& formoient le plafond. On a déjà obfervé que dans
les plate-bandes de tous les entre-colonnemens & de
tous les pfafonds des portiques, ils n’employoient
que des pierres d’un leul morceau.
Voûtes.
Les voyageurs aéluels font d’accord avec tous
ceux qui les ont précédés pour dire qu’on ne découvre
aucune indication d’une véritable voûte dans
tous les monumens de l’Egypte. Toutefois on y
rencontre une forte d’effai de ce genre deconftruc-
tion , & ce qu’on pourroit en appeler l’ébauche
groifière. Dans les pyramides, ainfi qu’on l’a déjà
d it, fe trouvent de fauffes voûtes ou des plafonds
furhauffés, fe terminant en pointe au moyen de
pierres pofées à plat ôc en reffaut les unes fur les
autres. La pierre fupérieure au lieu de faire la clef,
c’eft-à-dire, d’être taillée coniquement, l’eft elle-
même à plat au-deffus des autres fans s’emboîter
entre les deux fupérieures. De ce genre eft la galerie
dont M. de Paw ( Reck. P h il. t. 2 , p. 79 & 80 )
s’eft appuyé pour foutenir fa prétention des voûtes
en Egypte. Il accufe MM. Goguete & de Caylus
d’avoir mal examiné la queftion. Mais il paroît s’être
fortement mépris lui-même, puifqu’il argumente
d’après Pococke, qui dit n’avoir vu que trois ou
quatre voûtes en Egypte, & qu’il les a jugés des
ouvrages, faits après l’arrivée des'Grecs en ce pays.
L ’arc d’Infiné, rapporté par Paul Lucas, eft des
bas fiécles de l’architeélure romaine, ôc appartient
probablement , d’après les inferiptions trouvées
dans cette v ille, au règne d’Alexandre Sévère. Le
mot fom tx , dont fe fert Pline en parlant de la ref-
tauration des falles fouterraines du labyrinthe , n’eft
qu’un mot générique qui s’applique aux plafonds
comme aux voûtes, & dont on ne fauroit tirer de
conféquence favorable à l’art des voûtes chez les
Egyptiens. Pline , d’ailleurs , ne partait de tout
cela que fur récit & non comme témoin oculaire.
Les relies d’un pont, fur un canal qui mène à Coptos,
nous font voir de lîmples pierres plates , allant
d’une pile à l’autre. La chambre voûtée que Pococke
décrit dans les fouterrains de Thèbes , & qui
fervit d’églife aux chrétiens, lui paroît également
équivoque , ôc il leur en attribue la conftruélion,
quoique le relie de la pièce porte, par des hiéro-
glyphes_ recouverts de plâtre , le caraéière d’une
plus grande antiquité. Au relie, M. de PaW ne
paroît avoir foutenu ce paradoxe que par l’intérêt
qu’il avoit dans fon fyllême de faire dilparoître tous
les points de reffemblance que quelques favans
avoient cru apercevoir entre l’Egypte ôc la Chine.
Il feroit allez curieux que M. de Paw ait eu raifon
tout en foutenant une erreur. En effet, il paroît
bien prouvé que les Egyptiens ne firent point de
voûtes, & les nouvelles découvertes de lord Ma-
cartney en Chine, nous ont appris que les Chinois
font des ponts voûtés en plein ceinfre, ce qui prou-
veroit toujours qu’en ce genre les deux nations ne fe
fer oient point reffemblè*
S e c o n d e S e c t i o n .'
De la forme ou difpofition des édifices.
Jediviferai en deux parties cette feélion. Dans I*
première, il fera queftion de la forme générale ou
de la difpolition , c’eft-à-dire , des plans ou de
l’enfemble des monumens ; dans la fécondé, jetrai-
terai de la forme des différentes parties de détail
qui en compofent l’élévation.
A r t . Ier. Difpofition des temples.
Il eft , je penfe, inutile de dire que les Egyptiens1
fi invariables ôc fi conftans dans tout ce qui avoit
rapport aux formes religieufes, durent obferver
dans la conformation de leurs temples, des règles
immuables. Les ruines qui en exillent le prouvent
avec évidence. Ces édifices ne diffèrent entr’eux
que par le plus ou le moins de grandeur ÔC d’éten-
due. Quand on confidère les diverfes parties dont
ils étoient compofés, on voit qu’ il étoit facile d’en
augmenter ou d’en diminuer l’enfemble en raifon
de la grandeur ou de la riche fie des villes fans
pourtant rien changer aux formes effentielles.
Nous apprenons par Strabon , dans fa deferiptio»
des temples de l’Egypte ( 1. 17 ) que le nombre det
vellibules, ou de ce qu’il appelle propylés-Trpm/Mi,
n’avoit rien de fixe. Cette description toute magnifique
qu’elle foit, n’a pourtant rien d’exagéré quand
on la compare aux plans qu’on peut voir ( fig. 32a
ôc fig. 32,3,324).Toutefois comme, dans ce paffage,
Strabon ne paroît avoir entendu parler que des
temples de Thèbes, ôc non pas généralement de
tous ceux de l ’E gypte, nous fommes fondés, d’après
leé déffeins des voyageurs , 'à croire que tous ces
monumens différoient beaucoup entr’eux par l’éten-i
due , de la même manière que ceux des Grecs ou
des Romains, chez lefquels des termes différens
défignoient ces différences de grandeur, mais la
forme en étoit conftament femblable.
Les temples égyptiens ne préfentent point, comme
les nôtres, ni comme ceux des Grecs ou des Romains
, un enfemble ? un corps entier fournis à une
feule ordonnance, & que puiffe embraffer un leul
coup-d?oeil. Ils font, au contraire, un affemblage
de portiques y de cours , de veftibules, de galeries,
de falles jointes les unes aux autres ôc environnées
de murs. Chacune de ces parties ordinairement
indépendante du tout, fe trouve ornée d’une forme
de colonnes particulières, & dans des dimenlions
tout-à-fait fans rapport avec le relie de l’édifice.
C ’étoit un ufage général d’entourer de murs le*
temples. Ceux qui n’avoient pas de murailles ifelees
tout à l’entour ne laifloient pas d’être fermés en
avant ( voy. fig. 335 ) par un mur, dans lequel les
colonnes fe trouvoient engagéés jufqu’à la moitié
ou jufqu’au tiers de leur hauteur.
A l’entrée des temples, félon Strabon ( 1. tf)
étoit une grande cour pavée, qui avoit ordinairement
en longueur trois _ ou quatre fois fa largeur 3
1 « „.tanefoU encore davantage. Les Grecs 1 ap- I Dan s cette enceinte, il y avoit des
1 Pf "ttlionf comme à Bubafte, au temple de Diane
I W B § d'Apollon , fitué dans ’île flottante.
I & a, ceiui i y v c es bois étoient compofés
1 afnîhniers \ d arbres fruitiers & d’autre, efpèces.
Le î)!omos étoit orné de fph.nxs dans fa longueur
° r, largeur , diftans l’un de l’autre de vingt
| fÛUdées Du SDromos & des allées de fphtnxs on
0 , dans ce qu’on .ppeloit ou avant-
S u e . De celui-là on arnvo.t a un autre qui
I menol encore à un troifieme Le nombre des
mvylés n’étoit pas fixe ainfi qu on 1 a dit ; mais il
C io it suffi bien que les avenues de fphmxs |
fuivant la longueur & la largeur An Dromos qui
“ vironnoit le temple. Ces p ro p y le s ou a v a r e
Ztiauts font, fans doute , ces vafes portes pyramidales
, accompagnées de maffifs en forme | |
tour (v f ie . 117 ) qu’on trouve en fi grand nombre
dans lei ruines’ de l’Egypte. Ces entrées étoient
très-magnifiques. L’efpace renfermé entre un de
fes propyles , & 1 Autre étoit orne de colonnes ( v.
I fi. ü m formoit de Vaftes galeries Apres les pro-
pyléts venoit le temple ou le vécût , lequel fe com-
pofoit du g § M | du Des deux cotes du
pronaos étoient ce que Strabon appelle les ailes
W t . Chez les Egyptiens , ce qu on appeloit
ainfi,ne reffembloit pas aux aîles ou aux colonnades
des temples grecs. Il paroît, d’apres Strabon , que •
c’auroit été les deux murs qui enf^rmoient les deux
côtés du pronaos, & étoient de la meme hauteur
que le temple. Ces murs, nous dit cet auteur , s e-
lpignent l’un de l’autre au fortir de terre d un peu
plus de largeur des fondemens du relie du temple ,
mais ils fe rapprochent en s’élevant ôc penchant 1 un
vers l’autre jufqu’à la hauteur de cinquante ou loir,
Xante coudées. Ceci a paru difficile à expliquer a
Pococke.Le plan & l’élévation qu’on voit {fig» 335)
me femblent donner l’idée la plus jufte de ce que
Strabon rapporte. A prendre le monument ci deli-
gné pour un pronaos égyptien, les parties marquées
aa dans le plan comme dans l’élévation, feroient les
ailes; &ces ailes feroient ces murs inclinés qui, félon
Strabon, étoient remplis de figures fçulptées dans le
goût des figures étrufques ôc des anciens ouvrages
de la Grèce, c’ eft-à'dire, dans le gouc des figures
fans vérité d’imitation , qui par tout furent les premiers
fignes de l’écriture religieufe. Du pronaos on
divinité, lorfqu’elle y étoit repréfentèe fous quelque
arrivoit au fecos, c’eft-à-dire, le facr&rium ou le
fanftuaire. C ’eft ce que les juifs àppeloient le faint
des faints & où repofoit l’arche. Le fecos étoit fort
petit dans les temples égyptiens , top S'e <rr\yj>v
avi>p.e%pov. Sunmetron en grec veut dire modique
ôc carré. L’un ôc l’autre fens convient au facrarium
des Egyptiens. Il tft probable que les chapelles
monolythes de Sais & de Butos n’étoient chacune
autre chofe qu’un fecos fait en granité ÔC taillé d une
feule pierre dans les carrières de Syenne. On peut
voir dans la (jîg. 323) la .place du fecos; c’eft la partie
oiarquée L, Le fecos contenoit ou l’image de la
figure ordinairement d’animal , ainfi que le
difent Strabon , Lucien , &c. Dans plufieurs meme
il n’y avoit aucun fimulacre. C’étoit le lieu ou
l’on nourriffoit & entrenoit l ’animal facré qui étoit
l ’objet ou l’allégorie du culte. Les chambres que
l ’on voit dans le même plan ( fig. 313 ) environner
le fecos, fervoient de logement a ceux qui avoient
foin du temple & des animaux facrés.
Dimenfions•
Telle étoit, d’après Strabon ôc d’après les plans
des édifices qui fubfiftent encore, la difpofition des
grands temples égyptiens; leurs dimenfions étoient
ordinairement prodigieufes. L’enceinte du temple
de Diane à Bubafte étoit quarrée, ôc avoit un ftado
dans tous les fens. Le temple de Jupiter à Thèbes
avoit plus de quatorze cens pieds de long, trois cent
cinquante de large ôc trois mille cinq cens de circuit,
fans y comprendre les portiques qui y con-
duifoient. Le temple dont on voit le plan ( fig- 32,3
& 324 ) qui nous a été donné par les voyageurs ,
offre à peu de chofe près la meme etendue.
Plans.
L ’archite&ure ne trouva point en Egypte dans ce
qui lui fervit de modèle, ôc devint le type de l’art,
une fource bien féconde d’embelliffement ^ ôc de
formes variées. Il paroît qu’elle chercha a s en dédommager
par la grandeur des dimenfions, ôc aulfi.
par la multiplicité ôc l’étendue des plans. H n’exifte
nulle part d’édifices qui préfentent un affemblage
aulfi nombreux de parties ajoutées les unes aux
autres', que les temples de l’Egypte confidérés à
Thèbes , foit dans les deferiptions des anciens, foit
dans les ruines aâuelles. Toutefois le génie toujours
fimple ôc uniforme des Egyptiens sut réduire leur
enfemble à la difpofition la plus régulière ôc la plus
fy métrique. .
Les formes des plans égyptiens , dont nous avons
connoiffance, ne nous préfentent que des reflangles
& des quarrés. Quoique Pococke parle eti paffant
d’une rotonde dont il ne donne aucun détail, on
ne trouve dans tous fes deffins non plus que dans
les plans des autres voyageurs aucune forme circulaire.
Il feroit, fans doute, trop abfolu de prétendre
que jamais dans les fouterrains on n’ait donné cette
forme à quelques-unes des pièces qui compofôient
l’enfemble de ces grandes excavations. Une telle
forme n’ offre rien de plus difficile que les autres,
quand il s’agit de tailler & d’opérer dans .a malle.
Il n’en eft pas de même des conftruâions circulaires,
pour lefquelles les pierres, les matériaux demandent
un appareil & une méthode particulière.
Ce qui rend les plans circulaires d’un travail plus
compliqué & plus difpendieux, c’eft l’ art de les
couvrir. O r , les Egyptiens n’ayant pas pratique
l’att des voûtes, ils ne dévoient pas même concevoir