
dans Ies^pays méridionaux de l’Europe, & très-
élevés dans les pays feptentrionaux. Il y a auffi
des combles dont la lurface extérieure eft courbe.
Les combles ne font en ufage que dans les pays
froids & les pays tempérés ; dans les pays chauds
qui font ou qui avoifinent la zone - torride , les
bâtimens font jcouverts en terrafle, pour lefquelles
il ne faut qu’un fimple plancher ; mais l’expérience
a fait connoître que dans les pays tempérés ,
dont la latitude eft de plus de quarante-deux degrés;
les terraffes, quelques bien faites qu’elles puiffent
être, durent p eu, & ne confervent pas les édifices
auffi bien que les toits , fur tout dans les pays
humides & dans les pays froids ,• où la neige eft
long-temps à fondre.
On difti ngue en général les toits en combles
fimples & en Combles brifés, ou à la manfarde;
les uns & les autres fë diftinguent encore par le
nombre.des égoûts ; deux qui n’'oij,t qu’un égout fe
nomment appentis : ils font formés par une feule
pente fimple ou brifée. ( Voye^ les figures 135
i l 136.
Les combles à deux égoûts , formés par dèux
pentes brifées ou fimples, inclinées en fens contraire
, qui forment un angle au fommet & dont
les extrémités font terminées par des, murs triangulaires
, auxquels on donne le nom de pignon,
fe nomment combles à deux égoûts, ou Amplement
combles ; tels font ceux repréfentés par les figures
137 & 138.
Quelquesfois, au lieu de pignons , , ces efpèces
de combles font terminées par des pentes triangulaires
formant égoûts, auxquelles on donne le
nom de croupe, alors les grandes faces fe nomment
longs pans ; les angles , formés par la rencontré
des croupes & des longs pans, fe nomment
ar ri tiers. Lorfquê deux pentes de comble qui fe
' rencontrent, forment enfemble un angle rentrant,
on lui donne le nom de, noué.
Les combles élevés fur un édifice dont le plan
eft carré ou formé par quelqu’ autre poügone régulier
, & qui font compofés d’autant de pentes
triangulaires que le poügone a. de côtés , de manière
qu’ils forment enfemble une pyramide, fe
nomment combles en pavillon. On diftingueces pavillons
en y ajoutant- le nom du poügone qui leur
fertdebafe; ainfi on dit ùn pavillon carré, triangulaire
, pentagonal , &c. Les figures 139, 140
& 141 repréfentent les plans de différens pavillons;
Les combles brifés ou à la’manfarde , repréfentés
par-le profil 138 , font Compofés de quatre fur-
faces inclinées en fens contraire ; les deux fupé-
rieures qui forment ce que l’oii appelle le fmix-
comble , font très-peu inclinées, & les parties
inférieures auxquelles on 'donne le -nom de vrai-
comble, .font extrêmement roides. L ’arète hori-
lontale qui fe forme à la jon&ion de les deux
pentes,g fe nomme brifis.
De la pente des Combles.
La pente des combles doit être relative à k
température des pays où ils fe trouvent fitués ôc
à la manière dont ils doivent être recouverts.
Dans les pays chauds, il pleut plus rarement que
dans les- pays tempérés, mais les pluies y font
plus abondantes ; la quantité d’eau qui tombe à
la fois , & la température de l’air , font caufe qu’il
faut très-peu de pente pour la faire écouler, &.que
les toits font fecs prefqu’auffitôt que la pluie a
celle. Dans les pays tempérés, les pluies font
plus fréquentes & moins abondantes , l’eau qu’elles
produifent a plus de difficulté à couler, les toits
étant plus long-temps à lécher il leur faut plus
de pente. Dans les pays froids, les pluies font
plus fines , la température de l’air plus humide ,
enfin les neiges qui féjournent long-temps fur' les
toits, néceffitent une pente encore plus cohfidé-
rable que dans les pays tempérés.
Les combles qui doivent être couverts en plomb
ou en cuivre exigent peu de pente, fur-tout lorf-‘
que i’en-femble de la couverture lie doit former
qu’une feule pièce. Les tuiles, creufes-, les tuiles
flamandes & les tuiles romaines , ont befoin.de
plus de pente que le plomb, & les tuiles plates,
& l’ardoife plus que les tuiles creufes. ( Voyeç
Us mou T oits , T uiles & C ouvertures. )
11 par oit que les architectes & les conftru&eurs
n’ont jufqu’à préfent fuivi aucune règle fixe pour
déterminer la pente des combles. On trouve dans
un même pays des édifices dont les toits font fort
élevés- & d’autres qui font fort bas ; il y a même
dzs combles cù cette inégalité fe trouve réunie,
tels font ceux qu’on appelle à la manfarde, imaginés
dans un temps où l’on penfoit que les toits &
les lucarnes dévoient être un des principaux orne-
mens des bâtimens. Les parties fupérieures de cette
efpèce de comble , qui eft un chef-d’oeuvre de contradiction
, ne font inclinées que de 24 à 2 5 degrés,
tandis que les parties inférieures le font de 64 à 66 : f
d’où il réfulte que l ’une ou l ’autre de ces pentes
eft abufive ; car fi la pente de la partié fupé-
rieure eft fuffifante pour garantir les bâtimens des
intempéries de l ’air , pourquoi donner tant de pente
à la partie inférieure ? C ’eft ; dira-t-on , pour pratiquer
dans le bas du comble un étage logeable ;
mais ne vaudroit-ii pas mieux prolonger la pente
de la partie fupérieure, & élever le mur de-face
jufqu’à fa rencontre., ce qui procureroit un étage
carré, au lieu d’un étage en manfarde : ainfi qu’on
le voit ponâué à la figure 142 r Ce.dernier étant
moins commode & beaucoup moins agréable, à
caufe du chêneau qui paffe au-dévant des lucarnes
& de-la. faillie de l ’entablement qui empêche de
voir dans la rue , il ne faut pas croire que le mur
de f-vee qu’il faudrait élever foit -.plus cher, que la
partie inférieure du comble à laquelle on le fnbfti-
tiieroit ; car fi oh ajoutoit enfemble ce que coûterait
- la
la charpente, la couverture en tuiles ou en ardoifes
& le lambriffage en plâtre de cette partie inférieure
, on troùveroit que la fomme feroit plus que
double de celle que coûteroit un mur en moellons
de quinze à feize pouces d’épaiffeur, enduit & ravalé
des deux côtés. Il faut encore obferver que ce
mur exigeroit un entretien infiniment moindre que
la partie de comble dont il tiendroit la place. Il
faut cependant convenir que la partie Supérieure j
des combles à la manfarde feroit trop peu incliné
pour un comble fimple , fur-tout dans un climat
humide comme celui de Paris.
Un comble aufti peu incliné ne garantirait pas
affez de la pluie l’édifice qu’il couvriroit, dans les
temps d’orage & de certains vents qui feraient remonter
l’eau au-deffus des recouvremens des tuiles
& des ardoifes ; cette eau pourriroit bientôt la charpente
des combles & des planchers au-deffous. On
a remarqué auffi que dans les temps humides , &
lorfqu’il tombe des pluies fines, le deffous des tuiles
ou ardoifes des combles qui ont trop peu de pente ,
eft prefque auffi mouillé que le deflùs , parce que le
peu d’eau qui en réfulte, remonte en deffous,
plutôt a ne de couler, ne pouvant furmonter par !
ion poids , fon adhérence aux doubles furfaces des i
recouvremens déjà hume&ées par l ’humide de l’air.
Ces recouvremens font alors l ’effet des ~ tuyaux
capillaires. Le même effet arrive lorfque les neiges
commencent à-fondre. Il eft plus fênfiblé aux toits
couverts en ardoifes , qu’à ceux couverts en tuiles, |
& plus encore aux couvertures en vitrage. En général
, plus les furfaces des matières dont on fe fert
pour couvrir font dures & compares, plus l’eau
ou l ’humidité eft fujette à remonter, & plus il faut
donner de recouvremens aux tuiles & cîe pente aux
«ombles. Auffi voit-on que les charpentes des ccm- ■
blés plats ou à la manfarde durent beaucoup moins
que celles des anciens combles.
Quant à la partie inférieure -des combles à. la
manfarde, elle eft certainement de beaucoup trop
roide, & ce feroit tomber dans le défaut contraire
qu« de leur donner tant de pente , ce qui exigeroit
inutilement une charpente fort ccûteufe , & une
élévation de toit plus grande que celle.des combles
, des édifices gothiques & de quelques anciens
châteaux des provinces feptentrionales de France.
La plus- grande pente de ces toits n’étant que de
63 degrés & demi, tandis que celles des parties i
inférieures des combles à la manfarde eft ordinairement
de 66 degrés.
Tout ce que nous venons de. dire fur la pente
des combles , paraît prouver que celle qui conviendrait
le mieux aux toits fitués' dans Paris & les
environs, devrait être moyenne entre la pente des
parties fupérieures des combles à la manfarde, &
celle dé leur partie inférieure , ce qui reviendrait
a-peu-près à 45 degrés ; c’eft la pente que plufieurs
habiles architeâes ont penfé qu’il falloit donner
aux combles des- grands édifices-pour les mettre
Ditt, d'Architett. Tome II.
entièrement à l ’abri de toutes les intempéries d^
Pair, & pour que la charpente de ces combles
puiffe fe conferver long-temps. Cependant on a
conftruit depuis une vingtaine d’années plufieurs
édifices confidérables, aux combles defquels on a
donné beaucoup moins de pente. Les combles des
nefs de la nouvelle églife de Sainte-Geneviève qui
font couverts en ardoifes, n’ont que 3.6 degrés &
demi de pente , ce qui revient à très-peu de chofe
près, au quart de la largeur prife hors d’oeuvre,
pour un comble à deux égoûts. Mais on a été obligé
de prendre des précautions extraordinaires pour
obvier au peu d’inclinaifon ; au lieu de clouer les
ardoifes fur des voliges à claire-voie , on a pofé
fur les chevrons des planches de fa pin jointives , à
recouvrement en bifeau , bien arrêtées fur chaque
chevron. ( Voÿc£ la figure 143. )
Beaucoup de conftru&eurs penfent que la moindre
inclinaifon qu’on puiffe donner aux combles
à deux- égoûts couvert en ardoifes, doit être , pour
le climat de Paris, le tiers de la largeur hors
oeuvres , ce qui revient à-peu-près à 33 degrés &
demi de pente.
Plufieurs recherches & obfervations faites fur
les combles d’une infinité d’édifices , anciens &
modernes, fitués en différens pays , nous ont
fait connoître que la pente des combles qui fe font
le mieux confervés , eft toujours proportionnée
à la température du climat, et que les combles
trop bas durent peu dans les climats humides, &
ne garantiffent pas affez les édifices qu’ils couvrent,
des intempéries de l’air. Avant de donner aucune
règle pour déterminer la pente des combles , nous
allons expliquer ce que nous entendons par le mot
de climat, auquel on donne différentes lignifications
; nous prenons ce mot dans l’acception des
géographes. Selon eux , les climats forment fur le
globe des bandes de largeur inégales , comprifesentre
deux cercles parallèles à l’équateur ; ils comptent
depuis l ’équateur jufqu’au cercle polaire 24 climats
de demi-heure , c*eft-à-dire, que le plus long jour
de l’année, d’un lieu fitué au commencement d’un
climat, eft toujours plus court, d’une demi-heure
que celui du lieu qui feroit fitué à la fin de ce
nàême climat, ou au commencement de celui qui
fuit, en allant de l’équateur au cercle polaire. Cette
différence dans la longueur des jours, occ.afionnce
par le plus où moins d’obliquité du tropique avec
î’horifon , contribué aux différens dégrés de température
des pays qui répondent aux différens climats;
il ne faut cependant pas croire que la température
foit exactement la même pour tous les lieux fitués
de même dans l’étendue d’un climat, parce qu’il
y a des çirconftances qui rendent un pays plus
Ou moins froid ou humide, alors il est néceffaire
de rapporter la pente des combles des édifices qui
s’y .trouvent à un lieu plus ou moins avancé au
nord. Il faut obferver encore que les combles qui
doivent être couverts en tuiles creufes, comme
B