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c e lle efpece de mouton que l ’on appelle h i e , pour"
frapper les tories monnoies. L e marteau e u té té un
iuftrument trop peu puiffaul & trop peu expéditif.
• On appelle nie , un mouton irè s -pe lan t, qu’on
lève a v ec un en g in , par le moyen d ’un moulin ét,
& qu’on 1 aille enfuite tomber en lâchant le d é d i t ,
ce qui donne un coup beaucoup plus fort que
celu i du mouton ordinaire.
M O U V EM E N T , f. m. Le mouvement qui eft
un des caractères particuliers de tous les êtres
animés &, organifés , qui eft l’attribut extérieur &
fënfible de la vie ; le mouvement eft aulïi c e qui
donne particulièrement aux ouvrages de l’a r t ,
l’ efpèce de v ie qui leur eft propre. C’eft par le
mouvement plus ou moins g rad ué , plus ou moins,
exp r im é , que :l’imitalion des corps nous p la ît ,
foit dans l’attitude & l’action d’ une feule f ig u r e ,
foit dans la coinpofîtiôn des fcènes qui comportent
un grand nombre de perfonnages;
Mouvement fe prendra donc1, dans c è sa r ts , fous
deux acceptions : l’une pofitive , qui exprime an
iens fimplè, l ’état des corps,' oppofé à l ’état de
repos j l’autre métaphorique, qui lign ifie , au fens
fig u ré ,.le s qualités & les propriétés morales, qui
font le contraire de roideur & de monotonie.
. Il eft bien cla ir que l’on ne peut appliquer à
îa vch iteG u re , l ’exprefiîon & l ’idée tle mouvement,
que fous ce dernier rapp ort, le rapport figuré ou
métaphorique.
Ainfi le m ouvement. fera , en architeGure ,
une qualité fynonyme de variété. (J ^ o y e zV a -
riété. )
-On met du mouvement dans le plan d’un édif
i c e , lorfqu’on le difpofe fur des lignes q u i , par
des formes Taillantes pu rentrantes , donnent à la!'
diftribution des in térieurs, certaines facilités de
d é g a g em en t , certaines diverfirés d’ex poli lion ,
certaines variétés d’a c c è s , auxquelles lafim p lic ité
'd’une ligne de bâ timen t uni forme fe refufe.
On met du mouvement .dans l ’élévation d ’un
► édifice , foit Iorfque-, par le mouvement du plan ,
en s’eft ménagé des, avant-corps ou des a rrière
corps , foit lorlque l’on compofe cette élév a tion ,
de manière à ce qu’elle préfente des maffes üive r-
fement élev ée s, des ligues codtraftantes, foitl'orf-
qu’on y emploie plufieurs ordres , ou des .oppofi-
tions frappantes entre les pleins & les vides.
On met du mouvement dans la décoration d’un
•édifice, par toutes les fortes de moyens qui .dépendent
du génie d e l’a rch iteG e, lequel emploie.à produire
cet e f fe t , la diverfité même des matériaux
& de leurs cou leurs, l a , dwerfîté des procédés
dans la manière de les ta ille r, les oppofitions des
parties liffes a vec les parties ornées, l ’emploi de
■ la feulpture, des b a s -re lie fs , des ornemens, &c.
Ce qu’on appelle mouvement eft donc une qualité
louable en architeGure ; mais , comme toutes
les qualités de ce g en r e , elle a auffi fon excès qui
gn fait un v ic e . Il y. eut un temps où la manie du
M U E
mouvement ou de la variété qu’on appela ain fi,
fut ponffée à un tel p o in t , que les plans des édifices
furent tra cé s, non plus en vue des.befoins
réels & des convenances propres au monument,
mais d’après le caprice d’ une invention, p u é r ile ,
qui fembla faire un jeu de la combinai fon de
toutes les figures que le crayon pouvoit tracer.
On vit de mêm e., dans les élévation s , proforire
les lignes d ro ite s ,- .! s contours régu liers , les
courbes fimples. Tout fut éch an c ré , contourné,
mixtiligne : la décoration eut le même fort, &
nous avons allez fait conuoîlre les excès de celle
manie de mouvement, aux articles Bizarrerie ,
Boromini. ( V o y e z ces mots.)
M O Y E , f. f. C ’e f t , dans une pierre du re, ce lle
matière tendre qui fuit fon lit de c a r r iè re , & qui
p rodu itle délitement. On reconnoît cette matière,
iorfqû-’après avoir été expo fée aux in juresde l’air
pendant quelque temps, elle n’à pu y réfifteiv
Moyer une pie r re , c’eft la fendre félon la moye
de fon lit. On appelle pierre moyée , celle dont la
partie tendre a été abattue.
M U E T ( L e ) , architeGe né à D ijo n , en i 5<)i,
mort en 1669.
Son père éloit garde provincial de l ’artille rie d e
Bourgogne : il eft à préfumer que cet emploi' fut
ce qui tourna les premières difpofilions d e fon fils
vers le génie militaire. Nous iifons que lé jeune
le Muet fut employé en Picardie par le cardinal
de R ich e lieu , à des travaux de fortification) mais
le 'g o û t p.our l ’architeêlùre ,civilë prit b ien tô t ,
chez l u i , le defïus,
L e M uet fut un des architeGes les plus employés
de fon temps , fi l’on en croit les notices qu’on
trouve des hôtels & maifons de particuliers qu’il
conftruifif. On cite dans le nombre , lès hôtels de
L a ig le , de L u yn e s , de Beauvilliers..
Il fit auffi plufieurs châteaux en diverfes pro4-
vinces. Ceux q u i lui acquirent le plus d’honneur ,
furent le château de Cha vigny en Tou-rainê ,
pour M. de Cha vigny , fecrétaire d’E t a t , & celui
de Pont en Champagne, pour M. B o u lh illie r ,
furi-ntendant des finances.
L a réputation de le Muet lui valut une des plus
flatteufes diftinGions; on veut parler du choix
que fit de lui Anne d’Autriche., pour achever
l ’églife du V al - d e - Grâce à P a r is , Iorfque les
„travaux dé ,ce grand monument furent repris
l’an 1654* U en dirigea e ir ch e f la coriftruGiou.,
depuis la première corniche , où François Manfart
l ’avoit laiflé e, jùfqu’au. couronnement de l’éd if ic e ,
& il eut le bon efprit de ne pas s’écarter des déifias
du premier architeGe.
Quelques critiques ont prétendu cependant que
le Muet a vo it pu les a ltérer , & forlir des intentions
de fon p réd éc effeu r, dans la-partie de la dé-;
coration fur tou t, & on lui attribue c e goût pefanfc
de feu lp tu re , dont les voûtes paroiffent plutôt
chargées qu’embellies,
M U E
"Le Muet eut fous lui, pour infpeGeurs généraux,
deux architectes habiles qu’Anne d’Au triche voulut
affocier à ces tra vaux, favoir, Bronlel & leD uc .
C eft à ce dernier qu’on attribue généralement
1 achèvement d e là coupole du V al-d e -G râ ce .
En i 656, le Muet corntnença l ’églife des A u gu f-
tins de la place des ViGoires. Il mourut avant de
la v o ir terminée, à l ’âge de*78 ans.
On a de fa compofition trois ouvrages de
théorie d’architeGure qui dans leur temps eurent
d.i fuccès. Le p rem ièf, dédié au R o i, eft la Manière
de bâtir pour toutes fo r te s de perfonnes
( in -fo lio ). Il contient les plans & les élévations
de plufieurs édifices de fa compofitiort, deftinés
furtout à des habitations de particuliers ( fa date
eft 16 23 ). On peut ju ger , d’après ce re cu e il, que
le Muet e ut généralement un goût fage , r é g lé , 81
formé fur les modèles de l’antiquité. C’eft particulièrement
dans le ftyle d’ornemens qu’il pèche. Il
(uivit trop les erremens qui dôminoient de fon
temps. L ’ouvrage dont on p a r le , aitroit pu fans
doute être mieux fait. Mais il eut le mérite de
v en ir le p remier, & on ne peut lui rpfufer celui
d ’avoir mis en vogue une meilleure manière de
diftHbuer les appartenons. Cette partie qu’on
appelle \a.di/lrzbution , eft fans doute ce lle qui dépend
le plus des caprices de l’ufage j mais elle a
auffi des règles de convenauce qui ne font pas
tout-à-fait arbitraires, & le Muet fut des premiers
à les recônnoître & à les mettre en pratique.
‘ U n fécond ouvrage de le M u e t , imprimé eu
i 63z , eft intitulé : Règles des cin q ordres d’ archi-
téchire de Vignole , rebues , augmentées-& réduites
dtu grand du p e tit ( in -8 ° . av ec figu re s ).
' L e troisième de fes ouvrages v it le jou r en 16 4 5 ,
& a pour titre : Traité des cin q ordres d'architecture
dont fe J on t Jervis les A n c ien s , traduit de
P a lla d io , augmenté de nouvelles inventions pour
Part de bâtir ( a v e c y 5 figures en taille-d ouce ).
On a reproché à le Muet d’avoir fouvent fnbfti-'
tué, dans cette traduGiQn , fa penfée à celle de fon
auteur. Il en convient de bonne f o i , & il avoue
q u ’il a , dans plus d’un c a s , préféré aux proportions
données par P a lla d io , celles qui fqnt reçues
ên Fraü ce.
M U E T T E ; on dit auffi Meu t e , f. f. C ’eft ordinairement,
dans le parc d’une maifon royale ou
dans fes dépendances , un bâtiment avec chenils )
cours , écuries , 8&c. , dans lequel logent les cap itaines
des chaffes & les officiers de la vénerie.
U y a de ces batimens à Saint-Germain-en-Laye-4,
à Fontainebleau : il y en avoit un autrefois dans le
pa rc du bois de B ou lo gn e, près Paris,
L e mot de muette vient de ce ;qu e les gardes-
cbaffes apportent dans ce b âtimen t, pcyjr y être
con ferv ée s , ce qu’on appelle les m u e s , du les Dois
que les cerfs mettent à bas , & qu’ou rencontre
dans, les forêts.
Qiâlion* dlArchit. Tqme I I ,
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;1 MUFLE , f. m. C ’eft, dans l ’ornement, la rep re -
fentation de la tête d ’un an imal, foit n a tu re l, foit
imaginaire ou capric ieu x.
Ainfi i l y a des mufles de lion , de, t ig r e , de
b e lie r , de b o u c , & c . ; & il y a des mufles de
sp h yn x , de g r if fo n , de dragon , de chimère.
Les m u fle s , de quelque nature qu’ils fo ien t ,
trouvent place dans une multitude de p a rtie s, foit
des éd ific e s , foit des objets décoratifs. Gn voit
fouvent des mufles de lion placés fur les cymaifes
des corniches , ou ils repréfentent les iflues des
gouttières. L ’extrémité des conduits de fontaines
eft volontiers ornée de mufles d’animaux , dont la
gueule ouverte donne paffage à l ’eau. Les ca fca-
des , dans les divers accidens qui diverfifient le
jeu des e a u x , font remplies de différentes fortes
de mufles d’animaux : il eft certain que c ’eft particulièrement
à cet emploi hydraulique qu’on
trouve affeGée cette forte d’ornemenf. Les fculp-
teurs gothiques en ont fa i t , fi l ’on peut d ifé , un
abus dans leurs gouttières ou leurs g a rg o u ille s ,
par l’excès de bizarrerie a vec lequel ils ont traité
c e genre d ’ornement.
M U ID , f. m. C ’eft le nom d ’une mefure de ca*
p a c ité , d o n to n fe fert dans le langage d e .lam a - f
çon n e r ie , pour exprimer une quantité donnée de
chaux ou de p lâtre. Ainfi pour la chaux , ce qu’on
appelle m uid , doit contenir l ’équivalent de f i*
futaillès ondemi-muid; & pour le plâtre, de trente-*
^ix fa c s , chacun de deux boiffeaux & demi.
M UR , f. m. M U R A IL L E , f. f. Nous réunifions'
dans un feul article ces deux mots , véritablement
fynonymes, quoiqu’on puiffe établir enlr’eux quel--
ques acceptions diftinGes dans quelques-uns des
emplois qu’on en fait.
On trouve en effet dans le Dictionnaire de l ’ Â -
ca d ém ie fra n ca ife , « que le m u r eft un ouvrage
» de maçonnerie ; que la muraille eft une forte
» d’éd ifice '; que le mur eft fufceplible de diffé-
» fentes dimenfiôns ; que la muraille eft un mur
» étendu dans fes différentes dimenfiôns ; que l’on
6 dit les murs d ’un jardin & les murailles d’ une
» v ille ; que le propre du mur eft d’arrêter, de re-
» ten ir , de fép a re r , de pa rtag e r , de fe rm e r ; que
» l ’idée particulière de muraille , eft celle de côu -
» v r i r , de d é fen d re , de fortifier ou de fervir de
» rem p a r t , de boulevard. »
I l feroit fans doute à defirer que cés diftinGiong
rèpofaffent fur un ufage confiant ; mais i l eft é v ident
que les deux mots formés l ’un de l’autre.,
comme muraglia en ita lien l’eft de muro , ne fau-
roient fournir à l ’efprit des acceptions auffi d if-
tincles que qelle des mots latins m u r a , mcènia,
parietes. Il eft évident qu’on dit auffi fouvent les
murs que les murailles d’une v ille . Quand même
on prétendroit que le mur ne doit s’entendre que
fous le rapport de maçonnerie, tandis que la niù-
rpille eft 4 4 édifice ^ nous douterions encore de &
A 'a a a t t