
&e fubftituer des règles imaginaires aux inclinations
naturelles, mais de pni fer dans ces inclinations,
les principes des règles auxquelles ces
inclinations doivent fe foumettre.
Cette théorie nous expliquerait encore comment
, chez le peuple qui a donné tous les modèles
du goût régulier, on découvre en certaines
parties des traces du goût contraire ou de l'imitation
fans a r t, 8c peut-être en même temps
qu’elle nous dévoiler oit l’origine naturelle de
Ces exceptions , ferviroit-elle a nous mettre en
o-arde contre les juge mens précipités d’une me-
ture trop abfwlue. Si , en effet, l’art des Grecs
confifta toujours à corriger par le raifonnemeut
l’oeuvre de l!inftin£t 8c à embellir les productions
du befoin , au lieu de les blâmer d avoir,
dans quelques parties de l’imitation , coïifeïvé
quelques-unes de ces pratiques qui appartiennent
au goût irrégulier, peut-être trouvera-t-on là , de
quoi mieux apprécier l’efprit de leur fyftème,
& admirer les moyens qu’ils employèrent pour
convertir les défauts en beautés , & taire tourner
au. prolit même de l’imitation , ce q u i, chez
tous les peuples , en avait été ou 1’obftacie ou
là ruine.
ISIDORE ( de Milet ). Cet archite&e fut affoôié
à Anthemius , dans la conftruûHon de Sainte-
Sophie , & de plulieurs autres édifices que Jüf-
timenfit élever, non-feulement à Conftantinople,
mais encore dans les différentes parties de fes
Etats.
Ce P rincé ayant reconquis quelques provinces
de l’empire d’Üceideat , il y envoya plusieurs ar-
•chiteâes , foit pour rétablir les édifices publics
qui avoient; été endommagés, foit pour en élever
de nouveaux. Végèce nous apprend que le nombre
des archileûtes alors employés par Juftinien fut
de plus de cinq cents. IJidore de Milet, dont
on fait ici mention , eut un neveu qui naquit à Conftantinople , & qui fut, pour cette raifon,
lurnom-mé du nom de Byzance.
ISIDORE (de Byzance). Il s’appliqua, comme
fon oncle , à l’architeBure , & lut employé ,
quoique fort jeune, avec un autre artifte de
fon âge , nommé Jean de Milet, aux conftruc-
tions de la ville de Zéaobie, dans la Syrie. Ils
«’acquirent, dans ces travaux, une telle réputation ,
qu’ils pafferent tous les deux, pour les plus habiles
architectes de leur temps.
ÏSLE , f. f. C’eft , dans une ville , une langue
de terre formée par les courans divers, ou par
la retraite des eaux, & qui communique au refte
de la viiie par des ponts Ou des levées. Telle
eft à Rome 1'ijle Tiberine ; telle eft à Paris Xifle
Saint-Louis ou l’j/7e Notre-Dame.
Ou donne encore lé-pern^d’ à une reqniôn de
maifon's jointes enfemble , & formant comme tiu
quartier féparé dans une ville.
ISOLÉ , adj. m. On fe fert de ce mot pour dé-
ligner tout corps détaché•& fans contaût avec d’autres.
Ou dit une ftatue ifolée, pour dire une
figure qui n’ell pas groupée avec d’autres, ou !
une figure qui n’eft ni adoffee a un mur, ni
placée dans une niche. On appelle colonne ifolée]
celle qui n’eft pas accouplée , ou celle qui s’élève
comme monument au milieu d’une place.
La plupart des édifices étant contigus les uns
aux autres , dans les rues 8c dans les places dont j
fe compofent les villes , il y a en général peu j
de bâtimens ifolée. C’eft ordinairement le pn-i
vilége des églifes, qui, autant que pofîible, feront
fans contaâ avec les habitations particulières,!
ou des palais, foit des fouverains , foit des éta-
bliffemenspublics , qui doivent être &.font le plus i
fouvent ifolés dans des places, ou entre les rues
qui les avoifinent.
ISOLEMENT, f. m. C’eft l ’état d’un corps ou
d’un objet quelconque détaché des autres.
Dans la bâtiffe , & félon les-lois des bâtimens,,
il y a beaucoup de parties des bâtimens qui |
doivent être conftruites dans un état Pifolement j
des -murs mitoyens. Il y a des ufines, des fours j
qui ne doivent être élevés auffi, que dans des en*
droits où ils font ifolés -8c fépârés de tout autre :
bâtiment.
IVARA ( Philippe ) , né en i685, 8c mort en
1735, fut un des plus célèbres & des meilleur»
arehite&es de cette époque, qui comprend la
fin du dix-feptième & la première moitié du
dix-huitième fiècle. }’ < * - ,
Nous ifons dans Milizia, qu’il fut élève de
Fontana , fans défignation. Mais comme nous
avons vu qu’il y eut quatre Fontana architectes,
il eft indubitable, par les dates de là naiÜance
& de la mort P Ivara, que celui qui fut ion
maître fut Charles Fontana , né en »634, &ox}
en ï-714-, 8c qui avoit été élève de Beriuw*
L’école de- Bernini , en arcbiteûVure , eut un gou
moins licencieux que celle de Boronimi.
-Fontana avoit l'uivi la. pente de l’efprit de 011
mais il était refté fort eti arrière des
.! dans lefquels donnèrent les novateurs du
! f.Jènlième fiècle. Philippe Ivara refta auffi
j'ns un certain milieu entre la févénté des
da • es de l’art, 8t cette diflolution de toutes
L V ies qui avoit fait regarder toutes les parties
I S édifices comme des élémens dus au bafard ,
& dont le caprice pouvoit le jouer en liberté.
frxiraé toit né à Meffiue , d’une famille ancienne ,
Imais pauvre. De bonne heure il y é to it appliqué
au deuin 8c à l’arcbitefture. - Le goût des arts
étoit-déjà dans fa famille : un de les frères pra-
üauoit la fculpture. Philippe, fans renoncer à fes
premières études, avoit pris l’habit eccléfiaftique,
I yéfolu d’aller à Rome tenter la fortune , dans une I carrière ou dans une autre.
L’amour de l’archite&ure ne pouvoit que le
réveiller puiflàmment en lu i , au milieu de la
j vjj]e qUi en renferme les plus beaux modèles.
| h entra à l’école de Charles Foutana , 8c lui
lit voir enlr’autres effais de fon talent, les deffins
| d’un palais qu’il avoit conçu , d’après-les idées I qu’il sétoit formées , de la magnificence ap-
Iplicable à ce genre d’édifice. Fontana 1 ayant
[examiné , lui dit en le lui rendant..: Oubliez tout
ce que vous avez appris jufqu’ ici ,J i vous voulez
I demeurer dans mon école. Fontana fit copier
à fon nouvel élève le palais Farnèfe 8c quelques
autres palais d’un ftyle fimple 8c noble tout à la
! fois, lui recommandant toujours la fimplicité. ^
j Ivara avoit befoin de ces leçons ; il étoit plein
' | " il fembloit porté à donner dans ce
I de feu', 8c îi
goût maniéré
8c tourmenté , qu’on a pris trop
llouvént pour
du génie. Il s’adonna fans relâche
I à l’étude. Mais ce n’eft pas toujours un moyen
| de fortune. La pauvreté l’eût mis bientôt dans
Ile cas d’interrompre fes travaux j fi un de fes
compatriotes, maître de chambre chez le car-
I dînai Ottobom , ne lui eut fait connoitre celte
j Eminence , qui procura au jeune artifte des ref-
fources propres à développer, quoiqu en p e tit,
des taleris qui n’attendoient que de plus- heure
compte de lui un grand nombre d’ouvrages, tels
que fe grand efcalier du palais , l’églife du Mont-
Carmel , la chapelle royale de l‘a Vénerie, les
écuries , la galerie 8c i’oraugerie de ce palais.
Le palais de Stupigni, deftitié à être un repos
de chaffe , fut entièrement bâti par lui. On y
voit un falon d’une invention fingulière , 8c qui
correfpond à quatre appartemens difpofés fur
un plan en croix pouf les princes , avec des
bâtimens latéraux pour les feigueurs de Ia'Gour ,
les officiers de chaffe 8c les piqueurs. Selon le
marquis Mattéi , cette corupolition avec les dif-
tributions n’oflre ni défaut , ni bizarrerie , 8c
i l faut y admirer l’invention , le génie 8c le goût
combinés avec La lageffe , Part de s adôip:er à
fo;n- fuje t, la connoilfance des bons principes
dont Ivara, dit—i i , ne s’eft jamais ecaité.^
« fes oçcafions. I -
i Le duc de Savoie devint roi de Sicile , 8c fit
| venir Ivara à Meffiue, où il le chargea de lui
bâtir un palais fur le port de cette ville. Le
| delïin Plva ra plut, extrêmement au Prince , qui
: le nomma fon premier arehiteûle , avec trois
mille cinq cents livres de penfion par an. Bientôt
fille ramena à Turin avec lui , 8c dans la fuite
I il lui donna la riche abbaye de Selve , dont
le revenu étoit de plus de cinq mille livres.
Don Philippe Ivara bâtit à Turin , par ordre
de Madame royale , la façade de l’eglife des
Carmélites, fur la place de Saint-Charles. Cette
façade eft dans le goût du temps , a deux ordres
lun fur l’autre , 8c on y trouve des ailerons,
des reffa uls 8c des frontons brifés. 1 ‘ '
Ivara eft un des arcliiteâes qui ont le plus
contribué à l’embelliffement de Turin. Cette ville
Nous pénfons que ces éloges ont" un côté vrai,
quand 011 conudère Pli a bile té d'Ivara dans^ce
qu’on appelle Pentente de la diflnbulion , 8c 1 intelligence
qui fait foumettre a un plan régulier
des combinaifons multipliées. Nous avouerons
encore que Maflei, mettant en parallèle^ le^ftyle
8c le goût (PIvara, avec le ftyle 8c le goût de
Boromini 8c de fes feâateurs ,.a pu trouver irréprochables
les compofitions de notre archile&e.
Tout dépend des points de comparaifon. Ivara,
nous Payons déjà dit, fut tres-éloigne de la bizarrerie
de l’école qui l’avoit précédé. Mais il s’en
faut de- beaucoup que fon g o û t, foit dans^ les
plans , foit dans lês élévations , foit dans la decoration
, ait eu le mérite que Maflei s’eft plu à y
reconnoitre. , _ •
Pour bieu juger Ivara, il faut apprécier fon
ftyle 8c fa manière fur le plus beau , fans, contredit
, 8c le plus célèbre de fes monutnens, l’églife
de la Superga -, dont on a publié des deffins 8c une
defcription nouvelle , par M. Paroletti , en 1808.
! Toutes fortes de circonftances ont donné de la ré»
puta-tion à cet édifice , 8c fon feui emplacement,
d?où il tire fon nom , devoit y ajouter un nouvel
intérêt.
Le nom de Superga a été donné à une montagne
qui eft à une lieue 8c demie de Turin, parce que,
dit-on, ce lieu eft fur le dos des montagnes ,fuper
terga rnontium ( Denina. Piemonts gei chick le ).
L ’églife , 8c le monaftèré qui l’accompagne, s’aperçoivent
de tous les environs de la Capitale.
C’eft fur ce point élevé que Viûlor-Amédée 8c lé
prince Eugène concertèrent le plan de déhnfe
de Turin, qui étoit affiégé par les Français en
1706, ViÛlor-Amédée fit voeu de confacrer fa re-
connoiffance à Dieu, en élevant, fur ce terrain
même, un temple magnifique, fi 1 attaque qu il
avoit méditée étoit heureufe , 8c fi fon arrnee contrai
gn oit les Français à lever le fiege. Il eut la
viéloire , Turin fut délivré ainfi que le Piémont,
8c le prince réfolut d’accomplir fon voeu. L ’édifice
ne fut pourtant commencé qu’en 1 7 1 b, 8c ne fut
terminé qu’en 17 3 1 , par les foins P Ivara*