
( voy*X SROUPPER ), Allez dans les forêts & voyez
comme cette grande &' habile ouvrière plante :
voyez comme elle déjointcomme elle rallemble ,
comme elle relsère i c i , comme elle éparpille là ,
comme elle eft économe dans l ’abondance & variée
fans prodigalité.
Dans combien de cantons la nature n’a- t-elle
pas prévenu la main de l’art l Quel avantage
ne trouve-t-on pas à profiter des aijlriùutions ùl
plantations naturelles , en les", accomm .dant au gé-
nie de l’eniembie l 1 C e ft un procédé très-peu
réfléchi , quoique des plus ordinaires, que de
commmencer un jardin par la deftructiou*üe tous
les arbres 6c arbrrtïeaux que la.nature y. a^plahtés.
Quelle folie .que de détruira ce , que- l ’on cherche,
de ruiner ce quon veut créer , & d’attendre
du temps ce qu’on pourroit pofféder d’abord 1
D lTR iG LY PH È , f. m.’ C’efl l’efpace compris
entre deux triglyphes , dans un entrecolonncment
dorique.
DIV ER SITÉ , ( vcy el VARIÉTÉ. )
DIVISION , f. f. Un édifice , a dit Montefquieu,
rempli de trop de divifions , eit une énigme pour
L'oeil, comme un poème confus i ’eft pourTeiprit.
11 règne dans l’archite&ure un préjugé qu’on
ne fauroit trop combattre, c’eft que la multiplicité
des- parties contribue a faire, paroître grand le-'
dihceou le tout. Pour foutenir cette opinion, on
fait un r abonnement qui n’eft que fpêciéux. Les,
divifions , dit - On , fb/iu, dans un édifice, l'échelle
au moyen de laquelle l’oeil parvient à mefurër 1 étendue. Plus un eipace reçoit de divijîons y plus
l ’oeil eft de temps à faire le calcul des mdtirés.
L ’oeil arrêté long-temps à ce calcul des parties,
düpofe l’e prit à juger très-étendu l’efpace qui
comporte tant de divijîons.
Sans doute les divijîons -font juger de l’efpace,
& il en faut dans les.ouvrages de Taré, comme
nous voyons qu’ri y en a dans ceux de la nature.
Une furface to.ite unie , une .étendue fans
divifion, ne préleruanr à l’ame aucun point de •-
rappoit , aucun moyen de induré ni de comparai-
fon, lui procurent un état moins fatiguant que J
fallidieux, &. qui eft l’état de douce ou d’incertitude.
U eft que i’ame a le besoin de connoitre ,
coin me- l’oe.l a le belom de voir. O r , pour que
l ’une & L’autre puilient fatisfaire ce‘ béfoin fans ■
trop de fatigue, il fa -t leur piéfonter les moyens
de comparer, 6C ces moyens font i,es divtfions 3
dans l’ârcb.tetture.
Jamais je ne vois un édifice que je n’aye le
beloin de cpnnci. e fis dimenfions: cela tient à la >
curfofiré naturelle ou au beiom de J é b n i i c q u i j
eft le propre de notre ame. Un eipace fans di- j
vifion l eft une route dont les-diftances ne font
point marquées. Ainfi les divijîons dans l’archj,
tcélure contribuent a i plaifir. de l'acné-, en tant
qu’eües lut laciiite.it les moyens de juger & de
inelurer. \
Mais s’enfuit-il de là que le grand nombre de
div fions lui doive procurer plus ue plaifir, en lui
procurant plus de moyens de juger f Je . répond?
• que non , parce que la luulupiic’té des moyens
üe juger va ia jeuer dans un autre, emfcaras plus I
peniLiiê encore, celui de ia coniufion.
S’enfuit-il encore ; que lé grand nombre de di~
vifions. fera croire à la grappe étendue de l’ef-
p«.ce ? Je réponds que non. Si les vivifions font j
petites, 1 e pli ce s’en trouvera lapetriie , ‘iui - j[
grand , parce que beaucoup de petits parties
portent à l’ame i’impfeflion de la pet:telle bien I
plus facilement que la loinme totale çle ces pe.
rite, p ut;es ne peut lui donoer l’ideè de grandeur.- I
L ’ui.preilion de ces petites . parties eit une împrel-
iion nmple & qui agit d rôlement fur T.m'.e-
l’imprefiion réfultante de j a j ’omme additionnée de I
ces petites parues, né peut agir qmindiretiement;
& ne peut être qpe’i’eÙêt de la réflexion ou du
raifoniiement.
Montefquieu a fenti cette vérité , lorfqu’il dit; I
L’archite&ure gothique paroît très-vaiiée , mais la
confufion des orne mens fatigue p<y ieur;pet teffe; |
ce qui fait qu’il , n’y en a aucun que nous puif-
fions diftinguer d’un autre , & .leur nombre fait
qu’il n’y en a aucun, fur lequel l’oeil puifie s’ar-, I
rêter, de manière qu’elle déplaît, par les endroits
même qu’on a choilis pour la..rendre agréable.
L architedure grecque au contraire paroît uni-
foi me ; mais comme cile a ie's divifions qu’il faut,. I
& autant qu’il en faut pour que lame' voye précisément
ce qu’elle petit voir fans fet<.tig.er,
mais quelle en voit aiiez pour s’occuper, s lie a
cette variété qui ia fait regarder avec piaifir.
11 faut qùe les-grandes chofes ayent de gran-
I des parties. Les grands hommes ont de grands
bias,. les grands arbres de grandes branches, &
les grandes montagnes font compofées - d’autres
montagnes qui-font au-deflus & au-defîbus. C’eft
la nature des chofes qui fait cela.
L architedure grecque qui a peu de divijîons &
de grandes divijîons, imite les grandis choies;
1 ame font une certaine majefté qui y règne partout*
- b r
Montefquieu , dont le génie avoit pénétré les
principes dû'beau dans les,, arts, noùs a faille dans
ce peu de lignes la véritable'théorie du grand en
arenitedure. Voule z-vou s qu’un efpace gr.nd
pareille. t e l , _'divifez le fans, doute,, c’eft-à-i ire ,
donnez au fpedateur des moyens de le juger,
* - dwiiiM
. m n i Pam* des mefures & une échelle de pro- i
portions. Mais fi vous éubliffez des divifions, faites
£,e ces divifions (oient grandes. ■
H i°. Les divifions étant pour l ame & pour 1 oeil
des moyens de mefurer les objets on conçoit que
nlus ces mefures font grandes , moins elles doivent
L e nombreufes & multipliées , & qu’ainfi il y a
pour l’ame & pour l’oeil plus de facilité à mesurer.
” j». Les divifions étant rares, c’eft-à-dire les me-
fures*étant grandes, il en réfulte pour l’ame une
idée de grandeur générale dans les parties, & de
grandes parties forment néceffairement la compofi-
tion d’un grand font.
Ajoutons à ces réflexions quelques mots de Chambrai
fur la même matière.
« Je vais ( dit-il dans Jon parallèle de l*architecture)
remarquer une choie allez curieufe touchant
le principe de la différence des manières, & d’où
vient qu?en une pareille quantité de fuperficie , l’une
femble grande & magnifique, & l ’autre paroît petite
& mefquine. La raifon en eft fort belle & n’eft
pas commune. Je dis donc que pour introduire dans
rarchiteéture cette grandeur de manière dont nous
parlons, il faut faire que la divifion des principaux
membres d,es ordres ait peu de parties, & qu’elles
foient toutes grandes & de grand relief, afin que
l’oeil n’y voyant rien de petit, l’imagination en loit
fortement touchée. »
<c Dans une corniche, par exemple , fi la dôu-
cine du couronnement, le larmier, les modillons
ou les denticules viennent à faire une belle montre
avec de grandes faillies, & qu’on n’y remarque pas
cette confufion ordinaire d e . petites cavités , de
quarts de rond, d’astragales , & de je ne fais
quelles autres particules entremêlées qui n*ont aucun
bon effet dans les%grands ouvrages , & qui occupent
du fieu inutilement , & aux dépens des
principaux membres, il eft certain que la manière
paroîtra fière et grande. Tout au contraire elle deviendra
petite & chétive par la quantité de ces menus
ornemens qui partagent l’angle de la vue en
tant de rayons, & fi pressés, que tout lui femble
confus. Quoiqu’on juge d’abord que la multiplicité
des parties doive contribuer par quelque chose à
l’apparence de la grandeur, néanmoins l’expérience
prouve le contraire. »
Division (Jardinage.) Les obfervations de l’article
précédent font particulièrement applicables à 1 art de compofer les jardins. Ce feroit surtout &
plus clairement encore dans cette partie qu’on pour-
roit développer par des exemples à la portée de
tous la théorie dont on s’eft contenté de donner
Un léger effai. Il eft peu de genres toutefois où la
nia^ie de divifer commette plus d’ erreurs ; c’eft
en eft peu auffi où de telles erreurs soient
plus faciles à commettre.
Les matériaux qu’emploie le jardinier dans fes
compofitions font tellement abondans, font fi faci-
Ipoient difponibles, & font toujours malgré les vices
Diftion. d'Arch\t% Tome 11%
du pîan , fi agréables dans leurs défauts même},
qu’on fe laide involontairement entraîner à multiplier
des objets dont on croit la reéfification ou la
Amplification toujours poffible. Ainfi, même en blâmant
cette 'redondance de petites parties dans les
plantations, on fe la permet dans l’idée qu’on élaguera
un jour ce fuperflu. Mais on remarque que
lorfqu’une djfpofitîon eft née avec une combinaifon
de petites chofes, il n’y a prefque plus de moyens
de l’aggrandir. Un jardin, comme tout autre ouvrage
, veut être d’abord & du premier jet conçu
& taillé en grand. C’eft une propriété de cette force
de productions de l’art, & il entre dans sa nature
de tendre à fe multiplier & à fe compliquer. On
ne fauroit concevoir d’abord le plan trop en grand.
C ’eft par fyftème que d’autres croient aggrandir
un terrain en y pratiquant de nombreufes divifions,
en y multipliant les groupes, les maffifs, les bof-
quets , les allées, en y introduifant des minuties.
Ils fe trompent ; un compofé de petifes parties
ne paroîtra jamais grand , quelqu’étendue qu’ait le
terrain. De petites divifions ne portent à l’ame que
de petites fenfations. Le fentiment de la grandeur
ne réfultera jamais d’une femblable difpofition *
quelque soit le genre du jardin.
Cette doârine eft propre aux jardins du genre
régulier, comme à ceux du genre irrégulier.
Le jardin des Tuileries, à Paris, paffe pour être
un très-grand jardin, & véritablement il le paroît#
Qui croiroit qu’il n’a que douze cents pieds de large
fur moins du double de cette dimenfion en longueur.'
A quoi doit-il cette apparence de grandeur qui le
caractérise? aux grandes divifions dont il fo compofe.
Beaucoup de petits détails d’ornement qu’on
vient d’y introduire, la fupprefiion de l’allée du
milieu changée en une avenue, & la divifion. en
deux grands maffifs d’arbres qu’a, produit cette fup-
preffion , au lieu d’un foui maflif percé d’ une allée,
tout cela en fubdivifant davantage la dispofition de
ce jardin, vient de le rapetiffer fonfiblement à la vue#
D O IG T , f. m. Ancienne m'efure romaine qui
eft égale à neuf lignes de pouces du pied françois.
Doigt de biveau. Expreffion dont fe fort
Derrand pour exprimer ce que l’on appelle ordinairement
branche de biveau, ou , fmvant Davilers
bras de biveau , c’ eft-à-dire les deux règles de l’inf-
trument dont fe fervent les appareilleurs, lequel
forme une équerre à branches mobiles.
DOME , f. m. Ce mot vient du latin domus qui
dérive du grec Aw/zet, & figmfie mailon.
Les François l’ont emprunté des Italiens chez lesquels
duomo ne fignifie pas toujours , ni à proprement
parler, ce que chez nous fignifie le mot dôme.
Les Italiens appellent duomo il duomo, comme
voulant dire maifon par excellence , ce qui eft l’églife
cathédrale ou la principale églife d’une ville.
Ainfi il y a telle églifo, tel temple qu’on appelle
en Italie duomo dôme, quoique fa conftruéÜQn