
» v iv e , une élocution brillante; mais il s’eft i
» encore plus diftingué par fes ouvrages que par j
» fes dicours. Tout ce que l’on pouvoit attendre
* de fon art’ , il .l’a exécuté , non en s’exerçant
» fur des objets où fes prédéceffeurs avoient déjà
» réuffi, mais...... Il fuffit à un artifte, pour fe
» faire un nom., de réuffir dans une feule partie.
» Mais Hippias a brillé dans toutes. Habile tout
» à la fois dans la mécanique, dans la gébmétrie,
.» dans l’harmonie,, dans la mufique, ü a excellé
» dans toutes ces fciences , comme s’il n’en avoit
» jamais pratiqué qu’une feule. Je n’aurois jamais
» fini fi je voulois parlei* de fes connoiflances en
» catoptrique, en dioptrique & en aftronomie ,
» où il a laifl'é bien loin derrière lu i, tous ceux
» qui l’ont précédé.
» Je veux à préfent vous faire la defcription
s d’un de fes chefs-d’oeuvre que j’ai vu derniè-
» rement, & qui m’a frappé d’admirations L’objet
» du monument eft allez commun. C’eft un bain ,
» & l’on en bâtit aujourd’hui allez fréquem-
» ment; mais l’intelligence qui a préfidé à un
» ouvrage aufli vulgaire, eft précifément ce qui
» m’a paru digne d’être admiré. Le terrain étoit
» inégal., & préfentoit une pente roide & efcar-
» pée. Hippias a fu élever la partie la plus baffe
» & l’égaler à l’autre , en établiffant fous toute la
» malle, un foubaffement dont il affura lafolidité
» par des fonde mens profonds, & par des contre-
as forts qui l ’environnent de toutes parts & le
a> rendent inébranlable. L’édifice qui s’élève fur
» ce foubaffement répond par fa grandeur' à
» l’étendue de fa b afp, & à l’objet auquel il eft
a» deftiné, par la jufteffe de fes proportions &
» l’intelligence des percés & des jours. ( Voyez
?» le refte de la defcription au mot Bain. )
» N’imaginez pas ( ajoute Lucien ) que ce foit
» un monument ordinaire que celui dont j ’entré-
» prends de relever le mérite dans ce difcoürs.
a Trouver dans un fujet commun le moyen de
» faire briller des beautés non communes , ce
» n’eft pas, à mon avis , l’effort d’un médiocre
» talent. Tel eft le mérite de l’édifice élevé par
a l ’admirable Hippias 9 qu’il réunit toutes les
a perfections dont un bain eft fufceptible, l’uti-
* lité , l ’agrément, la clarté, la proportion. Ac-
a commodé à la nature du terrain , il offre toutes
» les jouiffanees, fans aucun inconvénient.... On
» y voit deux horloges dont l’une marque les
» heures au moyen de l’eau & par un mugif-
» fement. ( Voyez H o r l o g e . ) L’autre eft un ca-
» dran fol aire.
» Qui pourroit voir cet édifice fans lui payer le
» tribut d’éloges qu’il mérite, feroit, à mon av is ,
a non-feulement infenfible, m^is un ingrat &
» un efprit jaloux. Pour moi j ’ai voulu , par ce
» difcoürs, témoigner autant qu’il m’étoit poflible.
» mon admiration pour ce chef-d’oeuvre, & ma
7i reGonnoiffance pour l’artifte qui l’a exécuté. »
( Luciani Hippias fe u Balneum. )
HIPPODAMUS (de M i le t ) , aïchilefle La
vécut au temps de Périclès.
Pendant la guerre du Péloponèfe il couftiuifiJ
le port d’A thènes; mais Rhodes fut le princinj
théâtre de fon talent, & il paffe pour avoir le pluJ
contribué à l’embelliffement de cette ville
pofée en forme d’amphithéâtre , percée de bellel
rues , ornée de grandes places où Ton trouvoit des!
temples à tous les dieux , mais lurtout au Soleil [
divinité tutélaire de cette cité , & dont l’imagj
avoit été confacrée fous la forme du célèbre co-l
loffe de Rhodes.
HIPPODROME, f. m. Mot compofé de deux!
mots grecs , iVwa?, cheval, & fyèftos, courfe. |
C’ëtoit un lieu deftiné chez les Grecs, & enfuM
chez les Romains , qui empruntèrent des Grecs!
& la chofe & le mot, foit aux courfes de chevaux
foit aux courfes de chars.
Parmi les hippodromes de la Grèce, on doit
citer comme le plus célèbre celui d’OlympieJ
dont Paufanias nous a laiffé la d e fc r ip tio n . Il]
avoit, félon l’opinion générale , q u a t r e ftades
de longueur & un ftade de large. L e terrain
de Yhippodrome étoit précédé d’une en cein tel
dans laquelle les combattans f e r a f le mbloicnt
d’avance avec leurs chars & leurs ch evau x.' |
Voici la traduction du paff’age de PaufaniaJ
fur cet objet, par l’abbé Gedoyn :
« Le ftade eft précédé d’une place où fe rendent!
» les athlètes , & que l’on nomme la barrière. OnH
’b y un tombeau que les Eléens difent être]
» celui d’Endymion.
» Au-delà de cette partie du ftade, où fel
» mettent les directeurs des jeu x, il y auulienr
» deftiné pour la courfe des chevaux. Ce lieuelti
» précédé d’une place que l’on nomme auffiwll
» b a r r i è r e 9 & q u i, par fa forme, reffemblei
» une proue de navire dont l’éperon feroitl
» tourné vers la lice. A l’endroit où cette bar*U
» rière joint le portique d’Agaptus , elle s’élargit!
» d’un & d’autre côté. L’éperon & le bec de la
» proue font furmontés d’un dauphin de bronze.»
» Les deux côtés de la barrière ont plus dej
» 400 pieds de long , & fur cette longueur on|
» a pratiqué des loges à droite & à gauche,!
» tant pour les chevaux de felle que ponr|
» les chevaux d’attelage. Ces loges fe tirent aul
» fort entre les combattans. Devant les chevaUM
» & les chars règne d’un bout à l’autre un cablel
» qui fert de barre, & qui les contient dans*
» leurs loges. Vers le milieu de la proue ƒ
» un autel de briques crues , que l’on a 1
» de blanchir à chaque olympiade. Sur c e t uute
» eft un aigle de bronze qui a les ailes éployé®
» & q u i, par le moyen d’un reflort, s’élève &
» fait voir à tous les fpeClateurs, en même tenip
» que le dauphin qui eft à l’éperon s’abaillc K|
» defcend jufque fous terre. A ce lignai onwc||
» le cable du côté du portique, & aulïitôt les0 ®
,'avancent vers l'autre côté, où l’on en. fuit
’ ' ,nt La même chol'e fe pratique de tous le s,
* “ï f à e la barrière, jufqu’à ce epe-le» c o a -
g hsttans fe foient affemblés auprès de léperon
; £ l'on a foin de les appareiller. Incontinent ils
dirent dans la lice : alors, c eft 1 adteffe ides
|” “,.llïets & la vitelle des chevaux qui décident
(” lla v iS e i.r é i Clæotas eft celui qui a imaginé
r cette barrière : on dit qu’Ariftide la perfec-
! u donnée après lui. » . . . I
A Conftaütinople i l y avo it .deux hippodromes,.
It'un furnommé du palais, parce qu’il étoit fltué
l oh é le palais d’Eleulherius & ce luid Amaftria-
I us avoit été conftruit par Théodofe-le-Grand :
Kl fervoit particulièrement aux courfes que 1 Em-
'.nereurfaifoil faire lui-même, & il fut détruit par
: "l,’autre fut commencé par Septime-Sevère &
achevé par Conftantin-le-Grand. On voit le dellm
K foraines, Antiq. eoe p l, tom. V I , pis Ë 9
[Ce deffin , dit Montfaucon , fut fait dans un temps
[où il étoit moins ruiné. Il ne différoit pas beaucoup
Ides cirques romains : il étoit beaucoup plus long
Icrue lar°e , fe terminoit en demi-cercle a un des
[bouts, & prefqu’en ligne droite à l’autre.. € étoit à
[cedernierboutqu’étoientles carceres-‘ leurs portes
j furent probablement au nombre de douze, comme
; aux cirques romains. Il n’en -reftoit plus que iept
Korfqu’on-fit ce deflin. Au milieu régnoit \a.fpina,
[ornée d’un obélifque environné de petites pyramides
: près delà dernière de celles-ci-eft une
colonne ; de l’autre côté de l ’qbélifque, une co-
lionne, puis une pyramide , -puis une colonne fur-
montée d’une ftatué , enfuite deux -autels , & apres
deux colonnes. C’eft du deffus àes carceres de cet
' hippodrome que furent -enlevés .les -chevaux de
[bronze antique qui ornent le portail de Saint-
. Marc à Venile. fJ^oyez Cirque. )
1 HOPITAL, f. m. Bâtiment deftiné au traitement
des malades pauvres,' à la guenfon des aliénés
élablilTemcns dont on parle , il .paroit que les Anciens
& de diverfes fortes d’infirmités , au nombre def-
! quelles il faut aufli compter la vieilleffe. Il y a des
hôpitaux pour les enfans trouvés, pour les femmes
en couche , pour certains genres de maladies. On
donne aufli à ces élabliflemens ;le- nom dlhojpioe
(voyez ce mot ) ; & puifqu’on a deux termes en
ce genre , que l’on applique à la vérité fans beaucoup
de diftinôtion à ces ^édifices , nous croyons
qu’il feroit allez convenable de donner le nom
d'h ô p ita l aux endroits ou l’on traite les malades ,
& le nom d'hofpice à ceux où la charité, foit publique
, foit particulière., ménage-des retrait-es &.
difpenfe des fecours à.plus-d’un genre de perfonnes,
que d’indigence ou des-infirmités privent des né-
celïités ou des commodités de la vie.
I)u refté, hôpital hofpice dérivent de la
meme racine : hofpitium.
Quoiqu'hofpitalité ( hofpitalitas ) foit 1 étymologie
des noms donnés , chez les Modernes , aux
JD'iâtion. d’Archit. Tome IL
ne connurent guère que ceux auxquels nous
propofons- d’affig-ner le nom d'hofpice , & e“ COI:e. >
en en reftréiguan-t l’ufage aux .emplois de lbolpi-
talité proprement dite , c'eft-à-dire, de la réception
& du foin des étrangers. .( Voyez H o s p i c e . )
Les antiquaires conviennent aller que les Grecs
ignorèrent.jnfqu'au nom qui correfpondroit a ce
que .nous appelons hôpital des malades, & ils
affirment que le mot nojocommm , ne
fe trouve chez aucun ancien auteur grec , & que
S. Jérôme & Ifidore font les premiers ou on le
voie employé. - .
Il paroit facile d’expliquer comment & pourquoi
les hôpitaux auront dû prendre naiffance avec e
chriftianifme , dont l’.efprit fut d’infpirer moins de
mépris pour la pauvreté , & q u i, ayant ait
première vertu de la .charité dut porter les
hommes à voir dans les fouffrances dé leurs e.m-
blablès, antre choie encore que des maux a lou-
lager ; mais la raifon la plus apparente du e oia
d'hôpitaux, dans le régime des temps & des
peuples qui fnccédèrent a ceux du pagnanilme ,
c’eft la deftruftion de l'efclavage. Dans le s moeurs
des peuples où la fervilude étoit établie , lalociete
fe compofoit de deux chiffes d’hommes, dont 1 une
étoit véritablement la propriété de l ’autre. Aiulr
les efclaves , formant la olaffe laboneuje , étoient
en tout point à la charge de leurs maîtres. Cette
claffe, devenue libre,' a eu befoin, dans les de-
trelles & les infirmités, des fecours publics : de-la
les hôpitaux & les hofpices.
Il feroit peut-être , trop abfoln de prétendre
qulil n’y eut rien , chez.les Grecs & les Romains ,
qui .ait reilemblé à un hnpitalyixri les malades.
L ’on pourrait.avec.allez de vraifemblance donner
ce nom à l’édilice que l’empereur Antonio.avoit
fait bâtir près du temple d’Efcnlape à Epidaure
( Vauf. liv. IX , chap. 37 ) , pour y recevoir des
'malades & des femmes en couche. Eu effet, lelon
l'obfervalion de Paufanias, les gafdiens du temple
vovoienl avec peine que les femmes, 11 avoient
aucun abri pour faire .leurs couches , & que les
malades mouraient en plein.air. Le bâtiment^ eleve
par A.ntonin e,ut donc pour objet de recueillir les
femmes en .couche & les moribonds. Le temple
d’Efcolape, dans l’ile du Tibre , ou du moins les
bâtimens qui y appartenoient, formoient avec
affez de .probabilité une efpèce d hôpital. b u
moins une ordonnance de l'empereur- Claude ,
qui vouloit:que les efclaves .devenus malades , &
abandonnés par léurs maîtres dans 1 lie d Elculape,
fuffent déclarés libres après leur gucrrton,_ paroit
indiquer qu’il.y avoiL dans çette île un batiment
qui.leur, étoit deftiné.
Mais nous -voyons les hôpitau.x déjà très-multi-
pliés à Conftantinople , 81 les hiftoriens byzantins
les défignent déjà-fous des noms , qui pourvoient
I convenu- à prefque tous les genres d’établiffemens
V v v