
124 c O U
fe fond faites les plus1 -grandès ■ -lézardes , elles
partagent le mur de la tour du dôme en quatre
parties qui fe fubdivifent en plusieurs autres, parce
que c’eft au-deffus' des grands arcs que le font
opérés les plus; grands afiaiffemens.
Le déchirement qui a dû fe faire pour que
le plus grand taffemsnt s’effeéfuât à l’intérieur ,
a pouffé en dehors les revêtemèns & les contre-
forts; c’eft pourquoi leur fur-plomb eft plus, con-
iidérable qü’ à l’intérieur , dont quelques parties
penchent en-dedans. Le fur-plomb extérieur a fuivi
l ’affaiffement des piliers, enforte qu’au-deffus du
pilier de Saint-Longin, qui a le moins baiffé , les
contre-forts font d’aplomb, & que les contre-forts ,
qui ont le plus grand fur-plomb, font ceux qui
font au cleffus du pilier de Saint-André qui a le
plus baiffé.
Il réiulte de tout ce que nous venons de dire,
que les premières caufes de tous les effets qui
fe font manifeftés à la coupole de Saint-Pierre de
Rome, font véritablement les affaiffemens inégaux,
tant tlu loi que du genre de eonftruélion que
l’on a adopté. Les fécondés* font la difpofuion
vicieufe du grand corridor circulaire pratiqué dans
le foub ffement, & des quatre efcaliers de la tour
du dôme. Les troifièmes , font la forme du cintre
des coupoles 8c le trop grand poids de la lanterne.
Les quatrièmes, font les trembiemens dè terre, les
percuffions de la foudre & les imtempéries de
l’air , qui finiffent par, détruire les-édifices les plus
folides & qui agiffent avec plus de force iur ceux
qui ont déjà quelques défauts.
A R T I C L E T R O I S I E M E .
Détail des moyens qu'on a employés pour, remédier
aux effets de la coupole de Saint-Pierre.
Comme prefque toutes les défunions qui fe font
faites à cet édifice font verticales , qu’il a une
forme ronde , les moyens qui parurent les. plus
fimpies &. les plus efficaces furent, i9. de réunir
toutes fes parties, en les refferrant avec plufieurs
grands cercles de fer placés à l ’extérieur, aàix endroits
ou l’ on jugea que les défunions étoient les
plus dangereufes; ï,°. de raccommoder celui des deux
anciens cercles qui eft auteur de la coupole intérieure
qui s’eft trouvé rompu en deux endroits- ;
39. de raccommoder toutes les défunions&.lézardes
de l’intérieur, les. plus apparentes, en prenant toutes
les orécautions convenables pour le faire d’une
manière lolide, fans nuire a 1 édifice.
Le nombre des nouveaux cercles de fer fut
d’abord fixé à cinq. Ils furent fabriques dans les
forces de Conca , aux environs do Rome. Ces
cercles font compotes de grandes bandes de fer
plat, de quinze à feize pieds de longueur, fur
trois pouces & demi de large & vingt-cinq lignes
d’épaiffeur. D ’un côté, ces bandes de fer font'
terminées par une boucle ou oeil fimple, & de
C o u
l ’autre, par une efpèce de fourche avec un oeil
à chaque branche. Cette fourche eft faite pour
recevoir l’oeil fimple d’une autre bande. L ’affem.
biage de ces bandes eft fixé par deux grands coins
enfoncés à coups de maffe, à réboüfs l’un de l’autre,
dans les trois boucles réunies des deux bandas
de fer qui s’ajuftent l’une au bout de l’autre. Cw
coins ont environ vingt pouces de long , trois
pouces & demi de large & vingt-cinq lignes d’é-
paifîeur par le gros bout. Cette épaiffeur 1e réduis
à rien par l ’autre bout. Dans les endroits où ces
cercles ioniv pôles fur de la maçonnerie en briques,
on a eu la précaution de mettre des lames da
plomb fous le cercle de fer , pour empêcher que
la roideur du fer n’écrafât la maçonnerie ; on ea
a mis auffi en plufieurs endroits où les cercle«
font placés fur la pierre de taille, fur-tout au droit
des affeniblages , pour empêcher que les coup»
de raaffe ne fiffent éclater la pierre.
Le premier cercle fut placé au-deffous de la
corniche c!u ftylobate extérieur, fur lequel font
établis les contre-forts ornés de colonnes. Pour le
placer, on fit une entaille de fept à huit pouces
de profondeur; il eft compofé de trente-huit bandes
de fer de la forme & dimenfion que nous avons
dit. La circonférence de ce cercle eft de cinq
cents quatre-vingt-un pieds, il pèfe, compris les
coins ‘ & lames de fer qui ont fervi à le faire
ferrer* 32,54a livres romaines & cinq feptièmes qui
font 2.4,407 livres, poids de Paris.
Le fécond• cercle fut p.ofé au-dessus de la
Corniche des contre-forts, au-devant du premier
foele de l’attique. Pour le mettre en place , on
perça tous les avant-corps, afin de les faire pofer
fur une courbure uniforme. Ce cercle ne fut point
entaillé dans les intervalles des avant-çorps. On
forma, pour le couvrir, une efpèce de gradin qui
fe trouve caché par la faillie de la corniche. Ce
cercle.eft formé de trente-trois pièces; fa circonférence
eft de 484 pieds. On trouva que fon poids
étoit de 2.7,456 livres romaines, compris coins &
lames de fer-, qui font 2,0,59a livres de Paris.
Le troifième cercle fut pofé au-deffus de Fat-
tique , à la riaiffimce de la coupole extérieure. Il
paffe fous les côtes & il eft entaillé de fon
épaiffeur dans les intervalles. Ce cercle eft caché
par la couverture en plomb de la coupole; il eft
compofé de trente-deux pièces; fa circonférence
eft de 475 pieds. Son poids, compris les coins,
s’eft trouve de 26,965 livres cinq feptièmes romaines
, qui valent 2.0,224 livres un quart dè Paris.
Le quatrième cercle fe trouve à moitié de U
hauteur de la coupole extérieure-; il eft encaftre
dans la voûte de ion épaiffeur & pafle. ions la
faillie des côtes. Ce cercle eft compolé de vir.^t-
huit pièces : fa circonférence eft de quatre cents lut
pieds. Il pèfe 23,-010 livres romaines , qui font
17257 ‘livres & demie de Paris.
Le cinquième cercle eft placé, au-deffous dupla*
c o u
teau d6 la lanterne, il eft entaillé de même & paffe
folls h faillie des côtes : il eft compolé de leiza pièces;
fa citconférencé eft de 1 5 5 pieds. Il pefe 9070 livres
deux feptièmes romaines, qui valent 0002 livres
trois quarts de Paris.
Les deux premiers cercles furent pofes en août &
feptembre de l ’année 1743. .Les ,deux ^uivanè dans
le courant des^ mois de mai & juin 1744» & ^le
cinquième en août & feptembre de la même année,
s Ce fut le marquis "de Poleni de Padoue, qui in-
: cliqua les endroits où ils devoiént être placés, ainfi
que leur forme & leurs dimenfions; & Louis Van*
f vit elle, architeàe de la fabrique, dirigea toutes ces
| opérations.
Quelque temps après que ces cercles furent po-
fés, on propofa d’en ajouter un fixième, '& de le
placer auffi à l’extérieur, environ un pied au-dêf-
i Tqus de Fendroit ou la coupole fe divife en deux.
La néceffité de ce cercle ayant été reconnue , il
[ fut exécuté de la même manière que les précédens
[ dans les mêmes forges ; il fut mis-en place dans le
[courant du mois de feptembre 174^ > on F enta ilia
de même dans l’épaiffeur de la voûte, & on le fit
[ paffer fous les côtes. Ce cercle eft compofé de vingt- .
I deux pièces ; fa circonférence eft de quatre cents
qiiarante-un pieds;; il pèfe environ dix-huit mille
fept cents foixante-deux livres, poids de Paris.
L Les lames de plomb que l’on avoit mifës fous ce
| cercle pour empêcher que la maçonnerie en briques
ne s’écrasât, furent coupées en-deffus & en delious
[ par les bandes de fer que l’on fit ferrer avec la
I. plus grande force.
I Enfin, on raccommoda l’ancien cercle de fer au-
I tour de la coupole intérieure, dont il a été déjà
[ parlé. Ce cercle s’étoit rompu en deux endroits.
I On fubftitua deux grandes pièces de fer aux en-
I droits où fe trouvoient les 'ruptures-. La longueur
I de ces pièces eft devingt-fept pieds, & leur grof-
Ëfeur & ferme comme celles des autres cercles; il
fe fut ferré, de même avec de grands coins méplats*
I après quoi on refit la petite maçonnerie en briques
I qui le recouvre.
De la réparation des lézardes.
C O U 125
deux pieds en deux pieds, de grands coins de bois
doubles, avec des coins de fer au milieu.
Dans le rétabîiffement des lézardes des quatre
efcaliers évidés dans l’épaiffeur du mur du tambour
du dôme , ôn n’y employa pas de coins. Cettë
précaution étoit beaucoup plus fage que de cher?-
cher à augmenter l’effort latéral en y enfonçant
des coins à grands coups de malle; comme nous
venons de dire qu’on a fait pour les autres parties.
Nous avons déjà obfervé que la plus grande lézarde
étoit au-deffus du pilier de Ste. Véronique.
Lorfqu’il s’agit de la rétablir, on commença par détruire
l’enduit de fuie pour en découvrir l’étendue.
On trouva que fa largeur au droit de Fattique, étoit
de plus de trois pouces, & qu’elle traverfoit* depuis
la-face intérieure du dôme jufqu’au vide de
l’efcalier. Les parties qui formoient les bords de
l’ouverture de cette lézarde , étoient brifées au
point qu’elles fe démoliffôient d’eiles-mêmes ; tant
elles avoient été ébranlées par l ’effet du taffement
inégal qui a occafionné le déchirement du mur de
la tour, aux endroits où il étoit le plus foible. Après
que Fon eut fupprimé tout ce qui étoit défuni, il
refta une ouverture affez confidérable pour qu’un;
homme pût y paffer debout. Dans les débris de
cette démolition , on trouva d’anciens doux qui
avoient fervi à boucher la première défuiiion, lorf-
qu’on fit le revêtement en mofaïque ; ce qui" prouve
que les efforts commencèrent à fe manifefter ,
dès que la coupole fut achevée.
Cette partie fut reftaurée en bonne maçonnerie
de briques :, ainfi que toutes les autres lézardes &
défunions apparentes de la coupole intérieure. Après
quoi, on refit les ornemens de. ftuc & autres qui
fe trouvoient à l’endroit de ces lézardes. On fe
fervit pour cette reftauration, d’un échafaud fort
léger, imaginé par le fieur Thomas Albertini, inf-
peéleur des ouvriers de la fabrique de Saint-Pierre*
Cet échafaud adapté à la partie concave de la coupole
, étoit fort ingénieusement iufpendu ; il s’éten-
doit depuis l’ouverture de la lanterne jufques fur
l’entablement de l ’ordre intérieur. On peut voir le
profil de cet échafaud , levé fur le lieu , dans
l’ouvrage de M. Dumont- ->
I On ne s’eft pas contenté de ftucquer fimplement
|ces défunions ; on les a' remaçonnées avec de
nouvelles briques, après les avoir découvertes.
IDans celles des quatre grands arcs, on ër.foaça à
[ coups de ma fie près de deux cents grands coins de
I fer plats alûtés d’ un côté'en 1- mes d’épée. La lon-
I gueur de ces coins étoit depuis un pied jufqu’à
s deux pieds & demi ; leur largeur étoit d’environ
[ trois pouces, -& leur groffeur par le haut de huit à
| neuf lignes.
I On reftaura de même la grande lézarde circu-
! la ire de la voûte du corridor pratiqué dans Tépaii-
I eur du foub&ffemént du dôme , au-deffous des
eonue-forts. On enfonça, dans cette lézarde, de
Obftrvations fur ta moyens employés à la refiaura»
tion delà Coupole'de Saint-Pierre.
Les grands édifices font fujets à deux effets principaux
, qui peuvent caufer leur ruine ou l’accélérer.
Le premier eft l’affaiffement inégal du fo l ,
Ou des ouvrages de maçonnerie. Cet effet eft connu
dans Part de bâtir, fous le nqm de taffement* Voye^
ce mot.
Le fécond effet, que Fon appelle poujjée, eft le
réfultat de certaines conftru étions qui ne portent
pas dans toute leur étendue lur des murs ou pieds-
droits ; telles font les voûtes dont le milieu parok
le feutenir en Pair, & qui tendent à écarter les