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Dans un temple d’Elora, appelé Kailaça > dont
M. Daniel nous a donné des deffins qui paroif-
fent fort exacts, on voit trois malles de bâtimens
fur une même ligne, qui ontyaotir foubaffement,
dans leurs différentes faces , cîgib éléplians fculptés
& repréfentés vus de face. Cette idée ingénieufe,
dont on ne fauroit toutefois recommander l ’imitation
dans de l’architecture régulière , n’eft pas à
dédaigner dans ces compofitions de décoration de
théâtre, où le goût autoriferoit ces fortes de licences.
Les Indiens ont fingulièrement multiplié les
images des élépbans & des lions, comme parties
de leur décoration ; des têtes & des trompes d’é-
lépbans entrent fréquemment dans leurs inventions
décoratives , & des corps de lions furent
volontiers employés par eux, pour fupports des ef-
pèces de couronnemens ou de corniches .avancées
& -comme en furplomb , qui débordent dans l’intérieur
des monumens foiiterrains.
Quand on veut donner une idée du génie de la
décoration d’un peuple, ce qu’on peut faire de
mieux, c’eût d’en citer le plus grand & le plus bel
ouvrage. À cet égard , après avoir examiné tout
ce que les voyageurs nous ont tranfmis en ce genre,
il nous paroît qu’aucun enfemble décoratif, entre
tous leurs deffins,, n’eft comparable à celui que
nous avons déjà eu l’occafîon de faire connoître,
qu’on appelle le Tchoultry ou hofpice de Mad-
Ûour&y.
Cette grande falle intérieure nous femble , en
rapprochant tout ce qui peut fuppléer au défaut
d’échelle , avoir une centaine de pieds en longueur
, environ vingt-cinq à trente pieds de haut,
& autant de largeur par en bas. Le genre d’encorbellement
dans lequel font pratiqués tous les
détails faillans des efpèces de chapiteaux, de corniches
& d’entablemens qui fupportent le plafond,
parodient avoir dû réduire la largeur de ce
plafond à une quinzaine de pieds, ce qui fut pratiqué
en vue de la longueur des pierres deftinées
à^la couverture.
La perfpe£live de cette galerie offre véritablement
unafpeft théâtral, & la fymétrie qui règne
dans tous les fupports, lui donne une apparence
d’a r t , de compofition & de décoration très-fupé-
rieures aux autres compofitions indiennes. Mais
lorfqu’enfuite on veut fe rendre compte de ce fyf-
tème d’ornemens, on eft forcé de n’y voir que le
produit d’un inftinél qui charge tout, du haut en
fias , de découpures, de petits détails, la plupart
privés de lignification pour l’efprit, & d’effet pour
l ’oeil.
*La coupe & les détails en grand d’un des piliers
de cette galerie en difent plus, fur cet objet
, qu’aucune defcription n’en pourroit faire
comprendre. Rien de plus monflrueux , aux yeux
du goût, que cet affemblage d’un éléphant, d’un
rhinocéros & d’un lion, découpés en relief, à ce
qu’il paroît, & l ’uo. an-dpfïus de l’autre, dans la
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1 nn (impie qui a quelque chofe d impotent,
' ' rj„ation abfolue de détails portant toujours
[ vecrfoi ï une idée çorrefpondanle à celle de gran-
I Telle n’eft point l’ignorance qui fe fait fenlir
, g les ouvrages de la fculpture de l’Inde.: On y
L it une prétention à rendre dès détails, à expiait
^ petites choies , à contrefaire plutôt qu a .
Litér la nature , -précifément dans les minuties ;
hicetie prétention choque d’autant plus q u e le f-
Ifentiel manque, c’eft-à-dire , l’enleinble. Qu’im-
H B en effet, que les cils desyeux,les cheveux,
| les ongles foient marqués dans des figures dont la
itêle eft auffi groffe que le corps ?
I. Ea comparant le flyle des deux fculptmes au
I flvle des deux architectures , on èft frappé,de la
Uaformilé. En Egypte , la forme principale de
: l’édifice, & de chaque partie de 1 édifice, elt
[toujours dominante, caries figues hiéroglyphiques
[dont les monumens font couverts, ni ne mutent làl’efiet de la forme, ni n’en atténuent l’intégrité ,
[ni ne font diverfion à l’impreffion générale. Dans j
I l’Inde Informe principale difparoît fouvent fous !
| les ornemens qui la divifent &. la décompofent. {.
(En Egypte, c’eft l’effentiel qui vous frappe; daus j
[l’Inde, on en eft détourné par les acceffoires. En |
Egypte , la première qualité eft toujours la grau- J
tdeur, & les plus petits monumens vous en im- |
Ipofënt. Dans l ’Inde , le minutieux des découpures
jferoit paraître petits les plus grands édifices, En ;
[Egypte, la folidité portée au plus haut point, corn- j
mande l’admiration au fpeêlateur. Dans lln d e , on |
ne trouve ni la réalité de la folidité dans les edi— I
lices, ni fur tout l’apparence de celte qualité,, -
même dans les monumens fou terrains, que l art du j
décorateur s’ëft plu à évider, avec un artifice qui j
i met la légèreté des porte-à-faux, à la place de celte |
malïivité impofante, que les Egyptiens eurent le j
bon efprit de laiffef dans leurs excavations.
ÎNDUSTRIA. "Ville antique de la Ligurie, à fix
lieues-de Turin, dont Pline a parle en deux .endroits.
Elle étoit, félon lu i, fituée fur les bords du
Pô, dans l’endroit où i l commence à être.le plus
navigable , ubi prcecipua altitudo incipit. Les
(géographes méconnurent long-temps la vraie pofi-
* lion de cette ville. . . .
Deux favans piémonlais, Antoine Ricolyi &
Jean-Paul Ri van tell a , voulant joindre à leur ouvrage
fur les monumens de Turin , un lupplement
qui traitât des antiquités du Piémont & de. la
‘Savoie , confacrèrent à ces recherches les automnes
de 1743 & 1744. Ils apprirent qu’à peu de dif-
lance de Verrue, fur la ri ve droi te.du fleu ve, à Montai
di Pô} on déterroit quelquefois des monumens
qui fembloient annoncer , que ce lieu avoit été
anciennement habité par les Romains.
Ils trouvèrent fur..le fragment du piédeftal
J une fuit ne qui avoit été élevée a une, femme
appelée: Cocceïa, les mots AB. IND. qu ils mter-
Diction. cCArchit. Tome II.
nrétè.rent ab lnduflrienjîbus. Jufque-Ià on avoat
cru que Cafale avoit été bâti fur - l’ancien file
dTndujlria. Les favans piémonlais virent leur conjecture
acquérir encore plus de force, par 1 examen
des anciennes chartes de' la parodie du lieu.
L’églife y eft nommée Sanct. Joannes Baptifta de
Lujîria. Ils reconnurent que ce dernier nom.
étoit une. corruption de celui alndujlria. On trouve
en effet dans quelques anciennes éditions de Pline,
Inlujlria pour Induflria. Ils firent creuler fui' lu
place où l’on déterroit le plus de débris. Celte
fouille produifit des médailles, un fuperhe valp
de bronze qui contenoit. qualre-vingt-feize medailles
d’or, un trépied de bronze qui le ployé , &
qui peut être comparé aux plus beaux ouvrâges
de ce genre trouvés dans les ruines d Hercula-
nutn ou de Pompeia , une portion d’un grand
foudre doré qui auroit appartenu à une ftalue co-
loffale de Jupiter.
Enfin, une table de bronze encadrée de même
métal, décida la qneftion en levant tous les doutes.
Elle contenoit une înfoription fort belle , cq n-.
faevée au génie & à l ’honneur d’un certain Lucius
Pom peius Herennianus, par le collège des Pafto—
phores d’Induflria.
Les fouilles ôl Induflria , depuis long-temps
abandonnées , ont fait connoître les veftiges d’un
temple, un pavé en mofaïque , des débris dé tout
genre & une multitude d’objets qui ont enrichi lé
Muféum de Turin. Il eft probable que de nouvelles
récherches produiroient encore de nouveaux
Iréfdrs.'
Le véritable nom àTndiflna , dans 1 ancien
langage ligurien , étoit Bodincornagum, nom
forme de celui de Bodincum cju’on donnoit au Pô.
La colline, qui s’élève au-deflus d Induflria, s appelle
encore JSIondico} nom qui paroît eire une
corruption du premier.
INFIRMERIE, f. f. Ce nom fe donne à un corps
dé Bâtiment, à une ou pluGeurs pièces.qui, dans
dès établiffemens d’inftruclion publique, tels que
collé” es, écoles , luminaires, & c ., dans des communautés,
dans dès liofpices civils ou militaires ,
font dcllinés à recevoir les malades de l’établiC-
fement, à les féparer du refte de ceux qui l’habitent
, autant pour la falubrité de tonte la mai fou ,
que pour Ta facilité àu traitement des maladies, ;
Un e infirmerie, félon le plus ou moins d’étendue
des .établiffemens qui en réclament l’ufage, doit
réunir plus ou moins de falies, telles que chambres
fcparées, cuifines, apothicairerie, promenades,
bains^. étuves , Si doit être pourvue de .tout ce qiu
eft néceffaire pour foigner, traiter Si medicamentei,
les.maladesi
INGÉNIEUR, f. m. On diftingue deux claffes
d’ingénieurs. Il y a.les ingénieurs militaires & les
ingénieurs civils. Ce qui, les dilliiigue, c’eft la diffe-
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