
Saint-pierre , & des cathédrales de Paris & de
Strasbourg, a cinquante-une toifes dans oeuvre; la
longueur extérieure eft de cinquante-quatre. La
largeur de la croifée eft extérieurement de trente-
cinq toifes, intérieurement de vingt-quatre. L a !
hauteur des voûtes fous clef eft de feize toifes deux '
pieds , l’épailfeur des voûtes de trois toifes. La
hauteur juîqu’au-deffous de la boule de la croix eft
de foixante-neuf toifes un pouce huit lignes.
Le clocher de Strasbourg, dans le parallèle qu'on
fait quelquefois des plus hauts édifices de l ’Europe,
a le prix de l’élévation. 11 l’emporte de quelque
choie fur la coupole de Saint-Pierre. Mais quel
puéril mérite. Ce campanile eft carré dans la
partie qui tient à la façade de l’églife» Les trois
côtés qui en font détachés font percés à jour. Arrivé
au-deffus de la hauteur du portail, il devient oélo-
gone & eft percé de toute part. Quatre efcaliers
extérieurs & à jour le flanquent & l ’environnent
jufqu’à l’endroit où il commence à prendre la
forme d'une pyramide par le moyen de fept marches
en retraite. Son fommet fe termine par une
efpèce de lanterne.
Il y a dans l’édifice un nombre prodigieux de
colonnes. A l’intérieur près du gros pillier de la
croifée, eft une figure qui repréfente l’architc&e
Erwin appuyé fur la baluftrade du corridor fupé-
rieur , & regardant le pillier oppofé.
Jean Hiltz de Cologne fut le fucceffeur d'Erwin
dans la conftruéfion de la cathédrale de Strasbourg.
11 continua celle du clocher qui toutefois ne fut
terminé qu’en 1449, par un architeôe de Souabe,
dont le nom eft inconnu.
ESCALIER , f. m. C’eft un aflemblage de marches
ou de degrés, par lefquels on monte où l ’on
defcend d'un lieu à un autre.
Le mot efcalier eft devenu le mot génétique dans
le langage de l’architeélure. Il femble que ce feroit
celui de montée qui auroit dû l’être; & il l ’eft, en
effet, lorfqu’on généralife entièrement l’idée. Toutefois
l ’ ufage a donné à,celui-ci une application particulière
; il défigne fpécialement tout moyen d’af-
cenfion, qui peut avoir lieu par la feule élévation
du terrain & par des pentes pratiquées fans degrés.
Efcalier défigne l’emploi des degrés pour monter &
pour defeendre.
Nous avons fort peu de renfeignemens fur les
efcaliers des anciens Grecs ou Romains. Au mot
degré ( voyq cet article ) on a rapporté les feules
notions qu'on trouve dans Vitruve fur ce fujet ,
& ces notions ne s'appliquent qu’aux efcaliers des
temples , qui font plutôt ce que nous appelons des
perrons ou des foubaffemens, & aux rangées de
gradins qui formoient les fiéges circulaires des
théâtres.
Il eft remarquable que Vitruve ne fait aucune
mention de Yefcalier comme étant une partie importante
, foit de la conftrudion, foit de la décoration
des grands édifices & des palais. Son fiience
à cet égard, pourroit faire croire que les anciens
portèrent dans leurs efcaliers beaucoup moins de
luxe & de magnificence que ne l ’ont fait les mo-
dernes.
Les ruines nombreufes de leurs édifices font à-
peu-près aufli ftériles à l’égard des recherches qu’on
pourroit faire à ce fujet. En recueillant tout ce
que l'on a de pofitif fur cette matière, on ne fe
flatte point qu’il puiffe en réfulter. beaucoup de
lumières relatives aux points qui feroient les plus
intéreffans à connoître, favoir ; l’étendue, la variété
de formes & le genre de conftruétion dont cette
partie de l’architê&ure antique pût êtrefufceptible.
Les efcaliers antiques les mieux confervés font
ceux qui fe font trouvés conftruits dans l’épaiffeur
des murs du pronaos des temples, & par où l’on
montoit jufques fur leur toit. On en retrouve des
veftiges dans plufieurs temples périptères; celui de'
la Concorde à Agrigente eft entier, & fert encore
au même ufage, on y compte quarante-une marches.
Il y en avoit de femblables au temple de
Jupiter Olympien dans l’Elide ( Pauf. /. 5 , câ. 10),
Ces efcaliers font ou .à vis ou en limaçon pour la
plupart, excepté ceux du. Panthéon à Rome, dont
les plans font triangulaires. On en obferve du même
genre dans les ruines du temple de la Paix & des
Thermes de Dioclétien ; mais prefque tous ne font
autre chofe que ce que nous appellerions aujour-
, d’hui efcaliers dérobés.
Dans tous les reftes des autres grands édifices
publics , on n’ a point trouvé d’efcaliers, à moins
qu’on ne veuille comprendre fous ce nom les marches
des théâtres. Encore ces degrés ont-ils été
tous enlevés anciennement , ainfi qu’on l’a fait
récemment aufli au théâtre de villa Hadriana, &
à un autre qu’on a trouvé à peu de diftance du
palais Santa-Croce à Rome. Le premier conduisit à
un efcalier en forme de galerie ouverte, foutenucpar
des colonnes magnifiques. Il montoit tout droit avec
fes paliers, mais il n’avoit que huit palmes de large;
cequin’eft guères convenable pourla maifonde cam*
pagne d’un empereur. Les degrés de la prétendue
maifon de campagne de M. Scaurus, fur le mont
Palatin, étoient de la même largeur, comme Pirro
Ligorio le fait voir par le plan qu’il en a donne
dans fon ouvrage. ( Winckel, obferv. fur l’archit.)
Carlo Fea croit que dans la grande quantité de
marches en marbre de Yefcalier de l’Araceli y il peik
y en avoir d’antiques, ces marbres ayant été enlevé»
d’anciens édifices, entr’autres du temple de Qui-
rinus , ainfi que le dit le père Cafimir ( Stort&
d’Araceli, c. 2.7 ). Quoique Pirro Ligorio, au dix*
huitième livre de fes antiquités, avance, fans en
donner aucune preuve, que ce temple étoit de
Peperino.
Les marches des efcaliers qui environnoient les
temples étoient généralement beaucoup plus hautes
chez les anciens, qu'on ne les fait aujourd hui dans
les palais dedans les grandes maifons. Winckelmanfl
a exagéré à-peu-près d’un tiers la hauteur de ces
I wrés aux temples d’Agrigente & de t ’oeftu™ , I gifle s non. qu’à-peu-près deux palmes d éléva-
I A ne leur donner que cette proportion, il
I To'îtroie toujours incroyable & même impoffible
I P M « aient fervi d'efcalier pour monter a ces
I (èmples. f V o ^ ce qu’on a dit à ce fujet au mot
K Q u o iq u ’il en foit des diverfes fuppofmons au I moyen defquelles on peut expliquer de quelle I manière on corrigeait le défaut de cette grande
I C t e u r des degrés, il faut dtre encore, qutls I fervoient auffi de grad.ns au peuple pour s y I ffeoir. La plupart de ees temp es avo.t trop peu I d’efpace pour contenir une grande multitude. Il eft I vraisemblable que le peuple s’affeyoït fur cesmar-
T ,hes ■ cela même fe prouve par quelques paffages I des anciens écrivains. Paufaniaç ( l. >° ) dit qu a
I un oaiais qui Ce trouvoit a peu de diftance de I Delphes oit les députés de la Phoctde tenoient I leurs affemblées, il y avoir des marches fur lef-
I quelles ces députés prenotent féance. Cicéron ( ai I M c . l . a , e p . i ) parle auffi d’un temple près de
I h porte Capène, fur les marches duquel le peuple : K s’alfeyoit. C’eft ainfi qu’on voit fur la table iliaque
■ du Capitole, la mère, les feeurs .& les parens
f d'Heftor, affis & pleurant fur les marches qui en-
■ tourent le tombeau de ce héros. .
r Lorfqu’il ne régnoit point de marches tout a
K l’entour de l’édifice , ce qui fe remarque furtout I i l’égard des temples circulaires, il y avoit un K tfcalïtr en perron pratiqué en avant de 1 entrée.
I C’eft ainfi qu’eft difpofé le temple circulaire d’un
I bas-relief antique qu’on voyoit autrefois à la villa
I Miiici, qui fe trouve maintenant dans la galerie
de Florence, & que Pitanefi a publié délia Magn.
[ de Rom. pl/38.
i Winckelmann donne comme une obfervation
[ générale, que les degrés dans les efcaliers des anciens
n’avoient point de. congé comme on leur en
| fait aujourd!hui, mais que leur giron formoit un
1 angle droit & aigu. Les marches , dit-il, de la villa.
■ Adriana étoient compofée de deux tables égalés de
marbre, mifes enfemble à angle droit. Les marches
| qui régnent autour du portique du Panthéon, lui
paroiflent en conféquence ne pouvoir etre d une
K très-haute antiquité.
Pour affurer de pareilles chofes,il faudroit de
| plus nombreufes autorités que celles qu’on a ; car,
i par exemple, on remarque au temple en bas-relief,
1 cité plus haut, que fes degrés, qui font au nombre
de fept, éprouvent dans leur hauteur un renfoncement
fenfible. Cet ufage fe pratique encore fou-
Amples rez-de-chauffée ou que les efcaliers etoient
dé bois. On obferve cependant dans plufieurs de
ces maifons , des montées pratiquées en pente très-
douce, n’ ayant qu’ un degré dans le bas & un autre
vers le haut. Le refte offre un pavement de ltuc ,
en quelques endroits incrufté de marbre , ce qui
prouve qu’on n’éleva point de marches fur ces
3 Je vais joindre à ces renfeignemens fur les efcalier! .
des anciens , quelques réflexions de Carlo F ea , qui
aideront à expliquer la grande élévation des marches
vent pour donner plus de giron aux marches. Cela
fait croire qu’un femblable cavet n’a point ete
pratiqué par le caprice du fculpteur. Au reftes,
Piranefi avoit négligé celte obfervation dans fa
differtation fur cette planche.
Il eft à remarquer que dans les ruines de Pompeïa
on a trouvé très-peu de veftiges d'efcaliers. Cela
indiqueroit que la plupart des maifons étoient de
des temples. , ...
Q uoique , d i t - i l , les interprètes de Vitruve
’ s’accordent peu fur la manière dont il faut entendre
ce qu’il dit (/. 3 , c. 3 , & M H p ) 11 Par01t
; certain cependant que d’après les réglés que donne
cet archite&e, les marches ne dévoient pas etre
fort hautes; car il dit clairement au premier endroit
cité , qu’il ne faut pas qu’elles puiffent fatiguer
ceux qui y montent.
On peut tirer la même cônfequence de Dion
||§/# 431 c. 2.1 ) qui raconte que Jules-Céfar, dans
fon premier triomphe , monta à genoux les marches
du temple de Jupiter Capitolin. ( C eft du
moins de ces marches feules qu’il eft queftion , fui-
vant Nardini ). Dion affure la meme chofe de
l'empereur Claude. Il n’eût été ni facile ni commode
de monter ainfi un affez grand nombre de
marches , pour peu quelles euffent été elevées.
Aux temples dont le pourtour étoit garni de
marches,il faut diftinguer celles par lesquelles on
y montoit, d’avec celles qui fervoient de foubafle-
ment. Les premières dévoient être plus baffes pour
la commodité de ceux qui montoient & 1« autres
plus hautes pour répondre à la ma jette de 1 edihee,
comme on le pratiquoit aux théâtres oh les marches
qui fervoient de fiége étoient plus élevées que celles
qui fervoient d'efcalier. . . . . . . .
Le grand temple de Poeftum etoit entoure de
degrés fort hauts. Mais pour en diminuer la hauteur
& les rendre plus faciles à monter, on avoit
adapté entre ces hauts degrés des marches poft.ches
& plus baffes. Ces marches n’ont pas fublilte julqu a
nos jours. Peut-être étoient-elles de bronze ou de
quelque matière précieufe qu’ c.n aura enievee. Peut-
être n’étoient-elles que de bois , & elles n auront
pu réfifter aux injures du temps.
La preuve de ce qu’on avance exifte dans les
entailles qui fe trouvent entre les degrés fubiiltans,
& qui femblent avoir été deftinées a retenir un
troifième corps placé entre ces degrés pour les
unir enfemble. C ’ eft ainfi qu’en ornant la partie
extérieure du temple , on en rendoit les degres
plus faciles en formant cinq marches detrots, comme
l ’a très-bien obfervé le père Paoli ( Ravine délia
citta di Petto differt. 3 > ; , . ,
On voit par ce peu de notions, les feules qu on
ait pu fe procurer fur les efcaliers des anciens, combien
on eft éloigné de connoître ce qu’ils purent
faire dans l’intérieur des palais & des autres grands
Y y 2