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feront fecs, & qu’ils recevront la lumière d’un
jour artificiel.
Le genre de peindre la décoration de théâtre ne
veut pas de ce fini précieux qu’on demande aux
tableaux. La dimenfion des tableaux du théâtre,
la nature du jour qu’ils reçoivent, la diftance du
point de vue d’où le fpeélateur en jouit & plu-
iïeurs autres coniidë rations s’oppofent aux recherches
d’une exécution minutieufe & fondue. La fran-
chife de la touche, la hardieffe dans le maniement
de la broiTe, font le mérite principal de l’art
de peindre au théâtre.'
Cette hardieffe & cette franchi.fe ne feront pas
telles cependant que le fpèéiatcur puiffe s’upper*
ceyoir du mécanisme. Tout doit lui pâroître
auffi doux, aufti fondu que dans un .tabieau\ou
• dans la nature même. Il ne doit point s’apperce-
voir de la manière employée par le peintre" il
ne faut pas qu’au point de vue la trace .de l’art
le découvre. O e il cependant le défaut ou tombent
pour la plupart les peintres de décoration. Ils donnent
trop au fpeâateur îe fecree de leur genre de peindre.
L ’oeil voit les coups de pinceau , les frottemens
c e la brofle, les hachures des ombres & les touches
des clairs , fur-tout aux cHâlîis des couIifTe-s les plus
voifines de l’avant-, fcène.
Les peintres dé décoration ont l’opinion quê teurs
peintures faites -pour recevoir un jour artificiel,
doivent être autrement irair-ées :qhe* fi ellés rece-
voient la Immère du q bur. ; Gette opinion eft un
préjugé. L ’on peut affirmer' apt lu. décoration dont
ies détails & l ’exécution produiront un bel effet
au jour , le produiront de- même à-la lumière
des lampions. Le jour-que donnent ceux-ci avant
même quelque chofe de plus piquant que celui ou
foleil, s’adreffint- plus direâement aux objets à
éclairer, accule avec plus de rigueur les travaux
du pinceau , & trahit plus 'aiféméht le mécanlfme
du peintre. .
Au refte l’artifice de i’illufion des-peintures théâtrales
tient à des procédés moins fufceptibles d’être
fixés par des règles que ceux des autres genres de
peinture'.
De quelque- manière que fe produife cette il-
Iufion , pourvu que le mécanifnie en foit dérobé
au fpectateur, la manière en fera bonne. On voit
des peintres, avec moitié moins de travaux, de couleurs
& de détails que d’autres n’en emploient ,
produire des effets plus vrais , plus grands & plus
riches. Il efF vrai que la manie!è économique, de
peindre dont ufent les décorateurs fur-tout en Italie,
rend leurs toiles de peu de duree; & c’eft'un des
inconvéniensattachés à cet art, dé h’ôffrii; au public
& aux artiftes que des ouvrages éphémères, & des
modèles périffables.
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toiles de Servandoni au théâtre des Thuileries
Mais il ne refte plus maintenant de ce grand décorateur
que le fouvenir de fes chef d’oeuvres 6c
la renommée attachée à fon nom. Ce feroir,, comme
je rai déjà dit, à la gravure'qu’il conv'fendroit de
conferver ces monumens d’un art fi fragile, 6c
dont la deftinée femble être, comme celle de tous
les plaifirs les plus vifs, de ne durer qu’ un moment.
De fidèles gravures des plus belles décorations co-
I oncespar leurs auteurs1, feraient un recueil auffi
curieux qu’intérefla'ht ; &• le fecours de Toptique1
! en leur redonnant leurs dimenfions, .procureroit
aux arttftes de ce genre, des leçons toujours vivantes
des grands maîtres qui ne feroient plus. '
Une telle collection manque par-tout à i’hiftoire
de la peinture. Il appartiendroic à une école fer-.
- .méa. fur un plan général d’enfeignement des arts,
de la réàl.ifer, & de joindre les préceptes de la
théorie eu ce genre, aux routines qui n’entrent oue
trop dans les. écoles pratiques, où fe-ferment tous
les décorateurs de théâtre.
D É C O R E , v. acl. C ’eft appliquer ' l a déco-
ratun aux objets propres à la recevoir. ( Toyq
décorateur , décoraTiOn ).
On décore, une 'v i lle , un temple, un palais,
une maifon', une galerie, une chambre , un meub
le , un uftenfile, &c.
DÉCO UPÉ , f. m. Terme de jardinage. La
Qnmtinie nomme ainfi un parterre, où il y a plu-
fieu rs pièces - carrées, rondes', - longues, . ovales,
dans lèfquelles on met des fleurs.
DÉCOUVRIR, v. à£t.; C ’eft ôter la couverture
d’une maifon, pour enponferver à part les
matériaux.
Découvrir du careau, c’eft ôter avec la hachette
le plâtre du vieux carreau pour le faire, fervir
une fécondé fois.
Découvrir un. mur, c’eft ôter la paille & les
gravois qu’on à pofé delTus pour le garantir de
la-gelée pendant l’hiver.
Découvrir le bois, c’eft lui-donner la première
ébauche 'avec le fermoir, avant de lé raboter.
D ÉD A L E , A -1—rl existé u»-homme qui a donné
fon nom à tout ouvrage fait avec invention &
induftrie ( car c’eft ce que fignifie Dédale, A«tnftf-
I Koç en Grec )■ ; 011 .'ce mot a-t-il fait croire à f’ëxif-
1 tence de l’ingénieux ouvrier ? On. fait que fou vent
les hommes habiles ont lai fie leur nom à leurs
| inventions. On fait au ffi que fou vent les hommes
traufpofent; à des êtres matériels les mots les plus
; faits pour n’exprimer que ' (les idées les plus me-
; taphyfiques.. Ce genre d’erreur ou de tranfpofi- -
tion eft commun à tous les peuples &, .à toutes
*;?; les ■
On a confçryé pendant quelques années des
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les C’eft à lui qu?on doit la fable ôc 1 al*
, légorie. ,
Que Dédale foit donc un perfonnage fabuleux
«u allégorique, qu’il n’ en ait exifté qu’un , ou que la
réputation de plufieurs fe foit réunie fur un feul,
; Cg font des queftions étrangères à cet ouvrage.
\l 5elon l ’opinion reçue, Dédale arrière petit fils
I J’preftée, Roi d’Athènes, a été un des. plus ha-
Lbiles hommes que.-la Grèce ait produit dans l’ar-
chitefture & dans la fculp.ture, II éleva , dit-on, à
Memphis plufieurs monumens, & en obtint pour
, récompehfe, /dé voir placer fa ftatue dans le.
ftemple de Vulcain. Ce fut en Egypte, qu’il prit
le modèle du labyrinthe qu’il exécuta dans i’ile
s de Crète. Ce fameux ouvrage le cédoit cependant,
: en Grandeur & en variété de combinaifons, à ce-
;lui de l’Egypte. '! Voyt^ labyrinthe ). Quoiqu’il
ne fût, dit-on, que la centième partie de ce-
Üui-çi, il ne iaiflok pas. d’être encore très-fpacieux.
&e grand nombre de fes conduits, la multiplicité
de les iffues ,-produifGiient une telle confufion, qu'il
rétort impoflible d’en trouver la fortie.
k Si l ’on peut donner le nom d’hiftoire aux ré-
tçits des temps antérieurs, à l’ait d’é'erire l’histoire,
ïpélale pêrfé:çuté &. épfermé clans son labyrinthe,
p i forcir par le, moyen d’aîles artificièlles-, 8c.vint
s’abbatre vers Cumes •> où il éleva untsniple à
l‘Apollon. Tlufieurs-^princes , dans la crainte de. dé- '
[plaire à Minos, lui refusèrent un afyle. 11 le trouva
enfin chez Coçalus, roi de Sicile.
i Cette île lui dut plufieurs ouvrages co.nfidéra-
kbles. 'Ii y fit creulêr un grand canal ou fe jetroit
[clé fleuve Alabas-. Près du lieu, où fut bâtie la
ville d’Agrigente, il conftruifit une citadelle .imprenable
jytrois ou quatre hommes fuffifoient pour
[la défendre: On montre encore dans cette ville dès
[reftes de çonftru&ions qu’on appelle le labyrinthe
de Dédale. ' ; • .
f D é d a l e , f. On a donné le nom de l’cu-
fvrier à l’ouvrage., Sc .l’on appelle un labyrinthe
IMedale , du nom de l’ architèfte qui a voitfait celui
(de Crète. ( Voye^ labyrinthe. )
I INDIÇAGE , f f. Les Grecs & les Romains
Uvoient l’ufage de dédier les monumens publics &
lprives} de toute efpèce, aux divinités. Titus fit une
[dédicace folemneile du célèbre amohithéâtre appellé.
aujourd’hui le cdlifêè. A.
Bomâins^, le nom de celui qui les avoit dédiés. C ’eft
Iainii qu on lit encore celui d’Agrippa fur la frife
lexteneure du panthéon, C’étoit un grand honneur
! etre chotfi pour faire la dédicace des moqumens
K 1' 'jSf De feul avantage qui ait manqué à la for-
hune de SyUa.dit Tae/te, fu t de’ n’avoir pu dé-
O i s . i 'A r c h i u ü . T om e I I ,
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dier le Capitole. Ce bonheur fut réfervé à Lu-
tatius Catulus.
Les ufages de la dédicace ont pafte dans le
culte des chrétiens, avec prefque toutes les cérémonies
payennes qui n’ont pas même fou vent changé
de nom. Les églifes font dédiées à quelque faint, &
c ’eft ordinairement ou fous le porche du temple ,
ou aux deux côtés intérieurs de la porte d’entrée ,
que fe placent les inferiptions qui font mention de
la dédicace.
DÉFENSE, f. f. On appelle ainfi une la tte ,
ou tout -auire ligne pendu au bout d’une longue
corde , pour avertir les paffans de s’éloigner d’ une
maifon où l’on fait quelque réparation de couverture
ou de maçonnerie.
D ÉG A G EM EN T , f. m; Se dit dans la diftri-
butiqn des. appartemens , ou d’une pièce , oui
d’un petit paiî'age, ou d’un efcalier dérobé, par
lefquels ós peut s’échapper, fans rep a fier par les
mêmes pièces.
Les dégeigcmtns font eflentiels dans les appartemens
, pour la plusgrande tranquillité des per-
fonnes qui ont quelque repréfentation à obferver,
ou des rapports nombreux avec le public. On
peut au moyen des dégagement aA\et,8>i venir,
circuler dans l'intérieur de la maifon, fortir même
& rentrer fans que ceux du dedans s’en apper-
çoivent. On peut auffi faire venir, par ces voies
dérobées , les perfonnes avec lesquelles on a des
rendez-vous qui exigent quelque fecret.
Nous n’avons pas de notibns aftez précifes fur
l ’intérieur dss maifon? chez les anciens, pour affirmer
qu’on yq^ratiquoit cet art des dégage mens, qui
e ft, devenu une des parties les pics remarquables
de la* diftributien , fur-tout en France.
Il eft pou de règles cependant à preferire dans
ce genré. L’artifice Sc ia.combinailbn des dégage-
mens tiennent fûr-tout à la nature du' rerrain fur
lequel fe: fait un plan, St cet -art qui contribue à
la cam.modité^du local ; peut auffi contribuer à fa
fymétrie & à la belle ordonnance.
En général on pèut dire que la perfeélion de
l’art des dégagement confifiç à ce que dans un appartement
j on puifle parcourir chacune des pièces
qui le çompofenc; fans palier par aucune des grandes
pièces qui lui font contiguës. Elle confifte à établir
une circulation■. double , l’une oftenfibie &
publique, l’autre qui n’eft connue que de ceux qui
habitent la .maifon , & dont le publie 11e peut
ni fe douter ni avoir connoiffance.
DÉGAUCHIR, v. aél. Dresser le- parement
d’une pierre • ou l’ un de ses joints de lits ou de
cciupe, avec deux règles droites pofées de champ ,
B b