n’ait" ni forme , ni couronnement femblablè à ce
que nous appelons un dôme. On dit à Bologne il
duomo di San Pttronio-, quoique l ’église de Saint-
Pétrone n’ait ni coupole ni dôme.
Dôme eft en françois fynonyme de coupole; peut-
etre eft-ce l’habitude de voir en Italie le plus grand
nombre des églifes càthédrales furmontées par des
coupoles, qui aura contribué à particulariser l’acception
de duomo, & aura fait appliquer à la partie
Je nom du tout. Quoiqu’il en Toit , on dit indifféremment
le dôme ou la coupole de Saint-Pierre,
de Saint-Paul, des Invalides, &c.
Toutefois le mot coupole eft plus ufité que l’autre
dans le langage des artiftes ; le mot dôme eft d’une
locution plus populaire.
On peut encore entre ces deux fynonymes établir1
quelques différences.
Coupole s’emploie plus-volontiers pour exprimer
la partie intérieure de ces grandes voûtes dont on
couronne les temples modernes. L’étimologie cupo ,
mot italien qui veut dire creux, indique allez l ’accord
du mot avec la lignification diftinére dont il
s’agit. ;
. Dôme convient mieux pour exprimer la partie extérieure
de ces conftruélions, c’eft-à-dire leur convexité
; car Aoey.a, chez les Grecs fignifioit également
toit &.maifon.
Coupole doit être le mot générique ; il s’applique ?
en effet indiftinélement aux voûtes fphériques qu’on
appelle de ce nom, foit qu’elles portent de fonds
comme celle du panthéon d’Agrippa à Rome, foit
qu’elles s’élèvent fur les reins d’autres voûtes & fur
(des pendentifs comme celle de Saint-Pierre,
y Dôme au contraire eft la dénomination plus fpé-
ciale des conftruélions modernes, ou de ces voûtes
furhaufTées qui fervent de centre à la fois & de
couronnement à un autre édifice.
Coupole eft plus d’ ufage fous le rapport de conf-
truélion, & dôme9 fous celui de décoration. C ’eft
pourquoi l’article c o u po l e ( voyej ce mot ) ;
envoie le leéteur au mot dôme , pour ÿ trouver '
quelques détails deferiptifs de la décoration des '
coupoles qui auroient donné au premier article une
trop grande étendue.
Au mot coupole on a placé la partie hiftorique,
théorique & pratique de ces grandes conftruélions.
Le mot dôme n’en contiendra que la partie décorative,
& encore d’une manière abrégée, vu que tout
ce que cette partie renferme , fe retrouve encore
aux mots p l a f o n d p e i n t , p e n d e n t i f
TAM BOU R , &c.
Les Anciens, dans leurs coupoles, ne nous ont
laiffe que des triodèles incomplets,, de la décoration
applicable à l ’extérieur des dômes ': La 'coupole du,
Panthéon, ainfi que le prouvent d’anciens deflins
qu’on peut regarder comme de véridiques traditions
de ce monument , étoit à la vérité extérieurement
décorée de deux ordres de pilastres. Toutefois cet |
édifice, devenu le plus fameux temple du monde
^-.Qde.we i ne fut. dans fon origine* & furtom-avant 1
qu’on y ajoutât fon magnifique périftyle, qü’uns
petite partie des Thermes d’Agrippa. Il n’avoit reçu
ni dû recevoir de l’architeéle qui en façonna l'extérieur
, que Le genre & la mefure d’ornemens analogies
à fa deftination. N’étant fait ni pour figUrer
ifolément, ni pour être aperçu de loin, ni p0ilr
fervir de couronnement à un autre édifice,fesmurs
extérieurs, ainfi que fa calotte, ne préfentoientrien
dont le goût de la décoration pût se prévaloir relativement
à l ’effet de leur compofition.
On doit en dire autant d e la plupart des autres
coupoles antiques, telles que celle appelée vulgairement,
à Rome tempio di Minerva Med ica, et celles
des foi-difant temples de Mercure , de Vénus, &c,
dans la baie de Pouzzol, tous édifices dont la qua-
lification eft aujourd’hui très-équivoque, tous faisant
partie de plans confidérables que leur état de
ruine a rendu méconnoiflables, mais dont aucun
très-probablement ne fut un temple.
Les Anciens cependant faifoient des temples circulaires.
On trouve jufqu’en Grèce quelques petits
édifices voûtés,circulaires, & dont les murs extérieurs
font tout à l’entour ornés de colonnes. Le petit,
monument d’Athènes, appelé la lanterne de Dé/nof-
thene, eft de ce genre.
Mais Vitruve nous a laiffé les préceptes de conf-
tru&ion & de décoration des temples circulairej.il
n’y a point de doute qu’ils dévoient avoir, à la di- •
menfion près , la plus grande conformité avec ce
qu’on appelle à Rome le temple de Vefta , & à Tivoli
le temple de la Sybille. Ils étoient par confé-
quent voûtés & ornés de colonnes à l’extérieur. Ils
ayoient un couronnement dont Vitruve nous a décrit
la forme & la compofition.
Les coupoles modernes envifagées fous le point
de vue de leur décoration, n ’ é ta n t que des temples
circulaires placés à une grande hauteur fur le fommet
| d un autre édifice, auroient donc auffi trouvé leurs
modèles dans l’antiquité , comme, fous le rapport
de la conftruéiion, les grands édifices circulaires
dont on a parlé plus haut leur fervirent d ’ exemple.
-Ce feroit de la réunion des formes de ces grandes
coupoles, & de la décoration des temples circulaires,
, que feroit née la compofition des dômes
modernes.
En effet, avant que Bramante eut penfé à élever
dans l’églife de Saint-Pierre le panthéon d’Agrippa
fur les voûtes du temple de la paix, il avoit déjà
paru des dômes dans lefquels la grandeur de la conf*
truâion fe réuniffoit à une forte de magnificence décorative.
Celui de Sainte-Sophie, à Conftantinople»
élevé dans les bas fiècles des arts de l’antiquité,
etoit devenu naturellement l’exemple fur lequel
d e y ô ie n t fe modeler les monumens de l ’architecture
fénaiffante.
Quand les arts repaffèrent d’Orient en Occident;
au moyen & par l’entremife des Pifans & des Vénitiens1,
le goût des dômes s’introduifit en Italie avec
les formes des môfqùées de Conftantinople.
-Dahs les dômes de Venife, dans le baptiftète d®
p'fe dans la coupole de la cathédrale de cette v ille ,
on n'e fauroit voir autre choie que des effais plus ou
moins timides de la décoration applicable a ces
1 fortes d’édifice; & à vrai dire, le génie décorant ne
SV éleva pas plus haut que celui de la conftruflion. 1 Ces dômes ne font autre chofe que des voûtes baffes
i fans hardieflej privées de ce qu’on appelle la tour du
fo u qui en fait le caraftère effentiel, qui leur donne
l’ifolement d’un édifice principal & indépendant, &
i feul peut prêter à l’architefture I es moyens d’y étaler
i toute la richeffe qui eft de fou reffort.
i Brunelefchi ne femble pas non plus dans fa cou-
: pôle de Sainte-Marie des Fleurs, s’être mis beau-
I coup en peine de réunir au mérite de laconftruéKon
celui déjà décoration. Uniquement livré à la pénible
folution du problème qui l’occupa fi long-temps, il
ne dirigea toutes fes penfées que vers l’exécution &
la partie qui feule alors s’attiroit l’attention publique.
Ce fut dans le fuccès & la folidité de la bâtiffe
! qu’il plaça toute fon ambition ; il ne fit rien, on
doit le dire , ni au dedans ni au dehors du dôme
qui, fous le rapport décoratif, réponde à la gran *
deur de l’entreprife & à la réputation qu’elle s’eft
acquife. Le revêtiffement de marbre dont cet édifice
eft décoré, ajoute bien, fi l ’on veut, le prix de
la matière à celui de l’a r t, mais ni l ’invention , ni
le goût n’ont jamais réclamé leur part dans la décoration
dont il s’agit.
Pour qu’un bon fyftème de décoration pût s’ introduire
dans l’enfemble des dômes, il falloit que le
goût de l’architeélure antique reparût avec la con-
noiflance raifonnée des beautés qu’elle renferme.
Brunelefchi avoit bien retrouvé les principes & le
goût de cette architeélure, mais fon fiècle n’étoit
pas en ce genre auffi avancé, que lui. D ’ailleurs
c’étoit fur un édifice commencé avant lu i, fur des
bafes & avec des principes à demi-gothiques, que ce
grand archite&e devoit élever la coupole dont /on
prédéceffeur n’avoit légué que la timide & périlleufe
intention. Il Convenoit que le dôme à édifier participât
du goût des conftruélions antérieures auxquelles
il devoit fervir de couronnement. Mais,-
comme on l’a rémarqué à la vie d\Arnolpho ( voyeç
cet article ) , ç’avoit été par beaucoup de fimplicité ,
l’on pourroit dire même de nudité d’architeélure ,
que Sainte-Marie des fleurs s’étoit rendue recommandable,
dans un temps oh le mauvais goût des
otnemens gothiques déparoit les meilleures compo^
fiitions. L ’ouvrage de Brunelefchi auroitdonc offert
undifparate choquant avecle reftede Téglife, s’il ne
fefut pas coordonné au fyftème de fimplicicé qui y
régnoit. Telle eft fans doute la raifon la plus plau-
fible que l’on puiffe rendre de cette efpèce de dénuement
de décoration architeélurale que préfente
le dôme de Sainte-Marie des Fleurs.
C eft auffi particulièrement du perfeéffonnement
des dômes, fous le rapport de la conftruéiion , que
dépendoient la perfeâion de leur forme & 'celle ’de:
leur embelliffement.
C o a u n e o n Ta d é jà r e m a r q u é , l e c a r a c t è r e p a r t i -
cùlier du dôme conflfte dans ce que l’on appelle la
tour du dôme ; c’eft là que réfide le plus haut point
de leur hardieffe & de leur magnificence. Ayant que
l’art fut arrivé à ce point, tantôt on élevoit une tour
que couronnoit une voûte baffe & fans' forme , &
tantôt on exhauffoit une calotte affez élevée qui ne
repofoit que fur un tambour.-On n’ofoit confier aux
forces d’un édifice ifolé & fans point d’appui la
pouffée d’une grande voûte & l ’effort latéral qui
doit en réfulter. Brunelefchi lui-même ne fit qu’une
tour de dôme incomplète ; fa calotte eft fans compa-
raifon plus élevée que ne le devroit comporter la
conftruélion qui lui fert de bàfe. Auffi, lorfqu’^pres
fa mort, Baccio d’Agnolo vouLiit orner'd’une galerie
cette tour du dôme qui n’eft qu’un tambour fur-
haufTée, Michel Ange lui dit qu’il alloit faire de
ce dôme une cage à poulets.
Ce n’étoit pas fans doute l'application d’une ordonnance
de colonnes à une tour de dôme qui cho-
quoit Michel Ange, puifqu’il en a appliqué une
intérieure & extérieure à la coupole de Saint-Pierre.
Mais il fentoit que Briinelelchi ayant tenu tres-
baffe le partie où les colonnes pouvoient s’adapter ,
il ne devoit réfulter de là qu’une ordonnance petite
, mefquine,Jk qui écrafee par la hauteur delà
calotte , ne reffemblereit qu’aux barreaux d une
cage. .
Ainfi il falloit que la .hardieffe de la conftruélioti
fût arrivée à fon plus haut point dans les dômes,
pour que le fyftème de leur décoration atteint auffi
fa plus grande perfeéffon , c’eft a-dire une applica-^
tion régulière des ordres. *
Bramante, Sangallo et Miçhel Ange furent les
premiers qui tentèrent cette entreprife.
On peut voir dans l’ouvrage de Bonani , fur
l’églife de Saint-Pierre, les d.fférens projets de ces
trois architeâes, & les différens motifs antiques ou
chacun d’eux puifa le fyftème de fa décoration. Il
paroît que Bramante avoit eu en vuç de faire un
dôme qui reflemblât au maufolé d’Adrien. Sangallo
femble avoir clierché dans les formes du Colifée
le modèle de fa compofition décorative, ce qu in-
dique. fuffifamment la répétition de fes rangs d’arcades
l’ün au-deffus de l’autre, ornes de colonnes
engagés. Michel Ange paroît avoir mçins quelles
autres cherché dans un monument particulier de
l ’antiquité le modèle & le fty.le de fa décoration.
I l voulut feulement que la plus grande unité de
motif ipféfidât à fa.cpmpofiffon, que l’intérieur fe
trouvât en rapport avec l’ extérieur, que fon ordonnance
de colonnes fervît à la fois de décoration à
l’enfemble, & de' contrefort à la maffe.,11 chercha
furtout à laiffer briller la bèaute de la, fprme tant
au dehors qu’au dedans, & il ne permit'pas qu un
luxe parafite d’ornemens & de détails vint a faire
difparoître ou diffimula lès formes effentielles & le
; type de ce genre d’édifice. _ •
! Lorfque l’on compare l’ouvrage de Michel Ange
' dont le projet prévalut, à tous ceux.qui lui difpm-
tèrent cet hoiineur ; ôt à tpus .ceux q^i , depuis