
DOUANE , f. f. De l’italien dogana, édifice où
les marchandifes fe tranfportent & fe dépofent pour
y acquitter les droits. r
On cite en ce genre de bâtiment, comme un des
plus remarquables , la douane de Bologne, bâtie par
Domenico Tibaldi. v
La douane de Rome eft, comme on fait, la réunion
d’une conftru&ion moderne avec un périftyie
de colonnes antiques.
DOUBLEAU. ( Voys» arc do-ubleau. )
DOUBLEAUX, f. m. pl.. nom par lequel les i
charpentiers défignent les fortes folives des planchers,,
comme font celles qui portent les chevets.
DOUCINE , C f. Moulure concave- par le haut,
& convexe par le bas ;. on l’appelle auffi gueule
droite ( voyeç cimaise),. Cette moulure ter mine !
les comiches d’une manière avantageufe, & elle
eft rarement auffi bien employée ailleurs.
DOUELLE , f , f . Dérive du mot latin dolium,
tonneau. C ’eft le parement intérieur d’une voûte
& la partie courbe du dedans d’un vouffoir. L ’un
& 1 autre s’appellent auili intrados f voyç? intrados
& extrados)„
DRAMA. Bourgade de la Macédoine, dont le
nom ancien n eft pas fixé, Paul Lucas en parle dans
fon fécond voyage comme d’un endroit fertile en
antiquités. Il y vit une tour ancienne qui étoit encore
en fon entier, & bâtie des plus belles pierres
de taille. Des infcriptions bien confervées lui au-
xoient fourni de précieux renfeignemens fur Drama,
mais il ne put obtenir d’en avoir communication. Il
y a encore d’autres ruines qui prouvent que ce dût
être une ville confidérable. On y voit d’antiques
baftins pleins d’eau vive v deux d’entre eux font tout
revêtus de marbre- On entre dans de vieilles murailles
où étoient- des jardins, enfuite on vifite une
place remplie encore de gradins c’étoit l'amphi-
théatre , ou le lieu des yeux &des exercices-
DRAPERIES, C f. pi. Des étoffés lu (pendues,
letrouflees & attachées foit pour féparer des pièces,
foit pour former des retranchemens dans une feule
Çièce , foit pour tapiffer des murs, paroiffent avoir
été fort en ufage chez les anciens, fi l ’on en croit
les bas-reliefs.& les peintures antiques. Rien n’y eft
plus commun que ces draperies ainfi difpofëes..
_ 9? ufe encore de ce motif dans la décoration des
antérieurs, & la peinture s’ën eft fouvent emparé
avec fuccès. Les draperies de la chapelle Sixtine à
Rome, font en ce genre un chef d’oeuvre de goût &
d ’exécution. Ce genre prête à lapins grande richeffe. .
Comme on peut fuppofer que les. étoffes à imiter
fiant- brodées en o r , & brillantes des plus belles couleurs
,, le. décorateur ale champ lé plus libre ouvert à
îa magnificence & à toutes fortes de comportions
plus variées les unes que les autres.
Les draperies peintes font d’un emploi auffi utile
qu’agréable dans les décorations de théâtre. O n s’eir
fert ingénieufement, pour rétrécir la trop grande ou-
verture des avant - lcènes , pour faire d es pentes
: dans les plafonds pour réunir les intervalles des cou-
lifles, & raccorder e n fem b ïe beaucoup d e parties,
qui fans cela refteroient toujours incohérentes.
On a quelquefois employé dans l-’ archireéture des
draperies fculptées en manière d’ornement. Il s’err
trouve de ce genre aux deux colonnades de la place I
de Louis X V à Paris , àu-deffous des appuis des.
croifées. Cet ornement n’a pas eu de fuccés ;,il eif
d’un motif infipider & ne fait point d’effet. On lui
; préférera toujours les feftons & les guirlandes qui,
bien que fort furannés, tant on en a fait d’abus-,
; prêtent toujours à la fculpture de plus heureux
| partis.
DRESSER, v. a£ï. C’elï élever aplomb un corps
; quelconque, comme une colonne ,, un obélifque,
une ftatue, &c-
D resser d'alignement- C ’effi élever un mur
au cordeau-
Dresser de niveau. C ’eft applanir le terrain
d’un parterre ou d’une allée de jardin..
Dresser en charpenterie. G’ eff tringler au
cordeau une pièce de bois pour l’éearrir.
; D r esser en menuiserie. C ’eft dégroffir & agi
planir le bois..
D rÉSSER UNE FA ETS SADE DE XARDIN. C’eft I»
tondre avec le croiffant.
D resser une pierre. C ’effi l’écarrir & rendre
parallèles fes faces oppofées-.
D R O IT , adj. m. C’eft-à-dire en archite&urei
perpendiculaire, oppofé au biais. On- dit un berceau
droit r une porte d r o ite c’èffi- à-dire dont la di—
reâion eft perpendiculaire à l’entrée«,
D U CA (: Giacomo dee ). Élève de Miche?
Ange en fculpture & en architecture. Ce fut lui
qui éleva au-deffus de la- coupole de féglife de
Notre-Dame de Lorrète à R om e d o n t San Galle
avoit donne le plan , cette énorme & maffive lan- I
terne qu’on cite comme un exemple de mauvais goût
& de difproportion en cé genre. Il ne fut pas plus
heureux dans le deffin qu’il donna des deux portes
latérales de cette églife. La grande fenêtre qui eft au*
milieu de la façade du palais, des confervateurs au
Capitole, eft encore de cet architecte, & l’on fait
à q’uel point cette produ&ion bizarre en dépare l’ordonnance.
Il n’y a pas beaucoup plu» de bien a.
dire du palais Pamphili, fitué près de la fontaine-
de Txeyi, Il n’y a de remarquable, que la- lourde*!*
... msclillons de' ta corniche», & tes vicieux
chambranles des croifées. Giacomo de Dora iut
du nombre de ceux qui, comme on 1 a dit a la
vie de Michel Ange , outrèrent les défaut, de leur
aitre & relièrent fort au-deffous de fes qualités.
On approuve davantage le petit palais Strozzi, bâti
rès la ViU* Negroni. Le plan qu’il donna de la-
E . . o - i_. AdTof1if»i p# biétn p.nt-ftndn..
D Y O
Giacofno del Duca retourna à Païenne, fa patrie *
après avoir conftruit tant à Rome qu’à Caprarola.
Il y fut nommé ingénieur en chef; mais l’envie la*
fufeita de terribles ennemis. Il fut cruellement affaf-,
fmé dans cette ville.
D Y O S T Y L E , f. m. A colonnes accouplées. La
façade du Louvre eft dyojfyle.
E
E A U , f. f. ( Jardinage ) Les eaux font Pâme
du payfage; elles animent une fcène , donnent de
l’éclat à une perfpe&ive, & répandent la fraîcheur
& la vie dans tous les lieux où elles fe trouvent. Partout
elles font l’objet le plus intéreffant, & celui
dont on regrette le plus l’abfence f quoique d’ailleurs
la contrée foit des plus belles. Q u ’elles foient
fiagnantes, qu’elles coulent avec lenteur, qu’elles,
marchent avec rapidité, ou bien qu’elles tombent
avec fracas, leur effet n’eft ni équivoque T ni incertain.
Le poli de leur furface réfléchit & double les
objets; & le miroir d’une eau tranquille nous trace
des tableaux que le fpe&ateur peut varier à fon gré.
Leur étendue, leur forme , leur mouvement, leur
couleur propre , celle qu’elles empruntent de ce qui
les environne, cette propriété de renvoyer la lumière
dans prefq.ue toute fa vivacité , leur donnent de
grands attraits & une prodigieufe diverfité de caractères;
enfin-la facilité de les combiner avec d’autres
objets nous fournit des moyens & des reflources infinies
pour enrichir les fcènes de la nature & en varier
l’expreffion.
L’étendue & la profondeur d’une eau font la
fource de fentimens fublimes. L’afpeâ fu-bit d’une
grande maffe d'eau, de la mer par exemple produit
un vif étonnement, & en parcourant iuceeffi-
vement des yeux cette fcène immenfe, ta penfée fe
perd dans l’idée de l’infini. De vaftes eaux amufent
plus long-temps lorfqu’on ne les aperçoit pas tour
d’un coup & dans toute leur étendue, mais qu’elles
ne fe déploient qu’infenfiblement, par parties, &
fous des points de vue variés & des coupes différentes.
Les- émotions les plus fortes font bientôt
affoiblies par [’uniformité. Que de petites îles dif-
perfées & de diyerfes formes rompent donc d’une
maniéré agréable la monotonie d’une large furface
• d’««. Des rives élevées, des pointes de rocs, des
promontoirs aperçus de quelque côté & à une dif-
tance qui ne foit pas trop confidérable, forment
des bornes très-agréables. Une eau fort grande fait
1 effet le plus flatteur lorfquè fori commencement
fin font dérobés, lorfqu’elle coule le long d’un
bois ou dans un bofquet, ou qu’elle tournoie autour
4 W colline \ la grandeur apparente qu’elle acquiert
par ce moyen, occupe l’imagination même?
quand l’oeil n’aperçoit plus rien.
G’eft fur tout par leur bruit & leur mouvement
que les agiffent puiffamment fur nos fens, parce
qu’elles feules-ont l’avantage de produire ces deux
effets fans difeontinuité. S’étendent-elles tranquillement
en plaine vafte & ouverte elles annoncenc
une fcène dévouée au repos. Se griffent-elles dou-
cément fous-un ombrage, elles ont quelque choie
de grave & de trille. Un bruit fourd Sl étouffé eft
le ton de la mélancolie & du deuil. Un doux murmure
invite à là réflexion Si convient à la folitude.
Le gazouillement clair d’une eau qui ferpente en
fe jouant, répand la gaieté;■ un cours rapide & des
cafcades fautillantes caufent de la joie. Des flots-
précipités & qui fe chafient l’un Vautre en écumant,
ront nakre l’idée de force. Des torrens qui s’engouffrent
en mugiffant dans- de profonds & fombres-
abîmes ou qui tombent du fommet des rocs ou des
montagnes, offrent un fpeébacle fuperbe qui approche
du fu b lime. La violence, le bru i.ffe ment, le
mugiffement féroce de grandes rivières & des cataractes
,. leurs vagues qui roulent en blanchiffant 9
l’air obscurci aux environs, l’ écho des rochers, tout
fe réunit pour réveiller des fentimens élevés ou pour
jeter dans nos fens l ’ail arme & l’effroi.
La limpidité de Yéau en eft la principale beauté 5.
en charmant les yeux, elle répand la férénité & la-
gaieté fur tous les objets d’alentour. Le reflet des
nuages, des arbres, des brouffaifles, dès collines. &
des édifices , fait une des plus riantes parties du tableau
champêtre. Au contraire l’obfcurité qui repofe:
fur les étangs & les eaux dormantes, infpire la mélancolie
& la tifteffe. Une ta.u profonde , filencieufe
& voilée par des ronces & des bluffe ns lulpendus
que même la lumière du foleil n’éclaire jamais
s’accorde très- bien avec des fîtes deftinés à des fentimens
femblablesavec des hermitages, des urnes
& des monumens»
; . Combinée avec d’autres objets, Veau ne produit
pas-' moins-d’effets avantageux & Variés-. Elle donne:
un afpeft riant aux Ombrages, & change u n dé fert
en région délicieufe. Elfe peut' augmenter l’air fau-
. vage des rochers raboteux & des montagnes % mais5