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five du mot opoÇos, avouant que les auteurs
l’avoient fouvent employé à deux fins.
Eft-ilbien probable, en outre-, quon eût appelé
couverture en pierre, xlèov opo<pog, un toit de
charpente couvert de tuiles en pierre? Une fem-
blable couverture n’eft pas réellement une couverture
en pierre. Pour que cela fû t, i l faudroit
qu’il n’y entrât que de la pierre ; une telle manière
de parler n’eft véritablement applicable
qu’à une voûte en pierre, ou à un plafond félon la
manière égyptienne , compofé de ces grandes
dalles de pierre qui s’étendent au-deffus des galeries.
De nouveaux renfeignemens font donc indif-
penfables pour décider s’il y avoit une voûte en
pierre à ce temple de Phigalie. Si, d’après le def-
fin que nous avons, il étoit permis de former une
conje&ure, on préfumeroit qu’une voûte avoit pu
être conftruite fur la partie intérieure du naos,
qui a des colonnes adoffées à fes murs, & qu’/ o
tinus auroit à deffein renforcé le mur par ces
colonnes , pour donner à la voûte un foutien plus
folide.
L ’objet du monument d'Ictinus } fur lequel il
nous eft plus facile de porter un jugement, eft la
fr ife , ou férié de fculptures dont le temple étoit
orné, & qui, au nombre de vingt-trois morceaux
bien confervés, ont été tranfportés, & fe voient
aujourd’hui à Londres, dans la colleCtion du Bri-
tifch Mufeum.
Si Ictinus fut l’architeCte du temple d’Apollon
Epicurius, & fi les ruines dont on vient de parler
font, comme on n’en doute pas, celles de ce
temple, la fcuïpture de fa frife auroit été faite
poftérieurement à celle du Parthénon, & feroit
du même fiècle. On feroit tenté de conclure de-là
que l’ouvrage doit être d’un mérite égal, ou même
fupérieur : il n’en eft rien toutefois ; le flyle des
figures eft lourd, leur proportion eft courte, l’exés-
cution eft fouvent incorrecte & fans goût : les
fujets repréfentent la guerre des Centaures. Il
faut qu’un cifeau peu habile ait été chargé d’exécuter
les compofitions d’un autre ; car on ne peut
s’empêcher de reconnoître dans l ’invention, beau-r
coup de hardieffe, des mouvemens & des groupes
ingénieux , & une affez grande élévation de
enfée. Il n’étoit pas rare; dans l’antiquité, que
un inventât & que l’autre exécutât. Ainfîc’étoit
volontiers fur les deflins de Parrhafius, que le
célèbre Tôre'uticien Mys faifoit fes ouvrages, &
'c e fut fous la dictée du peintre, qu’il avoit exécuté
les bas-reliefs de la Minerve Poliade de
l’Acropole d’Athènes.
Il a pu en être de même pour la frife de Phigalie
, & cette obfervation eft applicable à une très-
grande quantité de bas-reliefs, ou fculptures de
bâtiment, dont les idées & les compofitions font
fouvent fupérieures à leur exécution.
I D E
IDÉE-, f , f. IDÉAL.
Idée lignifie, d’après fou étymologie grecque
eidolon, & d’après la définition phyfiqne reçue3
cette efpèce d’image que laiffent & produifent en
nous les imprelïions des objets. Àinfi, idée &
image fout, au fond, deux fynonvmes. Quelques
mélaphyficiens voudroient que l ’on all’eètât le
mot idée à la repréfentation qui fe fait, dans notre,
efprit, de tout ce qui eft du domaine moral,
mot image à la repréfentation de tous les objets
matériels ou. qui tombent fous les fens. Efl’eâi-
vement, on dit Vidée du julte & de l’injufte
Vidée du devoir, de Pâme, de la divinité; & on
n’emploie jamais, pour -exprimer ces fortes de
repréfentations, le mot image. Le mot image I
convient donc exclufivement à la repréfentation I
qui s’opère dans notre efprit, de tout ce qui I
a frappé le fens extérieur, & l’on dit avec I
beaucoup de propriété, fa ijir & retenir les images I
des êtres corporels. Cependant l’nfage veut auffi I
qu’on puifle, en ce genre de fujet, fe fervir du 1
! mot idée y & l’on dit, in diftin élément, Vidée oui
limage du foleil, avoir l’idée ou fe représenter |
l’image d’un arbre, d’une figure, d’un homme, |
d’une ftatue, d’un édifice. (Peft pourquoi le mot I
idée appartient au Vocabulaire des beaux-arts. I
On ufe de ce mot dans l’ârcbiteêlnre, comme. I
dans les autres arts, pour exprimer Pimpreffion
que laiffent dans l’efprit, les objets qui font du |
reffort de Part de bâtir; & l’on dit avoir Vidée,
conferver Vidée du plan d’un monument, de fou I
élévation, de fës ornemens, de fa figure, de foui
caractère.
On fe fert du même mot lorfqu’il s’agit dm-1
vention, ou de la compofition d’un édifice. Dans I
ce genre, comme dans tous les autres, l’artiften’in-1
vente & n’imagine qu’en faifant un tout nouveau
de parties, dont fon efprit a les élémens, & l’ou-1
v rage, qui eft le produit de l’invention, n’eft
qu’un compofé, c’eft-à-dire, u n e im a g e nouvelle,;
formée de la réunion d’un-grand nombre d’autres I
détails d’images, dont l'imagination reproduit un ]
enfemble qui n’avoit encore été produit par aucun
autre. Mais l’image de cet e n f e m b le nouveau, !
il faut que l’artifte l ’ait préfente à fon efprit,
avant d’entreprendre de la realifer par le deflin:
c’eft ce qu’on appelle fe faire Vidée d’un monument.
Une idée eft d’autant plus claire & d’autant plus
diftinéle en nous, que Pimpreffion de l’objet vu
a été plus vive & pins forte. Cette vivacité &
cette force d’impreffion tiennent tantôt à la nature
de l’efprit ou de la mémoire, tantôt à la Ion*
gueur de l’étude. Que deux hommes, l’un attend
& l’autre léger, entrent enfemble, & reftent le
même efpace de temps dans le Panthéon de Rome»
l’un n’en rapporteï*a qu’une idée confufe , l’autre e
reproduira une idée diftinéte. Si l ’étude &un exa-
men long & répété de toutes les parties dont f
compofé l’enfemble du monument, en ont m
I j fon efprit les rapports , il en donneia une
I l’imitation idéale eft celle qui vife à la repréfentation
on une image «Semblante & complété.
\\ en fera de même de 1 id é e que chaque archi-
|X conçoit de l’eniemble qu’il imagine. L e- ,
j la «'flexion & l ’habilude de combiner, lui
, * -nnt'la plus grande facilité de fe repréfenter WtsÊÊ l i t ce qu'il fe propofe de réalifer ;
R i fa vue aura été nette, plus fon i d é e aura
‘ n i diftin&e en fon efprit , & plus 1 i mage réelle
Vil en fera, acquerra de clarté, plus-elle iera
facile à concevoir par le fpeâateur., ' '
On’emploie le mot id é e dans les arts du deflin
1 s. .Vins l'art de defliner l ’archiieaure, comme ly -
! ponyine du mot e f q u i f e . A in f iI on dit donner
Vidée d’une compofition, arrêter ( i d é e d un projet
I âemonument. Celafignifie, à peu près , ce qu on
aoüelle un c r o q u i s . I d é e veut dire alors image ,
irégée pu réduite d’un objet, & qui fuffit poui
Un fixer les données générales, ou en rappeler
l’enfemble au fpeûateur.
On fe fert encore du mot id e e dans un autre
feus comme lorfqu’on dit faire S i d é e , peindre
OU defliner « id é e , reproduire Sidée, U. vue d un
: monument. Cela fignifie, en général, ou del remi-
' nifcence ou d’imagination; mais au lond, c eit
t comme fi l’on difoit peindre ou ,-deffiner , non
d’après un modèle donné, ou ce qu on appelle
d’après n a t u r e , m a i s d’après le type ou 1
nu’on s’en eft formé; c’eft comme fi 1 on drloit
reproduire la vue d’un monument, non d apres
la réalité,mais d’après l'image que la mémoire en a
| conCeivéeUff. . ,
Ceft par fuite de cette, capacité qu a notre
efprit ou notre imagination , de fuppléer a la vue!
réelle des objets imitables , par la faculté que
nous avons de nous compofer, d’apres-4 etude de
la natures, un type dé formés', ou de reproduire,
.par la mémoire, la vue des objets (comme le pay-
fagifte eft forcé de le faire dans la peinture des
fcènes mobiles de la nature ) , que Don a formé le
mot I d é a l , qui a deux lignifications toutelois
affez diftin&es. . ; ..
La première, qui fe prend ordinairement en
mauvaife part, eft fynonyme d’imaginaire, de
fantaftique , de chimérique. On appliquera le mot
idéal, félon ce fens, à tout ouvrage qui, au lieu
d’être conçu & conduit félon lés lois de la natuie,
les principes du goût & les règles de la railon &
du vrai, s’annoncera comme le produit d une imagination
déréglée, qui prend les reves pour les
mfpirations du génie, & qui tombe dans le .caprice
pour chercher du nouveau.
La fécondé manière d’enlendrele mot i d é a l ,
eft propre particulièrement aux arts d imitation,
qui ont un modèle fenfible dans la nature._
On oppofe donc, en parlant d imitation, le^ mot
idéal au mot naturel. On entend alors que limitation
naturelle eft celle qui fe borne à la repré-
fentalion des objets & des êtres cbnfidérés tels
qu’ils font individuellement, &■ on entend que
des objets & des êtres confidérés d une manière
plus générale & tels qu’ils peuvent ou
tels qu’ils pourvoient -être. - a . 1 Dans ce dernier fens, idéal exprime:ce qui eit
conçu par l’entendement, ce qui eft 1 effet de la
manière de faifi.r par l’efprit, les rapports des
chofes: car, en définitif, l’opération d imiter,
dans le fens de l'idéal, confifte dans des analytes,
des rapprocbemens, des généralifalipns qqi ne
peuvent s’opérer qn’en par force dinle
ligence. De-là vient quel on dit 1 idéal dun lujet,
V idéal de telle nature, l’idéal de la compofition,
T idéal d’un genre, &c.; cefl-à-dixe, le type ca-
raâériftiquéV le principe générique, la peniee -
fominaire, -la pcvfeaion naturelle déduite de la
nature interrogée dans,fes intentions générales,
plus que dans fes produOions individuelles.
Mais toute cette théorie regarde peu 1 archi-
teânre qui n’a pas d’imitation pofitive, h c e « e t t
quèle fvftème fur lequel cet art le fonde , & les
principes qui lui fervent de b a ie , font eux.-
mêmes desréfui lais de 1 intelligence; & comme
tout fvftème puifé dans les lois de la nature
eft une produftion vraiment idéale, félon le dernier
fens que nous avons donné à ce mot, Larchr-
teaure repofe peut-être plus qu’on ne pente, lui
un fondement idéal.
IF f. m. Si les noms àe fm ilaxb. taxas eorref-
pondent, comme on le croit, au nom que nous
donnons à l’arbre appelé i f , les Anciens ont fouvent
employé fon bois à taire dès; llatues.
Aujourd’hui , le bois de ri i f fert a faire des
meubles; on le débite encore avec allez davantage
pour faire du plaqué; &.il peut aulli fournir
dans des intérieurs , la matière propre a la décoration
qui réfulte de l’emploi des colonnes en petit.
Ir. (Jardinage.) Arbre dont les feuilles fom
étroites, longues, prefque femblables a celles du
fapin & rangées aux deux cotés d une petite
branche, comme les barbes d’une plume. Le vert
dé fes feuilles eft foncé & obfcur. Cet arbre vient
affez bien dans toutes fortes de terres; il fe plaît
à l ’ombre, & fupporte les grands froids. Un te
met an nombre de ce qu’on appelle les arbres
vertsI ou qui ne quittent point leurs teuilles. Far
cette raifon, on l’emploie dans les jardins quon
appelle d'hiver, & l’on en fait des paiiffades expofées
au nord. . . , __
D a n s les jardins du genre irrégulier, I J , par
le gris-foncé de fon feuillage, entre dans les con-
traftes ou les variétés qu’on cbercbe à faire produire
aux teintes des malfifs. Le caractère féneux
de cet arbre le fait cboifir encore pour garnir
les lieux qui doivent porter aux idées tnites ou
mélancoliques, & l'on-s’eu fert avec affez de propriété
, autour des tombeaux ou des cénotaphes.
Dans les jardins du genre régulier, lait
quelquefois des berceaux, parce que fes jeunes
i ï y y a