
fort de la coupole, auquel on attribuoit toutes les
défanions. Cependant d’autres firent des mémoires
pour prouvèr que les cercles de fer étoient inutiles
, & que les effets que l ’on remarquoi.t à cette
coupole étoier.t fort anciens, & ne provenoient que
d’un affV.flement inégal, foit du fo l, foit de la
maçonnerie, à caufe .des joints, & peut-être de
ces deux effets , qu’aucune chaîne ne pouvoit
empêcher. Ils citoient pour exemple la chapelle
royale de Saint-Laurent, dont la forme de coupole
eft la même que celle de Sainte-Marie-des-Fleurs.
Les neuf groffes chaînes de fer qu’on a employées
pour entretenir cette voûte, n’ont pas empêché
qu'il ne s’y foit fait plufiéurs lézardes, dont une
a plus de trois pouces de largeur; depuis qu’on
abouché ces lézardes, on n’a remarqué aucun
nouvel effet. Toutes ces différentes opinions furent
caufe que les chaînes ne furent pas mifes en place.
J’ai examiné cent ans après, les coins & les taf-
feaux de marbre caffés , je n’ai pas vu de progrès-
fenfibles. 11 eft certain que le changement de température
des faifons pouvoit feul faire caffer les
pièces de marbre qu’on àvoit pofées en travers des
lézardes par la dilatation ou la condenfation de
leurs parties, qui peut augmenter ou diminuer
en certains temps la largeur de ces lézardes. Le
moindre frémiffement dans une aufiï grande maffe,
pouvoit encore produire cet effet. C ’eft ce qu’on
'éprouve tous les jours, lorfqu’une voiture allant
fort v ite , paffe auprès d’un édifice ordinaire, ou
lorfqu’ un grand bruit occafionne un retentiffement
confidérable dans un endroit voûté.
Ceux qui n’ont pas voulu attribuer les ruptures
& les défunions que l’on remarque dans toutes lés
coupoles , à l’inégalité inévitable du taffement, les
ont attribuées à la pouffée des voûtes ( voye^ ce mot)
ou à destremblemensde terre. Il eft certain que ces
derniers peuvent y contribuer beaucoup, en mettant
en mouvement des maffes d’un très-grand volume.
C ’ eft probablement pour obvier aux trem-
blemens.de terre, qui font àfffez fréquens en Italie,
que l’on ÿ a adopté l ’ufage des chaînes apparentes
dans prelque tous les édifices voûtés.
Coupole de Notre-Dame de Lorette , à Rome.
La première coupole qui fut conftruite à Rome ,
depuis le renouvellement de l’architeéture, fut
celle de Notre-Dame de Lorette , auprès de la
colonne Trajaiie. Ce fut Antoine Saogaîlo , qui
en fut l’architecle ; les fondemens, en furent jetés
en 1507. Par le bas, le plan de cette églife eft un
o&ogone "inferiî dans un carré. Les faces de l’octogone
font élégies par quatre renfoncemens &
quatre niches placées au droit des angles du carré.
La partie au-deffus formant actique , eft oélogone,
à l’intérieur & à l’extérieur, fig. 166, 167.
Cet attique eft furmonté d’une double coupole,
dont le plan eft circulaire. A la coupole intérieure,
au lieu de pendentifs pour racheter les angles de
Po&ogone ^ ce font des doubles confoles couronnées
d’une petite corniche fervant d’impofte à huit
arcs qui portent la naiffance de cette coupole.
Elle a une ouverture circulaire au milieu , au-deffus
de laquelle eft une efpèce de lanterne. qui n’eft
pas apparente à l’ extérieur.
Coupole de Saint-Augujlin de Rome.
Toutes les coupoles dont il a été queftion juf.
qu’à préfent, portoient immédiatement fur des
pendentifs ou des murs montans de fond ; au lieu
que les coupoles modernes font établies fur des
tours érigées lur des arcs & des pendentifs. M.
Leroi prétend que la première coupole conftruite
de cette manière , fut celle de l’ églife des Auguftins
de Rome. Ce fut Guillaume d’Eftouteville, qui la
fit.bâtir en 1483. Cette première coupole n’exifte
plus; on a été obligé d elà démolir, parce qu’elle
menaçoit ruine. Peut-être n’avoit-elle pas étd. conftruite
avec a (fez de précaution , par la raifon
qu’on ne connoiffoit pas encore toutes celles qu’ exi-
geoit un pareil ouvrage. Depuis elle a été refaite
par Louis VauvitelLL
Coupole de Saint-Pierre de Rome.
Cette coupole eft réellement l’ouvrage le plus
grand, le plus hardi, ÔL le plus magnifique qui
ait été conftruit tant par les anciens, que par les
modernes. Ce fut Bramante qui imagina le premier
d’élever au centré de la fuperbe bafilique de Saint-
Pierre, yn temple circulaire aufîi grand que le
Panthéon ; ou pour s’expliquer comme lu i, d’élever
le Panthéon fur le temple de la paix. En effet,
on voit beaucoup de rapport, tant pour la grandeur,
que pour la difpofuion, entre le plan dé ces deux
édifices & le projet de Bramante. C ’eft mal à-
propos que Montefquieu attribue cette idée à
Michel-Ange , dans fon eflai fur ie goût, tandis
qne les projets de Bramante attestent le contraire,
& qu’avant.de mourir, il avoit déjà fait exécuter
les quatre grands arcs, qui dévoient foutenir la tour
du dôme.
Le plan de Bramante étoit réellement beau,
jamais aucun monument n’avoit été fi vafte, la
principale nef étoit d’une belle proportion , fig. 168,
169. Les parties circulaires qui tenninoient lés trois
autres nefs, & qui étoient décorées de colonnesifo-
lées , placées entre des maflifs, dévoient produire
un très-bel effet ; malheureufement cet habile
homme négligea de prendre les précautions nécef*
faires pour établir avec folidité, les fondemens
d’un édifice de cette importance. Il y fit travailler
- avec tant de précipitation & fi peu de loin, qu’à
peine les quatre arcs du fond furent-ils achevés;
qu’il.s’y manifefta des lézardes co-.fidérables. Les
architectes qui lui fuccédèrefit , effrayés de ces
défunions, ne fondèrent qu’à augmenter les points
d’appui, fans faire attention que ces effets pouvoient
provenir de ce que Bramante avoit conftruit ces
arcs .fur des piliers ifolés, au lieu de ne ies^ faire
qu’après que les arcs des nefs auroient été terminés
ces arcs devant fervir à les contrcbuter.
S’il eût pi-is ce parti, il ne fe feroit certainement
manifefté aucun effet.
Pour conftruire ces arcs, ainfi que la voûte de
la grande tribune , il forma en relief fur les cintres,
les galbes des caiffons, & les creux des
grandes rofàces, ainfi que des ornemens. Il couvrit
cette efpèce de moule d’un -mélangé de chaux bi
de poufiïère de marbre, & au-défi us il conftruifit
les arcs & le corps de la voûte en briques; de
manière qu’après .que les cintres furent ôtés , tous
les ornemens fe trouvèrent ébauchés, par un moyen
fort fimple & peu coûteux.
Après la mort de Bramante , Léon X , qui avoit
fuccédé à Jules I I , fit choix de Julien Sangallo,
Fra Jocondo, & de Raphaël d’Urbin, pour continuer
l’ouvrage. Ce dernier fut chargé de mettre
au net les' projets de Bramante. Ses collègues
trouvèrent que les fondemens etoient infuffifans ,
& que les piliers étoient trop foibles pour foutenir
le poids énorme dont ils dévoient etre charges,
quoiqu’ils euffent quarante-deux pieds de longueur
fur deux faces, vingt-un pieds d’épaiffeur à l’ouverture
des arcs, & qu'ils M en t renforcés^ l’in-
ïérieur par quatre pans coupés. I l eft vrai qu’ils
étoient évidés par de grandes niches qui dinii-
nuoient un peu leur fuperficie. Malgré cela, ils
étoient plus que fuffifans pour foutenir le dôme
projeté par Bramante. Il auroit été a défirer que
le loin des architëéles qui lui füccédèrent, fe fût
borné à fortifier les fondemens. Il paroît-que c’é-
toit l’opinion de Baltazar Peruzzi, qui- ne fit
d’autres changemens au projet de Bramante, que
de raccourcir la nef d’entrée, pour la rendre égale
aux trois autres , en fe conformant à celle du fond ,
conftruite du temps de Bramante ; par cétte dif-
pofition, le plan général fe trouvoit renfermé dans
un carré, aux angles duquel étoient quatre fa-
crifties, fig. 170 ; ce plan fut adopté par Léon X ,
qui trouvoit celui de Bramante trop vafte; la mort
de ce pontife, arrivée en i 52i , fut caufe qu’il ne fut
pas exécute". Après la mort de Peruzzi, Antoine
San-Gallo, fit un nouveau projet, & n'n modèle
qui fut agréé par Paul I I I ; dans ce plan, qui
étoit plus vafté^que celui de Peruzzi, il avoit ab-
folument dénaturé celui de Bramante. Michel-
Ange ne put s’empêcher de dire , en voyant ce
modèle, que c’étoi.t une compofition gothique,
dont l’exécution feroit.extrêmement longue & cou-
teufe. Cet architecte, pour parvenir à exécuter
fon projet, fit renforcer les piliers de Bramante,
Vafari dit que San-Gallo. avoit pris, pour exécuter
_ees ouvrages, un certain Laurent de Flo-
' rence , appelé vulgairement Loren^etto, qui fai-
fo>t l’ouvrage à tant la canne, comme nous dirons
à tan£ la toife, '& que ce Lorcn^ctto ? fans
fe fatiguer, gagna beaucoup, de bien en Enfant
de mauvaifé befogne. r
Antoine San-G alla étant mort en 1546, lés députés
de la fabrique & le pape furent quelque
temps d’avis différeras fur le choix de celui qui
devoit lui fuccéder. -Enfin Paul I I I , par un motu
proprio, créa Michel-Ange architeéte en chef d®
la bafilique de Saint-Pierre, avec plein pouvoir
de faire tout ce qu’il jugeroit convenable, do
changer ce qui étoit fait; de fâirë à fa fantaifie ce
qui ne Pétoit pas , de choifir les ouvriers, d’en
augmenter ou diminuer le nombre à volonté.
Michel-Ange réduifit le plan de cette bafilique,
• comme Baltazar Peruzzi, à une croix à quatre
croifillons égaux, recroisée par un carré, au
centre duquel se trouvoient placés quatre piliers qui
dévoient foutenir le dôme, fig. 1 7 1 j ü ftipprima tou t
ce qu’il y avoit de beau dans les plans dé Bramante
& de Peruzzi; il renfonça de nouveau les quatre
piliers ; par cette nouvelle augmentation , les faces
extérieures des piliers furent 1 portées à cinquante-
huit pieds un pouce & demi, au lieu de quarante-
deux pieds, que leur avoit données Bramante ;
& i’épaiffeur de ces piliers, au droit des grands
arcs, à vingt-neuf pieds , au lieu de vingt-un. Ces
maffes énormes faites à différentes reprifes, rendent
cet édifice extrêmement lourd, fans le rendre
plus folide, Chaque augmentation que l’on fit à
ces piliers, produifit un nouvel arc, enforte qu’il
s’en trouve quatre .concentriques, l'un au-deffus"
de l’autre. On apperçéit le fommet du dernier de
ces arcs dans le corridor circulaire pratiqué dans
l’épaiffeur du foubaffement. Ces arcs ont été construits
en grandes briques faites exprès , a l’imitation
de celles dont les anciens fe font fervis pour
, de femblables ouvrages. Ce fut Michel-Ange, qui
fit exécuter les derniers arcs & l’entablement qui
couronne las pendentifs. Cet entablement eft. en
pierre travertine; il" fit revêtir de la même pierre
l ’extérieur du tambour ; il forma à cette hauteur
un foubaffement général, fur lequel il établit fon
dôme. Le plan de ce foubaffement forme à l’extérieur
un.octogone, & à l’intérieur un cercle, fig. i7 2-
Le diamè tie extérieur de l’octogone eft de cent quatre
vingt-un pieds," & celui du cercle intérieur de cent
vingt-ffx pieds ; en forte que la moindre épaifleur
coniprife entre le cercle & l’oâogone, eft de vingt-
fept pieds & demi. Au-deffus de ce foubaffement,
il établit un ftylobate rond,‘ renfermé entre deux
circonférences concentriques, donti’iutervalle forme
une épaifleur de Vingt-fix pieds huit pouces. Cette
épaifleur eft divifée en trois parties par un corridor
circulaire de cinq pieds & demi de large. Des deux
murs qui forment ce corridor, celui du côté de
l’intérieur du dôme à treize pieds neuf pouces
d’épaiffeur, il eft conflruitben blocage revêtu eu
briques, & quelques parties en pierres de taille. Le
mur à l ’extérieur eft conftruit de même avec des
revêteinens en briques & en pierres de taille; à
l’extérieur fon épaifleur eft de fept pieds & demi.