
de. charité publique, qu’offrent les nations modernes.
. ? 1 ,
JJ hôpital fous le nom d'Hôtel-Dieu ( voyez ce
mot) fit prefque toujours partie des premières
fondations religieufes qui devinrent ie noyau des
plus grandes v illes, & il fat d’ordinaire bâti à côté
de la cathédrale.
Les v illes, en s’agrandiffant & en fe peuplant
de plus en plus , ont appelé l’attention des gouver-
nemens fur l’emplacement, la difpofition intérieure
.& extérieure des hôpitaux. Ces établiflemens font
devenus- de grands & remarquables édifices dans
la plupart des villes , furtout en Italie.
Il feroit difficile & peut-être fuperflu de donner
à l’architeflé des préceptes fur cet objet, les
exemples 1 affilent ; mais ceux-ci font tellement
nombreux , qu’on feroit également embarraffë du
choix.
M. Durand , dans la vingt-neuvième-& la trentième
planche de fon Parallèle des édifices de tout
genrey a offert un rapprochement intéreffant des
plans de divers hôpitaux > tels que ceux de Milan,
de Gênes , de Plymouth , de Saint-Louis a Paris.,
de Langres, i dé celui qui a été commencé à la
Roquette en 1788, des incurables de Paris, de
Palerme , 8cc. :
Entre les célèbres édifices de ce genre dont on
vien t de citer les noms , on doit remarquer celui
de Milan. Son archite&ure demi-gothique offre
des détails curieux d’ornemens exécutés en terre
cuite. Le monument, bâti 1 diverfes époques, n apas
été entièrement achevé 5 mais il faut y remarquer
la grande cour, environnée de portiques à deux
étages qui forment un double rang de galeries en
arcades l’une au-deffus de l’autre , & nije des
falles difpofées en croix , qui préfente le plus bel
afpeôt, & la diftribution la plus commode pour la
promptitude & la facilité du férvice des officiers
de fan té. ;
Cette 'même difpofition a été' fuivie dans plusieurs
autres hôpitaux à Gênes & à Paris.
A Gênes, Yhôpital qu’on appelle Y Albergo ' de
Poveri eft un des plus confidérables bâtimens de
cette ville, q u i, comme l ’on fait, l’emporte pour la
grandeur des édifices fur la plupart des plus grandes
villes..La façade du monument n’off re toutefois
rien de très-remarquable à Larchiteôe. Le ftyle
en eft un peu lourd 8c. monotone. Elle fe compofe
de cinq étages , dont chacun eft partagé en 'plu-
fieurs vaftes falles. Une- infcription apprend à
quels travaux difpendieux il fallut fe livrer , pour
fonder L’édifice dans un fite inégal 8c traverfé par
des torrens..
Le plan de 1'‘hôpital Saint-Louis à Paris eft
remarquable par fa fimplicité, & par l’attention
qu’on a apportée , à ce qu’une grande mafîe d?air
environne des bâtimens. deftmés à. la-guérifon; de
maladies contagieufes.. .
Il y a une trentaine d’années . que les-plus favans
médecins furent engagés.à. rédiger.un programme
fur la meilleure manière de difpofer les bâtimen
d’un hôpital, en alliant la plus grande falubrité •' |
la plus grande facilité du ferviee. Le plan C1 ‘
Y hôpital de la Roquette fut arrêté fur les deflîns 1
de M. P o y e t, architede , & en 1788 011 en commença
l’exécution. La difpofition de ce plan fait
voir que l’entier ifolement de chaque falle étoit!
une des conditions prefcrites , ainfi qu’une facile
communication par des galeries couvertes dans
tout le pourtour de l’édifice , & allez vaftes, p0Uï
que la circulation de l’air ne. foi't interceptée dans
aucune partie , & pour procurer aux convalefcens
une promenade à couvert > & à différentes expo-
filions.
Uhôpitalàe Plymouth , bâti eu iyb d , préfente
les mêmes avantages fous une autre forme & dans
un plan moins rafte. Sa difpofition eft très-convenable
pour une ville de moyenne grandeur.
Au nombre & en tête des plus beaux tnomimeiu
de ce genre,mais qui appartiennentplutôt (d’après
la diftiuêlion déjà faite ) à la clafle des liofpiees
qu’à celle des h ô p i ta u x il faudroit placer celui ]
des invalides de terre à Paris , & celui des invalides
de mer à Greenwich. On donne- au (H à ces
établiflemens le nom d'hôtel, qui eft formé delà I
même étymologie. ( Voyez H ô t e l r o y a l , &c.) I
HORLOGE, f. f. C’eft, à proprement parler, I
une machine qui fert à divjfer le temps & à en in-1
diquer les divifions.
L ’art de faire les horloges n’efl point du reffort I
de ce Diélionnaire. Ainfi, cet article ne traiterai
des horloges que fous leurs rapports avec l’archi-
teciure ou la décoration, tant chez les Anciens I
que chez les Modernes. On y joindra quelques ]
notions fur l ’origine Scies développeinens de celle]
invention..
Nous avons parlé, à l’article Cadran, des
moyens dont les plus anciens peuples ufèrent
poux connoitre, à l’aide d’un ftyle, 8c par L ombre
que produit le fôleil, les différentes divifions du
jour ,- appelées heures. Mais cés moyens ne pou-
voient avoir d’efficacité que pendant le jour.
A mefure que l’ufage des cadrans fe répandoit
dans les pays dont le ciel eft moins pur, & que
les progrès du commerce ou. de- la civilifalion
rendoieat d’un ufage plus général la connoiuance
habituelle de la divifion du temps , ou Sentit davantage
ce- que l’invention des cadrans Polaires
avoit d’incomplet.
Platon- s’étoit déjà, procuré' une mefure du
temps pour la nuit,. par une difpofition ingénieuie
de clepfydres.. Peu à peu on chercha & l’on
trouva dans, les machines hydrauliques ,. une application
plus commode 8c plus, étendue à l art
des cadrans-.
Athénée, mécanicien célèbre qui vrvoit au
temps d’Archimède, plus de deux fiècles avant
notre è re , avoit , félon ce qu’on peut conclut
dune épigramme grecque d’A ntighiled reflé'111'
H O R H O R îW5
,.,u public où un méçanifme particulier fup-
;t dans la divifion du temps, à l'indication
lifoleil & dans lequel les heures, tant celles
T :our que celles de la n u it, étoienL annoncées
n»r l'effet d’un retentiffement. Mais il paroit
L ’avant lui, déjà la mécanique avoit trouvé le
inoyen de fuppléer le foleil dans les horloges
^Te? fut l’effet du monument d’Andronic à
àthènes, dit vulgairement la Tour 'des vents.
Vairon donne à cet édifice le nom d'horloge.
dans fa falle à manger. Ce temple des Mu es,
-exécuté en perles, dont parle.Pline , & qui portait
L’édifice oélogone dont il s’ag it, avoit pour
am o rtiflèm e n t {voyez les articles. A t h è n e s , A n -
dronic) une figure de bronze mobile q u i, fer-
vant de girouette , indiquoitles vents/ 11 fervoit
aulfi de cadran folaire. Mais Stuart y a découvert
une troifième forte d’emploi, qui lui a été indiqué
! par des canaux creufés fous le pavé de marbre de
la falle oâogone dans l’intérieur du monument,
,& par l’addition d’une autre tour circulaire plus
I petite, appliquée du côté du fud au mur de la
j t0ur o&ogone, 8c communiquant avec cette der-
I nière par une petite ouverture. Ce voyageur a
[ propofé, pour expliquer ces détails, une conjec-
I ture qu’il îémble difficile de ne pas adopter. Ces
I canaux fouterrains dévoient, félon lui , renfermer
K un méçanifme hydraulique , à l ’aide duquel, un
■ bruit ou un fon quelconque réfultant ou de l’aêxion
I d’un courant d’air, ou de la chute de quelque
■ corps fonorè , auroit annoncé les heures , qu’on
K ne pouvoit point d’ailleurs voir marquées à l’exté- I rieur de l’édifice': car fon enfemble ne laiffe
I aucune place pour un cadran à mécanique.
I Une invention à peu près femblable eut lieu
I à-Rome dans un temple, environ l’an 160 avant
K Jéfus-Chrift.
I Peu après, Ctéfibius d’Alexandrie perfectionna I ces inventions hydrauliques, 8c les fit fervir à I tourner une aiguille qui indiquoit les divifions du 1 I* jour. L’agrément bientôt y fut réuni a l utile : des j
I airs de mufique annoncèrent les heures ; des auto-
■ mates furent mis en mouvement par des refforts
B mécaniques, 8c tinrent lieu de l’officier ou de I l’efclave qui, dans les places publiques 8c dans'les
B palais des grands, crioient les heures ou les an-
I nonçoient par le fon de la trompette.
I Depuis ce temps, des horloges h. mécanique
B furent placées dans les endroits les plus fréquentes
des villes. Il y en eut dans les temples, dans les
théâtres, dan® les thermes. Lucien décrit celle
que L architecte Hippias avoit conftruite pour un
bain. L’étoile du matin, en tournant dans 1 intérieur
de la coupole d’une falle circulaire, des
jardins de Varron, monlroit les heures du jour,
& l’étoile du foir , les heures de la nuit. On ajouta
des timbres aux horloges. '11 paroît même que, fi les Anciens ne firent pas
de montres portatives , ils avoient.fait des hor-
loges qui, pour les intérieurs, auroient été l’equi-
valent de nos pendules. Trimalcion en avoit une
une horloge fixée fur le tympan du fronton,
ne paroît pas s’éloigner beaucoup de nos grandes
8c riches pendules. ( Mu/ewn e x niargantis m
cujusfajligio. horologium erat. PI. L ^7- c * )
Mais on doit croire que le fecret moteur du mé.ca-
nifme de ces horloges étoit ordinairement un ie -
l’ervoir d’eau : c’eft ce que donne à conjecturer le
nom de ■ clepjydrarius automatorius3 ou la 11-
cànt d’automates pour des horloges d’eau que
porte un artifte de cette efpèce dans une mlcrip-
tion latine.
! L’ufage des horloges étoit trop commun pour
que cette invention ait pu fe perdre dans les fiecles
de la décadence des arts. Il paroît meme que ce
fut alors qu’on imagina de fubftituer de nouveaux
moyens aux moyens hydrauliques. Du moins 11
n’eft plus queftion de ces derniers chez les écrivains
delà période dont on parle. Les poids 8c les
rouages qu’on.avoit déjà commencé a employer
dans ces mécaniques, avoient appris aux mécaniciens
à fe palier de l’aâion de l ’eau.
Si l’on confulte l’biftoire de ces temps , on voit
des |horloges demandées dans le fixieme fiecle par
un roi Franc de la première race. Dans le huitième
, un pape, Paul Ier. , fait préfent d une Aor-
loge à Pépin; 8c, dans le fiècle fuivant, un kalife
( Aaroun al Rafchid) fait un pareil don à Charlemagne.
Vers le même temps, 8c fous l ’empereur
Théophile, les hiftoriensbyzantins font mention
d’ une horloge où des oifeaux automates annon-
çoient les heures par leur chant.
On peut conclure d’un paffage du Dante, qu’au
treizième fiècle, à Florence, une horloge publique
, conftruite fur une des tours de l’ancienne
enceinte de cette v ille ; annonçoit les heures.
Dans le quatorzième fiècle , Jacques de Dondis en
conftruifit une autre à Padoue, qui parut fi mer—
veilleufe à fes contemporains , que le nom d'horloge,
orologio , devint le fobriquet du mathématicien
qui Pavait exécutée ; 8c ce nom eft devenu
| le nom patronimique de deux familles nobles qui
exiftent encore aujourd’hui dans cette ville. Un
moine tabliffoit des horloges en Angleterre, 8c un
Allemand en France, fous Charles V ; 8c fous le
même règne, Jean Jouvence faifoit voir par fon
horloge de Montargis, que la France pourroit dorénavant
fe pafler de mécaniciens étrangers.
Le ferviee du culte tendoit à répandre de plus
en plus l’ufage des horloges publiques. On les
plaça fur les clochers des églifes , 8c, dans d’autres
édifices, elles furent furmontées d’une lanterne
où étoient fufpendues de* cloches 8c fônvent un
carillon.
Sous le rapport de l’ornement ou de la décoration
, la plus ancienne horloge qu’on puiffe citer
eft celle qui fut exécutée fur la place de Saint-Marc
à Venife, près des vieilles Procuraties, l’an 1496,
fous le doge Barbarigo,' d’après les deffins de