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La terre qui a été envahie, étoit toute enclofe de
haies , p or toit:rde belles rrroifforvs <de "blés & de
turneps, & rendoit de onze à quatorze fc-hellings
par ac re, outre lés charges, qui étoient de quatre
fchellirigs.
La nouvelle fondrière eft plus ou moins profonde,
fuivant tes inégalités du,terrain ; elle a arrêté
les eaux d’ un ruifféau qid forme maintenant un
lac*
Environ quatre cents acres de rançjepoe fon- :
driere , vers l'endroit par où elle s’ eft d égo rgéeparoi
{Fent s’êtie affaiffes depuis cinq jufqu’ à vingt
cinq pieds , & cet affairement a occafionné de
grands déchiremens dans les parties de la moufle,
quin’ ont pu fe prêter à la déprcflion. Ces fentes ont
de quatre à huit pieds de largeur > & autant dé profondeur.
La furface de l'ancienne fondrière a^été déchirée
çà & là en gros morceaux, qui ont fuivi la
nouvelle, & dont quelques-uns ont de vingt à cinquante
pieds de longueur ; mais la plus grande
partie eft reliée entière, & n'a fait que s’affaiffer,
la bourbe, délayée par l'inondation, ayant feulement
coulé par-deflouSü
Un grand nombre d'Écoflais de 1 armée commandée
par .Olivier S aint-C lair, dans le tems de
Henri V I I I , y perdirent la vie , & on dit qu’en y
creufant pour de la tourbe, il y à quelques années^
on y a trouvé le fqùdette d!un cavalier & de fon-
chev al, avec l ’armure complète.
Fondrière mouvante.
Le famedi 26 janvier 1745, une partie d’une ;
fondrière nommée Pilling - Mojf 3 s’éleva à une -
hauteur furprenante, & après un tems très-court
elle s’enfonça autant au deffous de Ton premier
niveaù, & fe mut lentement vëfs le midi ': en une
demi-heure elle couvrit vingt1 acres de terre. Le
terrain contigu à là partie de h fondrière qui fe
mut, eft tin efpace circulaire^ concave, qui eft
prefque rempli de moufle & d’ eau. On croit que,
dans quelques'endroits, il a quinze pieds de profondeur.
Une famille a été*. Chaflée. de fa demeure
, qui eft entièrement environnée & qui s’écroule.’
Une forte gelée retarde aujourd'hui les
progrès de- la fondrière; mais je crains qu’elle ne.
cjétruife encore un grand efpace de tetrain. La
partie enfoncée, comme le lit d’ une rivière, court
nord & fud. Elle a plus d’un mille de longueur,
& près d’un demi-mille de largeur j en forte que
je crains qu’il n’y ait un courant continuel vers le
iud,.Un homme marchoitfur la fondrière lorfqu’elle
coirçmença de fe mouvoir. Tandis qu il alloit vers
l ’êftjjiliS’apperçut, àfa grande furprife, que le fol,
fo.US Les pieds , alloit vers le midi. Il s’enfuit précipitamment
;èn arrière 8c eut le bonheur de n’être
pas englouti.
F O N S A N Ç H E (F o n t a in e d e ) . L a fo n ta in e d e
FON
Fottfange eft dans le département du V a f , entre
Sauye & Quiffac, à la droite de la rivière du V î-
dourle, & alfez près du lit de cette rivière. Elle
fort de terre à l’extrémité d’uné pente très-roide ,
tournée au levant, & tenant à une affez longue
chaîne de montagnes appelées Coutack. ■
Cette fontaine eft intermittente, c’eft-à-dire
qu’elle eft fujète à des variations, ou plutôt à des
interruptions réglées & périodiques j elle coule
régulièrement deux fois dans l’efpace de vingt-
quatre heures -, & elle ceffe de couler deux fois
aufli dans le même tems. Chaque écoulement duré
un peu plus de fept heures \ chaque intermiifion
qui fueeède , n’en dure que cinq; enfin , les écou»
lemens font d’un peu plus de trois quarts d heure
chaque jo u r , par rapport aux écoulemens du jour
précédent, auxquels ils répondent.
< FONTAINE. C ’eft une quantité d’eau qui, en
fortant de certaines couches de la terre , an.tr’ ouvertes,
fe trouve recueillie, dans un bafîin.plus 011
moins confidérable, dont l’écoulement perpétuel
ou interrompu fournit à une partie de la dépenfe
des différens canaux diftribués fur la furface des
continens & des.ïles. t ,
Je crois qu’ il eft à propos de‘ fixer ici les accep^
tions^-précifes, fuivant lefquelles il paroît que font
employésles ternies de fontaine & de fource. Source'
; femble êtte en ufàge" dans toutes les occafions où
! l’onTe borne à confidérer ces canaux naturels qui
: fervent de-condHitsfouterrains aux eaux, à quelque
profondeur qu iis foient placés-, ou bien le produit
de ces efpèces d’aqueducs. Fontaine indique un baf-
fin à la furface de la terre, & verfant au dehors ce
qu’ ilrèçoit par des four ces ou intérieures-ou voi-
iines. Les fources du Rhône, du Teflin, du Rhin,
font dans le mont Saint-Gothard. Lafontaine d’Ac-
ceuil eft à mi-côte. La fource de Rungis fournit
environ cinquante pouces d’eau. Les fources des
mines font très-difficiles à épuifer. Les fources des
puits de Modène font à foixante-trois pieds de
profondeur. La plupart des lacs qui verfent leurs
eauxdans les fleuves fontentretenus par des fources
intérieures. Dans le baflîn de cette fontaine .on ap^
perçoit l’ eau des fources, qui,en jaillilfant, écarte
les fables d’où elle fort. Après lés.pluies & à l’entrée
de l’h iver, les fources qui inondent les terres
donnent beaucoup.-' s&é&é p . ^
La première queftion qui fe préfénte à ceux qui '
ont confidéré avec attention ces four ces perpétuelles
& abondantes eft de. demander quelle peut
; être la caufe du cours perpétuel de ces fontaines
[ qui, par la réunion de-leurs eaux, fervent à entre»
! tenir le Rhône, le Rhin, le Danube, le W o lg a, les
fleuves Saint-Laurent!,' de la Plata, des Amazones}
quels font les réfervoirs invifibles qui rempliffent
les canaux multipliés, des rivières & les:yaftes lits
I des fleuves } par quel mécanifme enfin ces: réfer»
voirs réparent abondamment leurs pertes journalières.
En fui te
F O N
Enfuite, à mefure qu’on étudie plus en détailles
fontaines, on y obferve plufieurs üngularités très-
frappantes., tant dans leur écoulement , que dans
leurs eaux , & ces difcufiions font, parleurs objets,
auffi agréables qu’ utiles. D’après ces confidérations,
nous croyons devoir nous attacher, dans cet article
, à deux points de vue intéreffans fur les fonr
taines, leur origine & leurs Angularités.
Origine des fontaines. L’origine des fontaines a
de' tout tems piqué la curiolité des philofophes.
Les Anciens ontleurs hypotbèfesfur ce mécanifme,
ainfi que les Modernes > mais ce font, pour la plupart
, des plans informes, qui, furtout dans les premiers,
& même dans certains écrivains de nos jours,
ont le défaut général que Sénèque repr.ochoit avec
tant de fondement aux phyficiens de fon tems,
dont il connoiflbit.fi bien les reffources philosophiques.
lllud ante omnia dicendum eft, opiniones veie-
rum pariim ex a et a s ejfe & rudes ; cïrcd yerum adhuc er-
rabatur; nova omnia erant primo tentantibus. Quadt.
Nat. lib. V I , cap. IV.
Les Anciens j.en parlant de l’origine des fontaines3
ne nous préfentent rien de précis & de fondé.
Outre qu’ils n’ ont traité cette queftion qu’en paf-
fant, & fans infifter furies détails, ils neparoilfent
s’être attachés ni aux faits particuliers ni à leur
concert. Cès raifons font plus que fufEfantes pour
nous déterminer à pafîer légèrement fur leurs hy-
pothèfes. Quel fruit peut-on tirer pour l’éclaircil-
fement de la queftion préfente, en voyant Platon
ou d’autres anciens philofophes au nom defquels
il parle, indiquer, pour le réfervoir commun des
fontaines & des fources, les goufres duTartare,
& faire remonter l’ eau par cafcades de ce goufre
à la furface de la Terre ? Peut-être que des érudits
trouveront dans cès rêveries populaires l’abîme que
\Voodwardprétend faire fervir à la circulation des
«aux fouterraines. Nous ne croirons pas, au refte,
devoir revendiquer pour notre fiècle cette dernière
hypothèfe, comme plus appuyée que l’ancienne.
Quelles lumières & quelles reuources trouve-t-on
dans le fy ftème embraflé par Ariftote & par Sénèque
le naturalifte ? Ces philofophes ont imaginé que
1 air fe condenfoit & fe changeoit en" eau par la
ftagnation & l’humidité qu'il éprouvoit dans les
fouçerrains. Ils fe fondoient fur ce principe, que
tout fe fait de tout 5 ainfi, félon eux, l’air fe change
en eau, & l’eau en air par les tranfmùtations, au milieu
defquelles la Nature fait gaider une jufte com-
penfation qui entretient toujours l’équilibre entre
les élémens. Ces tranfmùtations livreroient toute
l’économie admirable de la Nature à une confufion
& à une anarchie affreufe. L’eau, .confidérée fans
mélange, fera toujours eau & inaltérable dans les
élémens. ( Voy. E a u , élément. ) Il eft vrai qu’on a
obfervé de nos jours un fait qui fembleroit auto-
ilfer ces prétentions. L’eau là plus pure laifle, après
plufieurs diftillations réitérées, quelques principes
terreux au fond de la cucurbite. Ce fa i t ,
remarqué par Boyle & par Hook, avoit donné lieu
Géographie-Phyjique. Tome IV*
F O N 18 >
à N ewton, de conclure qüe l’eau fe changeoit en
terre ; mais Boerhaave, qui a vérifié effectivement
ce rélultat , prétend, avec beaucoup plus de raifon,
que les molécules de l’eau font inaltérables, & que
le réfidu terreux eft le produit des corps légers qui
flottent dans l'a ir , ou la fuite d’une inexactitude
indifpenfable dans 'la manipulation. Ainfi les Anciens
n’ étoient autorifés à fuppofer ces tranfmuta-
tions que par le befoin qu’ils en avoient. Si après
cela nous voyons Ariftote avoir recours aux montagnes
qui boivent les eaux fouterraines comme
des éponges, ou à d’autres agens, ces fecoursfub-
fidiaires ne nous offrent aucune unité dans fes idées.
Pline nous rapporte quelques faits, mais donne peu
de vues. Vitruve a entrevu le vrai en s'attachant
au produit des pluies.
Saint-Thomas & les fcholaftiques de Conimbre
tranchent plutôt la queftion qu’ ils ne la réfolvent,
en admettant, ou Tafcendant des aftrés, ou la faculté
attradive de la T erre , qui raflemble les eaux dans
fon fein par une force que la Providence lui a départie
fuivant fes vues & fes deffeins. Vaaihelmonc
prétend que l’eau renfermée dans les entrailles de
la Terre n’ eft point affujettie aux règles de l’hydrof-
tatique, mais qu’çlle dépend alors uniquement de
l'impreflion que lui communique cet efprit qui
anime le monde fouterrain, & qui la met en mouvement
dans les abîmes profonds qu’elle remplit.
En conféquence de ces idées il met en jeu ce qu’ il
appelle la Propriété vivifiante du fable pur , & la circulation
animée qui en réfulte des eaux de la mer
vifible dans une mer invifibie qu’il s’efforce de
prouver par l’Ecriture. C e t abus n’eft pas particulier
à ce fameux médecin. Plufieurs autres écrivains
ont cru décider la queftion par des paffages des
livres facrës qu’ ils interprétoient félon leurs caprices,
ou fe font fervis de cette autorité refpeéhble
comme de preuve fubfîdiaire. On ne peut trop
s’é lever contre ce procédé religieux en apparence,
mais qui, aux yeux d’un phyficien éclairé & chrétien,
n’eft que l’emploi indécent d’un langage facré,
fait pour diriger notre croyance & notre conduite „
& non pour appuyer des préjugés, des préventions
& des induétiôns imaginaires, en un mot des fyf-
tèmes. Ces efpèces de théologies phyfiques, dérogeant
à la majefté de l ’Ecriture & aux droits de
la raifon, ne laiffent appercevoir qu’ un mélange
toujours ridicule de faits divins & d’idées humaines.
L’érudition de Scaliger ne nous préfente que des
difcuffiôns vagues fur ce que les autres ont penfé
& fur ce qu’ il fe croit en droit d'y ajouter , mais
ne nous offre d’ ailleurs aucun fait décifif. Cardan ,
après avoir examiné d’une vue affez générale les
deux prinçipaleshypothèfes qui étoient en honneur
de fqn tems, & avoir groflî les difficultés de chacune,
finit parles embraffer toutes les deux en
aflignant à l’une & à l’autre fes opérations particulières.
Dans l’une, on attribuoit l’origine des fontaines
uniquement aux pluiesÿ dans l’autre, onprér