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près, parce qu’il eft certain que les Romains appelèrent
axtmfjbgium cette partie d e l’architec-
ture que nous appel onsjfron&m^ & à laquelle on
ne donneroit le nom àe faîtage qn eh parlant le
langage d’un conftruéfceur charpentier, plutôt que
celui de i’architede. (Trayez Fastïgium. )
Faîtage liguilie donc particulièrement cette
. partie des bâtimens qu’on appelle aulïi le comble.
C’eft l’a|Temblage de toutes les parties de la charpente
qui fervent à la couverture des maifons.
On do une auffi le nom d a faîtage à la pièce de
bois qui fait le haut de la charpente d’un bâtiment,
& où les chevrons font arrêtés par en-haut.
Les plombiers appellen \ faîtage un ais de plomb,
creux , que les couvreurs mettent au haut des
maifons.
FAITE, f. m ., a la même étymologie que le
mot précédent, dont, il eft l’abréviation. Comme
fqjligium fe prend au figuré , dans le latin, pour
exprimer le plus haut point de l’idée qu’on veut
rendre fenfible, de même on fe fert, dans un fens
métaphorique, du mot fa îte 3 comme lorfqu’on
dit au fa îte de la fortune 3 des grandeurs , & c.
• Faîte lignifie , au fens fimple , la partie la plus
élevée du comble d’une maifon, la pièce de bois
qui porte le fommet d’un comble , & où vont fe
terminer les chevrons.
L z fous-faîte eft une autre pièce de bois au-
deffous du fa î t e , liée par des entretoifes , des
bernes & des croix de Saint-André.
FAÎTIÈRE, adjectif formé de faîte. Ce nom ne
fe donne qu’à des objets placés aùx faîtes des
combles. Ainfi l’on dit lucarne fa îtiè re , tuile f a î tière.
( Voyez ces mots. )
FALCONETTO (Jean -M ar ie ), de Vérone,
né en 1458 , mort en i 534 , fut fils & petit-fils de
peintres peu célèbres dans leur temps. Lui-même
ne fut d’abord qu’un peintre médiocre j mais bientôt
il donna la préférence à l ’architeâure, & il s’y
livra avec une ardeur qui devoit lui promettre des
fuccès. Il commença par deffiner tout ce qu’il y
àvoit d’antiquités dans fon pays 5 puis il fit le
voyage de Rome , où il mefura les ruines des édifices
, & copia les beaux relies de la fculpture que
le temps y a voit confervés. Il pouffa, fes recherches
& les études jufque dans le royaume de
Naples.
De retour à Vérone, il fut accueilli par l ’empereur
Maximilien, qui en étoit le maître. Maltraité
enfuite.par la fortune, il trouva alÿle &
proteâion à Padoue, chez le ' cardinal Bembo &
Louis Cornaro, célèbre par lafobriété de. fa v ie , &
par fa théorie fur l’art de vivre long-temps. Ce féna-
_teur avoit formé le projet de bâtir un palais près
l ’églife de Saint-Antoine de Padoue ; il en confia
l ’exécution à Falconetto. On cite comme un chef-
F A N
d’ceuvre, dans ce.palais, la galerie ( loggia) c c
truite en avant de la cour. Elle confille en d ” I
étages, chacun de cinq arcades décorées d’
ordre dorique en-bas, d’un ionique cn-baut I
Falconetto bâtit dans la même v i l le , an m l 1 I
du commandant militaire , une p o rt e d ’ordre do!
rique d’une bonne manière ; les p o rte s de Saiut
Jean & de Savonarole, l ’é g l i f e d e la Madone dés]
Grâces pourlesDominicains, & une fo rte d'Odeun
on de rotonde pour les concerts & p o u r les bals
édifice petit, mais agréable, & qui m érita d’être I
appelé par Serlio la Rotonde de Padoue, &
fervir de modèle à Palladio , dans la b elle maifon
de campagne des comtes - C a p r a , q u ’on nomme
auffi la Rotonde. Il avoit commencé dans la ville
d (Jfopo en Frioul*, pour le comte Savôrp-nauo 1
un magnifique palais- que la mort de. c e feigueuc
l’empêcha d’achever.
Falconetto éloit paffionné pour l ’étu d e de l’aà-
tiquilé. I l fit le voyage de Pola en I f t r ie , pour y
obferver les temples l’amphithéâtre de cette
ville , dont il donna les de Si ns. T o u jo u rs porté
aux, grandes enlreprifes , - il fe plaifoit à faire des
projets & des modèles de vaftes é d ific e s, fans
qu’on les lui eût commandes y il fe refuloit aux
demandes de travaux ordinaires q u e lu i faifoient
de fimples. particuliers. Le voyage de Rome lui
étoit fi familier, qu’ayant eu un jour une difpuie
avec un architeôle , fur les -mefures d ’un certain
entablement antique de cette v ille , il partit furie
champ pour y aller faire la vérification de
l’objet en litige. 11 avoit fait une é lu d e approfon- i
die de Vitruve, & il fut fans aucun do ute lepre- j
mier qui introduifit à Venife le bon goût de î’ar-
chiteaure. On prétend • qu’il faut lui attribuer
plufieurs de ces chofes qui paffent pour être des
inventions de Michel Ange. v
On a de Falconetto quelques defïins de, raan-
folées pour la maifon Gornaro. Il relia l’ami de
cette famille, & furtout de Louis Gornaro, chez qui
il mourut, qui le cheriffoit nomme un frère , qui
ellimoit fon talent, & fe plaifoit à fa conve dation
pleine d’efprit & de faillies.- Il v o u lu t qu’il lût
inhumé dans fon propre tombeau.
FANAL, f. m ., mot dérivé du grec (p»Ue.
C’eft-le nom général que l ’on donne à c e s leux
qu’on allume fur un endroit élevé , &- particulièrement
au haut d’une {pur, dans un port de mer (
pour guider de nuit la marche des vaiffeaux. Ou fe
fert auffi dé cé moyen, fur. terre, pour traiiLnettre
rapidement des avis à l ’aide, de lignes convenus.
Les Anciens donnèrent le nom de phares \\ tes
édifices conftruits en forme de tour. { Voyez «u
mot Phare les notions & les defcriplions de quelques
uns de. ces monumens. )
FÂNSAGA (C ofme), né à Bergame en iScffi
mort en 1678, fut élève de P i e r r e B e r n i n , père du
célèbre arjtifte de ce nom. Le f e u l ouvrage de lui >
F A N
4 Jome, eft le portail de l’égUft du Spiritofanto
à Naples, où il fit de grands &
n'mbreiix travaux. Ceux qu’on cite particuliè-
font, un cloître à S. Sevenno, le grand
’T a ire & le maître-autel, celui de la Madone
Z fonftautinople, celui du Gefu nuom & les deux
littéraux U façade de l’églife de la Sapienza,
C.lles de S. Francefco Saçerio, de S‘a. Therefa
je liScalzi, & les obélifques de S. Gennaro &
de S. Dominico Maggiore.
i e vice-roi, duc de Médina las Torres, em-
j Fanfaga à traufporter dans l ’emplacement
lit Largo delCaJlello , la fontaine qui étoit auparavant
dans la rue del Platamone, & qui man-
‘ it d’eau. Cet architeâ.e la refit fur un deiim
1 s noble & plus grand, & il y fit jouer des eaux en
abondance. On lui donne le nom dz fontaine de
Médine. C’eft du -même artifte qu’eft, à Naples,
cette autre fontaine dans la rue qui conduit du
palais du Roi à Sta. Lucia a Mare. HÉj
1 Le nom de Fanfàga n’eft guère connu qu a
Naples, qu’il a rempli de fes ouvrages. Le goût
bizarre qui les cara&érife eft caufe que fa réputation
lui a peu furvécu. {Extrait de Milizia. )
FANTAISIE, f. f. Au mot Caprice, l’on s’eft
étendu fort au long fur la nature, les caufes & les
effets de ce goût qui tend .à réduire tout dans
l’arcbite&ure, à m’être que des jeux de l ’imagination,
auxquels la raifon n’eft admife que parce qu’il
eft dans l’efprit d’un fyftème qui n’en admet aucun ,
de n’en repouffer non plus- aucun.
Le mot fa tita jie eft un fynonyme de caprice;
& fi, au moral, on trouve quelques nuances qui
différencient ces deux mots, il noos paroît qu’en
architecture il feroit un peu difficile: d’établir entre
eux & les idées qu’on y attache , d’autre différence
que celle du plus ou du moins. Nous renvoyons
donc le lecteur au mot Caprice.
FANTASTIQUE, adj. Qui provient de la fantaifie.
Ce nom fe donne volontiers à certaines créa- |
tions de l’ornement. Ainfi l’on dira que l’arabefque j
eft un goût de décoration, fantcjlique.
Les Anciens , dans leurs décorations de théâtre,
donnèrent fou vent dans, \efantajlique : pins d’un
paffage des auteurs le prouve,.
Sur les tapifferies afiatiques il y avoit beaucoup
d’animaux fantajliques , qu’Ariftopliane ,
dans fa comédie des Grenouilles (vers ) ,
appelle hippaleâtruoney tragelaphous. Tout le
ïuonde connoît les hippogrilles , les hippocen-
taures, les androfphinxs, &c.
FANUM, eft en lutin un de ces mots fynonymes
Qc ce que nous appelons généralement temple , &
fur le véritable fens duquel les étymologiftes & Ips
antiquaires auront long-temps de la peine à s’accorder
, parce que les au leurs anciens, d’une part,
Diâtigjy. d* Açhit, Tome IL
F A. S 585
n e n o u s , o n t p o in t l a i f i é d e d é f i n i t i o n p r é c i f e d e s
o b j e t s e x p r im é s p a r c e s d i v e r s f y n o n y m e s , &
d ’ a u t r e p a r t f e m b l e n t e n a v o i r u f é a f f e z in d i f t in c -
t e m e n t , c o m m e i l a r r i v e p r e f q u e t o u j o u r s f u r l e s
c h b f e s q u i n ’ o n t p o in t e n l r ’ e l l e s d e c e s d i f f é r e n c e s
a f f e z p r o n o n c é e s p o u r e m p ê c h e r q u e l e s t e rm e s q u i
l e s e x p r im e n t p u i f i ’e n t ê t r e p c is . 1 u n p o u r 1 a u t r e .
F A S T I G I U M . C ’e f t l é n o m p r o p r e q u e l e s R o m
a in s d o n n è r e n t à c e q u e n o u s a p p e lo n s f r o n t o n
d a n s u n é d i f i c e . -( V o y e z F r o n t o n . )
L e m o t f q j l i g i u m e f t employé d a n s V i t r u v e p o u r
d é f i g n e r l e . f r o n t o n e n architecture, & o n l e r e n c
o n t r e a u f f i d a n s d ’ a u t r e s a u t e u r s a v e c c e t t e
l i g n i f i c a t i o n . C o m m e l e s G r e c s a p p e lo i e n t c e t t e
p a r t i e d e l ’ é d i f i c e a ig l e o u a ig l e s , u n p a f f a g e q u e
n o u s d i f e u t e r o n s p lu s b a s , & o ù T a c i t e eïnploie,
à l ’ é g a r d d u c o m b l e d u t e m p l e C a p i t o l i n à R o m e ,
l e m o t a q u i la e , p e u t f a i r e f o u p ç o n n e r que c e t e rm e
a a u f f i f i g n i f i é e n l a t i n le f r o n t o n . ' r
L e m o t f a f t i g i u m { f a î t a g e , c o m b l e ' ) , e m p l o y é
à d é f i g n e r l e f r o n t o n , a - t - i l é t é t r a n f p o r t e d e
l ’ u f a g e d e s b â t im e n s o r d in a i r e s à c e l u i de^ t em p
l e s , o u a - t - i l d ’ a b o r d é t é c o n f a c r é à f i g n i f i e r l a
c o u v e r t u r e d e s é d i f i c e s f a c r é s , & t r a n s p o r t é d e p u i s
d a n s l e l a n g a g e v u l g a i r e d e l a b a t i f f e & d e l a
c h a r p e n t e ? U n c r i t i q u e m o d e r n e , M . V e r d i e r ,
.c r o i t t r o u v e r d a n s l ’ é t y m o l o g i e q u ’ i l d o n n e d e c e
, m o t , u n e b o n n e raifon' d ’ a d o p t e r l a dernière o p i n
i o n : i l f o u p ç o n n e q u e l e mot f a j h g i u n i e f t u n
c o m p o f é d e d e u x m o t s , f a s , l i e u f a c r é , d i v i n i t é ,
! j u f t i c e , & c . , & t e g e r e , c o u v r i r . C e q u i c o u v r e l a
d i v i n i t é , l e l i e u f a c r é , q u o d f q s t e g i t , f e r o i t l e
f q j l i g i u m d e s L a t in s . T o u t e f o i s i l e f t f e n f i b l e q u e ,
d a n s l e f e n s d e c e t t e é t y m o l o g i e , f a j l i g i u m n e
f i g n i f i e r o i t p a s f e u l e m e n t l e f r o p t o n , m a is t o u t l e
f a î t a g e d e l ’ é d i f i c e 5 & d e fait , c e mot, quelle q u e
f o i t fon é t y m o l o g i e , n ’ a û g n i& ê j r o n t o n q u e p a r c e
q u e , l i g n i f i a n t f à i t e 3 i l e f t c o n f i a n t q u e l e f r o n t o n
e f t l a p a r t i e q u i e f t a u f a î t e d ’u n b a t im e n t , & q u i l
e f t u n e im i t a t i o n 'd u bâtis d e c h a r p e n t e , a u q u e l
c o r r e f p o n d l e - f a î t a g e .^ , .
S e lo n l e c r i t i q u e d é j à c i t é , d a n s l e p a f f a g e d e
T a c i t e (H z / ? , l i e , I I I , c . 7 1 ) , m o x f u j l i n e n t e s
f q j l i g i u m a q u i loe v e t e r e d ig n o t r a x e r u n t f a m m a m
a lu e r u n t q u e , l e s a q u i loe n e d o i v e n t p a s f i g n i f i e r l e
• f r o n to n , c a r fif q j l i g i u m v e u t à iv c e f r q n t o n3 T a c i t e
n ’ a p a s p u d i r e q u e l e f r o n t o n f u p p o r t o i t l e f r o n t o n .
E n c o n f é q u e n c e , l e c r i t i q u e c r o i t q u e l e s a q u i loe d u
t e m p l e C a p i t o l i n d o n t i l s’ a g i t , é t o i e n t l e s b o u t s d e s
f o l i v e s f o rm a n t l e s p e n t e s l a t é r a l e s d u t o i t , & q u i ,
d a n s l ’ a r c h i l e & u r e , f o n t r e p r é f e n t é e s p a r l è s m u -
t u l e s o u e s m o d i f io n s . S e l o n l u i , c e s c h e v r o n s q u i
f o u t e n o i e n t l e t o i t o u l e f r o n t o n s ’ e n f l a m m è r e n t ,
à r a i f o n d e l a v é l u f t é d u b o i s , & p r o p a g è r e n t l ' i n c
e n d i e .
I l n o u s f ë m b l e q u ’ i l f e r o i t d i f f i c i l e d e p r o u v e r
q u e c e q u e n o u s e n t e n d o n s p a r c h e v r o n s , & q u e l e s
L a t in s a p p e l o i e n t a f j e r e s , a i t é t é n o m m é a q u i loe . L e
I m o t q ë t o i3 g r e c , a p u fi n a t u r e l l e m e n t f e i c n d iÇ '
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