
une élévation des chofes qui ne peuvent être vues ,
étant fuppofées derrière d’autres , comme un comble
à travers un fronton.
Enfin on emploie encore le crayon de fucin ou
de bois blanc fur le papier ou fur le carton , parce
s’ efface avec le linge ou la barbe d’une plume ,
ou de toute autre manière.
:es crayons doivent être tenus dans un
lieu humide , parce qu’ils durciffent à la chaleur.
C R È CH E , f. f. O n appeïoit de ce nom en I
français, & l’on appelle proefcpio en italien , des ef-
pèees de théâtres ou de décorations que l ’on fait
pour la fête de Noël , & qui repréfentent la naif-
lunce de Jefus-Chrift ou la crèche. C ’eft à Naples
fur-tout que la dévotion , le goût & l’imagination
disputent le prix de la magnificence dans ces fortes
de fpeélacles. Tous les genres d’illufion, que la
peinture , aidée de la perlpeétive & des lumières,
ï ’architeéture, la fculpture coloriée, & l’art des
mannequins. peuvent produire , fe trouvent réunis
dans ces fcènes de théâtre , qu’on peut' regarder
comme les tableaux d’optique les plus parfaits &
les plus étendu» qu’un tel art punie rendre.
Crèche, ' ( Archit. hydraul.') Efpèce d’éperen
bordé d’ une file de pieux , & rempli de maçonnerie
devant & derrière les avant-becs de la pile
d’un pont de pierre. La crèche d’aval doit être plus
longue que celle d’amont, parce que l ’eau dégra-
voye davantage à la queue de la pile.
On appelle crèche de pourtour celle qui environne
toute une pile , & qui eft faite en manière de batardeaux
, avec une file de pieux à fix pieds de
diftanee, récepés trois pieds au-deffus du lit de la
rivière , bernés , moifés & retenus avec des tirans
de fer Icellés au corps de la pile, & remplis d’une
forte maçonnerie de quartiers de pierre, pour empêcher
que l ’eau ne dégravoye & ne déchauffe les
pilotis , comme on l’a pratiqué avec beaucoup
de précautions au pont des Tuileries, du deflin de
Manfard.
CRÉDENCE, f. f. du mot italien crcdença. Les J
Italiens entendent par ce mot, non-feulement le lieu
où l ’on tient ce qui dépend de la table & du buffet ,
& que nous appelons office; mais encore le buffet
lui-même. ( Voye^ Buffet. )
Crédence d’autel. Ç ’eft dans une églife, à
côté du grand autel, une petite table pour mettre
ce qui dépend du fervice de l’autel.
CREIL. ( Claude Paul ) Chanoine de fainte
Geneviève , & architecte , né à Paris le 26 Janvier
1633 , & mort dans la même ville le 25 Mai 1708.
Les ouvrages exécutés fur fes deflins font la principale
porte d’entrée de l’Abbaye, au milieu d’un
petit périflyle tofean flanqué de deux pavillons, le
cloître en périflyle dorique, le grand efcalier à
l'extrémité de ce cloître, & de grandes falles dont
les voûtes font très-furbiiffées. Il fit des projets
pour le Louvre qui furent trouvés trop magnifiques.
CRÉNEAUX, f. m. pl. Dentelures pratiquées au
haut des murs des châteaux forts, pour voir au dehors
, & pouvoir tirer fur l’ennemi fans être à découvert.
c r é p i , r. m. Eft l’enduit de mortier ou de
plâtre qu’on met fur une muraille.
Crépi. ( Jardinage. ) Nous ne confidérôns ici
le crépi des murs extérieurs des bâtimens cMmpê-
tres, que relativement à fa couleur , & fous la rapport
que celle - ci peut avoir avec le caractère
de la fcène environnante.
La couleur choifie pour le crépi des murs extérieurs,
contribué plus ou moins à l’effet du tableau,
l’augmente ou le diminue. I l faut tenir un juVte
milieu entre une nuance trop vive & une nuance
trop terne. Les couleurs éclatantes & brillantes
ne conviennent guère à un jardin; trop de lumières
éblouit, & trop peu n’ éclaire pas affez. Le gros\
rouge , quand meme il feroit d’ailleurs afforti à \
un bâtiment champêtre , devroit être rejeté , uniquement
parce qu’il eft nuifible pour un oeil
malade, & fatigant pour un oeil fain. L ’impreflion
des couleurs eft la plus agréable, quand elle eft
modérée.
Il faut, à l’égard des enduits, faire fur-tout
attention , non-feulement à la convenance en général
, mais encore à la vérité de l’imitation. Un
édifice récrépi en verd eft puéril , principalement
dans les villes. Il paroît moins ridicule à la vérité
dans les jardins, ou l’enfemble eft de la même couleur.
Cependant c’eft la plus miférable de toute»
les imitations , & il eft ridicule de vouloir donner
la même teinte à un bois ou à un gazon, & à un
pavillon. Le bois & la pierre, matériaux ordinaires
des bâtimens, n’ont du verd fur leur extérieur,
que lorfqu’une main inepte les en barbouille. Un
enduit blanc n’eft point contraire à la nature, encore
moins un grifatre. Nous rencontrons ces couleurs
dans les pierres, & nous pouvons les retrouver
dans les édifices, qui font ou peuvent être faits
de pierres. Le blanc flatte l’oeil de loin , & fait an
effet merveilleux avec le vërd foncé des buiffons &
des forêts; il eft fur-tout confacré aux fcènes
riantes , & répand fur la fôlitude même un attrait
qui l’égaie. Dans la plûpart des cas, le bleuâtre ou
le gris blanchâtre mériteront la préférence fur le
blanc., Le brun foncé peut aüffi être le partage de
quelques bâtimens , d’un vieux herrnitage , par
exemple; mais le gris foncé vaut mieux que cette
couleur, & que le noir, même pour des monu-
mens de deuil. Car lorfque la couleur extérieure
eft accidentelle, il faut tâcher de cacher foigneu-
fement l’imitation , & tout édifice doit être plus
caraétérifé par fa forme &. par fon ordonnance,
que par fon enduit.
Tout ce qui regarde le crépi des murs extérieur*
fe réduit à cette règle : il faut qu’il s’accorde avec
' le caraftère de la fcène ; qu’il foir anime , quand
I elle eft riante ; doux , quand elle, eft douce ; &
quand elle tombe dans le ténébreux , qu il s enve-
■ q 1 • 1 r _ - -1- .a. C s. 1 f- W1 f !r h _
jua.C
RÉPIR, v. ad . Ce m o t, ainfi que le précédent
, dérivent du verbe latin crifpere, frifer.
C’eft employer le plâtre ou rie mortier avec un
balai fans paffer la _ truelle par-deffus ; ce qu on
appelle faire un crépu
CRÊTE, f. f. eftfynonyme de fommet; on pour-
roit dire la crête d’un bâtiment ; cependant ce mot
fe dit plus particulièrement d’une montagne.
On coupé la crête d’une,butte, pour jouir d’ une
belle v u e , ou pour établir une plateforme.
Crête eft aufli le nom des cueillies ou areftières
de plâtre, dont on ficelle les tuiles faîtières.
CREVASSE, f- f- C’eft le nom qu’on donne a
une fente ou à un éclat, occafionné dans un enduit
qui bouffe.
Les crevaffes font ordinairement caulees par la
mauvaife conftrudion des fondement Quand^elles
vont en montant tout droit fans gauchir, & qu’elles
s’élargiffent à l’un des bouts , c’eft une marque que
les pierres fortènt de leur aplomb / & que le ^fondement
eft corroiripu aux encoignures & aux cotes.
Lorfque plnfieurs crevaffes commencent par en
bas, & qu’elles vont toutes fe rencontrer comme
en un point, c’eft un figne que le fondement eft
corrompu dans le milieu de fa longueur feulement.
Plus les crevaffes font grandes, plus elles marquent
que les encoignures & les fonde mens font
ébranlés.
CRIC, f. m. • ( conftruét. ) machine propre à
soulever & à mouvoir des fardeaux , a de petites
diftances.
Cette machine ingénieufe , qui centuple la force
de l’homme, eft compofée d’une forte barre de
fer méplate , taillée en dents d’un côte. Le bout
fupérieur de cette barre , à laquelle on donne le
nom de crémaillère , eft terminé par une efpèce de
croiffant mobile , fervant à embraffer ou à fe fixer
contre le corps pefant à mouvoir. Le bout inferieur
qui forme une patte , fert, à défaut du croiffant,
pour foulever les fardeaux qui laiffent trop peu de
diftanee en deffous , pour qu’on puiffe faire ufage
du croiffant.
Cette crémaillère eft encliâffée dans une pièce
de bois méplate , dont le haut forme une efpèce de
boîte garnie de deux fortes plaques de fer , dans
laquelle fe trouve une roue à dents , portant un
pignon qui s’engrène avec la crémaillère ; la roue
à dents s’engrène avec un autre pignon auquel eft
ajuftée une manivelle.
Aux cries dont on fait ordinairement ufage dans
les bâtimens , les pignons ont quatre dents & la
roue vingt-huit , en forte qu’il faut fept tours de
manivelle pour faire monter la crémaillère de
quatre dents. Gela pofié , on démontre en mécanique
que , dans toute forte de machine à élever les fardeaux
, la puiffance eft au poids en raifôn inverfe
des efpaces parcourus. En appliquant ce principe
au cric , on trouvera que la puiffance qui fait mouvoir
la manivelle, doit être au poids fupporté par
la crémaillère, comme le chemin fait par la cré-
maiilète , eft à celui que parcourt la puiffance
adaptée à la manivelle.
Suppofons que les dents de la crémaillère font
efpacées d’un pouce de milieu en milieu, & que le
rayon de la manivelle eft de dix pouces, il eft évident
que , tandis que la crémaillère élevera le fardeau
de quatre pouces, la puiffance appliquée à la manivelle,
parcourra fept fois la circonférence d’ un
cercle de vingt pouces de diamètre, c’eft-à-dire ,
quatre cents quarante pouces. Ainfi, dans ce cas ,
la puiffance eft au poids comme 4 eft à 440 , comme
1 eft à 110.
On peut augmenter la force du cric fans changer
fon mécanifme ; il fuffit d’allonger le bras de la manivelle.
Dans cet exemple, fi le bras de la manivelle
eût été de douze pouces, au lieu de dix,
le rapport de la puiffance au poids auroit été
comme 1 eft à 132.
On peut auffi parvenir au même b u t, en diminuant
Pefipace des dents de la crémaillère far*
changer le bras de la manivelle ; mais ce fécond
moyen nécefîite le changement de pignon , qui engrène
avec la crémaillère. ( Voyt£ les figures
15 6 & fuiv. )
C R IT IQ U E , f. f. Ce mot ) dans fonfiens étymologique,
ne fignifie autre chofe que jugement
ou exercice de la faculté de juger. C ’eft par abus
qu’il femble être devenu fynonyme de blâme. Il
devient quelquefois un fubftantif mafeulin , lorfqu’on
dit , par exemple , un critique judicieux.
L a critique s dans le fens que ce mot doit avoir 9
eft inféparable des produirions des arts ; & lorf-
qu’elle eft exercée fans paflion, elle devient un
puiffant aiguillon pour les artiftes, & une école
utile pour le public.
Dans des matières naturellement foumifes à l’empire
arbitraire du goû t, c’eft.-à-dire , à cette efpèce de
faculté de juger par l’enfation, qui eft toujours
celle du plus grand nombre , il eft. utile que quelques
uns de ceux dont les fenfations ont été exercées
& perfectionnées par l’étude de la nature ,
& par une comparaifon étendue des ouvrages de
l’a r t , faffent part au public des raifons pour lef-
quelles ils approuvent ou défapprouvent. Il faut
aufli qu’on lui apprenne les motifs qu’il a de préférer
un ouvrage à un autre; c’eft-à-dire, qu’on
lui apprenne à fe rendre compte de fes. fenfations,
& fouvent. aufli à s'en défier.
Tel doit être le but d’une fiiine critique. Celle
qu’on eft dans l’ ufage d’employer eft fort éloignée
de répondre à un pareil objet. On croit avoir