rites & des ufages religieux. Uue de ces peintures
j'epréiente une ablution des mains. On y voit une
femme nue fe laver les mains dans un lavoir qui a la
forme d’une grande coupe, St qui eft foutenu par
un pied en manière de colonne cannelée.
Il paroit que quelquefois les urnes cinéraires pu
les larcopbages, romains ont lervi de lavoirs> fur-
tout dans le moyen âge.
LAVORO DI COMMESSO. On donne ce nom ,
en Italie, à cette efpèce de mofaïque qu’on fait à
Florence , 8t qui fe compofe de morceaux de mar^-
bres précieux 8t de diverfes«couleurs, diverfement
découpés félon la forme des objets à repréfenter, 8t affemblés entr’eux de façon à ce que l’on ne
découvre pas les joints.
L A Y E , f. f. Petite route qu’on fait, dans un
bois pour former une allée, ou pour arpénter ce
bois 8t en lever le plan quand on veut en faire la
vente.
L aye. C’eft le nom qu’on donne à un marteau
bretté, c’eft-à-dire, dont le tranchant eft dentelé,
St dont les tailleurs de pierre fe fervent.
On donne le même nom à la bretture ou rayure
que forme fur la pierre le marteau dont on vient
de parler.
L A Y E R , v . aêt. Tailler la pierre avec la la y e ,
ce qui rend le parement de la pierre rayé en petits
filions uniformes, 8t lui donne toutefois uneappa-
rence allez agréable. On dit aufli brêtery pour exprimer
l'action de ce travail.
LA ZA R E T , f. m. C’eft, dans les villes maritimes
, un grand bâtiment contigu à un port, dans
lequel relâchent les vaiffçaux qui arrivent des régions
où régnent les maladies peftilenlielles. Le
bâtiment qu’on appelle lazarety fe compofe de
logemens léparés & de pièces ifolées. C’eft là qu’on
dépote les équipages des vailfeaux fufpeéls de
pelle , & c’eft dans les chambres affeêtées au logement
des palfagers , que féjournent plus ou moins
de temps ceux qu’on foupçonne d’avoir pu porter
avec eux des élémens contagieux. On appelle quarantaine
le féjour qu’on y fait, parce qu’il a ordinairement
lieu pendant quarante jours.
On nomme aufti lazaret un hôpital où l’on retire
ceux qui font attaqués de maladies conlagieufes.
LAZULITE. { Voyez Lapis iazuli.)
LAZZARI, dit Bramante , né en i444>morten
j 5 i4 .
(Quoique Lazzari pavoilfe avoir été fon nom-
propre , cependant il eft fi peu ponnu fous ce nom,
&. il eft fi célèbre fous celui de Bramante que
nous avons cru ne devoir le défigner que par fon
furnom dans tout le cours de cet article.
Né à Caflel Durante fuivant les uns, à Fermi
gnano félon d’autres, .c’eft-à-dire , dans le duché
d’Urbin, d’unè famille honnête, mais pauvre
Bramante indiqua de bonne heure ce que lu nature
vouloit faire de lui. Son père vit avec plaifir, dans
les difpofilions'que l’enfant annonçoil pour le défini,
la perlpeélive d’un état qui pourroil lui être
utile. Il le hâta de les cultiver, & l’envoya, fans
délai, à l’école, de peinture de Fra Barlolomeo
d’Urbin, autrement dit Fra Carnovale. Bramante
y devint promptement habile. Sa capacité dans
la peinture qqoiqu’éclipfée par le grand nom
! que l ’archilecture lui a fait, Te'prouve dans un
bon nombre de tableaux qu’on voit de lui à
Milan. Le détail en feroit aufii inutile à fa gloire
qu’il eft, ici fur tout , étranger àTo» hiftoire. *
Le goût de l’architeêture devint en effet bien-
tôt le plus fort chez lu i , & le détermina à voyager
dans la Lombardie. Bramante alloit de ville en
v ille , Toit pour chercher des travaux, Toit pour
examiner ceux des maîtres d’alors. Ces excurfions
ne lui procurèrent ni beaucoup de réputation ni
de grands profils, mais elles déterminèrent fa vocation.
Le dôme de Milan étoit alors la. plus grande
conftruêlion, & en quelque forte le grand oeuvre
du fiècle. L’architeéle qui la conduifoit, Bernardine
de T re v i, étoit un conftruêleur habile, fort
eftimé de Léonard de Vinci, mais dont le goût
lenoit encore de la féchereffe du gothique. Bramante
fuivit ces grands travaux, & reçut peut-
être de l’impreffion que lui fit i’architeôlure cle ce
monument ce ftyle un peu maigre & fecqui,,
comme l ’on fait, caraêlérifa les premiers ouvrages.
Quoi qu’il en fo it , la grande enlreprife de
Milan acheva de diriger fon génie .vers l ’arclii-
teêlure.
. Il vint à Rome & y débuta par quelques peintures
à frefque dans i’églife de ^ Saint-Je an deLa-
tran. .Ces ouvrages de peu d’importance ne fubfif-
tent plus. Quoique porté naturellement au plaifir
&. à la dépenfe (comme Condivi l’affure dans la
vie de Michel A n g e ) , Çe que fa conduite pofté-:
rieure a prouvé, il fe condamna à la plus l'évère
parcimonie, réfolu d’acheter, par des privations
de tout genre , l ’aiiànce à laquelle il afpiroit. Dès
qu’il l’eut acquife , il ne fongea qu’à fe livrer
avec plus d’ardeur aux études peu fruêtueufes en
elles-mêmes de l’architeclure antique. Solitaire &
retiré en lui-même , il n’entretint plus de commerce
qu’avec les monumens. En peu de temps
on le vit deffiner & mefurer tous ceux de Rome
& des environs. A Tivoli il fit des recherches particulières
fur la Villa Adriana. Il vifita la Campanie
, levant partout ce que le temps avoit épargné
d’édifices romains, & il.pouffa jufqu’à Naples les
favantes excurfions.
Le cardinal de Naples, Olivier Caraffa, avoit
remarqué ce grand zèle de Bramante pour l'architecture
il lui confia bientôt à Rome la conf-
tïuüioa du cloître du couvent de la Pace } qu’il
loi t faire rebâtir fur un nouveau deffin. L’ou-
fut entrepris, conduit 8t terminé avec autant
SelHgence qufc de célérité. Quoique ce ne foit
as le chef-d’oeuvre de Bramante, toutefois il lui
St beaucoup d’honneur. Rome comptoit alors peu
d’architectes habiles, ingénieux, poffédant à la
fois les reffources de l ’art & cette aêlive intelli-
eQCe qui donne de l’éclat aux talens.
D La prôleèlion du pape Alexandre VI fut le prix
dufuccès obtenu par Bramante dans cet ouvrage. Il
fut employé par ce pontife, comme arebite&e en f é cond
à la dire&ion de la fontaine deTranftevere &
de celle de la place de Saint-Pierre. L’une & l’autre
ont été depuis remplacées par de plus magnifiques.
Il n’y avoit guère alors d’entreprifes où on ne
l’appelât, au moins pour le confeil. Ce ne fut
que par fes avis qu’il coopéra à l’agrandiffement
del’églife de Saint-Jacques des Efpagnols, & à l’é-'
reftion de celle appelée de VAnima, qui fut con-
i fiée à un Allemand ; mais il eut une part plus ac-
: tive dansle projet de la grande chapelle de Santa-.
Maria del Popolo.
; Nous avons déjà dit que les premiers ouvrages
de Bramante retinrent quelque chofe du goût
maigre .auquel le genre gothique avoit fi longtemps
habitué les yeux. A Rome il n’y avoit plus
alors de gothique proprement dit. L ’architeêlure
ne l’étoit plus dans fon fyftème, elle l’éioit encore
dans fon exécution. On étoit revenu-aux principes
des ordres & de la modinature antique j mais les
habitudes de faire, dans l ’arcliitetture furtout, dépendant
de mains étrangères à la tête qui conçoit,
I il devoit arriver que les meilleures conceptions
fufl’ent en quelque forte dénaturées par les pra-
[ tiques ouvrières de la routine.
Celui des ouvrages de Bramante où cette tra-
[ dition de maigreur & de féchereffe fe fait le plus
fentir, eft le palais Sora près la Chiefa nuova,
qu’on eft allez bien fondé à attribuer à cet architecte.
La date de fa conftrudlion, qui eft de i 5o45
fait voir que ce dut être une de fes premières pro-
dtrâions àRome. Ce n’eft ni par l’enfemble de la
difpofition, du refte bien conçue, ni par la pro-
I portion générale, que cette grande malle le cède à
d’autres de fes ouvrages, c’eft par les détails mef-
quins des croifées, ornés de petit pilaftres aufïï
maigres dans leurs formes que par leur effet, c’eft
par un cara&ère moins précieux qu’aride, c’eft paille
exécution dénuée du relief & de la valeur que
demandoil un aufti grand édifice.
Ces obier va dons font encore plus ou moins ap-
| plicables au palais Giraud, j'adis du roi d’Au-
[ gleterre, commencé en i 5o3 , rue Borgo nuovo ,
I mais qui ne fut achevé queplufieurs années après.
I On en trouve l’architeêhire, fi Fon peut d ire,
! ûop de bas-relief. Les croifées du premier étage ,
I les deux ordres de pilaftres qui décorentla façade,
I l’entablement & tous fes profils manquent de quelque
valeur : il y règne quelque chofe de froid, &
malgré tout ce qui concourt à fa richefi’e , l’afpeêl
du monument n’eft pas riche. Les pilaftres accouplés
portent fur un piédeftal trop haut, qui ra-
petifle l’ordre & le rend trop peu important. Cependant,
comme les mots dont on ufe pour apprécier
les oeuvres de l ’architeâure, ne fauroient
exprimer dans une jufte mefure les beautés & les
défauts , il ne faudroit pas prendre dans un fens
trop âbfolu ces expreflions de féchereffe & de
maigreur dont on eft forcé de fe fervir, mais qui
ne doivent avoir ici qu’une acception relative. 11 faut entendre, à l’égard de Bramante, un excès
de pureté qui tenoit moins chez lui à un principe vicieux
, qu’au défaut de développement total de Fart
à l’époque dont on parle : car cette fechereffe dè
ftyle eft en quelque forte du même genre, que celle
qu’on remarque en peinture dans les premiers
ouvrages de Raphaël, c’eft-à-dirè, un préludé du
beau & du grand ftyle. Il y a dans le palais dont
on parle, des parties d’ailleurs excellentes. Le fou-
baflement en refends continus y eft d un beau caractère
, excepté la porte aêtuelle, qui eft un ouvrage
pofténeur à Bramante. Généralement il
règne , dans cette grande façade, de l’élégance &
une apparence de ftyle antique , qui la feroient
prendre pour une de ces productions des moyens
liècles de l’antiquité. - '
IL s’étoil confervé (& la raifon en eft toute fim-
ple ) plus de monumens romains du moyen 8t du bas
âge de l’Empire, que de ceux des beaux fiècles. Il
étoit naturel, dès-lors, que leur influence fût plus
a£tive fur le goût des architectes qui entreprirent
de faire renaître les principes de l’antiquité. Un
refte d’analogie femhloit régner encore entre les
ufages de bâtir des derniers fiècles de l ’antique
Rome, & les moeurs de la Rome moderne. On ne
fauroit révoquer en doute ces contradictions, fur-
tout dans la conftruCtion des palais au quinzième
& aufeizième fiècle. Du moins avons-nous de la
peine à nous figurer les riches & fomplueufes habitations
des anciens, Romains , fous un afp eût fort
différent de celui des palais bâtis alors par Bramante.
De ce nombre eft fans contredit le vafte palais
de la chancellerie, qu’il conftruifit vers le commencement
du feizième fiècle. Il eft peu d’édifices à
Rome plus remarquables à tous égards. La grandeur
de fes dimenfions le fait diftingüer parmi
les maffes les plus impofantes de cette cité tou*
jours impofante. La façade de ce palais, longue de
624 palmes, eft en pierre de travertin. Sa cou r,
compofée de deux ordres de portiques ou d’arcades
fupportées par des colonnes, eft une des plus fpa-
cieufes, des plus dégagées cpxe l’on puiffe voir.
Tout l’intérieur du palais offre de vaftes & corn-1
!' modes diftributions. Si fa décoration extérieure en
: pilaftres corinthiens à double étage, ainfi que les'
croifées, avoient eu le relief que fembloit comporter
uue devanture d’une fi vafte dimenfion, ce feroit
fans contredit un des plus rares ouvrages entre
les ouvrages modernes. On eft forcé d’avouer que,,
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