des cafés du grillage avec la fupérieuré, après
avoir bien battu l’intérieure, & recouvert les pièces
de bois avec de la poudre de charbon. Sur la
couché de béton bien nivelée, maffivée & retenue
autour par des pièces de bois formant encadrement,
on pofera en retraite une affile de libages
à bain de mortier, qui n’auront pas befoin d’être
cramponnés s’ils font mis en place avec foin ; on
les battera à la h ie , Nfans s’embarralTer du niveau
du lit fupérieur qu’on redreffera s’il elt néceflaire,
en faifant un dérafement général.
Dans le midi de la France & le long des bords,
de la Méditerranée,. on fe contente j pour bâtir
dans l’eau, de former des encaiffemens comme
ceux qu’on fait pour les batardeaux, entre deux
files de pilotis, avec des palplanches qui doivent
être enfoncées à deux pieds dans le bon terrain.
Après avoir vidé la vaie & atteint le fond folide,
on jette dans cet encaifl'ement, alternativement,
un lit de béton & un lit de pierres arrangées le
plus également qu’il eft poffible, & battues avec
des demoifelles à long manche, en continuant
ainfi jufqu’au niveau de l’eau. Après avoir laifl’é
repoier cette maçonnerie, on y pofe une affife de
libages fur laquelle on établit les conftruêlions en
pierres de taille, briques & autres.
C’eft de cette manière qu’on a bâti à ’Toulon ,
en 1748, une des jetées pour la nouvelle Dar.ee.
( Voyez Belidor, Archit. hydraul. , I I e. part.,
tom. I I , pag. 186.)
On y employa, il eft v ra i, là pouzzolane ; mais
dans beaucoup d’endroits, le mortier ordinaire
de chaux & de fable , mêlé de pierrailles, fuffit &
fait corps, à la vérité moins vite; toutefois, avec
le temps, il acquiert une dureté égale au mortier de
pouzzolane. L’objet effentiel eft de bien éteindre la
chaux, & de n’y employer que la quantité d’eau
néceflaire, en ayant foin de la bien broyer avec
le fable avant qu’elle foit refroidie. Les pierres à
demi calcinées qui n’ont pas pu fe diffoudre dans
la chaux, étant pulvérifées, équivalent au meilleur
ciment, de même que les pierres argileufes auxquelles
on fait éprouver une démi-cuiffon. Le
béton fait de toutes matières, employé un peu
ferme, s’étend & s’aflaiffe lorfqu’il eft au fond de
l ’eau.
Lorfque l’eau a une certaine profondeur pour
que le béton ne fe délaie pas trop en tombant, on
peut faire ufage de la caiffe dont on s’eft fervi à
Toulon, 8c qui j par un mécanifme fort fimple,
s’ouvre dans l’eau à la diftance qu’on veut, & laide
échapper le mortier» Cette caiffe peut avoir trois
ou quatre pieds fur tous fens.
Pour faire avec ces procédés des ouvrages fo-
lides, il faut que le remplilïage foit fait de manière
à pouvoir fe paffer dans lu fuite de fon enveloppe,
lorfque fe temps vient à la détruire, Ces
ouvrages bien maçonnés font fouvent,préférables
à .ceux qui fe çprnpofent de pierres de taille. S i ,
au- contraire , la maçonnerie eft mauvaife ou
la maffe foit formée de pierres fè.ches, qui ne dp"*
vent adhérer entr’elles fans liaifon, tout doit f
détruire dès que l’encaiflement fera diflous.
Ou fait, cependant des fondemens dans l’eau à
pierres perdues j ou par enrochement. Ce moyen
qu’on'*emploie quelquefois pour éviter la dépenfe
des batardeaux & des épuilemens, a été mis en
oeuvre par les Anciens dans \a.fondation des ®ôW
ou de quelques conftruéKons ifolées dans la mer
Les Anciens ne les- faifoient jamais en pierres fè- i
chesj ils y employoient des cailles, des bateaux &
même des navires remplis de bonne maçonnerie
en chaux vive & pouzzolane , qu’ils faifoient
échouer.
Les fondemens à pierres perdues fans mortier
n’ont de lolidité que par leur forme &. par la grandeur
de leur malfe 5 ils ëxigent des empatemens
confidérables avec des talus au-delà , dont la largeur
horizontale doit avoir au moins le double de
leur hauteur. Pour les établir d’une manière fo-
lide , il faut contenir le premier rang de pierres j
jetées ,• par des pièces de bois retenues avec des
traverfes , en recouvrant les affemblages pour les
maintenir par de grandes pierres entaillées qui
le s . embraffent.. Indépendamment de ce que ce
moyen donne aux cadres de charpente dont il sa- j
git plus de folidité, il leur procure une pefanteur
ipécifique qui les fixe au fond de. l’eau. On oli-
ferve, en jetant les pierres , de les arranger delà
manière la plus propre à former une malle folide.
Lorfqu’on né veut .pas dépenfer de mortier dans
cette conftrudlion, il faut au moins y employer^
fable , de la glaife ou .de la terre qui puillè, en I
rempliffant les intervalles des pierres, leur donner
plus d’affiette. A moins que ce ne foit pour le pre- J
mier rang dans l ’intérieur des cadres, il ne faut!
pas y employer des pierres trop grolfes , qui s’ar-
rangent toujours mal. On préférera celles d’une 1
dimenlîon qui ne donne pas plus d’un quart de
pied cube. Les pierres en forme de polyèdres
s’arrangèntmieux, & produifent une efpècedo/»«
incertum qui convient mieux à ces fortes d’ouvra-j
ges que la difpolition par affifes. ..
Les fondemens en pierres jetées réuffiffent mieux
dans' la mer que dans les rivières, furlout ceux
qu’on fait fans mortier 5. le courant de l’eau alliant
continuellement & dans un même feus, ljnl1
par pénétrer la maffe expofée à fon aêlion, & lou-
vent par l’entraîner. Il faut apporter à ces lorles
d’ouvrages la plus grande célérité, & profiler du
temps favorable. Tous les matériaux doivent etre
approviflonnés d’avancé , & l ’on doit avoir à.la
difpolition bateaux, équipages, & le nombre
d’hommes néceflaire pour opérer fans mterrup*'
tion. _ ' '■ ' -V; •
Il ne faut efpérer d’établir fur ces enroche-
mens une çonftruâion folide , qu’un an apn»
qu’ils ont été finis. Pendant ce temps l'agita110
dés flots de la mer leur fait éprouver l’afl’uilfe'f11
r dont
Ljwj;ls f0„t fufceptibles, & y produit l’amalgame
r POTirTeTfixer invariablement, on les couvrira
M’one bonne couche; de béton; cnluile, après y
P - r nofé une affife de libage, on établira deffus
fc à e manière folide, les.conllmclipns -cp on .le - ■
■ propo’fe d’y élever. : .
FONDEMENT, f. m. ( Cohjïruction.) C’eft la
Lirtie d’un bâtiment qui eft enfermée dans la
’ terre , & qui f S l de fûpport à la partie du même
bâtiment qui s’élève hors de la terre.
I On donne différens noms zxnc fondemens , félon
h divevfité, foit des fonds fur lefquels on les éta-
. f0it de-la manière' dont ils. font conftruits.
f Ainfi l’on .appelle :
' -fondement Jur terre ferme , cel ui qui eft affis
tfar une terre franche, fur un terrain fec & ferme.
\{ Voyez Fondation, ) , - . f Fondement J u r roc , celui qui eft établi fur des
^maffes de rocher ou de pierres folides....( Vçÿréz
F o ndation. ) , ' .
L Fondement à pierres perdues, celui qu on tait
; eil jetant fans ordre , dans un encaifl’ement, des
pierres qntre-mêlées de lits de mortier , &c.
L Fondement avec-coffres ou caijfons , celui pour
la conftruâion duquel on fe fert de caillons de
charpente bien calfatés, qu’on conduit à l ’endroit
où l’on veut fonder , & qu’on enfonce dans l’eau à
Lmefure qu’on les remplit de maçonnerie.
. 'Fondement fur pilotis, celui qu’on établit fur
des pieux enfoncés en terre, 8c recouverts d’un
grillage de charpente.
Fondement par piles, celui qui fe fait par piliers
ifolésliés par des-arcades.
Fondement continu , celui qui forme un maffif
• général fous toute l ’étendue d’un bâtiment. Tel
, elt celui qu’on a fait pour l’églife de Sainte-Ge-
I neviève-à Paris. -
! FONDER, v. a£l. Pofer & conftruire 1 es fb n -
- deviens d’un édifice, de quelque manière qu’on
[procède à fes fondations, f Voyez Fondation. )
[ FONDERIE, f. f . , eft un grand hangar où eft
I pratiqué le fourneau dans lequel on fond les mé- !
taux propres à- faire divers-ouvrages, tels que fta-
[ tues, canons, mortiers, &c. En avant du four- ;
[ neau eft creufée la folle où l’on, enterre les moules
| définies.à recevoir le métal' en iu.fi.on.
FONDIGUE , f. f. On appelle ainfi le magafin
I d’une compagnie de marchands ou n.égoçians près
I d’iin port de mer, ou dans une ville de grand
' commerce. Ce mot vient de l’italienfondaco , qui
: a la même lignification.
FONDIS, f. m. Efpèçe d’abîme caufé par la
méchante.conûftànce d’un terrain, où par quelque
Diction. drArchit. Tome I I I .
fource d’eau au-deffous des fondations d’un batiment.
On appelle au {Il fondis un éboulement de terre
caùfë dans une carrière , pour n’y avoir pas laifle
de,piliers.. ' v . »' •
On donne le nom d e fondis à jour à iéboule-
ment qui a fait un trou par lequel on peut voir le
fond de la carrière. -
FONDRIÈRES , f. f. Lieu b as , entouré de collines
dont le terrain eft de mauvaife confiftance ,
fujet aux ravinés & à des épanchemens d eau qui
y produifent de la Vale. . . j
Lorfqu’on eft obligé de fonder , foit nn p ont,
1 foit tout autre1 édifice , dans un femblable terrain ,
il faut faire en forte que l’ouvrage foit élevé &
contre-garde de murailles , pour qu’il puifle réfif-
ter aux ravinés &. aux déb ordemens.
FONTAINE , f» f. On donne ce nom , foit à une
eau vive qui fort de terre, & quon environne quelquefois
d’un mur ou d’une lëgefè batiffe pour la
commodité de. ceux qui viennent^y puifer fv o y ,
I Source ), foit à une co’mpofition d’architeâure où
de fculpture , monument deftiné à Recevoir, à répandre
& à diftribuer les eaux des fources ou des
rivières qu’on y conduit ou naturéllément, ou par.
des moyens artificiels. .
On donne auffi le nom de, fontaine à des vafes
ou vaifleaux de differentes formes , où l ’on con-
ferve l’eau dans l’intérieur des maifons. ( Voyez à
la fin de cet article. )
Nous ne i parlerons, dans cet article, que dés
fontaines qu’on emploie à l’utilité comme à la
-décoration des villes , & à l ’embelliflement des
jardins. . . ' . r
Le même emploi des fontaines dans l’antiquité
eft conftaté par un grand nombre dé pallages,
d’autorités, & même d’ouvrages encore exiftans.
Chaque v ille , en Grèce, avoit au moins une
fontaine célèbre, confacrée à quelqiie divinité ,
&-défignee tantôt par le nom de celui qui i ’avoit
conftruite , tantôt par celui de l’endroit où elle
étpit fituée", tantôt par quelqu’une de fes particularités.
C’eft fous ce dernier rapport qu’étoit connue
à Athènes' VÉnneacrounos ow fontaine à neuf
tuyaux. Paufanias fait allez fouvent mention des
foïitaines qui dëcoroiênt les villes grecques.
Dans la ville de Mégàre, il y en avoit .une auffi
grande 'que magnifiqne, bâtie par Théagènes. La
fontaine Pirene , à Coriiithé , étoit ornée de marbre
blanc, & elle fe compofoit de petite^, grottes
d’où l ’eau ïortoit pour fe jeter dans un ballin ex-
-téïiéur. Corinthe fut la ville de Grècé la plus riche
en fontaines publiques'. On en avoit pratique dans
tous les quartiers, & elles étoient abondantes, en
eaux provenant, les unes de fources, les autres
d’un aqueduc. Les plus remarquables' de ces f o n taines
, fi Ton en juge d’après Paufanias , étoient
la fontaine de'Bellërophon repi-éfentë avec le che-
F f f