
3* Leftyle pur & élégant des colonnes feroît croire
» qu’elles font plus anciennes que toute la partie
« fupéneure du monument, l'oit que l’édifice ,
y déjà détruit, ait été reftauré, foit que les eo-
» lonnes aient été enlevées à un temple plus an-
> cien & plus parfait. Cette dernière opinion
» femille confirmée par la diff érence quife remar-
» que entre les colonnes, dont les unes font can- |
» nelées, tandis que le fût des.autres eft abfolument i
» lifle. »
Le même voyageur a obfervé qriel’angle du fron- 1
t-on eft extrêmement ouvert, ce qui rapproche fa :
proportion de celle des modernes. Il trouve aufli
que les détails de l’entablement, fa-ns avoir nen.de
choquant,. n’ont cependant pas cet en le mille 8c
cette pureté que l’on admire dans les belles productions
des Grecs. Au refte , il n’eft pas terminé.
La convexité de la fri Ce &. la difpofitien des plates
bandes de l’architrave indiquent que ces parties
étoient defbjiées.à recevoir les ornemens qu’il,
eft d’ufage d’y fculpt.er..
E U R Y TH M IE f. f. Mot qui exprimoit autrefois
, dans l’architecture, quelque cliofede ce qu’on
entend généralement aujourd’hui, par le mot Jy-
/flétrie.
Y?eurythmie ( dit Vitruve) eft cet effet agréable
qui réfülte de la facilité qu’on éprouve à em-
brafTer l’afpeôl du tout & de les parties. Cet effet
U lieu quand les parties de l’ou.vrage font en rap^
port, fôit la.hauteur avec la largeur, fôit la largeur
àvec la longueur.,.&_que toutes répondent à l’en.-
iemble de la fymétrie (ou proportion générale )v
JTity. liv, Iy cha-p. z.
L ’eurythmie n’.étoit pas une fimple équation- de
parité entre les deux tnoitiés d’un tout..C’étoit un-
accord dans les rapports généraux de l’édifice, &
cet accord comprenoit fans doute celui de la fymé-
t-rie fimple , telle que le vulgaire l ’entend. Le mot
Jyme tria y chez .les.Anciens,.ne fignifioit point ,.au-
contraire, le rapport de parité, mais bien ce que
nous entendons par proportions., {Vùyez. Symétrie.
1
EUSTYLE, f. m. Ce mot eft; grec, &. eft formé
de tu & de rfoXos. C’étoit une des cinq manières
d’efpacer les .colonnes dans l’architecture, des temples
chez les.Romains..
Xleuffyle,_ félon Yitrnve, offroit le plus jufte
fvftème d’entre-colonnemens, i/itervallorum juftâ
diflnbutione. , liv. IIIy chap..Z. ) Sa proportion
, d it- il, eft la meilleure , la mieux adaptée
au befoin , au plaifir-des yeux &. à la folidité. L’ënr-
tre-colonneme.nt du genre euftyle doit avoir deux
diamètres & un quart. Celui du milieu , fôit du.
côié de l’entrée du temple , foit du coté du pojii-
cum y aura trois diamètres, ce qui procure de
j’agvéoeent dans l’afpeôl, de la commodité pour
‘circuler autour de la cella y & quelque chofe d’im-
pofant.
Four bien ordonner le temple euftyle y il f. i.
diviler la face , Oms compter la faillie de l’emna
tement des bafes des colonnes , en onze parties &
demie, fi on veut faire- un* tétrqflyle; en dix-huit
s’il doit y avoir fix colonnes de front $ en viiur/-
quatre & demie s’il doit y avoir huit colonnes 01% que l’on falfe un tétrajfyïe y un espafîyle ou lln
oêbajiyley une de ces parties fera le module, (foj
n’eft autre chofe que le diamètre de la colonne-
de forte que chaque entre-colonnement, excepté
celui du milieu, aura deux modules & un gpuart ;
& les entre-colonnemens du milieu , tant par-del
vant que-par—derrière , auront chacun trois ma. '
dules. La hauteur de la colonne fera de huit modules
& demi j 8c ainfi, par cette divifion les
entre-colonnemens auront un jufte rapport avec .la.
hauteur des colonnes.
Vitrnve ne connoiffoit point d’exemple dW-.
tyle à Rome. Celui qu’il cite étoit au temple de
Te os dans i’Afie mineure..
ÉVUIDER, v. a ôta., fe dit, dans la faille delà
pierre ou du bois ,, de l?aôlion: de crouler certains,
objets, ou de- découper certains ouvrages, tels,
que de.s entre]as dans des.baluftrades d’appui, des
panneaux de clôture , autant pour les rendre lé-,
gers ,. que pour voir à travers, fans être vu.
EXAGÉRATION , f. fi,On. appelle ainfi, dans,
le difcours, toute figure , foute locution* toute-
expreffipn qui tendent à donner des cliofes une-
idée fûpérieure à leur réalité ou à leur, apparence,f
tantôt en augmentant, &. tantôt en diminuant
leurs qualités 8t leurs quantités;
La diminution, en effet, eft elle-même une partie
de X exagération ; &, quoique celle-ci, Wf-
qu’elle procède en diimn.uant , s’appelle quelquefois
exténuation y, cependant, à ne confulter que
l’efprit de l.a, cliolé, il eft vrai de dire qu’on exagère*
fouyent autant,. en atténuant le mal ou le
bien,, qu’e-n. l’augmentant, en diminuant les nombres,
qu’en les multipliant.
Il y a dans le difcours une bonne &. une nian-
vaife exagération. La bonne eft. celle qui a Lee,,
foit pour peindre lës choies extraordinaires, loit
pour* exprimer des idées au niveau defqiielles les
formés ordinaires du.langage ne fan roi eut porter
notre imagination. C’eft cette figure qu’on appelle
hyperbole,y elle doit être employée avec goût, &
infpirée par, un fén tinrent profond de là choie OTs
faut décrire : alors elle eft; prefque toujours jufte.
La fauffe exagération, eft celle, qui, fans neciL
fité, porte notre efprit au- delà de l ’idée q1111
faut concevoir-,.ou-qui s’applique, à des objets à“1'
ples 8cordinair.es, & emploie de grands moyen»
pour produire de petits effets. C’eft ce que, dans
le ftvie on.nomme bourfoufflure. 11 y a de même,.dans les arts du déifia, ,inC-'
exagération non-feulement permife, mars mtce.r-
fajre, 8c_il y en.a une vicieufe..
V i t é r a t io n du premier genre a lieu fous trois j
1 %nrmcipaux, celui du lÿftème mlrmleque -,
Plupart & de l’imitation, celui des images & des j
[ “E celui de l'exécution.
Son. le rapport abftrait.de l’a r t, | y a une |
libration néceffaire, & qui eft en quelque forte
! „«condition indifpenfable de 1 imitation. J en- |
i S s que toute imitation de ce-qui eft vivant & -
/3i feroit par trop inférieure a fon modèle, fi .
i r t t oui n a ni la vie ni la .réalité,, reftoit fervi-
[lement attaché à le reproduire dans les termes j
■ exafls de fon apparence. Ce qui conftitue la puii-
fmee de l’imitation , la vertu de.l art, & le fecret
inar lequel il égale & furpaffe fous quelques rapports
la nature, confifte dans une lortc d e x a g é r a -
% au moyen de laquelle l’artifte , par exemple , ;
cumule fur un individu les qualités de. pluliuurs ,
difpofe la repréfenlation de les objets plutôt
comme ils pourraient être que comme ils iont,
i gjjoJfit dans les compofitions les rapports les plus
propres à expliquer &. à faite briller Ion lu,et met
fes perfonnages dans le jour le plus convenable a
i’elfet qu’il veut produire, ajoute à leurs bonnes
à leurs mauvaifes qualités , articule les formes-
:& les contours au gré d’une convenance particu-
MÊË donne à fes caraflères & à l’exprelfion de
fes têtes quelque-chofe de plus relient i que ne le
fait la nature , &c. C’eft ainfi , & par ces reflour-
ces, que -l’art s’élève au-deffus de ce qui eft Ion
modèle; &-il le doit, fous peine de refter prodiÿjl
gieufement au-deffous. Celte forte d exagération \
eft tellement inhérente à 1 efprit, de i ar t, qu elle
eft prefque la définition de fa nature, i^i^oyez Imi-
tation , Idéal. ) .
2°. Sous le rapport des idées 8t des images,
l’artifte a , comme le poete, tout droit d employer
le genre d’hyperbole qui eft de ion relfort, 8c de
l’appliquer à la repréfentalion des objets 8c des
peifonnes. I l peut, en les tranfportant, par exemple,
dans la région de l’allégorie , ,s approprier
plufieurs des fi ôtions qui agrandifleiit 1 afpect de
fon fujet. La peinture 8c la lculpture font remplies
de ces exagérations poétiques , qui font voir un
perfonnage ou une aôtion dans Ame fphere de conventions
fupérieures à l’ordre de ebofes réel. Ainfi
la transformation d’un perfonnage hiftorique eu
héros* en dieu ou en être allégorique, l ’alfocia—
tion même des êtres fi ôtais aux êtres reeis, eft une
de ces exagérations qui fout partie de la poétie
de l’art. 3°. Il y a une exagération qui tient a 1 exécution;
elle confifte à-forcer le tou des couleurs, ou
les contours des lignes, pour produire .plus d effe t
félon la pofilion des ouvrages 8c l’éloignement ou
ils font de la vue. Mais la fculptüre a furtout le
droit d’employer l’hyperbole de dimenfion , c eft—
à-dire, de faire des figures cololfales, non pas
feulement d’après le calcul des diftances , mais
dans l’inteulion de les faire paroitre coloffales.
Ceci eft eu quelque forte un privilège de la fculpture,
car plus d’une vaifou iiiterdit à la peinture
le coloffal pûfitif. {;Voyez G ig a n te sq u e , Colossal.)
, ,
L’exagération vicieufe confifte dans ia b u s ,
l’excès ou l’emploi déplacé des moyens dont on
•vient de parler. Comme elle eft aufli facile que
commune,‘ elle eft caufe que le mot fe prend le
plus fouvent eu mauvaife part dans le langage
ordinaire. . f .
X)e ce q ue , pour égaler les qualités 8c les pro-
priétés de la v ie, du mouvement 8c de la réalité,
,qui fout inhérentes aux oeuvres de la nature, 1 art
eft tenu de monter plus haut qu’elle, 8c d’oatre-
pafl’er dans fou imitation les apparences du modèle
, l’artifte croira devoir fe régler uniquement
furies ouvrages de l’a r t , où il trouve ces règles
écrites , 8c il négligera l’étude de ceux de la nature
| où il faut prendre la peine de. découvrir
foi-même les réfultats de cette théorie. Il arrivera
fouvent alors que, prenant pour point de départ
celui où le génie s’eft arrêté , il-croira faire mieux
en ne fai fa nt que pins. De-là, dans toutes les parties
de l ’ar t, ce penchant à exagérer les qualités
des grands maîtres. L’un outre dans le deffin là
hardieffe 8c le favoir anatomique de Michel Ange 5
l’autre la grâce des contours ondoyans du Corrège 5
l ’autre n’imitant de l ’autique que le ftyle ou l’apparente
manière de pureté, de {implicite , de correction
qui eft le caraôtère .de ce ltyie , fera des
figures froides au lieu d’ être pures -, roides atf lieu
d’être fimples, 8c dures fans être correctes. Celui-
ci fera grimacer fes têtes pour leur donner de
l’expreffion, 8c celui-là, pour;leur donner de la
nobiefle , les prive de fentiment & d’ame.
L’emploi de l’hyperbole poétique , qui confifte
à agrandir les fujets par des idées métaphoriques
ou allégoriques , aura également fon abus^ & trou*
vera fon excès fi l’af tifte en ule inconfidérémenti,
foit en l’appliquant à des fujets ou à des perfon*
nages qui n’en font pas dignes , foit en 1 aflo.ciaiit
; à des objets difparates-; De-là rélnlte en effet, non=-
. feulement Vexagération vicieufe , mais fouvent
encore ce qu’on appelle la caricature y qui , à lé
bien prendre , eft l’exagération de Xexagération.
On lent de quelle façon peut aufli devenir vicieufe
Xexagération dont l’objet eft d’agrandir les
dimenfions dès ligures félon leur emplacement*.
Quelquefois , par exemple , le peintre fe permet >
pour faire mieux reculer les plans de fou tableau,
de tenir un peu plus fortes qu’elles ne devroient
l’être , les figures du premier plan 5 mais pour peu
qu’il dépafie un certain point, la licence devient
un v ic e , 8c les perfonnages deviennent des géans.
Rien de plus commun aufli qu’une fauffe exagération
de mefure dans les figures deftanées avêtre
vues de loin , ou à s’accorder avec de grandes
raaffes d’architeôlure. Quelques archivoltes de la
nef de Saint-Pierre off rent, dans les figures qui les
ornent, des exemples de cet excès , dont le principal
inconvénient eft de diminuer l’imprelUoji
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