
extraordinaire pour un cercle, dont la circonférence
eft de plus de. 400 pieds..,
Quelles peuvent être les caufes des effets qui fe font
manifejlces à la coupole de Saint-Pierre?
Ces caufes peuvent fe réduire à trois principales
; i ° . à l’affaiflement inégal du fol fur lequel
on a établi les,, fqnaeiupns des quatre gros piliers
qui fupportenti cette.^cqj.ipole ;,.zp. au mélange.des
différentes efpèpe?,,de conftrucfion ,.'dont on. a fait
ùfage pouf i’exé.cution de... ce monument -, 30.. à.
l’effort latéral des grandes'cpwpô/er , dont le cintre
n’eft pas affez furhaufi’é , eu egard au poids énorme
de la lanterne, .dont elles font chargées à
leur fommet; enfin, aux tremhlemens de terre dont
les feço.uffes, en mettant en mouvement les parties
défunies par les caufes précédentes, ont contribué
beaucoup à augmenter le;s effets qu’on remarque à
cet édifice. . . . . .
D e l’affaiffement inégal dit fol.
La caufe de l’inégalité de raffaiffement du fol a
dû être? produite par- la manière^ dont Bramante - ,
établît l’es premiers fondemens des -gros piliers-; au1
Heu de faire -une douille igénérale ipou r recoftnoître-
la nature du fo l, il fit fonder- chaque pilier Tépa-ï
rément. Les deux piliers à droite en entrant, où font
les IL tues de Scé. Véronique'^ de Saint-André, ont
été fondés les premiers en n506. On prétend qu’ils
furent établis fur les fondemens d’un ancien cirque
de Néron. Les deux- piliers à gauche , où font les-
flatues de Sainte-Hélène & de Saint-Lcngin , ne
furent établis que l’annéefui vantefur lin fond neuf,
c’eft-à-dire, fur un fol où il n’y avoit pas encore eu
de fondement. La lituation du terrain fur lequel
ces fondemens font établis, exigeoit des précautions
extraordinaires, étant placé entre deux coteaux du
mont Vatican; de forte que toutes les eaux qui
en proviennent vont fe rendre, par-aeffbus terre,
dans cette efpèce de vallon. Ces précautions con-
fiftoient à établir, fur le fol bien affermi, un maffif
général ious les Quatre piliers, en obfervant un vide
circulaire au mi l i e u à empêcher les eaux de pénétrer
le terrain au-deffeus de ces fondemens & de. . [
dégrader H maçonnerie, par la raifon que lorfqu’un
terrain eft imbibé d’eau , il eft plus fufceptible de
eomprefïion. C ’eft ce qui eft arrivé à la partie de •
terrain au-deffons des anciens fondemens des murs -
du cirque, dont Bramante voulut faire ufage. Cet
effet eft prouvé par l’affaiiTement des piliers de Saint-
André & de Ste. Véronique, & par celui dû grand
arc qu’ils foutienn.ent , qui fe trouvent être plus
bas que les autres.
C ’eft au premier affablement du fol que l ’on
peut attribuer, en partie, les défunions 6c 1 s lézardes
qui fe manifeftèrent aux grands arcs & aux
piliers ccnftruits du temps de Bramante ,indépendamment
de la précipitation & du peu de foin avec :
lequel ils furent conftruits. Après la mort de E?a*
mante , Julien San-Gallo & Fra Giocondo fortifièrent
les fondemens des piliers par de nouveaux maffifs
de maçonnerie & des arcades qui leur procurèrent
toute la folidité qu’on pouvôït défirer d’un ouvrage
fait après coup. Toutes ces précautions n’ont pas
empêché qu’il ne. fe fo.it fait de nouveaux taffemens,
comme le prouvent les défunions horizontales qui
fe font manifeftées au-deflùs des nouveaux arcs &.
renforts faits autour des piliers de Bramante. Lc-s
architeéles qui lui fuecédèrent, effrayés des accidens
qui arrivoient aux ouvrages déjà faits & du fardeau
énorme qu’ils dévoient foutenir , crurent qu’il étoit
indifpenfablement néceffaire d’augmenter'leurs di-
menlions, parcè qu’ ils pensèrent que PahVfiement
du fol n’étoit pus la feule Caufe de ces accidens ; en
cela ils àvoient raifon : mais ce n’étôit pas parce que
les diménfions étoient . trop petites * c’étoit plutôt
parce que Bramante, avoit négligé de.conftruire,
en même teïhps que les: piliers , les • parties ; environnantes
& les voûtes qui dévoient les èont rebutter,
ainfi que nous l’avons déjà obfervé.
I l eft très-certain que; fi Bramante eût pris toutes
les précautions que nous venons.d?indiquer & qu’il
eût conftruit les piliers & les;grands arcs eu; .pierre
de taille de Tivoli v les diménfions .qu’il-lepr avoit
données, étoient plus que fufiHfantes pour loutemr
la .çpupole qu’il.avoit projetée: cgtte• cçupplc.-auroit
été plus belle que .celle de Michel-Ange.
Du taff&meni inégal des conjiruélions. ...
Il paroît que Michel-Ange & les architectes qui
lui fuecédèrent étoient plus habiles ’dans Part de
décorer, que dans celui de 'conftruire : car il
n’éfoit pas’ polTible de choifir une plus maiïvaife
manière de bâtir , que celfe dont ' on s’eft fervi
pour le mur du tanibou.r du dôme. C ’ëft un mélange
de cônftruélions en briqu esen blocages &
eh pierres de taille , . tous matériaux fufceptibles
d’une compreflion ' inégale v entré eux. Cette
feule différence étoit capable de produire , fous un
fardeau aufli confidérable, toutes les lézardes & les
défunions que l ’on y remarque. La partie en briques
& en blocages qui fupporte le plus grand poids, étant
fujette à un plus’ grand affaiffement que les contre-
forts & les revêtemens extérieurs qui font en pierres
de taille,il a fallu qu’il fe fît une efpèce de-,déchirement
qui les défunît. De là ces ruptures qui détachent
les contre-forts de la tour du dôme Suies lézardes qui
fontde chaque côté des contre-forts. Le corridor circulaire
que l ’on a mal-à-propes pratiqué dans le
maffif- du fou baffe ment & du ftÿlobate , a facilite
ces déchiremens & ces défunions ; de même ,cue
les petifes portes fondes qui font dans le bas.des
contre-forts. Par cette difpofition/ vicieuie,1 es contre
forts fe font trouvés avoir deux appuis difiérens;
l’un à l ’extérieur fur Un uni bâti prefqtie tout en
pierres dé taillé , fufceptible de peu de compreftion;
l ’autre à i’intériéur fur un mur en briques & bio
cages, beaucoup plus chargé & fufceptiblô d un (
très-grand affaiffement ; d’où il eft rélulté que, ce
de#nier ayant plus cedé fous le fardeau que i a une ,
il s’ell fait dans la voûte du corridor une défunjon
dans toute fon étendue, .qui le prolonge au-defîl:s
de toutes les portes pratiquées dans- le bas des contre
forts. ■ 'P ' ‘
Tous ces effets n’ont pu fe manifefte* qu’au bc ut
d’un certain efpace de temps,parce que i’aftaiifement
inégal qui eh, eft la principale caufe, n’a pu s’opérer
que très-lentement, a cau’.e de !luf. grand, e refiftui.cé
oppolëe par ta roideur des pàrties'eivpierres de
taille., qui m’ont .eommaace à. .céder, que torique
r.elïort a été confidérable.
• Il -eft évident que 4’eft aux -parties les plus foibles
que les pliis-lgtàiîds r •èftpt.ts.. put 'dû. le manîfefter •;
a.uiii veitr-.ao que c4 ft - aux endroits où le myr de
la tour du epine; eft affoibii par d'es-.elcaliei;$i> que
l’on remaique les plus, grandes lézardés. On ne peut :
s’empêcher' de dire -que ces .efc'aliers ont été fort
mal.placés, lis n’a.uroient:-pas dû être dans les.maiiïfs
au-deffus.des .piliers du dôme, il auroit mieux valu
les mettre -dans lés malhts.-qu! font fur lepmilieu
■ dès arcs ,,/parce qu^j-; ç’étoit là où il un porto U le
plus de diminuer- le'poids'. Enfin, au lieu de les pratiquer,
dans. les po’hiSid’arApi'i qui fupportient les
graildes côies pu éperons , qui réunifient les deux
coupoles, oir auroit dûtes placer dans les intervalles^ ' 1
afin de ne pas affoibiir fans néceffité les parties .portantes
& d’alléger belles qui ne portent rien.
i ; Quant, aux défunions qui le voient à la -coupole
intérieure êc aùx grandes cotes qui réunifient cette
coupo e ayëé l ’extérieure -, il eft certain que-leur
principale/ caufe doit être^ attribuée à Taffaifi’e-
ment inégal du mur du tambour.; A cette caufe
il faut joindre la trop grande précipitation avec laquelle
cette coupole double fut conltruite, la nature
des matériaux que l ’on y employa la manière dont
iis furent mis en oeuvre. L e . cintre de cette double
çonpoic .éft trop peu élevé , par rapport au poids,
conudérabie de la lanterne qu’elle a à. fou tenir, ;
>ainfi que nous l ’avons déjà obleryé, fur-tout celui
de la coupole intérieure. L ’arc de cette voûte ,'depuis
fa naiffaiice j ufqu’à l’ouverture de la lanterne , ne
uevôit pas être de plus de foixante degrés, comme eft
> éeiui de la grande coupole de Florence, dont là con f-
ti uaion eft beaucoup rrueûx entendue que celle''de
'-Saint-Pierre; .,
A l’article théorie des 'voûtes, nous ferons voir
; <pe le poids de la lanterne-d’ une coupole ne doit pas
ecre plus grand'que celui d’une' calotte", dont le
diamètre '1 droit. égal au double de l'arc qui ferci't
|le complément de celui qui forme {&■ ci'ncr# de la
| co^poie q«..i doit pdrter cette iahteme. Ainfi Parc dè'
•‘l} coupole intérieure de .Saint-Pierre de Rome étant
d environfoixanre-dix degrés,,fon complément, par
rapport a une demi-voûte' en plein cintre, feroit de
vingt degrés, eé qui lo'rmeroit uhe càlottè cii'culaire,.
r dont le diamètre feroit de quarante degrés. Or une
garedl-s calotte çoqftruitç double, comme la coupole,
■ atéc,fes grandes-,côtes .intermédiaires ,- P.eff;r0lt
environfdeux 'fiaillipn?-, 6c. la lanterne exc.cutce,eii
pèle plus de troi^'Tl ne Lut ce.pe,nfiant gaç.croire
que ce puili'e êtie cette ui-,charge d un .miUo.n qui
ait pu occafionner toutes les lézardes 6c déi unions
que Ton- remarque; à 'qet e , fi les taffemens
iiîegi'.ux i d’ont nous a von sp ar lé ,ayoien t pas eu
lieu,.Mais.apres que le tambe ur du corne & la cou-
poiey^nt. été lézardés.» .U furcha,r,ge,de la lanterne
venant a a:gi-r; fur des parties dé; unies, a du contn-
buer à augmenter les effets, fur-tout lorfqu elle a
été juife en aèlion par les fecoulies des.diffcrens trem-
' blemens ;da tèrie qui ont eu lieu à Rome depuis; le
commencement de ce f.ècie. : ,,
.L’ëffct du tafflxnent inégal fe manifefle par les
défunions horizontales -que l’on voit a 1 intérieur,
1T au-cieilus des grands arcs qui communiquent à.
.la-nëf du fond & à là nef à droite ; z'f. dans la hauteur
des prlaflres qui décorent l’int.e.rieur de la tour
dôme ; à- la .partie fupérieure des grandes
.côtes qui uniffent les deux coupoles ; enfin celles qui
lon.t au milieu de là hauteur des pii affres intérieurs
de la lanterne. Toutèsé/ces défunions prouvent,
i° . que le taffement'a' été plus conlîdérabie à l ’intérieur
qu’à l’extérieur ; 20.. que.les fondemens des
deux premiers piliers établis par Bramante fur ceux
des.murs de l ’ancien cirque de Néron, ont plus
bai fie que ceux des. deux autres piliers ; 3°-
c’eft le pilier cle Ste. Véronique qui a le plus baiffé.
4°. Ces;défunions horizontales indiquent encore que
le tàffement des çonftru&ion’s*intérieures a été retenu
en partie par Les corïftruéfions extérieures 6c
par leur propre' eonffftance, aux endroits cù elle
forme de très-grandes ma fies , comme dans la partie
inférieure, depuis le defini- des grands arcs jufqu’au-
deffous des croifées de la tour du dôme qui forme
un cerdle continu. Les défunions qui font dans la
hauteur des pilaftres indiquent que cette partie a agi
plus librement , parce que les ci'oilées qui en interrompent
la continuité, l’ont empêché de refifter
par la propré confiftance ; de là le déchirement ces
contre-forts. Ilctt certain que fi lé tambour eût été
continu, ces effets1 n’auroient pas été fi confidé-
'râbles; ils auroiei.t été même nuis , fi , au lieu de
furcliàrger le fommetde la coupole par une lanterne ,
on l’eût terminé par Un grand oe il, comme la voûte
du Panthéon : i ’attique auroit pu oppofer une. plus
grande réfiftance, s’il n’eût pàXété affoibli en quatre
endroits par le vide des éfcalièrs/pratiqués , mai-à-
propos , au droit des gi àndes côtés.
Les défunions que l’on voit à la partie fupérieure
des grandes côtes qui réunifient les-deux coupoles,
indiquent que la 'voûte intérieure a plus baifl’é que
l’extérieure , - & e’eft cette' fécondé qui porte
; aâueilement- prefque tout le-poids de la lanterne.-'
Les défunions dans l’intérieur de la lanterne font
une fuite de cet effet.
C/’eft à L’extérieur que l’on peut voir combien
! les vides des efcàliers ont été préjudiciables à
. la folidité de cet édifice. Aux endroits où Q ^