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de pa rler de ces élabliffemens que fous le rapport
de l ’édifice ou du lo ca l qui contient les collections
d ’art.
Il n’y a pas très-long-tëraps que l ’on s*eft occupé'
de conftruire ou de dilpofer a v ec magnificence
des édifices exprès, pour en faire des mufées,
& lb nombre n’en elt pas encore confidérable en
Europe.
Sous tbufes fortes de rapp orts, le premier rang
eft du au Mujée du V a t ic a n > qui a é t é , pour la
plus grande p a r t ie , élevé & confirait p a r le pape
P ie .V I ; a v ec des acceffoires d’une magnificence
pefà commune. L ’enfemble de ce mufée. confifte
principalement en iiué fuite de (ailes qui (ont de
. plaiu -pied a vec ce qu’on appelle le Cortile di B e l-
vedere. Les morceaux les plus remarquables de
ce t enfemble, font la falle qu’on appelle des F le u ves
9 divifée en deux par des colonnes j la falle octogone
des Mules , la grande falle circula ire avec
co u p o le , dont le pavé eft formé de la haofaïque
d’Otricoli ; le veftibule où fe trouve la porte E g yp tienne
, & où l ’on arrive p a r le riche elca lier en
eôlonnés de marbre de Carrare. On n’a pas compris
ic i toutes les autres pièces déjà exiftantes
avant la conftrudlion de celles dont on vient de
pa rler. -
Depuis que le nom de mufée .eft devenu plus en
u fage , on l’a d on n é ,.& fans doute a vec beaucoup
de raifon , au bâtiment degli U f f i z i ,k F loren ce ,
« a i renferme la précieu/e collection q u o n connoît
aulli peut-être encore davantage fous le nom de
Galerie de F lorence. Cet é d if ic e , appelé F a b r ica
degli U jf iz i, avoit été originairement bâti par
V a la r i , & confifte en un yàfte -carré-long de portiques
, ou , pour mieux dire , une colonnade
d’ordre dorique formant promen oir, au-deflus de
laquelle s’élève le b a tim en t, que Bernard Bu on-
tale.nti augmenta d’un é ta g e , occupé aujourd’hui
par la galerie publique du mufée. Cette galerie
donne entrée dans un fort grand nombre de falles
ou-de-pièces clécorées'avec g o û t , où font réunies
le s diverfes riçhefi’es d’art 8c de curiofité qui font
du Mufée de Florence un des plus précieux de
1’Europ.e.
Un M ifé e c é lè b r e , celu i de P o r t ic i, qui renfer-
moit les objets de-tout genre que reproduifent
journellement les découvertes des villes jadis enfouies
fous lés la v e s & les cendres du V é l’uve , a
é té, dans ces derniers temps, transféré dans un des
b eaux édifices de Naples , qui s’appeloit & qu’on
appelle encore P a la z z o degli f lu d i.. L e roi des
D eu x-Sic ile s a réuni , dans ce beau lo c a l , toutes
les richeffes éparfes des diverfes colleêlions appartenant
au gouvernement, & ce Mufée doit être
compté parmi les plus beaux qu’il y ait. L e monument
j i l eft v r a i , n ’a voit pas été originairement
deftiné à cet emploi ; mais fa difpofilion s’y
eft trouvée extrêmement favorable , & les grands
travaux intérieurs & extérieurs qu’on y a ajoutés, le
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placent an rang des meilleurs ouvrages d’arcliitec*
ture dont Naples puilfe fe vaiiier.
Le Mufée royal de Paris occupe un local cé lèbre,
& dont il ne conviendrait pas de parler ic i fort
longuement, puifque ce local eft formé d une partie
de la cour-du L ou vre , St de l’étage fupérieur de
l ’immenfe galerie qui unit le Louvre au palais des
Tuile ries. Cette galerie , la plus confidérable qu’il
y ait en Europe , a été â ivifé e , tans être coupée
dans fa longueur, par des colonnes qui interrompent
une continuité , dont l’oeil auroit éprouvé la
fatigue , 8c ces divifions ont le rv i à clalfilier les
principales écoles de peinture.
Le local du Mufée qui renferme lès ftatues antiques
, au rez -d é-cb au dee de la partie méridionale
St occidentale du grand quadrangle de la cour
du L ou vre , le compol’e d ’une longue fuite de lalles
décorées avec goût St avec magnificence. On y
remarque la graude 8t belle falle qu’on dé,figue par
la tribune des Caryatides de Jean Goujon ,1a falle
du prétendu Gladia teu r, la falle de la Diane , une
falle égyp tienne, St un très-grand nombre d antres
revêtues de marbre.
L ’architeêlure doit aulîi fe vanter, dans les nouvelles
difeofilions qui ont été récemment termin
é e s , de la conttruêtion d ’un efcalier qui conduit
du Mufée des antiques à ce lu i des tableaux , elcalie
r aulli ingénieux dans fou plan que riche-dans
fes élévations.
Nous répétons que nous avons dû nous born'er
ic i à la fimple notice des bâlimens prelque toql
connus 8t déjà décrits , où font placées les célèbres
co lleâ ion s d’ouvrages d’art dont on vient de parle
r , St fans nous occuper des mérites refpeêlifs de
ces colleêlions : a in fi, on ne trouvera point étonnant
que d’autres célèbres coljéélions n’aient ic i
aucune mention, f i le local qii’elles o ccupen t, ne
mérite point d ’être mis au rang des monumens de
l’archileêlure.
On a donné fou ventle nom d e mufée où de mu-
f é um aux recueils gravés des ouvrages qui forment
les colleêlions publiques ou particulières , St l ’on a
fouvent abufé de ce nom , en Rappliquant à beau-1*
coup de collections , dont les objets font étrangers
aux études St an culte des Mules.
M U S T IU S , a rch ile& e , qui fut employé par
Pline-le-Jeune à lui rebâtir un temple de Cérès,
Nous n’avons d’autre notion de cet architecte
que ce lle qui fe trouve dans la lettre où Pline le
charge de cette .eulreprife : c ’eft pourquoi nous
penfons qu’on trouvera ic i a y ec plaifir l a traduction
de cette lie lire :
A Muflius.
« J e me Vois o b lig é , par l ’avis des a ru fp ice s ,
» de rebâtir plus en grand un temple de Gérés qui
» fe trouve dans mes terres. Il eft vieu x St petite
» d’ailleurs très-fréquenté un certain jour.de l’an-
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t née j c a r , aux ides de feptemb re, il s’y rend
» beaucoup dé peuple de Ions lès pays d ’alentour.
» On y traite beaucoup d’affaires , Si on y acquitte
» beaucoup de voeux. Cependant il n’y a , dans le
» voifin ag e, aucun abri contre le foleil ou contre
» la pluie. Je ferai donc une oeuvre de religion
» à la fois S: de magnificence, fi j’ajoute au nou-
jî veau temple des portiques- : l’un fera pour la
» déeflè , 8c les autres à l ’nfage des hommes.
» A in f i, je vous prie de m’acheter quatre colonnes
oi de marbre', de telle efpèce qu’il vous plaira 3 de
» p lu s , tous les marbres néceflaires au pave du
v temple St à l ’incruftation des murs. I l faudra
v> avoir aulli une ftafue de la déefte : le temps a
» mutilé ce lle de bois qu’on y avoit anciennement
» placée. Quant aiix portiqnes, je ne penfe pas
à que nous ayons befoin de faire rien vénir des
» lieux où vous ê te s , fi ce n’eft un déifia conforme
» à ce qu’exigera le terrain ; Car il ne fera pas p o f-
» fible de les bâtir autour du temple. Il eft en v i-
» ronné d’ un côté par le f leu v e, dont les rives
» font efearpées , 8t de l’autre par le chemin. Mais
» au-delà de ce chemin eft une vafte p ra ir ie , où
» il me fetnble que l’on pourrait bâtir lés p o r-
» tiques en rega rd avec le temple, à moins que
A vous , dont l’art fait vaincre les difficultés ,
» n’ayez quelque chofe de mieux à me commu-
» niqueT. Ad ieu . »
Pline-le-Jeune avoit hérité du goût de fon oncle
pou.r les beaux-arts. Un très-grand nombre de fes
lettres^nous lè montrent non-leulement comme un
âmaleur in ftru it, mais comme un proleCteur aulli
à è lif qu’éclairé. 11 paroi t' que fa fortun e, d ’accord
a v e c fon goût 8c a vec les emplois p u b lic s , 1 avoit
mis à même de fa von fer les grands travaux de l’a r t .
de bâtir. Nous trouvons , en e f fe t , qu’il avoit fait
conftraire des bains pmjr les Prufiens dans la ville
de Nicomédie j qu’il a v o it , dans la même v i l l e ,
réparé les dommages.d’un incendie qui avoit cou-
fumé plufieurs mailons de p a rticuliers, deux édifices
publics , un temple d’I fis , & lé palais ; q u i l
avoit élevé un aqueduc pour donner de l’eau à la
v ille j qu’ il y avoit rebâti un temple de Cy bele j
qu’à N ic é e , il avoit fait achever un théâtre 5 à Sy-
11 o p e , un aqueduc confidérable , 8c fait voûter à
Ameftris un égout public.
M U T IL ER , v. a cl. Ce mot fe dit plus volontiers
des ouvragés de fculpture ou des ftatnes , auxquelles
le temps 8c les caufes nouibreufes de de f-
friiêVion ont fait perdre quelque partie- de leur enfemble.
Dans ce cas , on emploie ce mot -pour les,
ouvrages d’a r t , comme à l ’égard des hommes que
les accideus de la guerre ont privés de quelque
membre. , . '
On fe fert aulfi du verbe mutiler y en architecture,
dans deux cas eli lié ren s, foit pour exprimer qu’un
'ch apite au , qu’ un entablement, par ex em p le , ou
une colonne , ont perdu leur intégrité par lè fait
des fra&ures que mille accidens divers ont pu y
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opérer J foit lorfqu’on veut exprimer qn’il a été
retranché , de certaines parties conflitutives d’un
ordre ou d’un enfemble de p a rt ie s , quelqu’un des
membres qui les doivent compofer.
A in fi , dans ce dernier fe u s , on dira d’un architrave
corinthien qu’il eft m u tilé , fi l’on en retranche
la faillie des bandes ou moulures , comme-
l-’a fait Lernercier au p'ériftyle de la Sorbonne. Un
entablement fera m utilé fi l ’on en retranche la
f r i fe , ou fi on fe permet de le découper pour y
faire palï’er des objets étrangers. Une corniche
fera m u tilé e , fi on l ’interrompt pa r des croifées ,
comme on le v o i t , pour en donner un e x em p le ,
à la corniche de la galerie du Louvre , où des
chambranles interrompent fa continuité.
M UT IU S (C a ïn s ) . Deux paffuges d e V i t r u v e ,
l’un , lib. 3, ca p. 1 , l’autre, lib . 8 , P r ce fat., nous
apprennent que C a ïu s Mutius fut l ’architecxe de
ce temple de 1’IIonheur 8c de laT e r tn qu’avo il fait
b âtir Marce ïlus, celu i qui prit Syra cu fe. L e fou-
venir de ce temple s’eft con fe rv é , furtout par la
b elle idée qu’il paraît que fa difpoûtion retraçoit,
puifque , voulant réunir les deux divinités de
l’Honneur & de la V e r tu dans un feul lo e a l, ce
que les rites ne perinetloient p a s , Marceïlus en
avoit ordonné les parties intérieures de manière
. que l ’une cojiduifoit à l ’au tre , comme la vertu
mène à l ’hon n eu r ..
De quelle façon Caïus Mutius exécuta-t-il ce
projet ? Si l ’on en 'croit V itra v e , i l n’y aimât eu
qu’un temple :-dès-lors il auroit é té divifé fur fa
largeur en deux p iè c e s , dont l ’une donnoit entrée
dans l ’autre. Noùs difons que ce la paraît avoir été
a in fi, p u ifq u e , dans le premier paffage c i t é , V i-
truve met le temple de l ’Honneur 8c de la V ertu
au nombre des temples p ériptè res, a v ec l’exception
qu’il n’avoit pas de poflicum. Honoris & V ir -
. tu t is fin e p o flico à Mutio fa c ta .
Dans le fécond pafl’a g e -c ité , Mutius aurait fait
p r eu v e , en conftraifant ce tem p le , d’une grande
habileté & d’un favoir profon d, dans les proportions
foit des colonne«, foit des profils j 8c s’il eût
été de inarbre , félon V it r u v e , on l ’aurait mis au
nombre des plus remarquables édifices , autant
pour la magnificence que pour la beauté de l’art.
C ’eft dans ce temple que le férial rendit le décret
qui rappela Cicéron , qui dit lui-même 8c de lu i-
même : In ternplo Honoris & Virl-utis honos ha -
bitus effet virtuti.
M U TU L E S , f. f. pl. Ce fon t, dans la corniche
de l’ordre dorique , des objets correfpo-ndans à
ceux que nous avons dit s’appeler modUlons, chez
■\t lesjModernes, dans les coruiches des autres ordres.
L e mot mutuley q u i , ainfi qu’on l’a remarqué à
l ’artic le Modillon {v o y e z ce mot) , étoit le feul
en latin appliqué à tous les o rd re s , eft relié aujourd’hui
appliqué au feul ordre dorique.
Les mutules font au nombre d e c^s membres de