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CONFESSION, fubft. fém. Nom que l’on don-
noit autrefois aux autels qu’on élevoit fur les „
tombeaux des martyrs , ou plutôt aux lieux où
étoient placés ces tombeaux même.
On appelle à Rome, confejfion de Saint-Pierre,
une chapelle qui eft immédiatement au-deilous du
onnd autel de i ’églifedédiée à ce iamt. On y delcend
bar deux efcaliers qui l'ont au - devant du baldaquin
• ils font entourés de baluttradcs chargées de
cornes d'abondance , qui fervent de lupport à plus
de cent lampes d’argent, l’intérieur de cette con-
ic/Tion eft revêtu de marbres preaeux, parmi lelquels
on remarque le noit, le verd, le jafpe antique &
quatre colonnes du plus fin albatre. Ces riches
lambris font encore relevés par des guirlandes, des
figures d’anges-, & des ftatues de feint Pierre & de
faint Paul , en bronze doré : une partie de ces
objets accompagnent une porte de même métal
qui ferme l ’entrée d’une voûte oblongue & décorée
de mofaïque, où , fous une lame d’argent infixée
dans le pavé, font confervées les reliques des deux
apôtres. ( Voye{ Baldaquin , Bernin. Eglise
SouterreinE. )
Paul Y fit décorer la confejfion de faint-Pterre ,
fur les deffins de Carlo Maderni, félon Font arm.
Quelquefois on appeloit confejfion, un oratoire
& peut-être même une châffe. En effet, on lit que
le pape Anaftafe, fit faire, en argent, du poids de
cent livres, la confefjion de (aint-Laurent martyr.
CONFESSIONAL, fubft. mafe. Ouvrage de
menuiferie compofé de trois niches ou cellules,
féparées par une cloifon adoffées à un mur, ou à un
pilier; elles font élevées fur une ou deux marches,
& compofent un avant-corps carré, demi-circulaire
ou à trois pans ; elles‘font couvertes en dôme , en
plate-forme, ou en amortiflement. La niçhe du milieu
a u,ne porte pleine jufqu a la moitié de fa hauteur,
6c à clairvoye dans tout le refte. Cette niche contient
un fiége , & a de droite & de gauche, des
volets battans fur un grillage en bois, à travers lequel
on voit dans les niches de côtés; celles-ci n’ont
point de portes & ont un accoudoir au lieu de
fiége.
Los confejfiêtinaux n’ont pas toujours 'tu la forme
que je viens de décrire, & dans les fiècles où le
pénitent s’affeyoit à côté du prêtre, ils en avoient,
fans doute, une allez différente.
Les confejjionnaux doivent être commodes &
{impies ; cependant plusieurs font ornés de fculp-
tures , de dorures , & même de glaces, étalage
eppofé à l’efprit de leur inftitutîon, Ôt propre à
ëiftraire ceux qui viennent s’y humilier,
Jufqu’à préfent dans nos églifes ,^les conftjfionaux
n’ont point eu de place çléterilninee. Ils obftruent
les bas côtés , ils embarraffent les chapelles, ils
mafquent les pieds droits & les pilaftres auxquels
on les adoffe 5 enfin, ils importunent, l’oeil par-tout
©ù ils les rencontre,
A A \ t
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Je confeillerois de les enfermer dans les embra-
fures de fenêtres, comme on l’a fait à Saînt-Philipe-?
du-Roule, fi les premiers rits du chriftianifme n’indi-
quôient la place qu’ils doivent occuper.
On fait qu'au trefois les pénitens reftoient aux
portes des églifes ; quelques rituels ont, en confé-
qucnce , ordonné que les confcjfionaux y fuffent
placés ; mais comment, dira-t-on, accorder cette
dilpofition avec le climat, & le. recueillement que
le repentir demande ? Le voici : en même temps ,
le moyen de renouveler l’ancien baptiftaire , fi
mefquinement remplacé par nos chapelles des fonds.;
il fau'droît-donc entre le périftile & la nef d’une
églife, laiffer une efpaçe couvert que l’on diviferoit
en trois parties; celle* du milieu formeroit un vefti-
bule qui conduiroit du périftile dans cette églife ,
& par des portes de c’ôté , dans'‘les deux autres
parties, dont l’une contiendroit les confeffiionaux, &
l ’autre les fonds : la première feroit décorée avec la
févérité qui convient à une juridiélioh religiéufe; &
la fécondé, avec les attributs qui caraélérifeiont la
régénération chrétienne. On auroit foin de placer
alors les bénitiers dans le veftibule , & ainfi tout
ce qui concerne les purifications feroit féparé du
temple. Cette règle qui fut conftamment oWervée
chez les anciens, & dans les premiers fiècles de
i’églife, les modernes ont abandonné avec d’autres
encore. Par ces abandons fueceffifs, nos temples ne
préfentent aucune partie fignificative & déterminée
, & ils ne font tous que de longues nefs entourées
de bas côtés.
CONFIGURATION, iubft. fém. Forme extérieure
ou furface qui borne les corps, & leur donne
une figure particulière.
La plûpart des ouvrages ont une même configuration
, parce que leurs auteurs n’ont eu à eux
tous qu’une manière. C’o pi fies timides , ils ne veulent
faire que ce qui a été fait, & ils répètent fans
ceffe des configurations empruntées des maîtres
dont lç nom leur en impofe le plus.
Le génie, avec peu dé matière, produit mille
çonfigurations diverfes, & La ftérilité, avec beaucoup
, ne produit que des configurations froidement
reffemblantes.'
CONFUSION, fubft. fém. Ce vice en architecture
affeéte particulièrement, la décoration &
l’ornement ; lorfque cette maladie attaque la dilpofition
même des plans, & l’ordonnance général?
d’ un édifice, on l ’apelle de préférence défardre.
Une décoration confùfe eft ou celle qui fe com-
pofe d’un mélange d’idées hétérogènes , où celle
dont le deffein eft tel que l’oeil &. l’efprit en fai-
fiffent difficilement le motif général & n’en- débrouillent
qu’ avec peine les parties.
La confuflon dans l’ornement réfulte ou d’une
ftétile fécondité qui, pour dire trop, s’explique
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« H on d’ une fauffe combinaifon entre îes richeffes
les repos.
CONGÉ , fubft. mafe. Portion de ce fcfc, ou
ttdouciffement en forme de cavet, qui joint le fût de
la colonne à fes deux ceintures. On le nommme aufli
■ apophyge, q u i, en grec fignifie fuite , & fcapt, du
latin feapus, le tronc d’ une colonne. On emploie le
congé presque toutes les fois qu’on fe fert de i’aftra-
• gale; mais il eft fou vent élégant de le fupprimer,
furtout lorfqu’on abefoin de caraèlérifer un profil»
CONGÉLATIONS, fubft. fém. Sucs divers consolidés
dans le fein de la terre. On trouve dans les
Alpes, et dans diverfes grottes naturelles, des congélations
aufli étonnantes par leur variété que par
leur nombre. On appelle aufli congélations ou glaçons
une forte d’imitation dès écoulemenS d’eau
congelés fucceflivement, & accumulés par couches
les uns fur les autres. On fait ùfage de ces deux
efpèees de congélations, dans la décoration des
grottes artificielles, dès châteaux d’eau,des fontaines.
CONISTER ïUM, fubft. neut. latin, de kovis ,
;pouJJière. Lieu où l’on gardoit une forte de pouffière
très-fine que l’on faifoit venir d’Egypte pour les
lutteurs. Iis s’en’cou vroient mutuellement, afin de
mieux fe faifir.&fe colleter,, parce que l’huile & la
Tueur auroient, fans ce moyen , rendu leur peau
-trop gliflante.
Le conijlerium était à la droite de l’ephebeum y'.
mais il ep étoit féparé par le coriceum. Ces pièces,
.ainfi que d’autres dont il fera parlé , étoient le long
du double portique des Paleftres $ lequel regardoit.
•toujours le midi.
CONNOISSEUR ; fubf. mafe. On entend, ou du
moins l’on doit entendre par ce mot un homme qui
Hans faire profeffion d’un art ou des arts en général,
a , ou fe donne pour avoir les connoiffances qui peuvent
mettre à portée d’en bien juger les productions.
On compte dans la fphère des arts trois fortes de
•dégrès d’action; ce qui constitue dans cet empire
trois • claffes d’individus connus fous le nom d’ar-
tiftes, de connoijjeurs & d’amateurs.
I l eft difficile de fuppofer qu’un véritable artifte
ne foit pas tout à-la- fois connoiffeur & amateur.
Cependant, à prendre ces deux derniers mots dans
touteT’ët-endue & selon les variétés de leur acception,
il eft poffible que i ’artîfte n’ait pas même
dans l’art qu’ il profeffe toutes les qualités & tous
- les genres rde savoir qui peuvent conftituer un con-,
noijfeur. Q u an tà i’amour de l’art, cette paflion qui
eft le premier befoin et le fentiment dominant de
celui que la nature a fait artifte, il n’eft pas douteux
qu’il l’emporte chez lui fur Pam’our & la pa’f-
fion qui caraélérifent l’amateur. Mais le goût de l’amateur
eft aufli d’un autre genre. Il le porte vers la
poffeflion des-produits de l’art. Cet amour n’eft pas
celui qüi crée les chef-d’oeuvres. Mais il. peut être
l ’pccafion de leur création , & fous ce rapport, Pa-
■ mateurimême peu instruit doit fe confidérçr çoinrhe
•un confommateur utile.
Dittion, d’Arçhit, Tome II,
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I l réfulte de cette diftin&ihn que Yamateur peut
l’être par l ’effet d’un goût inftruit & éclairé, comme
aufli en ne fuivant que les illufions de la fantaifle &
même les infpirations de .la vanité. Il eft mal aifé
qu’il ne fe mêle pas un peu de manie & d’orgueil
dans ces collections dont l ’amateur aime à faire parade.
En général l’ufage donne ce nom à tous ceux
qui font des cabinets & des recueils des ouvrages de
l’art. Et voici où eft la diftinétîon entre l’amateur &
le connoiffeur, d’après l’habitude du langage : c’ eft
le cabinet qui conftitue l’ amateur. N’eft réputé amateur
que celui qui pofféde une coileétion d’ouvrages
d’ art. On eft connoiffeur, ou l’on peut être réputé
tel,fans cela.Ce feraTurtout par des voyages, par des
écrits ou des ouvrages fur la théorie d’ un art, qu’on
obtiendra le titre de connoiffeur, quoiqu’on puiffe
l’être même fans avoir fait de telles preuves.
L ’architeâure eft dé-tous les arts celui qui doit
en ce fens, avoir le moins à*amateurs, & .peut avoir
le plus de connoïffturs. Les produits de cet art ne
font pas de nature a pouvoir former des eolledions.
Et quand on fuppoferoit que de petits modèles d’édifices,
ou des dèflîns d’archite&ure puiSent fournir
encore Line allez abondondante matière au zèle de
l’amateur, il n’y auroit rien en ce genre qui pût
flatter fa vanité, ni donner une haute idée de fon
opulence; auffi le mot d’amateur n’eft.point dans les
vocabulaires de l’architeélure , & nous ne l’avons
pas inféré dans ce Diâionnaire.
Celui de connoiffeur dev oit s’y trou ver; car fi en fait
d’archireélure l’amateur & le connoiffeur fe confondent,
il-faut dire auffi qu’il n’y a point d’art qui ait un
î plus grand nombre de prétèndans à être^ connoiffeur.
Il feroit afféz naturel que i ’architeéiure comptât
plus de connoijjeurs dans le fens qu’on a donné à
ce mot, que ne peuvent le faire^les autres arts. II
y a , dans cet a r t, des parties qui fe lieht aux
:fciences~exa£lesr; il y en a qui font en rapport avec
l ’économie civile ; ‘il s’y eh trouve qui exigent les
recherches de l’antiquité-, d’autres qui repoferit fur
les plus fubtiles-hotiohs de la métaphyfique, fur les
règles les plus abftraites du goût, fur la connoiflance
du beau-& l ’analyse des fenfatîons. Nul art né comporte
autant de diverfifié dans fes études, & ne peut
offrir à un homme de goût qui rie cherche qu’à être
connoiffeur, une carrière plus-étendue de recherches
a faire'&!de conriôiffarices à acquérir , toutes indépendantes
de là pratique & de l’exercice technique
qui doivent être le lot éxclüfif dè l’architeéte.
Cependant très-peu d’écrits ont eu lieu fur cette
matière qu’-on pourroit appeler la littérature de l’architeélure
\ & il faut le dire , très-peu d’Hommes
fans être aftifte-s ont écrit fur cet art. De-là ïéfulte
particulièrement le manqué de connoïffturs. I
Les écrits des artiftes fur les arts ne peuvent gu ères
- être lus que par les artiftes eux-mêmes. Le don'de
fendre iniéreifarit pour le commun des leélcùts les
préceptes & la ‘doélrine des àrts, eft lui-même un
•talent' qui fuppôfe des études fpéciales. Ce feroit une
autre efpèce d’art qui n’a pas autant de rapport qu’on
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