
des tnormcies , à Paris, offre un compartiment de
petits pavés repréfentahs les armes de France ; on
leur a joint fouvent d’autres pavés de pierres-à-
fufil , ou de pierres de Caen, pour former des
rofes, des Iofanges , des échiquiers dans des arrières-
cours , grottes, l'allés baffes , &c. La cour du château
d’Ecouën eft pavée ainfi, & elle eft vraiment
fingulière par le foin qu’on y a apporté.
On pave quelquefois en briques les villes oh il
n’y a point de charrois, les chemins relevés pour
les gens de pied et lés terraffes ; on les pôle de
plat ou de enamp, et /les compartimens s’en font
en liaifon , ou en épi. L ’épi eft une forme angulaire
& liaifonnée tout enfemtle. ( Voye^ Pa v é s , Briques
, POUZZALANES , LaVES.
C ompartiment de carreaux de terre. Ces
carreaux fortent de la fabrique avec la forme, qui
fixe leur, compartiment. Iis font maintenant carrés ,
ou exagones, mais on emploie les carrés que
dans les, âtres. On en faifoit autrefois de triangulaires,
d’oélogones, ckc. &'on en plaçoit un carré
& verniffé dans le vide que les çétogones lai fient
nécefiairement entre eux ; ce dernier compartiment
a fait place aux Peuls exagones, ( Voyeç C arreaux.
C ompartimens de carreaux de pierres.
Lorfqiieces Carreaux font faits de pierres d’un
même grain , on les difpofe carrément, ou en
Iofanges & on les borde de plates-bandes ; mais
lorfqu’ils font, les uns de pierre blanche & les autres
de pierre noire , on en varie autant \es compartimens y
que l’on peut combiner de figures régulières , de
deux couleurs, & on eft même parvenu jufqu’à en
faire en manière de labyrinthes, composes de frifes ,
& de fentiers en guillochis. On en voit un fem-
blabié dans la grande églife de Saint-Quentin , en
Picardie; je le cite comme exemple, & non pas
comme modèle.
C ompartimens des pavés de marbre. On
•les divife en grands & en petits compartimens. Les
plate-bandes des grands compartimens font réglées
par les dimenfions des avant-corps & arrière-corps
des pilaftres, par les pans coupés, portions de cercle
& autres difpofitions des plans. Les panneaux doivent
répondre aux compartimens des voûtes fofites, &
fe diftinguer par des marbres de diverfes couleurs ;
dans les figures rondes ou ovales, on fait des compar-
■ timens de rofes, appelés compartimens polygones. Ils
font formés de figures régulières & répétées, qui
peuvent être comprifes dans un cercle; tels font ceux
du Val de Grâce &de I Aflomption à Paris. Les compartimens
carrés ne font donc point admiflibles dans
une figure circulaire ; & les compartimens ronds
nq le font pas plus dans les figures carrées : cependant
les uns & les autres ont été àinfi employés,
& fans doute on y a applaudi; car bien louvent
on a pris des contra dirions pour des oppofitions.
Quant aux petits compartimens} ils fe font de
mofaïque ou de pierres de rapport, diftribuées par
plate-bandes , lei'quelies font carrément ou circulairement
entrelacées, & renferment différentes
fortes de figures. Le pavé de Sainte - Sophie à
Conftantinople, & celui de l’églife Saint-Marc , à
Venife, font faits de cette manière. Il y a encore
d’autres petits compartimens, ce font ceux qui repré-
fentent en marbre, les mêmes figures des compartimens
de vitres ; on en trouve de pareils dans
l’églife de l’abbaye de Joyenval près Saint-Germain-
en-Laye; mais, en généra), tous ces petits compartimens
paroiflent aufli déplacés dans de vaftes
édifices, que de grands compartimens le feroient
dans des édifices médiocres.
Les compartimens de pavé de marbre exigent
' autant que ceux de lambris, l’union & l’Accord
des couleurs; »mais pour inquiéter la vue & tr.om-<
per les pieds, on ne doit pas donner à leur furface
unie une apparence raboteufe ; il faut donc éviter
les compartimens d’oélogones mi-partis, de dez ou
de cubes , de pointes.de diamans, d’étoiles doubles
ou confufes, & enfin de toutes les figures qui vous
offrent l’illufion d’un relief, 6c fur leîquelles on ne
pourrait ni avancer nife fou tenir', fi elles exiftoient
réellement. On ne marche point avec plaiûr parmi
des ronces, des ornières & des cailloux ; mais on
ne fe laffe point de marcher dans une verte prairie ,
fur des feuillages ou fur des fleurs.
Une grande partie des édifices de l’Italie ren-
fertnent d’excellens- modèles de pavé de marbre;
& , fans fortir de la Trance , l ’églife des Invalides
& les châteaux de Verfailies & de Trianon pré-
fentent des morceaux en ce genre , dont on n§
peut trop admirer la délicateffe & l’agrément.
C ompartimens asiatiques. Combinaifon de
carreaux de porcelaine, ou d’autres terres cuites ,
de diverfes formes & couleurs. On les appelle afia-
tiques, parce qu’ils font très-anciens en Afie , &
que les peuples de cette belle partie du monde,
en revêtent les murs, voûtes & pavés de la plûpart
de leurs édifices. Les Maures , conquérans de l’Ef-
pagne, lés employèrent autrefois à la décoration,
des monumeiis qu’ils élevèrent dans ce royaume ,
& dont plufieurs fubfiftent encore. L’éclat dé ces
compartimens infpira le défir de les-imiter ; & , en
effet, on en trouve de -pareils dans quelques villes
d’.bfp.-gne & de Portugal. Le château de Madrid,
près Paris, ayoit été ainfi décoré ; les arts & lent
hiftoire en perdant ce monument , ont perdu plus
d’une efpèce de leçons ou de fbuvenirs utiles, &
plus d’un exemple de goût & de magnificence.
J’ai rappelé ici les compartimens a fia tiques ,
perfuadé qu’ils peuvent être perfe&ionnés & heu-
reufémant employés, fur-tout dans la France, oîi
le marbre eft rare & où la porcelaine fe fabrique
avec fuccès. Si les. orientaux l’emportoient encore
fur nous par la vivacité des couleurs , qu’ils doivent
à leur climat plutôt qu’à leur art , nous
l’emporterions inconteftablement fur eux, par la
variété des objets & la beauté du deflin , & nous
charmerions les1 yeux qu’ils fe contentent d’éblouir,
Je termine l’article des compartimens^, en ob-
fervant que chaque compartiment doit être ifêlqM
au lieu qu’il doit orner , aux objets dont il eft
Compofé & aux matériaux que l’on met en oeuvre;
car chaque matière a un emploi convenable a fa
nature , chaque objet une difpofition conforme a
fa figure, & chaque lieu une décoration analogue
à fa deftination : ainfi,' l’art des compartimens veut
du goût, de l’entente & de la raifon , &ians cela
il celle d’être , ou n’eft que puériL •
C ompartiment, fubft. m. (C onstruction.)
On appelle airifi , en àrchiteilure, la diftribution
régulière des parties qui doivent former un tout.
Les -voûtes', les plafonds , les lambris de menui-
ferie, le pavé des appartement, les vitrages, les
jardins, les parcs 8c même les villes font fufeep-
tibles d’être divifés en parties régulières difpo'ées,
fymétriquement, auxquels on donne le nom de
compartiment.
Les compartimens que l ’on forme dans les
voûtes, font ordinairement formés par des arcs doubleaux,
ou des renfoncemehs qui peuvent être
carrés, Iofanges, otlogones , exagones, circulaires
, tkc. ; dn leur, .donne le nom de caifTons;^ Voycç <
, ce mot. ; Tels, font les compartimens dé : la grande :
voûte du Panthéon,, de celles du ternple de la,
Paix à Rome; du Yabde-Grace &. d’autres édifices
du même genre.
En Italie, où l’on conftruit ordinairement les
voûtes en briques, lorfqu’on veut quelles foient
" o ruées d’un compartiment de1 caillons , on forme
fur le céintre, avant de eonftrùire la voûte, les
contre-parties des panneaux ou caillons qui doivent1
. former les compartimens , avec leé' moulures &
ornemens autour; ces ornemens fe font avec de
la terre glaife, de manière qu-’en formant de deflùs
les celntres , 'tous les renfbncemens fe trouvent
faits & les ornemens ébauchés.
Lorfque les voûtes.doivent être conftruites en!
pierre de taille;* on peut difpofer leur appareil de
manière à pouvoir ébaucher les pierres avant de
les pofer en place , afin d’avoir moins de pierre
à ôter fur place & de ne pas fatiguer la voûte.
On divife aulfi les plafonds en compartimens qui'
paroiflent formés par la difpofition des poutres ou
principales pièces de bois qui fervent à leur conf- ;
truêfion : tels font les compartimens des plafonds
de Ste.-Marie majeure , <8& des autres bafiüques
de Rome. (Voyc^ le mot Plafond,, )
Les lambris de menuiferie font compofés de
panneaux & de pilaftres combinés d’une infinité de
manières différentes ; ces compartimens font aulfi
utiles à la décoration qu'à la folidité de cette efpèce
d’ouvrage , par la combinaifon des pièces de bois
qui le compofent, & à la difpofition des traverfes
qui encadrent les panneaux , qui fe réunifient en
tous fens, à bois de bout_; d’où il réfulte que le
renflement du bois, dans les temps humides &. fa
retraite dans les temps fecs, ne caufe aucune désunion
;- cet ’ effet alternatif du bois fefad.int fentir
dans le fens de la largeur , on a le foin d’aflembier
les panneaux dans les traverfes, en pratiquant ,
dans ces derniers , des rainures plus profondes que
les languettes des panneaux qui doivent y entrer1;
de cette manière ,• les panneaux & même les traverfes
peuvent augmenter dé largeur , fans que
les défunions paroiflent, parce que cet effet fe
perd dans le fond des rainures.
Il n’en eft pas de même des compartimens eh panneaux
écrafés, comme les parquets ; c’eft pourquoi
ils font fujets à des défunions auxquelles on ne peut
obvier. . >.
Les compartimens des pavés fe forment de parties
femblables ou variés, diftinguées par des couleurs
différentes. Les figures les plus ordinaires qui
fervent à former les compartimens des pavés font
le5 carrés , les re&angles , les Iofanges, les triangles
équilatéraux, l ’exagones, ; l’oétogone , &c.
( Voye^ les mots C arreau 6» Pa v é .)
Les vitrages fe divifoient aufli, autrefois, en
compartimens ', fur-tout ceux d’égiife & des mai-
fons religieufes ; on y employoitdes pièces de verre
■ de toute forte de forme , affemblées avec des petites
lames de plomb. Quelquefois ces pièces de
verre étoient colorées , de manière que l’enfemblâ
formoit un. tableau , un écuflon .ou un ornement
quelconque. ( Vcye\ les mots V itraôe , V itre &
. V itrier. )
Les compartimens de jardins font formés par des
allées, des plate-bandes, des pièces de gazon , des
malfifs d’arbuftes qui peuvent fe varier d’une infinité
de manières différentes.
I l y a des v ille s , des bois, des forêts qui font
percés fymétriquement par des Irues, des allées,
des chemins y qui forment, avec les places & lés
carrefours, des compartimens réguliers dont le plan
; eft agréable.
COMPARTIR. v. act. Partire 3 ou partiri cum
ordine. Partager, départir avec ordre, faire des
compartimens. Compartir eft inufité ; cependant , il
me femble que l’on diroit aufli bien compartir des
feftons , que faire des compartimens de feftons, le
• verbe faire étant d’ailleurs aflez fréquemment employé
dans notre langue.
COMPAS, fubft. mafe. Inftrument de mathématique
, dont on fe fert pour décrire des cer-
cteis, efpacer des lignes, fixer des points & mefuret
des diftances. '
On attribue Pinventicn du compas à Talus ,
neveu de Pédalé, par fa foeur. ( Voye{ T alus &
D édale. , llfaudroit plutôt l’attribuer aux Egyptiens,
qui avoient conftruit des édifices vaftes ÔC
réguliers^ long-temps avant le fié . le où parlent ces
deux artijles ; mais comme elle eit une fuite ce i’idée
de mefure , je crois que ceux auxquels elle appartient
furent ceux qui firent lés premiers partages.
«