
d’être coûteufes; cependant c’eft l’unique moyen
dont on puiffe faire ufage pour la diftributio 1 des
eaux, lorfque la quantité que l ’on a à conduire
eft fort petite, & que par conféquent les tuyaux
doivent avoir un très-petit diamètre. Voyc^ T uyaux
DE PLOMB.
Des conduites en fer.
Après les conduites en plomb, les conduites en
tuyaux de fer fondu , font celles qui valent le
mieux ; elles ont les mêmes avantages, lorfqu’ il
s’agit de conduire les eaux en ligne droite , ou que
les contours font très-alongées ; elles ont de plus
l ’avantage d’être plus folides , plus durables &
moins coûteufes. Ces conduites font excellentes lorsqu'on
a une grande quantité d’eau à conduire.
Avec cette matière , on eft venu à bout de faire
des tuyaux qui ont jufqu’à trois pieds de diamètre.
Les tuyaux qui font terminés par des embaffes
carrés, fe joignent par le moyen de quatre vis &
de rondelles de plomb ou de cuir. Voye\ l’article
T uyau de fer.
Les conduites qui doivent être placées fous le
pavé des rues des grandes villes , valent mieux en
plomb qu’en fer, parce qn’en a éprouvé que celles
en plomb réfiftent mieux au roulement des voitures
& que ces roulemens occafionnent un fré-
miffement qui fait que l’eau s’ échappe par les jointures
des conduites en fer, malgré toutes les précautions
que l ’on peut prendre pour y obvier.
Des conduites en grès ou tuyau de terre cuite.
Ces conduites font les meilleures dont on puiffe
fe fervir, pour conduire les eaux qui font deftinées
à être bues , parce qu’étant verniffés à l’intérieur ,
le limon ne s’y attache point, & que l’eau y con-
ferve fa pureté & fa fraîcheur, & qu’elle n’ac-
quiett en y coulant ni mauvais goût, ni qualité
nnifible, comme dans les tuyaux de métal ou de
bois. .
On ferme les conduites en grès avec des tuyaux
qui s’emboîtent l’un dans l’autre ; on garni les
joints avec de la fifeaffe & du ciment gras. En
quelques endroits de l’Italie, on fait ufage d’un
maftic qui m’a paru excellent, & qui acquiert
avec le temps beaucoup de dureté : il eft compofé
de fleur de chaux & de marbre pilé, broyé avec
de l’huile de lin; on y ajoute quelquefois du verre
pulvérifé.
On fait encore du maftic, en éteignant de la
chaux-vive avec de l’huile ; on y ajoute du coton
ou de la laine hachés bien menu , & le tout bien
mêlé.
Il y en a qui font un maftic avec de la poix
radoucie, avec de la cire neuve, un peu de térébenthine
& de la pouflière de verre ; le tout employé
bien chaud.
"Nos fontainiers font ufage d’une coropofition à
laquelle ils donnent le nom de ciment perpétuel l
compofé de poterie de grès pulvérifée , de mâchefer
, de tuileau, de pierre de meulière & de
chauxrvive ; toutes ces matières bien broyées en-
femble forment un ciment excellent qui durcit
beaucoup dans l’eau & à l’humidité.
Les conduites'en grès font plus économiques que
celles en plomb ou en fer ; mais on ne doit les employer
que pour les eaux que les fontainiérs appellent
eaux roulantes ; c’eft-a-cire, qui ne font pas
forcées à remonter, parce que leur fragilité ne
leur permet pas de réfuter au refoulement de l’eau 9
fur-tout lorfque la charge de cel{e-ci eft confidérable.
Dans ces cas l à , on\a beau envelopper les tuyaux
avec, des chemifes de ciment, & les pofer fur de
bons maffifç de maçonnerie , on ,a bien de la peine
à les empêcher de fuir , & quelquefois ils crèvent t
à moins qu’ils ne fe trouvent renfermés dans des
maffifs confidérables ; ce qui devient alors fort coûteux.
-T
Les conduits en tuyaux de terre cuite font
trop fragiles pour être placés fous le pavé des
rues, à moins de les placer dans des aqueducs.
Lorfque ces conduites ne font pas revêtues en
ciment, qu’on n’emploie pas de la chaux dans
le maftic dont on fe fert pour unir les tuyaux les
-uns au bout des autres , que l’eau coule trop
lentement, que l’eau qui entre dans ces conduites
eft ftagnante elles font fujettes à ce que les
fontainiers appellent, queues de renard : ce font des
racines fort menues qui s’infinuent par les noeuds
de maftic qui fe pourriffent en terre, quand ils
ne font faits qu’avec du ciment gras et de la
filaffe-. Quelquefois les queues de renard deviennent
fi groffes etfi longues , qu’elles finiffent par boucher
le tuyau ; on a trouvé de ces queues qui avaient
5 a 6 toifes de longueur. Pour obvier à ces in-
coriveniens , il ne faut employer pour joindre les
tuyaux , que du ciment fait avec de la chaux ;
donner le plus de pente ou de charge d’eau qu’il
fera pofîible à la conduite pour augmenter la vîtefïe
du courant ; mettre des grilles ou des champignons
à l’entrée de la conduite , pour qu’il ne puiffe
s’y introduire , ni herbe, ni ordure qui foit dans
le cas de donner lieu aux queues de renard. A
Conftantinople , on conduit'toutes les eaux dans des
tuyaux de terre cuite fort épais , & qui ont depuis
7 jufqu’ à io pouces de diamètre.
Des conduites en pierre ,
On peut fe fervir quelquéfois au lieu de tuyaux
de terre cuite , de grandes pierres dures que l’on
perce avec des trépans,' on ehoifit les plus longues
pour éviter les joints ; pour les unir ensemble ,
on forme des tenons & des entailles, & on les
pofe à bain de ciment fur un mafîif de maçonnerie.
Les eaux de la-fontaine d’Afolo. dans la marche
Trévifane , font conduites de cette manière. On
a trouvé dans les ruines des édifices antiques *
des blocs de marbres de î2 pieds de longueur ,
percés d’un bout à l’autre d’un trou, rond de huit
pouces de diamètre, qui avoit fervi à . conduire
desc.rux.
En Italie,on fabrique des conduites avec un mortier
fait comme la terrain de Yenife , compofé de
chaux blanche , de petits cailloux et de tuileaux
pilés avéc des éclats de marbre , le tout bien
broyé avec de l’huile de lin ; cette pâte ou ciment
fert à l’intérieur du tuyau. Pour le former
on a un rouleau de bois bien u n i, autour du
quel on met plufieurs couches du ciment dont
nous venons de parler , en ayant foin de le bien
étendre, de les battre à mefure , de les * lifter
enfuite avec un o.util de fer ou d’acier , afin de
leur donner plus de fermeté &d_e confiftance , &
qu’il ne fe faffe point de gerçure. Lorfque cette
enveloppe a une certaine épaiffèur , c’eft^à-dire
environ. le quart du diamètre intérieur , on le
renferme dans une bonne maçonnerie de blocage
faite à bain de ciment.
Des conduites en bois.
Ces efpèces de conduites font les plus économiques
dont on puiffe faire ufage , mais elles ne
valent rien pour conduire l’eau deftinée à être
bue , à cause du goût , fouvent défagréable que
les tuyaux de bois lui communiquent. On peut
employer avec fuccès les conduites en bois dans
les endroits marécageux & humides , lorfqu’il s’agit
de conduire lés s aux pour des arrofemena ou des
déflechemens, ou de former des pièces d’eau pour
l’embelliffement des parcs. Les eaux de Dampière ,
de Liancourt & une partie de celle de Chantilli ,
font conduites dans des tuyaux de bois. Dans
les pays fe es, les conduites en, bois durent peu,
& font fujettes à beaucoup d’entretien.
De quelque matière que foient fait les tuyaux
d’une conduite , il faut i° . avoir la précaution
de les pofer le plus en ligne droite qu’il eft poflible ;
a0, de les établir fur un fol ferme, dont la pentè
foit uniforme ; 30. d’éviter lès angles, y fuppléer
par des contours coiilans et arrondis, parce que
c ’eft ordinairement par ces endroits que l’eau fatigue
le plus les tuyaux.
Les conduites qui méritent le plus d’attention,
font celles qu’on eft obligé de faire defeendre dans
le fond des vallées , pour remonter ensuite. Les
fontainiers donnent le nom de gorge ou ventrée à
ces parties de conduite.
Lorfque les gorges ne font pas profondes , &
qu’elles ne font pas d’une grande étendue, il vaut
beaucoup mieux faire , quand il eft poflible , une
levée ou un maflif, pour continuer l’uniformité de
la pente que de forcer l ’eau à defeendre pour
remonter ; quant à l’économie , elle n’eft fouvent
qu’illufoire , parce que les tuyaux d’eau forcée
devant être plus forts, font néceffaireruent plus
chers , et que de plus , ils font fujets à plus d’entretien
que ceux qui ne contiennent que des eaux
roulantes.
L ’expérience a fait eonnoître que lorfque la
profondeur d’une gorge étoit de plus de cent
pieds, les tuyaux de fer qui font les plus forts
& les feuls que l ’on puifle employer dans ces
cas l à , ont bien de la peine à réfifter au refoulement
de l ’eau qui fe perd par les jointures,
& fait quelquefois crever les tuyaux. Dans
ces circonftances, il vaudroit infiniment mieux,
conftruire des aqueducs en arcades 5 j’en ai
vu à TrapanienSicile, & à Malte, bâtis en moilons,
de là manière la pas plus économique.
Lorfque les conduites font fort longues, il eft
néceffaire d’établir de diftance en diftance des
regards, c’eft-à-dire, de petits bâtimens , dans lef-
queîs on conftruit foit des réfervoirs en maçonnerie,
revêtus de ciment, foit des cuvettes en pierres,
ou en plomb, qui reçoivent l’eau d’un côté,
par le bout de la conduite fupérieure, auquel on
donne le nom de tuyau de chajje\ ce tuyau doit
être élevé un peu au-deffus du fond du réfervoir.
L ’eau qui arrive dans ces réfervoirs ou cuvettes,
eft tranfmife dans la partie inférieure de la conduite,
par fou extrémité à laquelle on donne le nom de
tuyau de fuite. Celui-ci doit être aufli élevé
au-deffus du fond des réfervoirs ou cuvettes ,
pour ne recevoir que l’eau épurée, qui a déposé
ton limon dans le fond. On adapte à ce fond
un tuyau d,e décharge, garni d’un robinet que
l’on ouvre de temps-en-temps-, pour mettre la
conduite' en décharge, & pour nétoyer les réfervoirs
des vaies. ÔC ordures qui s’y sont dé-
pofées.
Il eft à propos de placer les regards dans les
endroits oh la conduite eft le moins enterrée,
afin que la décharge trouve plus aifément à s’écouler
, & qu’on ne foit pas obligé de creufer
des puifards exprès.
Dans les conduites qui ont plufieurs pentes &
contre-pentes, les regards doivent fe placer aux
endroits ou ‘ elles font le plus élevées : alors
on pratique une décharge au lieu lè plus bas de
la plongée. En ouvrant cette décharge & celle
du regard fupérieur, on peut mettre la partie
de conduite intermédiaire à fe c , & on a la facilité
de faire, à l’aife -, les réparations dont elle peut
avoir befoin.
Les anciens Romains pratiquoient pour toutes
leurs conduites des petits puits, éloignés d’un atte,
c’eft-à-dire, de 120 pieds romains l’un de l’autre.
Ils- fervoient à dépofer le limon que les eaux
troubles pouvoient charrier 5 ces puits étoient
conftruits en briques ou en maçonnerie de blocage
, revêtus à l’intérieur d’un enduit de ciment.
Les parties de conduits, ou de tuyaux qui
aboutiffoient à ces puits, étoiçnt difpofées de