
tout fait lorfque l ’on a femé le ridicule fur des
ouvrages défeftueux. L ’arme de la plaifànterie peut
quelquefois fèrvir ; mais ce ne doit être qu’à défaut
d’une meilleure, ou lorfque les ouvrages contre
ktcueîs on l ’employe, ne valent pas la peine
d'i re difcuflion féiieule.
C ’eft furtout aux expofitions publiques en France,
qu’on s’apperçoit combien il exifte peu de vrais &
judicieux critiques. Prefque toutes les analyfes qu’on
décore fauflement du nom de critique, ne font que
des efpèces de parodies ou de caricatures, dans
lefqueiles il femble qu’on veuille faire rire le public
aux dépens de ceux qui ont pris la peine de
le confulter. On diroit au-fîi que cette grimace générale
, fous laquelle on fait paffer tous ces portraits
critiques, auroit pour objet de fauver de la
véritable cenfure ceux qui la méritent, en enveloppant
tous les ouvrages d’ un voile de ridicule.
Une bonne critique qn ce genre eft encore à
paroître , & lorfqu’elle pourra s’établir , les ar-
tiftes y gagneront & le public aufli ; car enfin
c’eft une icience que de bien voir les ouvr rges de
l ’art ; Si le peuple en malle , tout aufli bien
qu’un individu , né fait que ce qu’il a appris.
Là , fur-tout, où la nature n’ offre point ou que
peu de leçons, il faut regagner par l’obfervaiion
ce qu’on ne fauroit devoir entièrement aux fen-
fations.
CRIPTO-PORTIQUE. ( v Æ C r y p tO-po r -
T IQ U E .)
CROCHETS DE CRÉNEAUX , f. m. plur.
Fers plats, couchés & attachés fur les en-table-
mens, pour retenir les chénaux à bord ou à bavette.
11 y a aufli des crochets d'enfalternent, dont
on met quatre à la toife, c’eft-à-dire , qu’on les
efpace de 18 pouces.
CROISÉE, f. f. C’eft le nom qu’on donne à
la baye d’une fenêtre , à la menuiferie qui en
forme le chkffis, & à la décoration qui encadre
l’ouverture de la. fenêtre.
Des croifées en général.
Les eroifées font de toutes les parties d’un édifice,
celles qui exigent le plus de relation avec la dif-
tribution intérieure. Un architecte qui n’auroitpour
objet que la décoration des dehors , & qui négligeront
le rapport qui doit exifter entre l’extérieur
& l’intérieur d’un bâtiment , ne pourroit fe
coiifidérer que comme un décorateur. Son premier
devoir étant de fatisfàîi e aux lois de la fÿmé-
tr ie , il fera en forte que les croifées, q u i, du côté;
des murs de face, doivent faire partie d’une ordonnance
régulière ,, foient également relatives à
ce qu’exige dans l’intérieur chaque pièce en particulier,,
afin que les trumeaux deviennent d’une
égale largeur , que les efpacemèns foient fynac-
I triques & correfpondans dans les falles, cabinets 6tca
Sans cette intelligence, on verroit l’art de la dil-
tnbution , & bientôt celui de l’architeélure, re-
1I tourner à cet état d’enfance & de barbarie , qui * caraélérife les édifices du quatorzième & quinzième
fiée le , où la néceifité de percer un jour dans une
pièce, fans aucune relation avec le dehors-, n’arrê-
toit point les architeéles. Piefque jamais ces crois Us
placées pour l’utilité intérieure , n’avoient de rapport
avec la décoration extérieure , ni avec celles
des autres étages.
Aujourd’hui que la fymétrie tient le rang qu’elle
doit avoir dans l’ordonnance des bâti mens, on
exige plus de retenue, & l’art-de la diftribution
eft devenu une fcience pour ceux qui veulent réunir
toutes les parties de l’architeéture. Non-feulement
on doit oblerver que toutes-, les croijées tombent
à - plomb les unes fur les autres ; mais il faut
encore qu’elles aient un rapport de proportion
entr’elles. C’eft pour cela que dans les bâtimens
de quelque importance, on affeCfe de figurer des
croijées faélices au-deffus, au-deflous , à côté ou
vis-à-vis de ceiles qui font reconnues néceffaires,
afin de conferver dans les façades, extérieures le*
lois de la fymétrie.
De la proportion des croijees.
Vitruve, Palladio, Scamozzi, Philibert de Lorme,
& plufieurs autres architeéfces , ont parlé diverfe-
ment de la proportion des ci oifées. Leurs opinions
doivent différer , comme les ufages des pays, pour
lefquels ils ont écrit. Rien, en effet, ne comporte
plus de variété félon les climats , les degrés de
température, la longueur des jou rs,la pureté du
ciel, les occupations commerciales, les ufages de
la vie Si les beforns de la lociété, que les ouvertures
par lefqueiles la lumière du jour s’introduit dans
l’intérieur des mailons Si des appartemens.
Dans les climats chauds les croifées font rares,
& d’ une dimeniion peu étendue. A mefure qu’on
avance vers les pays où le foleii a moins de force
& l’inver plus de durée , on remarque que les
croijées le pratiquent de manière à pouvoir jouir
de tout le loieil & de toute la lumière, que la
nature plus avare ne lèinbie leur accorder qu’à
regret.
Il y auroit donc de l’abfurdité à prétendre qu’on
peut fixer des règles invariables pour la proportion
des croifées, puilque la nature ne s’eft foumiie elle-
même à aucune proportion fixe dans la durée des
jours, & dans la température des climats.
Si les croijées font de toutes les parties des édifices
celles qui doivent fubir le plus arbitrairement
l’empire & la loi du befoin , il n’eft pas moins
vrai, qu?abftra£Hon faite de ces raifons imperie,Uei,
‘ elles peuvent aufli recevoir de l’art , confidéré
comme recherche des rapports les plus harmonieux,
des règles de pjoportioir fur lefqueiles le goûTdes
différées peuples s’accordera , comme on s’accorde
fijr le beau idéal. , .
Un édifice peut fe confidérer extérieurement
comme un compofé de pleins & de vides, & fous
ce rapport feul, indépendant des befoin s & des
commodités de l ’intérieur. Il y a des règles que
la folidité preferit ; il y en a d’autres que la convenance
, que le bon accord des parties, que le
plaifir attaché à une harmonieufe corrélation , faura
rendre générales à tous les yeux qui fe feront exercés
dans la recherche de cette forte de beauté.
Par exemple, la folidité prefciit de faire les
trumeaux des croijees au moins égaux en largeur
à l’ouverture de celles-ci. Dans les pays où l’on
ne donne aux trumeaux que la moitié ou le tiers
de l’ouverture, on ne fauroit fe diflïmuler que
lé vide l'emportant fur le plein , la conftruéfion
ne fe trouve par trop affoibiie, & que ces maifons
n’aient befoin de fréquentes reit-mrations. Dans •
d’autres pays , l’on donne aux trumeaux jufqu’à
deux fois la largeur des croifées , & alors les maifons
reçoivent un caraélèrë de pefanteur & de fé-
rieux qui les rend triftes à la vue.' Pour le bon
effet de l ’architééture , il vaudroit mieux tomber
encore dans ce dernier excès que dans le premier
, car le plus' grand vice de toute conftruc-
tion eft le défaut de folidité, & l’apparence feule
de ce défaut en eft prefqu’un a ufli grand.
Le moyen terme de la proportion des croifees
confifte à leur donner en hauteur le double de leur
largeur. Cette règle eft la plus généralement fuivie
dans les meilleurs édifices de Rome & de Florence.
Cependant cette proportion varie félon la nature
des étages. Les ci oifées ■ des rez-de-chauffée font
tenues plus baffes d’un huitième, comme aufli l’on
donne ce huitième de plus, & quelquefois deux,
aux croisées des étages fupérieurs.
En France, les architeétes ont toujours tenu la
proportion des croiféesplus longue. Celles de la cour
du vieux Louvre, les feules qu’on puiffe mettre ,
par leur beauté, en parallèle avec les ouvrages de
l’Italie, ont deux fois & demie leur largeur en
hauteur. ( Fôye^ fig. 83. )
L’ufage des balcons à chaque fenêtre n’a pas
peu contribué aufli depuis quelque temps à allonger
les croisées. 11 faut alors que la tablette d’appui
n’aille que jufqu’à la hauteur du genou , au lieu
que dans les croifées mieux proportionnées pour
l’extérieur, l*?ppui peut venir jufqu’à mi-corps.
On ne fauroit nier que cette ouverture ainfi
prolongée de la croifée, ne donne delà gaieté aux
intérieurs des appartemens, & ne foit même d’un
ajuftement plus heureux pour la décoration, en
établiffant plus de fymétrie entre les portes Si les
fenêtres. Philibert de Lorme eft celui qui approche
le plus dans fes règles des proportions ufitées en
France. Il veut que les pièces qui auront vingt
pieds de largeur ayent des croifées larges de cinq
pieds entre leur encadrement ; que celles des pièces
de vingt-quatre à vingt-cinq pieds ayent cinq pieds
& demi, Si qu’on en donne fix aux cro\fes qui
appartiennent à. des pièces, de vingt - huit à
trente pieds. Cette règle , fort bonne dans bien
des occafions, eft cependant difficile à mettre en
pratique; car la nécefiîtédans laquelle on fe trouve
de faire les croifées du dehors d’un bâtiment , de
la même grandeur dans les avant & dans les arrière
corps, fe trouve contredite par celle qui veut
qu’011 tienne les différentes pièces de différente
grandeur. Par exemple, des falles d’audience , de
confeil , d’ affemblée , devant être plus grandes Sc
plus fpacieufes que les chambres à coucher , les
cabinets, &c. il réfulteroit de l’opinion de Philibert
de Lorme, que pour fatisfaire à la grandeur
des croifées, il faudroit extérieurement les
faire de proportions inégales , félon la diverfite du
diamètre des pièces.
A l ’égard de la hauteur des croifées , Philibert
de Lorme veut qu’elles foient le plus élevées qu’il-
fera poflible du côré du plafond , & cpr.feille
d’y pratiquer en dedans des arrière - voufferes ,
lorfque la hauteur des planchers peut le permettre.
Cette pratique eft très-bonne à fuivre , principalement
lorfque les plafonds font en calotte , & ornés
de peintures ou de feu lp cures ; autrement le
jour ne frappant fur eux.que par reflet, leur riche
fl e ne fait point d’effet.
De la diflribution des croifées.
L ’on doit obferver de mettre toujours les croifées
en nombre impair dans la décoration d’un bâtiment
, & principalement celles qui décorent les
avant - corps d’une façade. Il convient qu’au milieu
de ces avant-corps il fe trouve un vide Si non
pas un trumeau. Malgré les exemples que l ’on peut
trouver dans quelques palais d’une difpofition contraire,
le précepte qu’on vient d’énoncer doit paffer
pour une règle générale. Elle ne fouffre d’exceptions
que dans les maifons particulières , dont l ’en-
femble, fubordonné à l’irrégularité des terrains ,
& à une multitude de befoins ou de convenances
contre lefqueiles on ne fauroit s’élever, repouffe im-
périeufement les règles d’une exaéle fymétrie. Cette
• févérité n’eft pas u néceffaire non plus dans les
arrière-corps, dans les ailes , ou même dans les
pavillons de l’extrémité d’un bâtiment. Ceux,.par
exemple, du palais du Luxembourg , a Paris, du
côté de la rue de Tournon , offrent un trumeau
dans leur milieu en place d’un vide ; mais c ’eft
qu’en ce cas l’on confidore ces pavillons comme
faifant partie d’un enfemble plus confidérable, auquel
la diftribution générale des croifées. doit fe
trouver affujettie. Il vaut cependant mieux alors
régler la diftribution de manière à ne faire ufage
dans ces pavillons que d’une feule ouverture.
La .diftribution des croifées ne s’envifage. pas
feulement fous le rapport de leur ordonnance ho-
rifontale dans un étage. Il y a entr’elles un autre
rapport non moins important; c eft celui qui doit