
colonnes , & (importent les dalles tranfverfales dont
Faflemblage, dit Norden, reflemble à des ais de
bois de plancher. Rien n’eft plus folide & plus
{impie que de telles couvertures. Elles font, dans
beaucoup d’édifices , reliées fans délunion & fans
altération. A Thèbes & dans d’autres endroits ,
elles forment encore le fol fur lequel font bâtis des
villages.
jPortes.
Les portes jouent un rôle éonfidérable dans
àJùuchire égyptienne. Le très-grand nombre qu’on
en remarque parmi lès reftes des monumens qui nous
font parvenus,prouve qu’on les avait extrêmement
multipliées dans les temples.
Au refte, les portes dont je veux furtout parler
ic i, ne font pas ces portes (impies qui font la communication
d’une falle à une autre dans l’intérieur
des édifices, dont la forme eft toujours carrée, qui
n’ont ni ornement, ni acceffoire particulier, & n’ont
enfin rien de remarquable fous aucun rapport. L’autre
efpèce de portes dont il s’agit eft, à beaucoup
d’égards, une des parties les plus magnifiques des
temples égyptiens. On pourroît les appeler des portails
plutôt'que des portes.
Elles fe trouvoient ordinairement à l’entrée des
édifices , & faifoient auffi partie des veftibules ou
de ce que nous avons appelé propyjés, fi elles n’é-
toient pas ces propylés même, airifi que l’ indique
dette dénomination, la partie de ces veftibulés ayant
pu donner fon nom au tout. I l paraît vraifémblable
que c’eft du grand nombre de ces'portiques , dont
les mafles impefantés dévoient s’élever majeftueu-
fement de toutes parts, dans les afpeéls de Thèbes,
que cette ville aura reçu le nom à'Hécatonpyle.
Diodore de Sicile le donne à entendre. La chofe
acquiert d’autant plus de vraifemblance, que Thèbes, ;
félon l ’ ufage des villes d’Egypte, n’ayant point eu j
de murailles, il eft impcffible qu’elle ait eu cent
portes d’entrée.
Les mafles des portes en queftion font ordinairement
pyramidales ; elles reftemblent à celles de
certaines portes de guerre adoifées à des fortifications
; il falloit en pafler ordinairement deux ou
trois pour arriver au temple ou facrarium. ( Feye%
le planfig. 324).Ces portes font quelquefois (impies,
c’eft-à-dire, fans l’accompagnement des maffifs en
terraffe , qui s’élèvent le plus (ouvent au-deffiis
d’elles & de chacun de fes côtés. Ordinairement,
elles fe divifent en deux parties féparées au-defïus
de l’ouverture , & forment de droite & de gauche
une mafle pyramidale , ce qui fait prefque l’effet de
deux tours. Les nouveaux voyageurs appellent ces
fours des moles. ( Voyt^-en la forme, fig, 329 ).
L’ épaiffeur de la conftru&ion de ces portails eft
énorme. Il y en a qui ont jufqu’à cinquante pieds de
profondeur. On croit voir que l’ouverture de la
perte eft quelquefois pyramidale. Mais le plus grand
nombre des deffins que nous avons, la repréfente
perpendiculaire, furmontée de la corniche én cavei
dont on a parlé, laquelle couronne de même les tours
ou maffifs qui lui fervent d'accompagnement. 1|
s’en trouve aüffi. de terminées par les moulures fans
faillie, dont fe compofent les entablemens égyptiens
Efcaliers,
C’eft dans PépaifTeur de ces portes, que les architectes
plaçoient les efcaliers. Plufieurs fubfiftent
encore aujourd’hui. Ils conduifent aux plate-formes
des tours , des veftibùles & des portes elles-mêmes*
car tout fe termine par des ter rafles. On n’a point
vu en Egypte d'efcalier à viffe ou en limaçon; les
rampes font toujours difpqfées carrément en retour,
Ils aboutiffent à des pailiers qui communiquent à
l’intérieur de l ’édifice. Les marches font des pierre*,
taillées d’équerre fans aucun congé.
Fenêtres.
Les fenêtres qui font reftées dans les ruines de
l'Egypte paroiffent avoir été fort multipliées, fur-
.tou’t à quelques parties d’édifices, telles que le*
jfrontifp'ices des temples, où elles donnoient du jour'
iaiix palliers dont ont vient de parler. Dans le corps.
Imême des temples , on n’en découvre que fort peu.
D'après la Connoiflance qu’on peut acquérir de
leurs plans, la plupart des falles ne devoit point en
lavoir. A une de ces falles, que Pococke, on,ne
fait pourquoi, a pris pour un obfervatoire, il y a
dés fenêtres, ou pour mieux dire, des ouvertures
percées dans l’épaiflfeur du mur, & femblables à
des jours de priions, c’eft-à-dire, taillées en forme
de coin de manière à admettre la lumière intérieurement
fans que du dehors on puifle voir en dedans,’
L ’ouverture des fenêtres eft ordinairement un carré
long; fouvent elles n’ont aucun encadrement: d’au-;
très fois elles font encadrées d’un bandeau de pierre.
On n’en yoit pas qui aient eu la forme pyramidale,
& toutes celles qu’on connoît n’ont jamais pu entrer
pour rien dans la décoration des édifices. A Thèbes,’
dans une faile, il y a des fenêtres qui ont douze
treillis de pierre chacune, & qui forment comme
des meurtrières. C’e f t , fans doute , des mêmes
fenêtres qu’il eft mention, dans ladefeription abréfit
des monumens de la Haute-Egypte, où il eft dit, en
parlant d’un veftibüie de Thèbes,: « 11 étoit cou-
» vert dans toute fon étendue, & ne recevoit de
» jour que par des fenêtres à claire-voie, percées
» au-deftus des colonnes ».
Pyramides»
En parlant de la conftruélion des pyramides, ofl
a dit prefque tout ce qu’il y a à dire de leurs
.„formes. Le mot grec orvp, mot qu’on prétend etre
égyptien, & qui veut dire flamme, indique qu’elles
fe terminoient comme la flamme en pointe.
Toutes lés pyramides ne furent pas quadrargu-
Wres. Quelques voyageurs en ont vu de rouies &
iaf ées de niches tout à l'entour. Paul, Lucas en a
W deux deffiné ; & Pococke, qui ne les avoir
v s uue de loin, dit qu’elles lui parurent des
: S l nes, qu’onjui alTura qu’elles éto.ent battes de
hriaues crues. I l rapporte le témoignage d autres
voyageurs qui les avoient vues de près & en avotent
S t une à trois rangs de niches. A-m I voulu parler
de Paul Lucas, quoique le deffin de celui-ci donne
à cette pyramide quatre rangs de niches.
D’autres pyramides , comme nous lavons d it,
étoientàplufieurs étages,&on les appelle pyramides a
; deerés Du refte. il faut le défier des formes que divers
voyageurs ont pu leur donner.Ily a lieu de croire que
plufieurs variétés qu’on obfervedans ieûrs dellins,
ont pu être produites par les dégradations que le
temps a occafionnées dans ces monumens.
décoration y puife une partie de fes moyens. ( voy.
d é c o r a t i o n ). Les Egyptiens ^’employèrent pas
auffi fréquemment qu’on le croit les granits & lés
pierres précieufes dans les maffifs de leurs bâti-
mens. Tous les temples de la Haute - Egypte
'font bâtis , félon les relations nouvelles, ou de grès
ou de pierre calcaire.« Les granits paroiffent n avoir
» été mis en oeuvre que plus tard, & il s en trouve
» plus fur les feules ruines d’Alexandrie & dans
» les mofquées, qu’on n’en peut rencontrer du
» Caire aux Catara&es. Les monumens n’ont été
» conftruits en granit que lorfque le fiege de la
» monarchie fut tranfporté à Memphis. Alors, on
» dépouilla l’Egypte fupérieure de tout ce qui
» poùvoit en être enlevé, & on enrichit a fes de-
» pèns l’inférieure. Alors, les arts étant parvenus
» à un plus haut degré de perfe&ion, on mit du
'» luxe dans le choix des matériaux, & le tçmple
» d’Ifis à Baibait fut conftruit en granit ».
Je ne dirai rien ici des mefures des pyramides. .
Jerenvoie, pour cet objet, au mot fyraéidc( voy.
cet article ) où jVpère pouvoir profiter des reniei-
: gnemens que les voyageurs aétuels rapporteront
S d’Egypte. t ; r
Je réferveau même article de difeuter les diyerfes
opinions qui ont-partagé les favans fur 1 objet &
I la deftination des pyramides. Les uns* comme I on
fait-, en ont voulu faire des gnomons ou des méridiennes.
Les autres en ontfait des monumens allégoriques
, d’autres des -temples confacrés au ^foleil.
Ilfemble toutefois que cette forme, qui fût bien
certainement chez d’autres peuples confacrée aux
fépultures , étant de toutes les formes archite&urales
la plus folide & la moins deftruélible, dut particulièrement
convenir au peuple, qui de tous les
peuples connus, a mis le plus d’intérêt à la confer-
vation des morts, le plus de dépenfe dans leurs tombeaux
de le plus de soin à les rendre éternçls.
T r o i s i è m e S e c t i o n .
De la décoration des Edifices.
Toutefois le granit fut auffi employé en fimple
revêtement, & ce fait eft encore conftaté par les
deferiptions nouvelles. I l faut convenir que lorfque
l’architetfure emploie de telles matières , elle con-
traéle naturellement beaucoup de fimplicité dans
I fes formes, de fageffe dans fes détails, & de diferé-
tion dans *fes oméniens. , ,
On diftinguera ic i, dans Varchite&ure égyptienne,
deux parties diftinéfes de décoration : celle qui con-
fifte en objets d’embelliffement étrangers aux formes
des édifices, tels que les ftatues obélifques, & c . ,
dont on parlera dans le fécond article ; & celle qui
eft adhérente à l’architeâure elle-même, telle que
l’ornement , le bas-relief , &c. Cette diftinâion
très-fenfible fera la divifion naturelle de cette
fedion.
Art. Ier. Du choix. & du prix des matières.
Nous avons déjà vu que les Egyptiens , ainfi
que tous les anciens peuplesattachèrent dans leurs
édifices un très-grand mérite au prix comme au
choix des matériaux, ainfi qu’à,la grandeur & à
la beauté des pierres. Ce goût, qui contribue particulièrement
à la folidité de L’archite&ure, ne laide
pas d’y produire un certain genre de beauté. La
Une grande partie de la décoration de tels matériaux
doit confifter & confifte réellement dans
leur poli. C’étoit-là le grand mérite des premiers
temps de ce qu’on pourroît appeler les temps
héroïques de l’architeâure. Homere ne nous fait
guères d’autres éloges des édifices qu’il décrit. C eft
par-là qu'il relève la beauté du palais d’Alcinoüs.
Dans plus d’un endroit, il parle de grandes pierres
polies & luifantes ; d’où l’on pourroit inférer que
le goût de polir les pierres dut précéder 1 art de les
fculpter. _
Le goût d'embelliffement des Egyptiens paroit
s’être aulli porté , dès l’origine, a ce genre de luxe.
Les pierres qui compofent leurs plus anciens édifices,
font polies. Nous avons vu que les canaux des
pyramides ont confervé le luftre qu’on f « “ “
donner. Aucune nation ne porta plus loin 1 habileté
dans le poli des pierres. Les injures du temps nom
pu l’altérer depuis tant de fiècles fur les obéldques
qui l’ont confervé fidèlement, quoique les rochers de
granit, qui environnent Syenne, foient entièrement
débités. Les ftatues ne l’ont point perdu. On fait
qu’ elles étoient extrêmement luftrées. Cet ulage de
polir les ftatues fut auffi celui des Grecs, ce peuple
qui eut le moins befoin d’ajouter le prix de la
matière à celui de l’ouvrage; mais qui, fenfible a
tous les genres de perfeaion , ne crut jamais devoir
négliger ce qui parle aux yeux dans les monumens
même qui parlent le plus à l’efprit.
On a prétendu que les Egyptiens employèrent a
l’embelliffement des édifices la variété des marbres
de couleur, & qu’ils firent des colonnes dont les
vertèbres étoient alternativement blancs & noirs.
Cet uïage, qui auroit reffemblé à celui des édifices