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ajutage. Ainfi on dit que telle conduite, ou tel
ajutage, ont tant de pouces de jauge , pour lignifier
la quantité d’eau qu’ils donnent.
On donne encore, dans l’hydraulique. le nom
fa jauge à un inftr.urn.ent qui fert à faire cpn-
noître la quantité d’eau qui fort d’une four.ee
vive ou d'une conduite. Cet infiniment eft une
boite de bois carrée, bien allem blé e , &. percée
par-devant d’autant de trous d’un pouce de diamètre,
qu’on juge à peu près que la fource doit
fournir d’eau ; en forte qu’à mefure quelle fe
remplit & fe vide, elle contient toujours un volume
égal, ce qu’on obtient en bouchant autant
de trous qu’il le faut, & en laiffant ouvert le
nombre néceffaire pour maintenir l’égalité.
Ainfi, par le nombre des trous, on connoit
combien de pouces d’eau il fort de la fource.
•Cette jauge oft de l’invention de M. Mariotte.
JAUGER, v. aô. C’eft reporter une mefure égale
à une autre. Contre jauger, c ’eft rendre des ef-
paces 8t des hauteurs parallèles.
J auger une pierre. C’eft regarder fi une pierre
eft de figure égale , c’eft-à-dire, fi .elle a une épaif-
ienr égale.
JAUNE (adj. des deux genres). On donne ce
310m , en y ajoutant celai d’antique > à un marbre
dont les Anciens nous ont lailfé divers ouvrages.
( Voyez Marbre. )
JEAN DE PISE, architeôe du quatorzième
fiècle, fut fils & élève de Nicolas de Pife. Sculpteur
& architecte tout eafemble, il fe fit de très-
bonne teure une grande réputation.
Jean de P f e eft l’auteur d’un monument célèbre,
appelé à Pife, i l CampaJanto f dont, nous
avons parlé a fiez au long à l’article Cimetière.
Nous ne croirons pas toutefois nous répéter i c i ,
en difant que ce monument, d’une date déjà fi
ancienne, eft encore le feul modèle,que l’on puiffe
ppopofer aux architectes, dans la difpofition d’un
’lieu d’inhumation publique, qui réunifie toutes
le s convenances qu’exige un pareil établiffement.
Jean de P ife fut appelé à Naples, par le . roi
•Charles Ier. d’Anjou, & fous les ordres de ce.
Prince il bâtit le château vieux. Cette conftruc-
tion ayant exigé, la démolition de l’églife des Récollets
, fituée fur remplacement où il falloit
^élever le château, Jean. de Pife conftrmfit pour
•ces religieux, une autre églife. qui fut a p p e lé e à
caufe de cela, Santa Maria délia Nuova.
Il quitta Naples & vint à Sienne, où il exécuta
la riche façade, de la cathédrale de . cette ville ,
monument très-magnifique pour le temps, & où
l ’on trouve encore à admirer des parties de bon
goût, dans un temps où l’arcbiteâure du refte de
l ’Europe étoit livrée à l’ignorance du jgoùt go- .
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thique. Ces fortes de portail échappent à tout?
defeription 5 car ils font compofés de formes j e
mafi’es & de lignes , auxquell.es on ne fauroit don. I
n.er des.noms qui les fajïent reconnoitre, làns ]J
vue d’un defîin. Ce qu’il faut dire du portail ouj
frontifpice de la cathédrale de Sienne, ainfi qu^j
de celui de l ’églife d’Qrvietto, c'eft que Tarchitec.
ture, en cherchant à conformer, la décoration aux
élévations du bâtiment, eft parvenue à fujre un
afiem.blage de lignes affez agréable. Ce u’efl fi
l’on veut, qu’un .déifia, de broderies, mais ce déifia
n’a rien de chargé,, rien que de régulier, & les I
détails ne" chqqpent en rien ni la vue ni le goût. I
Jean de P f e eut de fréquentes pqçafions cfexer. I
cer fon talent, tant en architecture qu’en fculp-1
ture ; ; car. dan,s ces temps., où TarchiteCte étoit I
auifi fculpteur ,ies intérêts des deux arts 11e pou. I
voient manquer defe réunir.U fut fucceilivement I
employé par, les villes d’A rezzo, d’Ôrvietto, de I
Péroui’e,, de Piftoya, où exiftent encore des ou-J
vrages de lu i, qui s’annoncent comme l’aurore I
du nouveau jour qui étoit prêt à luir dans tousl
les arts.
■ Jean de P f e > chargé d’années & de gloire, I
mourut dans fa ville natale, & fut inhumé près
de Nicolas fon père, dans ce même Campo janto,
ou cimetière qu’il avoit confirait.
J E T , f. m.., vient du verbe je te r , &. il lignifie I
ce qui eft le réfultat de l’aÇtion exprimée par I
ce verbe.
En fait d’a r t , on ne s’en fert que dans trois I
cas.; en peinture,, pour fignifier. le mouvement I
des plis d’une étoffe, & l’on dit un je t de dra^. I
perie ; en fculpture , pour exprimer le réfultat
d’une fonte , & en hydraulique , pour rendre l’idée 1
du,jailliffement de l ’eau.
Jet de bronze. On dit d’une figure, comme de
tout, autre .objet, qu’elle eft fondue d’un ou de I
plufieursje ts1} lorfque la fonte a eu lieu par une
feule coulée du métal ;, ou lorfque l ’objet eft 1
compofé, de pièces rapportées, fondues fepare-
ment. Le mérite d’une ftatue de. métal, fous le
rapport de la fonte, eft d’être d’un feul jetA
C ’eft de cette façon qu’ont été fondues les ftalues j
équeftres modernes ; c’eft- ainfi qu’a, été fondue, 1
en 1818, la ftatue équeftre de Henri IV , furie]
Pont-Ne.uf.
On fond auffi des colonnes en bronze d’un leul
je t. Telle a été la fonte des colonnes du baldaquin
de Saint-Pierre , à Rome.
Jet d’eau. On donne, c e . nom. à un filet ou
à un volume quelconque d’éau , qui jaillit avec
violence, d’un .ou de plufieurs tuyaux difpofés daos
les fontaines, de manière.à produire ragi'emeiu
qui réfuUe du mouvement des eaux. Lorfque l° tt
réunit enfemble plufieurs tuyaux, comme aux deux
grandes :fontaines de;la place de Saint-Pierre a
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poro« j on aPPeHe cette réunion déjets une gerbe
keitn- {Voyez Gebbe. )
I Le jet d eau connue ordinairement en un leul
Lyau placé au milieu d’un baflin , pour la décoration
des jardins.
I Le jaillifibment 'fa je t d’eau eft l'effet néceffaire
'de la chute de l’eau , qui s’élève prefque toujours
Une hauteur égale à celle du point d’où elle èft
jdefeendue. . . „ , . . .
j] fuflît donc , pour avoir un je t d eau, de dil-
Lfer un réfervôir 'à une certaine hauteur, d’y
| (jap(er des tuyaux de conduite, qui reçoivent
l’eau du réfêrvôir & qui la cônduifeiit jüfqu’au
iniliëu du bafiin. A l’extrémité de ce tuyau on
ifoude un montant, qu’on appe-lle./tocAe fur lequel
on fonde un écrou de cuivre, & fur cet écrou
[on vifl’e l'ajutage.
I Selon les formés qu’on donne à l’ajutage , les
ms d’eau prodnifent différentes figures, comme
Verbes, loîeils , pluies d’eau , éventails , &c. Cë-
|pendant la formé‘ordinaire d’un ajutage eft celle
[d’un cône. Son ouverture doit être proportionnée
a celle des tuyaux de conduite , de forte que le
[diamètre de ceux-ci foit quadruple de celui de
l ’ajutage.
j JETÉE, f. f. ( Terme à*architecture hydrau- ‘
mue. ) C’eft une élévation artificielle conftruite ;
[de matériaux divers & de plus d’une manière,
[pour établir, l'oit un quai , foit un mole { foit uni
port, à deflein d’arrêter l’impélnofité des vagues:
[de la mer ou le cours des eaux d’un fleuve.
I On diflinguepar les mots fui vans } fajjafcinage ^
[de charpente & de maçonnerie , les différentes
fortes de jetées , que l’architeêllure hydraulique
eft appelée à conftruire.
Des jetées defeifcinage. Après avoir établi les
fondemens néceffaire s à l’endroit où l ’on veut éta-
jblir ces jetées y & après avoir rempli ces fon démens
de terre glaife bien corroyée & battue, lit par
(lit, avec la deniCilelle ,. 011 ëténd plufieurs lits de
Jafcines plates , de fix ou fep't pieds de longueur-,
[fur dix-huit à vingt pouces, de circonférence au
gros bout, jufqu’à ce qu’ils forment un maflif d’un
;pied d’êpaiffeuivCes fàfcines étant bien affifes ,. on-
les arrête par des rangées de piquets de trois pieds
[de longueur, armés de crochets, & par des brins ou
verges de quinze à feize pieds de long,$. entnelacés-
| amour des piquets , de forte que le bout compofe
i®ne afiiette prefque de niveau.. C’eft fur cette af-
«elle qu’on fait un fécond , un Iroifième , un qua-
ineme li t , qu’on, arrête de même. Parvenir enfin
a la plus grande hauteur qu’on veut donner aux
jetées j ou couvre la fur face de tout le maflif, d’iüt
j grillage dé bois de lapin de quatre pouces d’équar-
vnlage g dont les compartimens font de deux pieds
carré , arrêtés, par de petits pilots-enfoncés de-
1 iais, de ( douze à treize pieds de longueur , fur
Dzea douze pouces de circonférence. Enfin, on
2em]îlii ces. compartimens de pierres dures ou de
J E U S g 'g
moellons plats , pofés de champ & à fec , qu’on
tafle à coups de maffès de bois , & lés vidés que
peuvent lai fier leurs inégalités , on les garnit dé
piqiiëls ferrés de même que les moellons.
Des jetées de charpente. Ces jetées font com-
poféës de coffres de charpente qu’on remplit de
pierres. Cés coffres ont neuf pieds de plus que la
hauteur de la mer, & leur hauteur eft ou doit être
à leur tains , -comme fept à trois. Quant à leur
conftruéHon , il feroit difficile delà faire entendre-
fans figures. Ce font differentes pièces qui s’entretiennent
lés unes les autres. Comme cette matière
eft propre'd’un autre Diêlionnaire que celui-ci ,
nous renvoyons, pour l’intelligence de cette conf-
truèlion, à l’Architecture hydraulique de M. Beli-
dor , tona. IV, pi. 10. Nous avons :eu l’occafion de
décrire } à l’article Cône , un des-plüs grands ouvrages
qui aient été faits en ce genre , dans ces
derniers temps j pour la jetée du port de Cher-
boürg. ( Voyéz C ô n e . )
Des jetées de maçonnerie. On conftruit ces
jetées de gros quartiers de pierres -, ou.de caiffons-
remplis de matériaux , qti’on jette fans aucun-
ordre , dans la mer ( ce qu’on appelle jbtider à
pierres perdues ) , lorfqu’il n’eft pas-permis de fonder
à fe c , en faifant des.batardeaux. Le refte de-
\vl jetée s’achève comme un ouvrage ordinaire de-
maçonnerie. A l’égard, de fes dimenfions , elles ne-
font pas abfolume-nt déterminées...L’éjjaiiTeur ordi-
ntiire eft de neuf à douze pieds, & le talus doit
avoir un fïxième de là ha ut ëür. Il eft utile d’ob—
ferver qüe le choix du mortiter eft une des-choies*.
Kles plus importantes, dans la conftruâion fas, jetée#
en maçonnerie. Celui qu’on préfère dans les pays-
du Nord , eft un compofé de chaux faite de toutes-
fortes de coquillages calcinés-, mêlés avec de la
terraJTe de Hollande..
Nous avons donné,, dans- un autre article , desnotions
plus étendues fur cette matière, en tv-ailant
des fondations confïdérées dans- les travaux de.-
l’antiquité, dans îes deferiplions que Vitruvenous-
en a confervées, & dans les inventions des modernes.^
Voyez Fondations. );
JEU , f. m. On fe fert de ce mot dans une mul-
tide de travaux & d’opérations des arts mécaniques.,
employés par l’architeaure & la conftrac-
tioni, pour fignifier le mouvement ailé ,d’un
corps obligé de céder facilement à l’impulfion
qu’on lui donne dans un efpace prefeni.
Ainfi l’on, dit qu’une porte a du jeu lorfqu’elle-
s’buvre &. fe ferme fans effort, librement & fans
frottement fenfible dans fa feuillure. On dit qu’un
contrevent a du je u 3 lorfqu’il gaffe aifément dans
fa couliffe. On dit donner du jeu à une fenêtre quL
traîne , ou-dont les bois font renflés de manière à.
en rendre l’ouverture difficile.
J e u de p a u m e . Efpèce de falle beaucoup plus-.
longue q.ue large , fermée de murs , où l’on joue
à la paumé...