Depuis .que ces.préjugés ont perdu de leur force,
depuis qu’on en eft venu .à placer la véritable ‘
grandeur dans les'proportions, & non dans les1 di-
mcnfions, depuis que le fiy le , fi fage & fi riche
à la fois, des ordonnances grecques a pris la place
du goût lourd & mauflo.de des portiques &
des arcades ; on a compris qu’ai fallait renoncer
au 4 pompeufes conftractions des coupoles , &
plus le ftyle des grecs' s’accréditera dans nos
temples, plus on fe défabufera de cette combinaison
dilpendieuie qui manque tout pour vouloir
tout réunir, & qui accumule la dépenfe, fuffilante
à la conftruCtiou de dix temples , pour ne vous
en offrir • qu’un imparfait.
L ’expérience du—peu de folidité de certaines
coupoles, contribuera, peut-être encore, à en faire
tomber i ’ uiage. La plus fameule de toutes, celle •
•de Saint-Pierre ,. a occupé , pendant un demi- ■
.fiècîe, les, foins. & , la furveillance des architectes. ’
Plufieurs lézardes très - confidérables s’y étaient
manifefiées. Le temps a appris depuis , ce que ces
accidens avoient de ré e l, & l’on e ft, quant à
préfent , rafiuré fur leurs fuites. Voye^, à ce fujet ,
d’article fuivant.
- Bottiri, fur-tout, s’eft plu à chercher tous les
motifs fur lefquels :pouvoir le fonder la fureté du
monument. On s’étonne cependant de le voir
puiler fes fiijets de tranquillité dans la conformité
cl’açcidens fur venus , félon lu i, à toutes les cou- j
pôles. Que penfer de cette manière de raifonner ?
Le temps nous l’apprendra; mais, s’il eft permis .
de devancer fes leçons, ne peut-on pas regarder
res fortes de conftr uCtions comme fujettes , par
elles-mêmes, à une efpècede maladie incurable
peut-on fe refoudre tranquillement à confier, avec ■
de fi grandes dépenfes , la gloire d’ un pays à
des monumens qu’on fait porter avec eux un
germe de ddIruchon? Le plus beau privilège de
1 architecture eft d;ins la propriété qu’elle a d’immortalifer
le génie; dies peuples qui. l’emploient.
On a donc.. le d:roit , fur-tout dans de vaftes
édifices , d’exiger d’elle une garantie de leur
durée. Le pi aifir 1qui s’attache à la vue des édi-
{ices , fe compofe » Idus, qu’on ne penfe , de
l ’opinion qu’on a de leur folidité , & la crainte
qu’ils inipirem nuit: be;au cou p aux jouii fiances qu’ils
donnent. Je laiffe à penfer jufqu’à. quel point
ces conüderations peuvent s applique;l à i ’édificanon
des coupoies.
La faine critique auroit encore bien des obfer
vations à faire , fur la manière d’employer
convenable;nient les coupoles;! car il faut l’avouer ,
fi !ce genre de cor.ftruétion. tombe.en défuétude,
on le dëvra: aux abius qui ont, danS 'ce • genre,
fat![gué le; yeux & to urinenté l ’architecture. Je
ne veux j » parier ici de tous, ceux qui tiennent
à i &. au 1mauvais goût des .architectes,
0 1 'At.iahie beloin de--.La iio ii.verlüté-, .Mais il
e i eft deiIX m x , le premier confifte dans
L manque. d e fécond, dans 1’incohérence
-prefqu’inévitable , qu’a l’édifice fupérieur avè'c
celui qui lui fert de foubaffement.
Le défaut d’unité eft fenfible dans prefque
toutes les églifes à coupole qui font faites en forme
de croix latine. En effet, on s’attend que cette
mafle gigantefque , qui domine extérieurement j
l’édifice, doit former le corps principal du temple,
& cependant on s’apperçoit, en y entrant, qu’elle
n'en eft que l’acceffoire ; on ne découvre le temple
circulaire qu’après avoir parcouru,les deux tiers
de la nef d’entrée ; Michel-Ange avoit voulu éviter
ce défaut dans Saint-Pierre , & la forme dé croix
grecque qu’il avoit réfolu de donner au temple le
lui auroit épargné. En y entrant on eût été fur-le-
champ frappé de i’immenfité de la coupole ; elle eût
paru beaucoup plus grande, n’y ayant aucune
partie, de l ’édifice qui la furpafiât en dimenfion;
mais le préjugé qui a , chez les modernes, placé la
grandeur dans les . dimenfions plutôt que dans les
proportions , l’a emporté depuis fur le plan de Michel
Ange , & Féglife de Saint-Pierre eft devenue
comme, il étoit naturel qu’elle devînt, le modèle
de toutes les églifes à coupole ; de là le manque d’unité
qu’on y-remarque. On eft forcé d’avouer que
le temple circulaire , repréfënté par la coupole, n’eft
plus qu’un hors-d’oeuvre, une partie pàrafite dans
l’enfemble général.
Le defaut d’accord & d’harmonie entre le temple
circulaire extérieur. & celui qui lui fert de foubaffe-
ment, n’eft pas moins frappant dans laplûpart des
temples en queftion ; on ne trouve prefqu’aucun
rapport entre eux, ni dans le ftyle d’architeCture,
ni dans les' difpofitions générales; & tandis que la
partie inférieure du temple devroit êire difpofée,
foit dans fon enlemble, foit dans fes détails, de manière
à paroître le foubaffement de la coupole, on la
voit prefque toujours conftruite , ornée, percée, &
^ diftribuée comme fi rien ne devoit la furmontèr, en-
forte, qu’on dirpit de. la plupart des coupoles qu’elles
n’ont fait que remplacer les clochers ; c’eft fur-t,out
aux frontifpices des temples à coupole que ce défaut
devient lenfible. Peut-être 11’y a-t-il rien de plus
incompatible que la réunion d’un périftyle à fronton
avec un e coupole ; le fronton indique, d’une manière
trop décidée, la terminaifon d’un édificë,.pour qu’on
puiffe-, convenablement élever au-defftis une cou*
pôle. I l convient peut-être mieux alors & au
caractère de foubaffement qu’e.xige la coupole, de
donner ! au frontifpi.ee. du temple une ligne droite,
& peut-être, fous-ce rapport, le frontifpice de Saint-
Pierre malgré fes défauts., eft-il plus .d’acccrd
avec la coupole que ne l’eût été celui du Panthéon.
Il vaut mieux, dans.ee genre de ri tique, lai fier
à penfer aux artiftes, que de leur trop' dite- - Le
goût ou le fenriment éclairé des convenances ne
veut- pas. qu’on .'l’accable de. prëuves & de rai-
fonneiiiens; -feuvent >il, r.egimbe contre 1 a-î rai fon
|. péd-au.tefqne . qui s’efforce de le convaincre.. J’en
J aurai affez dit pour ceux qui, .font doués de cet
lorsane, oü de ce fens particulier qu*on appelle le
I.goût ; je- n’en dirai jamais affez pour les autres,
g Je terminerai cet article par un tableau comparatif
des plus célèbres coupoles antiques 6c modernes,
où l’on trouvera lés rapprocheuicns de leurs
hauteurs & de leurs diamètres.
t a b l e a u c o m p a r a t i f
D E S C O U P O L E S L E S P L U S C O N S I D É R A B L E S ,
C O N S T R U I T E S J U S Q U ’A N O S J O U R S
E N b U I B S Ï H S P A T S E T A D I V E R S E S É P O Q U E S .
P R E M I È R E É P O Q U E .
Coupoles an tiques, construites avant le règne d e Constantin.
N OMS D E S C O U P O L E S
ET DE S PAYS
OÙ ELLES SONT S I TUÉES.
R O I E .
Le Panthéon. \ ï ^ \ . .
Coupole du temple de Minerya-medica, dont le
plan eft un polygone régulier à dix côtés. > . . ,.
B A Y E D E P O U Z Z O L .
Coupole d’un ancien temple de Diane.
— d’un autre temple de Vénus. . . . .
R O M E.
Coupole d’un tëmple antique, actuellement Saint-
Corne & Saint-Damien................................................
— d’un temple de Bacchus, depuis Saiqte- Confiance.
...............................................................................
■ *- de la falle ronde des Thermes de Caraealla.,
d’après les ruines qui exiftent 8c les deflins de Palladio.
................................... ... . . ■..................... ,
Coupole ronde , avec pendentifs d’une falle oCto-
gone des mêmes Thermes. . ; .......................... . .
— d une falle ronde des Thermes de Dioclétien',
actuellement eglife de Sdint-Bernard. . . . . , .
— d’une autre falle des mêmes Thermes , formant
le veftibule de l’églife des Chartreux. . . . . .
Diamètres intérieurs,
mefurés
Hauteurs jufque fous
le-fommet des coupoles
Temps où
elles ont été
à la naiffance ou jufqu’au bord des achevées de
de la cotipolê. ’ ' ouvertures: qui -y font conftruiré'.
pratiquées.-
Avant J. C.
ou l’ere vul-
; Ph P* pi.‘ p .‘ ' gaire'.
ï 34 7 <î
72 10 o.:
pi 8 ©.
81 8 o.
40 o o.
35 6 o.
ip5 4 o.
58 10 o.
69 4 9.
39 3 ° -
135, 3
91 O .<?.
73. ° °-
72 o ■-* o.
6
0
00c—.
61 0 0. .p. . .
Depuis l’ere
vulgaire.
99 0 vo. ; : . . 217
64 0 0. . . . . -217 !
77 10 0. : . . . JOB
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3O2 1