
val P^gafe, qui fembloit, en frappant du pied,
faire jaillir une fource y \&.fontaine Glaucé , ainfi
appelée parce que Glaucé, félon une ancienne
tradition , s y étoit plongée, croyant y trouver un
préfervatif contre les enchantemens de Médéej la
fontaine Lema y elle étoit entourée d’une colonnade
lous laquelle on a voit difpofé des lièges pour
les perfonne>qui venoienty jouir de.la fraîcheur
du lieu.
On ne fauroit douter que dans la,Rome antique,
où tant d’aqueducs faifoient affluer une fi grande
quantité d'eau, les fontaines publiques & de décoration
n’aient été l’objet fréquent dès; dépenfes
des édiles & des princes, qui s'occupèrent d e l’em-
bèllifîement de la capitale du Monde. Agrippa y
avôit multiplié ces fortes de monumens. Ils y furent
probablement trop nombreux pour avoir été
remarqués & décrits. En effet, on a peu de détails
fur ce genre d’ouvrages & fur le goût de leur décoration.
On fait feulement qu’il faut regarder
comme ayant été d es fontaines , dans le feus que
nous donnons ici à ce mot, ces petits édifices consacrés
aux nymphes , • & qu’on appeloit nym-
phceum. De ce genre^fut l’édifice aujourd’hui
ruiné , près de Rome , & qu’on appelle la grotte
de la nymphe Egerie.
Mais bea ucoup de relies d’antiquité fuppléent
au filence des écrivains fur cette partie de l’a r t,
dont on feroit naturellement curieux de retrouver
les yeftiges à Rome. Très-fou vent on voit fur les
bas-relieis ou types des médailles, des fontaines
repréfentées ou Amplement indiquées par des
gueules de lions par. des coquilles par des vafes
renverfés , polés fur des cippes.
On fait que les ftatues coloffales du Nil & du
Tibre faifoient l’ornement de dee.^. fontaines } à 1 entrée de l'Ifeum & du Serapeüm du champ de
Mars. Les eaux fculptées fur le devant de la plin-
* tlie , & la corrofion du marbre en cet endroit, indiquent
l ’ufage auquel on appliqua ces figurés,.
L ’enfant antique qu’on appelle vulgairement
Venfant à l ’oie ( Muf. Capit. , tom. I I I , pl. 64 ),
a été le motif ou l’ornement d’une fontaine. Un“
tuyau qui paffoit dans le corps de l’oie faifoit for-
tir de l ’eau parle bec de l’oifeau.
Le Mufeo P io Clèmentino, tom. I , pl. 34 , 36, 38, 3 9 , 48, 49 5 tom. I I I } pl. 43 , 47 5
toirT V I I 3 p l. 3 , 4 , renferme diverfes figures de
Silène, de Satyre , de Fleuve, de-Nymphe , &c. ,
employées parles Anciens, à l ’ufage desfontaines.
Un groupe de la Villa Borghèfè.,.lequel fe com-
pofe d’un Faune & d’un Satyre, fervi-t jadis au
même emploi. Toutes ces figures font encore voir
la place des tuyaux creufés dans leur intérieur,
pour fervir au paffagû-de l’eau.
On doit dire la même chofe de ces Silènes en
bronze montés comme à chefral fur une outre-,
qu’on voit parmi les bronzes d’Herculanum ,
tome IIy pl. 44 , du Muféurn de ce nom. A une
petite fia tue antique d’un Silène ayec-nne outre
on Voit encore les veftiges du tuyau qui pajr-.
dans le pilaftre fur lequel l’outre eft pofée. " ,°n
Divers paflages des Anciens , qu’on peut co
fulter dans l’Anthologie , font allufion aux
qui ornôient des fontaines. ,
Il réfulte de ce peu de notions fur le genre d
monumens qui fait le fujet de cet article , crue] |
fontaines y chez les Anciens , étoient des com
fitions tantôt de fcidpture, ,& tantôt d ’arc ln ie c li!'' I
Sous le rapport de l’art, il femble qu’encor 1
aujourd’h ui, d’ après les ufages des Modernes le I
fontaines de décoration peuvent' comporter celle]
divifion générale, d’après laquelle on pourroit
très-bien diftinguér en trois clalfes ces fortes de
monumens $ favoir, ceux qui font uniquement com. I
pofés de fculpture , ceux dont l’architeClure feule
fait les frais , & ceux à l’exécution defquels le$
deux arts, concourent.
Des fontaines en fculpture.
Les fontaines uniquement compofées de' fculpture
font peut-être , en Italie furlout, les plus
nombreufes. Il n’y a guère , en effet, de fujelplu*
abondant en motifs ingénieux & variés. La fable
l ’hiftoire, l’allégorie, fournifiènt en ;ce genre au
fculpleur., une multitude d’idées & d’inveniions-
parmi lefquelles il èft toujours facile de cboifii
celles qui conviennent, fort au local où laJontams
doit etre, élevée, foit aux circonflances qui ont
donné lieu à fa conftruÇtion , l’oit aux hâtinienj |
qui l’environnent & aux monumens avec lefqiiels
elle doit être en rapport, foit au point de vue pour
lequel elle doit figurer, l’oit à la quantité d’eau
dont on peut difpofer, & à la.hauteur qu’elle doit
atteindre.
Ces dernières confidérations ne font pas les
moins, importantes dans la compofition d ’imejfô»-
taine y & dans le choix du .motif à employer.
Pour citer quelques exemples. de compofillons
où l’arlifte fut dirigé par ce dernier genfe de convenance
, on rappellera; ic i les deux fontaines h
Bernin à Rome, l ’une-,fur la place du palais Bar-
berin, l ’autre à la place d’Efpagne. I c i l’artiflê
ayant à employer un affez grand volume d ’eau qui
ne .pouvoit s’élever qu’à deux ou trois pieds de
ferre;,, imagina de repréfenler une barque qui eft
fur le point d’être fubmergée, & q ui, cordant à
fond 1 dans un . baffin , laine échapper de toutes I
parts l ’eau par fes écoutilles & par-deffus l’es bords.
Au c o n t r a i r e , à la place Barberin, on pouvoit
faire jaillir à une allez grande hauteur un allez |
f o ib îe filet d’eau. Le Bernin éleva fur les queues \
de quatre dauphins lès deux écailles d’une grande !
coquille ouverte , a n milieu d é laquelle il platauu
Triton qui, fouillant, dans fa conque, en fait for-
tir un jet d ’ e à u r e t o m b a n t dans la coquille, & de-la
dans le baffin inférieur. Au mot Filet/ d’eau (v<9’
ce mot ) , nous a v o n s: déjà par:lé(4e l ’h e u r en Je peu'
fée du i ciiJ.pteur qui fit prelfer à une nymphe,«
belle nappe d’èau tombant dans un baffin. Cette
fontaine fans fculpture & fans allégorie fait un bel
effet, mais elle en ell redevable à l’abondance de fa
chute d’eau. A Paris , où jufqu’à préfent les eaux
ont manqué à l’agrément des fontainés, on en
trouve une en face de 1 Ecole de medecine ,■ dont
l’architecture eft de M. Gondouin, & qu’il a cpm-
pofée.pour fervir d’ornement au monument quelle
regarde. La compofition de cette fontaine txxQ
fon mérite de fâ compofition ; mais comme elle
n’a pas un volume d’eau fuffifant, elle manque
une grande partie de fon effet.
I, chevelure, de la pointe de laquelle fort le IffllB que la pveffion lemble en extraire.
l f  , ran £ des principales fontaines qui doivent
I , fculpture feule leur compolilion & leur céle-
K Ü H faut mettre : .
f feîle de Jean de Boulogne, fur la grande place
J Rolo-ne où ce-grand ftatuaire a, figuré un
f c e lu e en bronze de onze pieds de proportion,
wrompagné de plufieurs autres fiatues de meme
métal-Ou a évalué, à Bologne,'la-depenfe de ce
I monument à 70,000 écus d'or, :
I Celle du célèbre Ammanati a Florence,, fur la
L ,c e du Grand-Duc , qui a été décrite par Bal-
lliaacci Au milieu d un grand badin figurant la
Imer eft reprél'caté en bronze Neptune, haut de
[dix brades , porté fur un char tramé par quatre
1 chevaux marins, deux de marbre blanc , deux de
Larbre mélangé. Entré les jambes de Neptune
Ifoat trois figures-de Tritons, placées , ainfiquele
I dieu ter la vafte conque qui lerl de char. Toutes
Iles faces & parties diverfes du grand badin ofcto-
I Eirne l'ont remplies par des figures eu bronze de
| divinités marines, de Satyres, 8rc. Cette eompo-
I |j;ion ell certainement la plus confidérable qu on
| Goanoifie. ■ i -o
I Celle de la place Navorme à Rome, par le lier-
[nin, laquelle fe compofé, comme l’pn fa it, dun
[obélifqne poi'é fur des rochers , d’où s’échappent
| les eaux de quatre grands fleuves perfonnihes ,
avec leurs, attributs & tous lé.s fymboles qui les
Icaraâérifent.
Des fontaines en architecture.
| Lesjontaines uniquement compofées d’ archi-
Itedure forment la féconde efpëce des monumens
de ce genre , félon la divifion qu’on a adoptéè.
ib’architeèlure peut fans doute créer, en ce genre ,
des compôfitions ingénieufes & d’un caractère
: conforme au fuj et.. Mais on avouera que fi 1 artifte
n’a pas à mettre en oeuvre un volume d’eau un
peu confidérable pour donner du mouvement. &
de l’intérêt à.fes inventions , celles-ci courront le
. rifqûe de relier froides & monotones. .
[ . On peut s’en convaincre par certaines fontaines
ide Rome , du genre dont on parle , & qui ireçoi-
I vent de là maie & du jeu, des eaux abondantes
Idont elles font pourvues, prefque toute leur beaute.
A iu f ifontaine Pauline à S. Pietro in Montario
! doit moins fa réputation à la malle & au ftyle de
pbn architeôlure*, qu’aux "torrens d’eàu qui s é - '
|cliappent par les cinq arcades ornées de colonnes
qa’aimaginées l ’architeêle JeauFontana, genre de
fCompofition qui auroit pu convenir encore mieux,
à toute autre efpèce d’édifice. La fontaine qu’on
appelle à Ponte S ijlo , au bout de la rue Giuliâ à
Rome , exécutée par Dominique Fontana , n’eft
formée que d’une feule arcade en manière de portique
: du haut de fon cintre fort & débouche
daus une cuvette qui là rejette en cafcade^ une
Ou pourroit encore citer à Paris, comme f o n taine
d’architecture , celle de la grptle du jardih
du Luxembourg , dont le caractère eft affez analogue
à 4a deftination ; & ce qu’on appelle , fur la
place du Palais-Royal, le château d’eau. Toutefois
dans de femblables monumens , & dont le caractère
eft fuffifamm.ent donné par le feul nom de
réfervoir ou de château d’eau , la convenance demande
qp’on n’admette dans leurs façades ni fenêtres"!
ni aucun indice d’habitation. Il eft vrai
que l’architeCte n’y eft pas toujours le maître de
fa compofition, co ^ me i’eft le fculpleur dans les
fontaines du,premier genre dont on a parlé.
Des fontaines compofées d3architecture & de
fculpture.
L ’architeCture & la fculpture , comme on l ’a dit,
s’affocient. bien fouvent dans la compofition des,
fontaines y & cette réunion caraCtérife' la tToi-
fième claffe de ces monumens.
Le plus magnifique de tous ces ouvrages eft
fans contredit la fontaine de Trevi à Rome. Aucune
ne préfente ni autant de volume d e a u x , ni
autant de variétés dans leurs jeu x , ni autant de ri-
cheffe dans la compofition de fes fculptures. Neptune
porté fur fon char traîné par des chevaux
marins & entouré de toutes les divinités dè la mer,
eft repréfenté comme fortant de fon palais ; une
grande niche eft derrière lui & fait le milieu d’une
façade du palais, dont les fôubaffemens font des
rochers. Le vrai défaut de cette architecturepar
rapport au caraCtère de la chofe , eft d offrir 1 1-
mage & effectivement aufli la réalité d’un palais
habité & percé par des fenêtrès.-
A Paris on doit c ite r , parmi 1 zs fontaines de
ee genre , celle des Innocens y par Jean G ou- .
jon qui en fut le fculpteuf, , à ce qu’on c ro it ,
aufli arc téCte. Ce petit monument compofé ,
félon fa première difpofition, d arcades divifées
par des pilaftres accouplés, étoit orné de figures
de Naïades dans les entre-pilaftres, & de lujets
analogues, foit dans fon ftylobate, foit dans fon
attique. L ’intention de l’artifte paroît avoir été d’en
faire une forte de nymphepm/comme l ’indïquê
l ’épigraphe F ontium NrMPHis. La fontaine^ de
la rue de Grenelle, comme monument mêlé de
fculpture & d’architecture , eft des plus remar-
* F f f 2,