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port à Ta forme des parties d’un édifice ? ce font des
déliais en grand & des développemens qui fervent
à guider les ouvriers dans l’exécution des ouvrages
dont ils font chargés ; ces détails indiquent par
des cotres les dunenfions de toutes les parties, &
par des notes la nature des matériaux, & la manière
dont ils doivent être façonnés &. employés.
I l ell très-important que Parchiteéïe ou l’infpeéteur
chargé de fournir aux ouvriers ces différens détails,
ait une connoifîance particulière de toutes les efi-
pèces de matériaux, dont on a coutume de fe iervir
pour la conftruélion des édifices, afin de les employer
à propos ; il faut qu’il en connoiffe la nature,
les propriétés & la manière de les mettre en oeuvre,
ïfau tre efpèce de détails fert à évaluer lés ouvrages
faits ou à faire ; ils fe compofent de la qualité &
quantité des matériaux & des différentes opérations
nécefîaires pour les mettre en oeuvre. Quant aux
détails relatifs à l’évaluation des ouvrages, en voici
quelques exemples.
Suppofons qu’ il s’a gifle d’évaluer un mur en
pierre de taille , de qcr pouces d’épaifleur, on
trouvera par le calcul qu’il faudroit 90 pieds cubes
de pierre pour former une toife de ce mur; mais
en a coutume d’ajouter \ pour le déchet, ce qui
produit 105 pieds cubes q u i, rendus fur l ’-attelier-,
valoient, en 1790, à raifon de vingt^quatre fols le
pied, 126 »
Le bardage de ces pierres juf-
qu’au pied de l’oe u v re , à raifon
de vingt folJ.e millier , fait pour
I ) milliers , environ 15 »
La pôle & le mortier à cinq
fols par pied cube, fait pour 90
pieds 22 10
La taille des deux paremens, à
raifon de quinze liv. la toife fuper-
fiçielle , fait 30 »
Celle des lits & joints-, quatre
toiles comptées par demi-taille ,
fait v 30 »
Dépenf nette . 223 10
On a coutume d’allouer !nm.
de bénéfice à IAentrepreneur , ou- f ‘
tre les dépenfe
<1
0
Plus un ' om<». pour faux frais l
& équipages. .
Total de ce qu’il .eft dû à l’en^
trèpreneur pour une toile fuperfc
fiçielle de mur en pierre dure , '
de 30pouces d’épaifleur, d’après
les prix courans de 1790, c i . . . . 257 » <5
Pour la charpente.
On indique la quant'té & Ja qualité du bois,
♦ «travail, le tranfport &. la p o fe ; le tout s’évalue
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ordinairement à raifon du cent de pièce 1 la pi
vaut trois pieds cubes.
D ’après ces notions, fuppofons la valeur
cent de bois fur le port, à . . . .
,500
Le tranfport au chantier de . ,
25
La façon de . . . . .
80
Le tranfport au bâtiment de .
La pofe en place, de .
La valeur d’un cgnt de bois fera
de . . . . . . .
Exemple pour la couverture.
S’il s’ agit d’un comble couvert en ardoife-, e;
rappellant ce qui a été dit aux articles ardoifi k
couverture , on trouvera qu’en fe fer va rit d’ardoife
de l’efpèce- apueliée ardoife carrée , dont la logeur
eft de 7 pouces * , & les poiant à 4 pouces
de pureau , ainfi- qu’ il eft d’ ufage , un millier peut
faire 5 toifes \ dë fuperficie ; de forte que pour
une toife luperficielie, il faut 175 ardoifes, que
nous fuppoferons valoir 43 liv. le millier, ce qui
fait pour les 175 . . . . . 7 17 6
Plus une livre \ de doux à la. f.
la livre . . . . . „ . x 1 »•;
18 lattes à 1 f. pièce. . .. . „ ■ 18 1
4 toifes à de contre-lattes à 5 fols
.pièce . . . . . . 1 2 <
Une livre de doux pour lattes &
contre-lattes, à 9 f. , ci . • ' A'Â'V*: 9 1
Main-d’oeuvre • — , . l i é »
Total du prix d’une toife 13 4
Dans i’ufage ordinaire on n’aeçorde, pour les ouvrages
de charpente & de couverture , ni dixième,
ni vingtième pour bénéfice & faux-frais , parce que
la manière de toifer en tient, lieu. A l’article teif,
on fera voir qu’il eft plus avantageux pour celui
qui fait bâtir , de faire renoncer l ’entrepreneur au
mode abufif du toifé-d’ufage ,_ en lui allouant le
dixième & le vingtième pour fon bénéfice & faux-
frais.
Il eft à propos de relever une faute qui s’eft gl;&*
à l’article ardoife de ce di&ionnaire : on y trouvera-
qu’un millier d’ardoifes de Tefpèce dite carrée nt
peut faire que 5 toifes 8c demie de couverture»
tandis qu’il en peut faire 5 toifes deux tiers ; “
eft facile de vérifier çette erreur, en calculant “
fuperficie de la partie apparente de chaque arcoilî
qu’on appelle pureau ; la largeur, de l’efpèce é>
doife dont il eft qtieftion , étant de 7 pouces »
demi, la hauteur du pureau de 4 pouces , il en
dra pour une toife 18 rangs chacun 9 ardoi'fi
& 3 cinquièmes : ce qui donné en tout 173 ardoikb
que l’on porte à 175 à caufe du déchet.
Dans la fuppofition que millier d’açdoifo ^
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L •, ane i toifes & demie , 1 taudroit i8 i ar-
K qku-lien de 175 , pour une toile fupethcelle.
f n „ ’„eut' faire de femblables détails P°ur les ou-
Ë m Ë menuiferie ,en toifant la quantité: de:bo*
0 entre dans l'ouvrage qu’il
[? r t lin article à part pour chaque efpece difte-
f e tê en les diftinguant félon leur qualité & epaif-
I , ’On toife enfuite les furfaces blanchies ou cor-
lo vé es. ainfi que les moulures; on-évalué les tnor-
I X es rainures & languettes ou le sp in ts l.m-
les débillardemens, les affemblages de fujétion ; pèle tranfport & la pofe en place. Voy^ 1 article
iToisé. . 1 Les ouvrages en fer s’évaluent au poids ; on les ,
Lftingue en gros fers, comme ancres, titans., etr.ers,
Ichevêtres, manteaux de cheminée , fautons , &c.
E En- fers façonnés , comme rampes d efcalier, baf- ,
Irons grilles 5c autres ouvrages dë çette efpèce.
S Enfin en ferrures , telles que pentures, gonds ,
Lfemires, fiches à vale, à bouton, efpagnolettBs , .
yerroux, &c.
I La peinture d’impreffion s’évalue à la toife , la
vitrerie au pied , g plomb fe pèfe P o u r fe former
une idée ries détails, il faut conlulter la dermere
j édition de Bullét pat Seguin ; leGurde de ceux qui
; veulent bâtir, par Lecamus de Mçzieres ; la nouvelle
I édition des détails de menuiferie de Potaiu ; les ,
: détails deferrurerie parBonot.Quant aux prix, il tant
| les établir d’après ceux des matériaux , des tranlports
|.& des journées d’ouvriers : .pour le faire d une ira-
nièreéquitable, il faut beaucoup d’experience & une
I çoiinoillance parfaite de tous les arts qui conccu
[ rem à la conftruétion des édifices , afin d eva.uer
avec jufteffe les différentes opérations que peut exi-
| ger chaque natare d’ouvrage.
F DÉTREMPE , f. f. On appelle de ce^nom une
I manière de peindre avec des couleurs broyees a 1 eau
| & à la colle , qu’ on emploie fur le plâtre , le bois ,
F la peau , la toile & le papier fec. On s’en fert pour
I Jes efquifies , les projets, les décorations de thea-
I tre & de fêtes publiques.
ç Les peintures en détrempe fe confervent long-:
: temps lorfqu’elles font à couvert des injures de
. l’air. Les couleurs en font vives & ne changent
. point. Leur effet eft d’autant plus éclatant qu’ elles
l font expofées à une-plus grande lumieré. Il y a lieu
de croire que cette peinture eft la première dont on
s’eft fervi.
DÉTREMPER , v. a& C ’eft délayer la chaux
avec de l’eau, en la remuant avec le rabot dans le
baffm.
DETRI ANUS. Archite&e de l’antiquité ? qui vé-
eut fous le règne d’Adrien. Plus heureux ou pLus
adroit qu’Apollodore,De£rit<irtzzr fut captiver les bonr
aes. grâces de l’empereur Adrien, quiluiconfiala con-
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(fuite des plus importa® édifices de Rome .11 répara le
.panthéon d’Agrippa, la bafilique de Neptune , le
forum d’Augufle, les bains d’Agrippine, 8c plu-
fleurs, autres monumens qui tombaient en ruine ,
ou quLay.oient été détruits par le feu.
Detrianus éleva un temple, magnifique en l’honneur
de Trajan. Mais fon chef-d oeuvre fut le
maufolée d’Adrien &. le pont Ælien , qu’on nomme
aujourd’hui le pont Saint-Ange.
Les conftru&ions qui reftent encore aujourd. hui
du tombeau d’Adrien , fous le nom de chateau
Saint-Ange , atteftent la . grandeur de l ’entreprile.
La magnificence que Detrianus développa dans ce
monument , fe confirme par les colonnes de la bafilique
de Saint-Paul hors des murs, & la pomme
de pin du Vatican , qui formoient fa décoration &
fon couronnement. Si de telles autorités , fi les
détails de la conftruûion & la forme de la malle
de ce tombeau füffifent aux reftaurations que plu-
fieurs architeéles en ont faites, l’édifice fe compo-
foit d’un grand foubaffement quarré, ’âu-deflus duquel
s’élevoient deux ordres ou étages en retraite
l’un fur l’autre. Le premier étoit de 4^ colonnes
ifolées formant galerie circulaire ; \e fécond etoit
en pilaftfes , tous les deux furmontesde ftatues.^Le
couronnement étoit une efpèce de coupole revetue
de bronze, à laquelle la pomme de pin du Belvédère
fefvôit d’amortifiement.
Ce tombeau ciui fervit â renfermer les cendres
non-feulement d’Adrien , mais encore^ de la famille
; des Antoains , étoit, entièrement revêtu des plus
beaux marbres de Paros.-
Detùanus paroit avoir réuni à la gloire de grand
architeéïe celle d’habile méca-nicieri. Il trouva le
• moyen dé tranfporter d’un lieu' dans un autre le
temple de Cérès , que l’on nommoit la bonne deelie.
Quelque difficile que paroiffe une telle opération ,
elle ne peut cependant pas fe ranger au nombre
des chofes impoffibles ou invraifemblables , lur-
tout fl le temple., compofé de groffes pierres, fut
fufceptible de fe prêter à une décoailruLuon re-
gulière.
Detrianus ‘aurait eu plus befoin encore de la
fciénce dë la. mécanique, pour tranfporter , comme
on dit qu’il le fit , dans le même lieu , debout 8r
fufpendu le coioffe de Néron qui étoit de bronze,’
& avoit cent vingt pieds de haut. C ’en un malheur
pour les arts;, que de tels procédés ne nous
ayent pas été tranfmis par 1 hifi-oire.
Quoique Detrianus paffé pour avoir été l’archi-
telle favori d’Adrien , ce prince -fit élever ou
réftaurèr tant d’ édifices dans toutes les pâmes &
dans la capitale de l ’empire , ,qu’il faut bien que
d’autres artiftes ayent eu part a fa confiance. Mais
il paraît que Detrianus fut celui qui fçut le mieux
féconder, fes vues, ambitieufes.en ce genre , & s ac-
commoder à fon humeur jaloufe, ( Y oy‘ l Adm un . )
D d- x