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fcront fentir. En effet, fi L’on confidère le dehors
des édifices du Laurtntum, on verra qu’ils com-
prenoient d’une extrémité à l ’autre, cent foixante
, &. dix toifes de face environ ; on peut même la
porter jufqu’à deux cents quarante toiles, ( le palais
des tnuileries a 170 toifes,.ôc celui de Ver-
failles du côté du jardin 220. ) Cela étoit nécef-
faire pour donner à l’enfemble une fymétrie parfaite.
Cette grandeur de dimenfion ne furprendra
point, fi l’on confidère que la falle de fefiin
ordinaire avoit dix à onze toifes de longueur, fur
un peu plus de fix toifes de large. La grande cour
avoit trente-toiles fur vingt-quatre , ÔC la petite
cour, d’une forme circulaire , douze toifes de diamètre.
La galerie que Pline lui-meme comparent
pour la grandeur aux édifices publics, avoit quarante
cinq toifes de longueur fur cinq de largeur.
Une fécondé laile de fefiin avoit douze toiles
fur huit, une pièce adjacente ôc le jeu de pauime
avoient l’une & l ’autre douze toifes de long fur fix
de large ».
ce Qu’on juge de l’enfemb'e d’après ces me-
fures, qu’on y joigne les jardins & qu’on falfe
attention que cette maifon étoit pour un ccnful,
qui en avoir plufieurs autres prefqu’auffi vaftes
ôc auin fomptueufes. »
« Nous pourrions citer les maifens de Cicéron,
foi va lit le rapport de Sallufie ? celles de Pompée,
la magnificence des édifices de Lucius Lucullus , de
Sylla, de tant d’autres Romains; mais ces deferiptions
quoiqu’intéreffantes, ne feroient pas d’une grande
utilité pour l ’objet que nous traitons : elles ne
nous oftriroient que ia manière dont les anciens
fe logeoient, qui eft fort différente, pour la distribution
de celle que nous employons. Nos moeurs
ne font pas les mêmes non plus que nos ufages&c. »
Cette dernière réflexion de l’auteur que je.
viens de citer, auroit dû , je penfe, le rendre un
peu .plus réfervé dans le jugement qu’il porte du
goût de dijîribution , chez les anciens, fi ce goût
eft intimement lié au climat, au genre de vie ,
aux habitudes fociaies , aux préjugés d’ofienta-
tion & de vanité ; & fi toutes ces chofes ne peuvent
qu’être très - différentes félon les pays & les
fiècles , on conçoit difficilement comment on peut
donner des règles en ce genre ou propofer des
exemples pofitiE.
On ne peut s’accorder que fur un point, qui
efi la commodité. Elle doit fans doute être la
Baie de la ” dijîribution. Mais ia commodité elle-
même eft une chofe locale. & dépendante -d’habitudes
, qui, par-tout différentes , doivent partout produire
des réfultats différens.
L ’art de la distribution 'eft , dit-on , très-per-
fettionné en France, & fur-tout à Paris. Je le
crois ; mais cela ne fignifie pas qu’on puifle propofer
comme modèles bons à imiter par - tout, les
distributions modernes de Paris ; cela fignifie finid
1 s
pïemënt qu’on a perfectionné à Paris l ’art d«
multiplier dans de petits efpaces les jouiiTancçj
du luxe intérieur & les commodités des dée*.
gemens. Cela fignifie encore que le terrain pour
bâtir dans Paris étant fort cher, & une maifon
comptant autant de maifons particulières que d’étages
, il a fallu apprendre à tirer d’un petit terrain
tout le parti poflïble \ ÔC voilà ce'qui a per-
feéhonné l ’art de la distribution.
Après avoir lu ce que Daviler , Laugier
Blondel, Mézières & d’autres ont écrit fur cet
objet, on eft forcé de reconnoître qu’il n’y a
point de règles à donner en ce genre. Les ulages
de i’Angleterre n’admettent, point les enfilades de
pièces qu’on recherche en Italie ; ÔC les petits
perces , les^dégagemens, les pièces dérobées , qui
lont le mérite des distributions françaifes, ne feroient
ni praticables ni de mife à Londres ou a
Rome.
Il y a dans la dijîribution une partie que l’on
peut appeller d’étiquette, ôc qui confifte à régler
le nombre, la mefure ôc la diipofîtion des pièces
d’ufage , comme fallons de parade , de compagnie,
ôter Cette partie eft encore plus fubordon-
née aux moeurs des peuples ôc ne fauroit faire le
fis jet d’une théorie générale. D ’ailleurs tout ce
l ’on pourroit dire à ce; fujet, dans cet article, (è
trouve à chacun des articles partiels, dont fe com-
pofe l’art de la distribution, tels qu'appartement,
chambre, cabinet, &c. ( voye^ ces mots. )
Il eft d’autant plus difficile , je ne dis pas de
preferire des règles , mais même d’énoncer des
préceptes, tant foit peu .généraux fur l ’art delà
> distribution , que les ufages partiels de chaque pays
n’empêchent pas que l ’architeéle ne doive encore,
dans fes plans, fe fubordonner aux vues particulières
de celui qui. fait bâtir.
En outre de ces condcfcendances pour les idées
ou les fantaifies des particuliers , il y a dans
tous les édifices confacrés aux ufages publics des
données locales ôc indifpenfables , auxquelles il
faut encore conformer la distribution.
Voici quelques maximes générales pour lés maifons
particulières , données par Daviler , auxquelles
on ne prétend pas ajouter plus d’autorité
qu’elles n’en doivent avoir.
i° . Un bâtiment doitfe bien préfenter, & avoir
une entrée avantageufe.
2P. La meilleure fituation du corps - de - logis
eft entre cour & jardin.
3°. Les offices, les écuries doivent être placés
de telle forte que les ' appartemens n’en foyent
pas incommodés, ce qu’on ' évite en les plaçant
en aile de chaque côté de la cour.
4q- L’une de ces ailes, celle oh font les offices
ôç les écuries, doit répondre à un yeftibuie
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, ui jlicutiffe à lcifaUe à manger, afin que le fer-
vice de la table fe ïaffe commodément.
.0. c ’elf une chofe à éviter que des formes
irreeuliéves dans les pièces ; on ne doit fe les permettre
que torique cette irrégularité dans quelques
formes de détail procure à quelque pièce
d'importance plus de grandeur ou une plus heu-
reufe fituation.
6°. Lorfque dans un grand bâtiment on veut
ménager une enfilade de longue étendue , on doit
éviter qu’il ne fe, rencontre dans cette enfilade
des pièces deftinées aux domeftiques :
7°. Quoique la fymétrie doive être obfervée
en vénérai , il eft néanmoins des cas où l’on peut
la négliger dans la distribution intérieure, pourvu
qu’on lui ménage de la relation avec fes côtés
oppofés.
8°. C ’eft une règle indifpenfable d’accorder les
distributions intérieures d’un bâtiment avec les dé-,
corations extérieures-,
D i s t r i b u t i o n d ’ e a u . C’eftle partage qui
fit fait de l’eau d’ un réfervoir par une ou plu-
feurs foupapes dans un regard , pour l’envc yer
à direrfes fontaines. ( V CHateau d’eaU. )
Distbibution d’ORNemens. C ’ eft l’efpa-
cemenc égal d’ornemens femblables ôc de figures
pareilles, qu’on répète dans des parties de i ar-
chite&ure, comme dans la frite dorique, la distribution
tes triglyphes Ôc des métopes; dans la
corniche corinthienne, celle des modilions, ôcc.
D i s t r i b u t i o n . ( Jardinage. ) L’ on peut
définir la dijîribution dans le jardinage, l ’ait d’arranger
les parties d’un jardin,-fuivant la fituation.
Cet art peut fe réduire à quatre maximes fondamentales.
i° . A faire que l’art cède à la nature.
20. A ne pas trop offufquer un jardin.
3 • A ne le point trop découvrir.
4q- Enfin , à le faire paroître plus grand qu’il
ne l’eft en effet.
C’eft particulièrement dans ia dijîribution des ar-
tr.’s d’un jardin que l’on reeonnoîr le talent de l’ar-
tifte. C’eft d’elle auffi que dépendent lé plaifir , l’ef-
fit & le caractère que l’art fait produire. « Mais
uné-heureufe ôc intelligente distribution d’arbres
& d’arbriffeaux, dit Hiifchfeld, exige une grande
con 1101 (Tance des plantes, beaucoup d’étude, d’«b-
fervations Ôc d’effais* Il faiit, pour réuflir en ce
genre, un oeil que les lois de la perfpe&ive ont
rendu favant, ôc que les beautés de la peinture
***. Pay% e ont rendu délicat.»
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te Peut être ce fut le fentiment des difficultés
qu’on éprouve à dijlribuer les arbres avec goût,
qui fit que dans l’ancienne manière on fe borna
aux plantations en ligne droite , aux allées fans fin,
aux quinconces. Cette façon de planter étoit fi commode
ôc fi facile , que l’homme le plus borné
pouvoit l ’exécuter. »
te Les grouppes Ôc les maffifs qu’on a introduits
dans le nouveau ftyle , ne font pas au refte beaucoup
plus difficiles à difpcfer quand l ’art & le
goût ne préfident point à leur dijîribution. Rien
n’eft en effet plus ordinaire que de jetter là , pour
ainfi dire , toute une plantation , mélange confus
de toutes fortes d’arbres ôc d’arbriffeaux. Par
ces amas fauvages ôc embarraffés, on croit avoir
fatisfait à tout ce qu’exige la nature ou la manière
anglaife. »
« D ’un autre côté rien n*èft plus fatiguant que
des plantations entièrement compofées d’arbres
ou d’arbriffeaux de la même famille ou de la
même efpèce. Ceci eft tout-à-fait contraire à la
loi que preferit la variété, ôc 'au procédé de la
nature , qui ne manque jamais de répandre quelques
hêtres dans une forêt de chênes , ôc quelques
chênes, quelques bouleaux, ou quelques autres
arbres & arbrifleaux dans une forêt de hêtres.
En vain on s’efforce de juftifier cette uniformité :
fous prétexte de demeurer fidèle à un certain
caraélère déterminé, on oublie que la variété ne
détruit pas l’unité de caractère. »
« La nature ne pouvoit pas pourvoir aux ber
foins ou aux plaifirs de L’homme plus qu’elle ne
Tà fait dans la nombreufe dijiribution d’arbres ÔC
d’arbuftes qu’elle a répandus fur toutes les ef-
pèces de terrain.- Elle nous indique elle - même
pour chaque fol, pour chaque emplacement une
foule de plantes convenables. Quelqu’aride | quelque
raboteux , quelque marécageux que foit le
terrein , nous pouvons l’orner & le meubler de
plantes agréables. C’eft à connoître ces plantes, à
en.diftinguer la propriété ôc l’analogie avec les
titres ôc les terrains , que doit tendre fur-tout le
foin de l’artifte jardinier. »
ce En ccmpofant les grouppes , il faut auffi faire
attention de mettre enfemble les arbres qui fe
conviennent. Les arbres a feuilles s accordent
mieux avec leurs femblables ; il en eft de même
des arbres conifères ôc refit eux II faut même prendre
garde à la nature du feuillage. Il faut en
aJJorrir les teintés ôc les couleurs à la nature du
lieu. Un feuillage gai ou argenté convient fur les
devants d’une forêt fombre, un feuillage obfcur
fur, un gazon riant ; des feuillages rembrunis.,
comme ceux de tif ôc du thuya de la Chine, doivent
.être rejettés dans les fonds. »
Confultez au refte la nature dans l’ art de diÇ*
tribucr, .comme dans celui groupper les arbres,