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» citoyen romain, fit alors la cella, qui eft très-vafte,
» rangea des colonnes à l’entour en forme de diptère,
» diftribua, avec fymétrie, les architraves ôc. autres
» ornemens , & fignala , dans cette entreprife , l’é-
» tendue de Ton art 6c la profondeur de Ton favoir.
» L ’édifice qu’il a confirait eft non-feulement ad-
» miré de tous, mais il eft encore compté dans le
». petit nombre des plus magnifiques ».
Vitru-ve nous apprend enfuite, que ce temple
étoit de marbre , qu’il étoit de la première grandeur,t
6c félon les proportions corinthiennes; & au chapitre
i du livre 3 , il le cite comme un hypètre oétoftyle.
L ’ hypètre a les doubles ailes ainfi que le diptère.
( Voye^ ces mots. )
Il paroît, d’après ce qu’on, vient de lire, que
CoJJutius acheva le temple de Jupiter-Olympien ;
cependant Plutarque en parle à la fin de la vie de
Solon, comme d’un monument qui n’étoit pas encore
terminé de fon temps, & d’ autres auteurs difent qu’il
ne le fut entièrement que fous Adrien ; mais ceci ne
doit s’entendre que des dépendances, & non du
corps même de ce temple ; car fi CoJJutius l’avoit
laifle imparfait, Vitruve , qui nous a ttanfmis tout
ce que nous favons de cet architecte, n’auroit pas
manqué de nous en inftruire. ( Voye{ A tHenes &
A drien. )
Tl y a eu plufieurs architectes, nommés CoJJutius.
Gruter, dans fon recueil d’inferiptions antiques en
rapporte une confacrée à la mémoire de Cn. CoJJutius
Cdldus & de Cn. CoJJutius Agat h angélus : ils
étaient frères, & avoient également-cultivé l ’archi-
teCture. On a gravé fur leur tombeau les ihftrumens
de cet a r t, entr’autres l’ancien pied-romain avec
les divifions.
L’hiftoire ne nous a point fait connoître les ouvrages
de ces deux architectes, & de tous ceux du
premier C°JJutius, elle ne cite que le temple de
Jupiter’-Olympien dont on cherche aujourd’hui
l’emplacement 6c les ruines.
COT É , f. m. C ’eft, en architecture, un des pans
d ’une fuperficie régulière ou irrégulière. Le côté
droit & le côté gauche d’un bâtiment doivent s’entendre
relativement à fa façade, & non à la per-
fônne qui la regardé. Ainfi le côté droit du louvre
eft à la gauche de ceux qui fe trouvent directement
devait la colonnade.
Côté fe prend quelquefois pour face. On dit d’une
maifon, qu’elle n’a qu’un côté avantageux, ou qu’elle
eft plus riante d’un côté que de l’autre , ou qu’elle
eft agréable de tous les côtés.
11 faut que les côtés droit & gauche d’un édifice
folent également décorés , 8c que leur rapport avec
la façade annonce qu’ils en font dépendans.
COTER , v. a. C ’eft indiquer par des chiffres les
grandeurs & proportions des diverfes parties d’un
plan on d’un deffin, Les ehiffres employés à eet
c o u
ufage s'appellent cotes. On dit également eoter un
plan, ou y mettre des cotes.
CO T E S , fub. f. pl. C ’eft ainfi qu’ on appelle, fi»
le fût d’une colonne cannelée, les liftels qui f4parent
les cannelures.
Côtes de COUPE. Saillies qui féparent ladouelle
d’une voûte fphérique en parties égales.. Elles fe font
de pierre ou de ftuc. On les orne de moulures avec
des ravalemens ; on les enrichit quelquefois de com-
partimens, dorés ou peints en mofaïque comme à
Saint-Pierre de Rome.
Côtes de dôme. Saillies qui excèdent le mur de
la convexité d’un dôme, 6c le partage également en
répondant à-plomb aux jambages de la tour, ôc fe
terminant à la lanterne. Elles font ou fimples en
manière de plates-bandes, ou ornées de moulures,
j On les recouvre ordinairement de plomb ou de
1 bronze, ôc quelquefois on dore ce métal.
-Côtes de pierre OU de marbre. On appelle
ainfi, dans Part-de l’incru ftation, des morceaux plus
longs, plus étroits & plus épais que les fimples tran-
. ches ; on en emploie ainfi pour les colonnes incruf-
tées.
COUCHE, f. f. C’eft une pièce de bois couchée
à plat fous le pied d’un étai, ou élevée à-plomb pour
dreffer un étrefillon.
Couche de Ciment. On appelle ainfi le lit de
ciment qu’on met entre des pierres, des moellons ou
des briques. Son épaiffeur varie félon la .qualité du
ciment ÔC des matériaux qu’il doit unir. On voit
dans les conftruclions antiques , fur-tout du côté de
Naples, des couches de ciment aufli épaiffes que
les briques ou les aflifes de pierre, entre lefquelles
elles fe trouvent.
Couche de couleur , fe dit d’une impreffion
de couleur à l’huile ou en détrempe, fur un corps
quelconque.
Couche de jardin. ( jardinage ) Efpèc.e de
bâtis propre à recevoir le terreau fur lequel on fait
venir des légumes.
C 0 UCH1S', fub. m. C ’eft la forme de Tablé d’environ
un pied d’épaiffeür qu’on met fur les madriers
d’un pont de bois pour y affeoir le pavé.
COuchis de lattes. C ’eft un lattis à lattes jointives,
attachées fur les folives d’un plancher creux
pour porter là faüffe aire de gros plâtre.
COUDE ,f. m. C ’eft dans la continuité d’un mur
de face ou mitoyen, confidéré par dehors, un angle
obtu qui produit ce qu’on appelle un plis par dedans.
Le Coude eft un défaut dans les rues ÔC voies publiques.
C’eft pourquoi la loi des bâtimens veut qu’on
c o u
lesfupprime, autant qu’ il eft poffible, pour la régularité
des alignemens.
Coude de conduite. ( Arehit. hydraulique | .
f ’eft dans le tournant d’une conduite de fe r , un
bout de tuyau de plomb coudé pour raccorde..les
tuyaux à bride, à manchon ou autres. ( Vey. C onduite..
)
COU DÉ E , fub. f. Mefure prife depuis le coude
: tufau’au bout du plus grand doigt. Cette mefure qui,
dans les hommes de toutes les tailles , eft le quart de
leur hauteur , a beaucoup varié chez les anciens
[ peuples. ( Voytq le dict. d’antiq. )
Couette. ( Voye{ crapaudine. )
COV E Y , ( Robert de ) Architecte, mort en 1311.
Il fut chargé d’achever l ’églife de Saint-Nicaife de
Reims, que. l’on eftime, malgré fa petiteffe, pour la
délicateffe des ornemens ôc la légèreté de fes proportions.
Il eut encore la conduite de tous les travaux
qu’entraîna la réparation de l’églife cathédrale
: de la même ville, après l’incendie de 1210, qui en
avoit endommagé la conftruâiongpette égiife a
quatre cent-vingt pieds de long, cCTit-cinquante de
5 large ôc cent-huit de haut. Elle eft accompagnée de -
deux tours carrées, élevées de deux cent foixante-
deux pieds, ôc chargées, félon l’ufage du temps, fur-
tout dans fa façade , d’une prodigieufe quantité de
! figures ôc d’onxemeQs.
COULER EN PLOMB ^v . aCt. C ’eft remplir
! de plomb les joints des dales de pierres ôc des marches
de perron à l’air. C’eft fceller aufli, avec du 1
i plomb , des crampons de Ter ou de bronze. Cette |
: dernière opération fe fait aufli, depuis quelques an- ■ j
nées ôc avec fuçcès , au fouffre.
• COULEURS, fub. f. pl. On entend par ce mot, !
dans l ’arehite&ure,- toutes les impreffions dont on
peint les bâtimens. Les plus ordinaires font le blanc
dont on a plufieurs efpèces, favoir : le blanc des .
carmes, le blanc de cérufe, le blanc de plomb & le j
blanc de Rouen. Le bltu fait avec la cendre bleue, j
avec l’émail ou le bleu d’Inde. La bronze faite de ;
cuivre moulu, rougeâtre, jaunâtre ou verdâtre. Le
gris fait de blanc ÔC de noir ; le jaune d’ocre , le. noir
d’os, de fumée, de charbon, &c. La eouleurd’olive,
, le verd de montagne > le rouge-brun 3 le verd-de-gris 3
: l’or qu’on emploie de plufieurs fortes , le marbre peint
(.de diverfes couleurs , le vernis fur bois 3 le vernis de
Venife, &c.
L ’emploi des couleurs fait une des principales
parties de la décoration des intérieurs. ( P'oye%
arabesque, décOratiOn. Il eft aufli des pays ou
l’ufage admet la peinture à J’extérieur des bâtimens.
Une partie de.l’Italie, les États de Gênes fur tout
nous offrent cette pratique d’une manière très-remarquable.
Dans le midi de la France & dans le
Lyonnois, c’eft une mode allez répandue de peindre
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d e d iv e r f e s c o u l e u r s l e s f a ç a d e s d e s m a i fo n s d e c a m p
a g n e . C e t t e c liv e r fi té d e to n s d o n n e u n g r a n d a i r d e
g a î t é à l ’ a fp eC t d e s b â t im e n s ; m a is c e t u la g e n e f a u -
r o i t ê t r e c om m u n à to u s le s c l im a t s . ( Voye\ architecture
FEINTE. )
L e s c o u l e u r s q u i r é f u l t e n t d e l ’ e m p l o i d e d i f f é -
r en s m a r b r e s , d a n s l e s p a y s o ù c e t t e r ic h e f f e e f t p e r -
m i f e , n e la i f le p a s q u e d ’ a j o u t e r b e a u c o u p a u x
m o y e n s d e c a r a C té r ife r c e r ta in s é d i f i c e s , o u q u e lq u e s -
u n e s d e l e u r s p a r t ie s . ( Voye{ caractère. )
Couleurs. ( Jardinage) L a c o u l e u r , c o m m e
p a r t i e d e s b e a u t é s c h a m p ê t r e s , d o i t ê t r e u n d è s o b -
. je t s d e i ’ é t u d e d e l ’ a r t i f t e ja r d in ie r .
L a n a tu r e v o u l o i t q u e l ’ h o m m e n e c o n f id é r â t p a s
f e s oe u v r e s a v e c in d i f f é r e n c e . E l l e d o n n a d o n c a u x
fu r fa c e s d e s c o r p s , p a r l e m o y e n d e l a lu m iè r e &
d e s c o u l e u r s ,- u n a t t r a i t q u i e x c i t e l e p la i f r r & la
c om p la i fa n c e ,Ô c in v i t e à u n e c o n t em p l a t io n r é i t é r é e .
S i t o u t é t o i t d ’ u n e m ê m e t e in t e d an s l . i n a t u r e ,
l ’oe i l fe f a t ig u e r o i t b i e n t ô t à l a c o n f i d é r e r , Ôc l ’e f -
p r i t f e n t i r o i t le d é g o û t & l ’ e n n u i ; le d é fa u t d e v i v a c
i t é Ôc d e g a î t é d a n s l é s c o u le u r s : a u r a i t l e s m êm e s
fu i t e s . L e s couleurs in t é r e f ie n t p lu s g e n e r a l em e n t
q u e le s f o rm e s : i l f u f t i t d ’ o u v r i r le s y e u x - p o u r l e s
p r em iè r e s ; p o u r l e s f é c o n d é s , c e l a n e fu f t i t p a s , i l
f a u t e n c o r e c o m p a r e r ô c j u g e r , c ’ e fL à - d i r e f a i r e
u n e o p é r a t io n d e l ’ e fp r i t . L a couleur e f t c o m m e u n e
e fp è c e d e la n g a g e q u e p a r le n t à l ’oe i l le s o b je t s in a n
im é s d e la n a t u r e , l a n g a g e u n iv e r f e l ô c c om p r i s
d an s t o u t e s le s c o n t r é e s .d e T u n iv e r s . L a couleur
d o n n e a u x o b je t s u n g r a n d p o u v o i r f u r la f e n f i b i -
l i t é ; p a r fo n f e c o u r s , ils r é v e i l l e n t l e f e n t im e n t d e
l a j o i e , d e l ’ am o u r , d u r e p o s , & e x c i t e n t d ’ a u t r e s
é m o t i o n s , & f i p u i f fam m e n t q u o n s’ a p e r ç o i t fa n s
p e in e q u e l ’ a r t d e s ja r d in s p e u t a u f l i b i e n t ir e r d e s
couleurs u n p a r t i a v a n t a g e u x q u e l a n a tu r e , q u i s ’ e n
f e r t d a n s l a m ê m e v u e .
L a n a t u r e é t a l e u n e v a r ié t é é to n n a n t e d e couleurs,
q u i p a r . l e u r s te in t e s f o r t e s o u m o d é r é e s , p a r l e u r
f e u x o u l e u r d o u c e c l a r t é , p a r l e u r m é l a n g e & l e u r
f o n t e , p a r d e s c o u p s d e jo u r d iv e r f i f ié s & in a t t
e n d u s , p a r l e u r je u & l e u r r e f l e t , o f f r e n t u n f p e c -
t a c l e t e l q u e l ’oe i l n e f a u r o i t en t r o u v e r d a n s la
v a f t e c r é a t io n d e p lu s m a g n i f iq u e o u d e p l u s b e a u .
C e th é â t r e d e s p i a i f i r s , c a u fé s p a r l e s couleurs, e f t o u v
e r t n o n a u p a y f a g i f t e f e u l , m a is e n c o r e à fo n r i v a l ,
l ’ a r t i f t e ja r d in ie r .
Q u e lq u e g r a n d e s , q u e lq u ’ é to n n a n t e s q u e f e i e n t l a
m a g n i f i c e n c e & l a v a r i é t é d ç s couleurs q u e l e s f le u r s
é t a l e n t , l a n a tu r e n o u s o f f r e a u f l i , p a r r a p p o r t
a u x couleurs u n fp e & a c l e b i e n p lu s m a g n i f iq u e &
p lu s b e a u ; c ’ e f t c e l u i d e l ’ a u r o r e & d u f o l e i l c o u c
h a n t , a v e c l e s a c c id e n s d e l u m i è r e v a r ié s à l ’ in fin i
q u i l e s a c c o m p a g n e n t . C e f p e â a c l e q u i , r a v i f f a n t
le s p lu s g r a n d s p o è t e s , l e u r e n in fp i r a le s p lu s b e l l e s
d e f e r ip t io n s , & q u i a n im a l e s p lu s c é l è b r e s p e in t r e s
à l ’ im i t e r , a u ta n t q u e . l e p e rm e t t e n t le s b o r n e s d e
l ’ a r t , e f t f e n f i b l e , m êm e p o u r le s y e u x le s m o in s
o b f e r v a t e u r s & l e s p lu s g r o f f ie r s . L a r c h i t e c t e 6c