoîrre
qu’elle forme de très-bons lceilemeiis, fur-tout pour
Blés endroits humides. On "peut aufii faire ufage de
B ciment & de maftic gras ; mais ils ont l ’inconvé-
■ nient d’être fort long-temps à durcir.
| Dans les ouvrages de moindre importance , lorf-
B 5ue ^es crampons font à l’abri de l’humidité & des
■ injures de l’air , on pçut les fceller en plâtre;
!' c e‘ft ainfi qu’ont été, fceilés ceux qui font dans
B les voûtes du Pauchéon françois.
- CRAMPONNER, V. H- ( .coiiftrud. ) C’eft
réunir avec des crampons plufieurs parties, telles
que des pièces de bois ou des pierres de ta ille ,
afin d’en former une maffe folide, lorfque les af-
femblages ou le mortier fe trouvent mfuffifans,'
( Voyez le mot crampon ).
CRAPAUDINE , f. f. Morceau de fer ou de
bronze, creufé , qui reçoit le pivot d’une porte,
ou de l’arbre d’une machine , & au moyen duquel
elles tournent verticalement. On le nomme aufïi
couette. & grenouille.
CrapauDiNe. ( Archit. hydraul. ) On entend
par ce mot deux chofes : premièrement, une feuille
de tôle percée sde plufieurs.trous , que l’on met
deflus un tuyau de décharge dans un baflin , posr
empêcher les ordures d’engorger la conduite. On
en met aufii dans le fond d’ un réfervoir au-deffu*
des foupapes.
Secondement, on entend par crapaudine, uneefpèce
de foupape placée au fond des baflins & des réfer-
voirs pour.les mettre à foc. Elle eft compofée de
deux pièces, dont l’une, appelée la femelle., eft immobile
& percée dans le milieu , & la deuxième,
qu’on nomme le mâle, fe lève par le moyen d’une
vis que l ’on fait tourner avec une clef de fer. Cet te
pièce s’emboîte fi jufte dans l’autre, qu’il ne fe
perd pas une goutte d’eau quand la crapaudine eft
fermée.
CRa T IC I I PARIETES. Perrault traduit ces
deux mots par cloifonage de bois. Philander croit
que ces .fortes de murs étoient faits de cannes entrelacées
comme des claies, parce que crates fignifie
une claie.
C R A Y E , f. f. Pierre tendre & blanche, dont on
fe fert pour defiïner &. tracer au cordeau & à la
règle , foit fur les bois qu’on doit tailler, foit fur
l ’ardoife ou toute autre efpèce de tablette.
En certains pays la craye acquiert une confiftance,
qui permet de l ’employer à la cojiftruélion. On en
trouve de cette nature en Flandre.
CRAYON , f. m. C’eft un petit morceau de
pierre tendre,aiguiféen pointe, quia divers ufages
dans l’art de bâtir.
La mine de plomb fert particulièrement à defliner
l’architedure. On la préfère à toutes les pierres ,
parce que confervant fa pointe, elle fait les traits
plus fins, qu’elle s’efface plus aifément, & qu’on
peut paffer proprement à l’encre les lignes tracées
ainfi. La meilleure, qui vient d’Angleterre , eft
la plus pefante ; elle a le grain clair & fin, elle
eft douce fous le canif, Sc elle ne s’égrène point
j quand on l’aiguifo. Lcrlqu’elle eft tendre, on s’en
fert. pour les élévations &Ies ornemens, & on fait
ufage. de celle qui eft un peu plus fermé pour les
plans-. .
Le crayon noir ou la pierre noire, fert aux maçons,
charpentiers & menuifiers, pour tracer, ainfi
que la craye ou pierre blanche.
Le crayon de fanguine eft utile pour faire distinguer
fur un plan les changeraens ou augmen-
l tâtions qu’on y veut faire, ou pour marquer for
Tz