
de toute part entourées-de Lan ières, .pour empê- ■
cher que perlcnne y entrât, hormis ceux qui dévoient
courir. ■
LÏCÉE. ( T'oyez I j Y CEE. |
LICENCE, f. f. On avu au mot Convention,
qup chaque art d’imitation étant borné à ne 'pouvoir
repréiinte.r qu’un le ni côté, il l’on peut dire.,
ou modèle univerfcl ou de la,nature, 8c le trouvant
dès-lors reliené dans une enceinte fou vent fort I
étroite, pour produire le genre d’illufion qui lui ieft !
propre, il s’eff établi entre l ’art & La nature,
ou plutôt entre 1 a r Lifte & ceux auxquels l’on eu-
vrage s ad relie, certaines concédions réciproques,
au moyen desquelles, d’une pari , on n’exige point I
de 1 ail au-delà de ce que la nature de l'es uroyous
comporte, & de l ’autre’l’art exigé certaines facilités,
certaines ex te niions, qui élargUlénl eu quelque
forte le cercle imitatif da-ns'le~qael il doit agir.
Les conventions font donc deselpèces de pactes
ou d accords , en vertu defquels nous, nous pve-
t(nis a tout ce qui peut, fans trop d'mvraifem-
hlance, faciliter 1 effet des combinai tons qiiéï’ar-
tiile emploie pour nous féduire, pour captiver
nos feus & noire efprit.
^ ©ftj en partie , lui* les. conventions partieu- |
liores'à chaque art, que repoÉ hi fyftème de Ton
■ Viiitation, & il y en a qu’on peut appeler n é c e f - j
J a i r e s ; qui tiennent à fon eflénee font les conditions
indifpenfables de fon être 8c de fon action.
Il en eft d’autres qui tiennent plus fpécialement à
l ’exécution de détail qu’au fyftème de Tenfemble,
& qui ne font que des eoiiféquences du befoiu qui
a lait admettre les premières, & on les appelle des
l i c e n c e s .
Les conventions néceflaires de chaque art entrent
donc moins dans le cercle des règles que
dans celui des principes , en tant qu’elles en complètent
le fyftème. L e s , l i c e n c e s lonl au contraire
des exceptions aux règles*
L ar.ckitedure, Tans être un art d’imitation di- j
r e â e , participe, comme on l’a dit plus d’une fois,
aux propriétés & -aux principes des arts, qui ont
dans la nature un modèle poülifj & c’elt par Ton
îÿftème que l’architedture grecque s’eft en partie
aiîimilée à ces arts, b’étant donné pour modèle le
genre de conftructiou primitive qu’une longue ha-
hilude avo.it ha ! uralifé, elle dut s’impofer la né-
ceffitë d’y être fidèle. Celle née effile' fut le principe
heureux qui écarta de fes inventions le va--'ue
& l’arbitraire où tombe i’efprit, lorfqu’il manque
d une ration fonda ment ale dans ce qu’il imagine
c efb-a-diré, d’une caufe quipuiffe expliquer pourquoi
il agit ainfi & pourquoi il n’agit pas. autrement.
Cette radon ou cette caufe, le génie de la r cin
» échu e gieequel a (vonveej 8c 1 art fe l’eft appropriée.
C elt là-defius que Yepofe Ion principe imitai
i f fon fyltème. ' •
Mais à peineTarphiteôture auroit-elle pu fe con-r
former avec une entière exactitude, aux condifions
impofées par fon modèle, même dans le
édifices les plus liinples, & affujetlis au moins de j
helbins pollibh s. Lorfqu’ii fallut, pour futijifeure
les bel oins-fi divers de la locié Le , trouver des coiiu I
bina lions, plus compliquées, le type primitif fuj
contraint île fe.ployer à plus d’une forte de con-J
cédions, pour s'accommodera ce qu’exige-oient des I
liijétions variées. De-là. naquirent les coaveu lions I
noinbreufes de g et: a r t , qui, pour la plupart, fout I
devenues des principes elles-mêmes, 8c qui, fuir. I
gérées par le bel oui St lanétiomiées par le génie I
ont formé l’eul'embie de l'on fyltèuie eonftiiulif. ’ I
Par..ça oui pie, c’elt eu vertu d’une de ces con- I
vendions, que Farchiieôlure d’un t emple admet dans I
T ultérieur même du naos , un autre ordre de m- I
Ion nés, d une proportion 'différente ,8c avec tomes I
les parties conilitutives de l’entablement. Si l’on I
argument D'il à toute rigueur, d’après l ’idée d’une
imitation, non pas prilerméiaphoriquement, niais I
prile dans leiens abiolu, il nedevroil point y avoir I
d’entablement dans l ’intérieur, puifque les par- |
lies de l’eu:ablement dorique, par exemple , re- I
prélentenl les extrémités de toitures & de couver- V
' lure, qui ne peuvent pas , dans, la réalité de la 1
choie, exifter, 8c par conféquenlfe faire voir tout I
à la fuis au dehors & au dedans. Mais il a été con- I
venu qtie l’intérieur de l’édifice,ne fe trouvant,pas I
dans le .cas d’être vu en même temps que Fexté- I
rieur, & de fubir une comparai fon qui dénoncerait I
1 invraifemblance dont il s’agit, on le çonlidérevoit
en lui-même & fans rapport avec l ’ordonnance du
dehors.
: Je mets également au nombre, non pas des
licences9 mais des conventions de l ’urchilecture., I
l’emploi que l ’on fait des triglyph.es., dans la fa- I
! Çade antérieure d’un bâtiment, où il n’efl pas tenté
; que puifl’ent aboutir lés bouts des Iolives du pla-
; fond. Pirane.fi paroît avoir pris un foin fort iuu- I
tile , pour julliticr cette'pratique, en imaginant
un fylieme de plafond de charpente en échiquier,
par lui te duquel, ilpourroit y avoir des bouts de I
iolives appartins aux quatre côtés de l ’édifice..
Evidemment le trig'lyphe, né de l’ ufage qu’on
connoit, & devenu ornement commémoratif lans
doute , mais toutefois ornement , il n’y eut plus
moyen de l ’admettre, dans une partie de l’en table-1
ment, fans le rendre commun à i’enfemble, ou
il feront réfulté de-là un manque d’accord choquant
: & telle eft l’origine des conventions, c’elt-
à-dire , une forte de nécefhté qui forceroil, ou de 1
renoncer au fyftème imitatif en entier, ou de I
..produire, par un Icrupule d’imitation exceffive, I
une foule de/di (para tes & d’incohérences.
On peut en dire autant de la méthode déplacer I
fous la baie du fronton,' des rau lui es qui étant,
comme l’on Tait, des parties indicatives ou re- I
préfentatives des chevrons dans la toiture , n’ont-1
| ou ne peuvent être cenfées avoir une place vrai le m- I
| blable , que fur les côtés longitudinaux de l’édi- I
[ fice. Mais la même néceflîié de fymétrie a fait del?
rôêllïocte dont i l s’agit , u ne de ces conventions q ù e
pei-fonpe ne fonge à.cônlfelter.
1 J’ai cité ces exemples , que quelques-uns efti-
ment être des licences-, pour faire voir ce qu’elles
f0ût en faifunt comprendre ce qu’elles ne font
réellement pas. La ligne qui fépare les convenions
des licences ne fera pas difficile à tracer , fi
fes premières Te' rapportant au fyftème de l'architecture
qu’elles onf établi ou complété j ont créé
elles-inêmes les règles, lorfque les licences ne fé
rapportent qu’aux règles dont elles font des in-
i fraélions accidentelles.
Licence9 ainfi que le mot l’indique, veut dire
pftéiffion. Toute per million donnée ",'Tait- fup-
pofer qu’il y avoit une clipfe defendue. Or , dans
I tout art, les règles preferivent-,défendent ou permettent.
La licence eft donc la penniiïion de
faire-, clans certains cas, ce qui eft généralement
défendu. La licence né viole donc pas là
I règle, puifqu’elle élt une exception, & que toute
exceplionelt une véritable, reconnoiffance de la loi.
Lés befoins auxquels l’archi teôhire efl loumife ,
î foat.fi nombreux & fi variés., qu’il y a pour far-
tille une mhltitude de cas , où il eft forcé de facri-
I fier i’obfervation^iigourenfe de la règle, à une
[ convenance plus impérieufe.
Ainfi nous voyons que la règle de -l’égalité
entre les enlre-colonnemens, règle fi généralement
refpe&ëe par les Anciens, Toulïrit aulïi chez eux
| plus d’une exception : & ce fut une licence fuf-
iifaauneat autorifée , que cette inégalité, de Fentre-
[ colonnement du milieu , dans le périflyle anlé-
rieur des temples romains, que fon obferve dans
! plufieurs de leurs mono mens , & que Vilruve jùfti-
fie d’après le befoin que te culte avoit de cet écartement
de 'colimnes, pour certaines ptoceffions &
cérémonies religieufes. Rien ne porte mieux le
Caractère d’une licence} c’eft-à-dire, d’une exception
nécefï’aire , & rien ne prouve mieux combien
peu certains arckiiéÊies -modernes en ont compris
l’intention, que l’abus qu’ils ont fait de cette
exception, en fè regardant au ton lés par elle à
produire la même irrégularité, lans qu’aucun be-
foin en réclamât l’emploi.
11 n’y. a encore .rien qui repofe fur des règles plus;
■ fixes, que la divifion en trois parties, & remploi
g yî cés t-r-o i- s partij es dj ans F||e tltaib jl|e ment.d’ e farchi-
: tccWe-grecque; Cependant nous avons, chez les
Anciens, de.s exemples de la fuppreffion de quelqu’une
de ces parties. Celte l i c e n c e fe trouve autorise,
comme on le voit, dans Finlérieür du
grand temple de Feftum, par la convenance des
deux ordres placés l’un fur l’autre : car il eft évident.
qu’un entablement complet eut par trop
tapeliüé la dimenfion & l’effet du fécond ordre.
Mais de pareilles l i c e n c e s veulent être auto ridées
par une, railbn évidente, & ce feroil une grave
erreur dans ce cas , comme dans bien d’autres ,
5lle de convertir en règle ce qui eft l’exception,
à la règle.
Comme il y a des l i c e n c é s que le' befoiil auto-
r ife , il en eft aufîi de moins importantes, dont le
goût feül eft jugé, & qui ont.lieu dans la feule vue
dé faire produire un meilleur effet, foi t a 1 6n-
femble, foit à chaque partie d’un monument. II
fe peut, par ex em p leq u ’on fupprime aune baie
de colonne la plinthe que les règles lui ontafiignée,
& qu’on le falfe par rai fon d’utilité, comme o n ia
fait à l’ordre ionique des' temples de Minerve Folia
de & d’Erechtée, parce que des plinthes carré
e s fou s des périftyles étroits , y auroient occa-
fionné une faillie incommode. Il eft permis auffi à
l’architecte d’opérer de femblablés fuppreflions,
en vue de l’harmonie générale de fon ordonnance!
G’eiT ainfi que , dans toutes les parties, dans tou»,
les détails qui conftituent le caractère propre de-
chaque ordre, de chaque membre ou de chaque
profil, il eft des modifications nombreufes, per-
mifes à l’arlifte. Les règles n’oul fixé, à cet égard ,
qu’un certain niedium de proportions, & c’efl eu
deçà ou au-delà de ce medium, que le goût a la
liberté de fe reflerrer ou de s’étendre dans une certaine
mefure , félon ce qu’exigent la pofition de
l’édifice , la diflance du point de vu e , & certaines
confidéra lions prit es de la nature même du caractère
que réclame le monument.
Ou a prétendu donner dans cet article, non
Fén limera lion des l i c e n c e s que le befoin 8c le goût
autoofent en archileôture ( le détail en feroit trop
long)/ mais feulement une idée générale, & toutefois
pré e lle , de ce qu’il faut entendre par le
mot l i c e n c e / mot dont ou a trop fou vent confondu
le l’eus & la lignification,- avec’ l’idée qu’il
faut al la ch eiv aux mois c o n v e n t i o n 8c a b u s . ( o y .
ces mots. )
Nous avons établi la différence entre la convention
8c la l i c e n c e . Quant à celle qui exilte entre-
la l i c e n c e 8c l’abus, ëlle réfulie claire m en L de la
fignification du premier de c es Qiots : car, puifque
la l i c e n c e eft une pernhllion, elle ne fauroit être
un abus. O r , la permiffion elt fondée fur des motifs
plaufibles : 8c ces motifs font la népeiïité jdG
tolérer un petit mconvéuient pour en éviter un
grand. Mais toute infraction à la règle, qui u’q
point un pareil motif, efl un abus.
fl eft arrivé dans les temps modernes, que certains
efprit s faux on t conclu , de ce qu’il étoit quelquefois
permis de déroger à la règle pour des raiforts
évidentes, qu’on pourroit y dérogea fans rai fpn. Au
lieu de regarder l’exception comme, preuve de
Fexiftence de la règle-, ils oui regardé Fexéepthon
elle-même comme une règle, 8ç'dès-lors i] n’y eut
plus de règle pour eux, 8c où a vu ce qu’eft devenue
FarchiteClure fous le règne de celte anarchie,
L’ufage eft fonveut inconiéqrtcnt dans les accep,-'
tiens qu’il donne aux mots. C/elui dq l i c e n c e } qui,
en morale , a une Gguificalion différente ^ 8c qui
a produit le mot l i c e n c i e u x , a fait prendre le
. change à la critique du goût, coin me le montre 1 F-ariiole fui vaut.
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