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C ’eft auffi une portion circulaire dont on fe
fert pour terminer un parterre, ou pour réunir
différentes allées à une patte d’oie-ou une étoile,
& que l’on décore de charmilles, d’ arbres , de
treillages, &c.
DEMI-LUNE D ’E A U , efpèce d’amphithéâtre
circulaire, orné de pilairres , de niches ou renfon-
cemer.s ruftiques avec, des fontaines en nappes , ou
des ftatues hydrauliques, comme à la villa de
Monte-Dragone, à Fiefcati près de Rome.
DEMI-MÉTOPE, eft la moitié d’un/métope,
qui fe trouve aux angles rentrar.s ou- faillans de
la frife dorique. ( Voyç^ métope. )
DEMOISELLE, [voyt{ DaMoiselle. )
DÉMOLIR , v. a&. O^eil détruire un ouvrage
d’architecture en maçonnerie ou, charpente , loit
pour malfaçon y foit à raifon de la caducité. Cette
opération le doit faire avec précaution pour con*
ferver les matériaux qui peuvent refiervir.
DÉMOLITION ,f. f. Eft la d eftru&ion d’un bâtiment
, foit par vétufté, foit par ordonnance de
l ’autorité, à rail'on de la malfaçon ou du péril imminent.
Démolition fe dit auffi cks matériaux bons à
employer, tels que les fers, les bois, lés plombs,
les* lambris de menai ferle, les portes, les pierres
& les moellons que l’on retaille.
D ÉM O N T ER , y. art. C ’eft en charpenterie
défaire avec foin un comble ou tout autre ouvrage,
foit pour le ..refaire, foit peur en c-onfer-
ver les bois , jufqu’à ce qu’on ait oe.çafiori de les
employer. On dit auffi démonter une grue, un
cejntre , un échàfaut, &c.
DENT-DE-LOUP, f. £ Efpèce de gros clou
de quatre ou cinq pouces de long, qui fert pour
arrêter les poteaux de cloifon entre les fablières,
lorfqu’ils n’y font point affemblés à tenons &
mertaifes. *
DENTICULES , f. f. pl. On appelle dé ce nom
des formes coupées en manière de dents-, qu’on
taille fur un membre quarré de la corniche ionique
ou corinthienne.
Ceux qui cherchent dans - l ’architf cft-irê à rendre
conféquent en tous points le fyftême de fon
imitation , pui'fii' par analogie dans la charpente',
croycnt voir dans la forme des demie aie r l’indication
des pannes du comble , & dès lors neveu-
lent pas qu’on employa cette forme indifféremment.
De ce nombre eft Vitruve qui affirte [’emploi
des c.lenticules à l’ordre ionique ; d’abord il
le fonde fur l’ ufage. « S i, dit-if, fur desarchi-
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traves doriques , on met des corniches dentelé«*
ou ft au-deffus des architraves ioniques.foutenues
par des chapiteaux à coufjinet, on taille des tri-
glyphes, & qu’ainft les choies propres à un ordre
loyent attribuées & transférées à un autre, lgs
yeux en feront choqués, parce qu’ils font habitués
de voir ces chofes diipolées d’une autre manière
». Liv. i , ch. 2.
Et ailleurs , liv. 4 , ch. 2 , après avoir prouvé
l’origine des triglyphes, & pour démontrer qu’elle
n’eft pas due aux ouvertures des fenêtres , « 011
» pourroit, dit-il, par la même raifon prétendre
sa que les -dentieuhs dans l’ordre ionique font aufii
» des ouvertures de fenêtres 3 cardes efpaces qui
33 ibnt entre les dtr.tic.ules, auffi bien que ceux qui
33 font entre. les triglyphes., font appelles méto-
33 pes , parce que les Grecs appellent: opes ces
33 efpaces où les poutres font logées, qui elt ce que
>3 nous appelions columbaria ; & pour cela i’ef-
» pà.ce qui eft entre les deux opes a été appelé
» métope. De même que dans l’ordre dorique les
3» triglyphes- & les mutules ont pour objet d’imi-
33' ter les pièces, qui çompofent l a . charpente, les
>3 mutules repréfentant les bouts,des forces, ainfi
33 dans l’ordre ionique les dentieuhs représentent
» la faillie du bout des chevrons ».
- » C ’eft pourquoi, dans les édifices grecs, jamais
» on n’a mis des. dentieuhs au-deffous des mu-
» tules , parce que les chevrons ne peuvent pas
» être fous les forces, & c’eft une grande faute
» que ce qui, dans la vérité de là- conftraéHon, doit
33 être pofé fur des forces & fur dçs pannes, foit
33 mis deffous dans la repréfentation 33.
» Par cette même, raifon les anciens n’ont pas
33 approuvé de mettre des mutules ni des dentu
» cules aux frontons ; ils ont préféré d’y faire les
‘» corniches toutes unies, parce que ni (es forces
» ni les chevrons ne peuvent fe fuppofër appa-
» rens dans la partie du comble qui compoie le
33 fronton, pu fque ce font eux au contraire qui
» forment la partie latérale du to it , ainfi que fa
33 pente. Enfin ife n’ont point cru pouvoir avec
33 raifon faire dans la repréfentation ce qui ne fe
» fait pas dans la réalité., parce qu’ils ont fonde
33 tousries- rapports de leurs ouvrages fur la na*
32 ture des chofes, & n’ont approuvé que ce qu'ils
33 pouvoient foutenir & expliquer par des raifons
» certaines & véritables.»
Les préceptes de Vitruve ont trouvé des con-
tradièleurs dans les ouvrages romains, où les den-
tieuhs ont été employées & taille es. au-deffous
dqs rhodillons On voit des exemples dé cet emploi
dans [’entablement' des trois colonnes de Ccunpo
Facciro , à celui du temple de Jupiter tonnant cC
à plufieurs autres mon.umens corinthiens, qui font
devenus d.es ouvragês claffiques.
Il faut avouer que l’origine des dentieuhs, malgré
Pautorité de V itru v e , ne porte pas un çarafi*
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.vrê d’anthénticité égal- à celui des autres parties,
,’on voit être paffées de la charpente dans l’ar-
‘^hitefture. Il feront difficile de démontrer'qu’elles
ne font-pas impur ornément taillé fur -une moulure
1 pour varier- l’afpert des profils, de -la manière
i qu’on y introduit des-ovesr, des feuilles d’eau &
d’autres détails d’ornemens.
| Dans, le doute, cependant , & vu l’analogie, allez
\ Wécife de Ta, forme des dentieuhs , avec celle
Idès bouts de folives , je ne verrois aucun inconvénient
à fuivre les; préceptes de Vitruve. Plus on
[peut introduire de raifcu.s Si. de vraiicinblances
(dans l’emploi des formes de l’architedure, & plus
[cet art acquiert de -droits à plaire eux hommes qui
mettent le contentement de l’efprit |vant le plaifir
[ des yeux.
■ " On difpofe ordinairement les dentieuhs de fo-
; con qUe l’axe de la colonne paffe par le- milieu
î d’ilne dent. On donne' à la largeur d’unè dent
[ trois minutes d’un module , & quatre à fa hauteur,
. }a largeur du métope ou de l’intervalle entre deux
ïdentieuhs, eft de deux minutes. A l’angle quelquefois',
au lieu ci un tien tien h double, on met ou
\ une pomme de pin e u un fleuron.
DÉPARTEMENT , f m. On fé fervoit autrefois
de ce terme, pour lignifier la diftnbution d’un
plan &Ta delcription des chambres ou autres ~par-
! ties, dont un.bâtiment eft compofé* Aujourd’hui
p Ü fe die des parties d’un éd fice ceftiné à quei-
qu’uf;ige particulier. Ainfi on dit le département
i des écuries, le département des domefliques, &e.
DÉPAVER, v. àâ . Arracher ou enlever le
j pavé d’une cour, d’une rue , ( voye^ p a v e r ,
\ PAVÉ. )
DÉPECER, v. a&. Détruire, mettre en pièces.
DÉPENDANCE, f. f. C ’eft dans la diftribution
; des bâtimens la partie d’un .tout. Ainfi les bafies-
' cours des écuries & cuifines font les dépendances
f d’une mailon ; les fermes ou métairies, les loger
1 mens de j irdinier, les ferres 6t orangeries , font
ï les dépendances d’une maifon de campagne.
DÉP ENSE, f. f. Pièce du département de la
, bouche près des cuifines , où l ’on ferre les pro-
1 Vifions &. les reftes de table-, j on l ’appelle auffi
! ejfîce ou garde-manger.
D é p e n s e d ’ e a u . C ’eft; la quantité d’eau
qur s’échappe par un orifice. Après plufieurs ex-
' périenees très-exaéles , M. Marioite a trouvé qu’un
| ©rince horizontaL de trois lignes de diamètre,
i étant à treize pieds au-deffous de la furfacè fu-
. périeure de l’eau d’un large tuyau , donnoit un
pouce, c’eft-à-dire, qu’il en fortoit pendant le
temps d’une minute quatorze pintes, mefùre de
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Paris, ou 24 livres- (Trahi du mouvement des,
eaux , par Mariottc. )
Les orifices étant comme le quarré de leur*
diamètres , & les vîî.'ffes de l’eau comme les racines
des hauteurs ’ .ni elle tombe, la depenje
de tout autre orifice fera en raifon compoféc du
quarré du diamètre & de là racine de la hauteur
de: chute. -Air.fi de la iépenfe indiquée par l’expérience
ci-delTus, ôn fera- une analogie avec ,1a de-
penje qu’on voudra connoiire.
DÉPOSER, v. aft. On àit dépofer àes pierres;
C ’eft les enlever avec'précaution pour les faire
refférvir.
DÉROBÉ , adj. m. Ce mot fe dit d’ un corridor
ou d’un petit efcalier, par lequel on communique
dans les différentes pièces d’un appartement
, ou dans les différens étages d’un bâtiment
fans uaverfer les appartemens. ( Voye{ dégagement.
)
DÉROBEMENT , f. m. Eft ]a manière de tracer
les pierres ians le feiours des panneaux. On
commence par équarir L r-.arre, en fuite on trace
les mefures des hauteurs & épaiffeurs pnfes fur 1 é-
pure. ,On dit tracer par dérobement ou par equa-,
riffement.
DERRAND , ( François ) mathématicien - &
architecte, naquit en içSB , dans le pays Meffin ,
&.. mourut à Âgde , ville du Languedoc, en 1-044*
Il entra dans cette lociété fameule, dont Les membres
connus fous le nom de j éludes, recxierclioient
avec foin, pour en faire fleurs collègues1, tous
• ceux qui joiguoient au goût de la vie refigieuie,
celui des fciences, des lettres & des- arts. Der-
rand aimoit les mathématiques. Il s’y^ ruiidic .habile
& les enfeigna avec fuccès. Bientôt il appliqua
ceïté fclence à [’architecture qui avoit fixé
fon attention U devint bon conftruclear -cl fé crut
architecte.
L’occafion vint pour lui de fe faire connoître
- fous ce dernier -rapport.
Louis XIII , en 16 19 , avoit donné aux jéfuites
le terrain où étoient lés anciens murs & foffes
de Paris. Lis réfolurent de faire conftruire fur une
partie de ce terrain une églife dédiée au chef
de la famille de leur bienfaiteur. C’eft celle que
nous voyons aujourd’hui rue Saint-Antoine, vis-
vis la fontaine qui porte le nom du chancelier
Birague.
Le père François Derrànd & le frère Martel-
A n g e , jéfuite Lyonnois, préfentèrent chacun leur
p Tan pour cet édifice. Martel-Ange s’etoit^pro-
pofé d’imiter l ’églife du Jélus, qui a été bade a