
& le Danemarck, qu’on appelle Scandinavie. Les
çroduétions des trois règnes de la Nature font
'éparfes dans cet empire. 11 fournit des mâts, des
bois de cohftruction, des planches, des douves de
tonneau, du bois à brûler, du goudron, de la
p o ix , de la potaffe, des huiles ; des pelleteries,
6c furtout des cuirs. La neige eft l’engrais naturel
de ce pays, où le grain vient en abondance dans
les environs de la Pologne & dans les provinces les
plus chaudes > néanmoins le bas peuple a une affez
mauvaife nourriture. Le fol fournit une très-grande
quantité de champignons ; & , dans quelques lieux,
tnitre les chênes & les fapins, la Ruffie produit
rhubarbe , lin>chanvre , coton, houblon, tabac,
fruits & vin , c ire , miel, riz & melons 5 elle a de
bons pâturages. Les gens de la campagne s’occupent
particuliérement à faire du miel, qui leur
■ donne abondamment de l ’hydromel, leur bôiffon
ordinaire. Ils tirent aufli du feigle une liqueur fpi-
ritueufe, qu’ils préfèrent à l’eau-de-vie.
On ne peut nier qu’une grande partie de la Ru (fie
n’ait été jadis très-peuplée, quoiqu’ il foie également
certain que les habitans, il y a peu de tems
encore, cnrendeienr fort peu l’agriculture fuppléojent
au.défaut du pain, comme font même à
prefent les habitans de la Scandinavie, par une ef-
pèce de fciure de bois & une préparation d’arêtes
de poiffon. Pierre-ie-Grand & fes iucceffeurs, juf-
qu’à ( atherine Î I , ont eu une peine incroyable à
introduire l’ agriculture dans leur domination ; &
quoique le fol ne foit pas partout propre à donner
du bié , (on extrême fertilité dans quelques provinces
permet de le rendre aufli commun en Ruffie,
quedansles contrées méridionales del’Europe. Les
nombreults communications que les parties intérieures
de cet empire ont entr'elles parle moyen
dts rivières, peuvent fournir aifém .nt, à celles qui
en manquent', les productions qui abondenc dans
plufieurs provinces. Quant aux mines & aux minéraux,
ils ne font pas moins communs en Rufïîe que
dans la Scandinavie, & le peupie/en perfectionne
chaque jour l’exploitation. On trouve, dans quelques
lieux, des montagnes riches en mines de fe r ,
do; t la plupart produisent de l’aimant, 8c rapportent
de cinquante à foixante & dix pour cent.
On y trouve auffi du marbre, de l’albâtre, le
talc tranfparent, le jaipe 8c d’autres efpèces de
pierres ; du fel de mer 6c de fourcê, de l’a!un , de
l’o r , & c .
Montagnes, forêts , afpeci du pays.
I,a R ulîe eft en général un pays plat, excepté
vers le nord, où font les monts Poyas, que l’on croit
êtie les fameux monts Riphées des Anciens, maintenant
appelés la Ceinture de la Terre. Au rivage
occidental du Niépcr le termine une chaîne des
monts KiapackV, 6c entre la Mer-Noire & la mer
Cafpienne, le Caucafe borde une fuite de vaftes
piaioes qui s’étendent jufqu’à la mer d’Aral. Nous
pouvons obferver ici que de Pétersbourg à Pékin,
on rencontrerait difficilement une montagne fur la
route qui traverfe la Tartarie indépendante ; & de
la même ville de Pétersbourg, vers la partie fep-
tentrion-ale de la France parDantzick, Hambourg
6c Amfterdam, on peut à peine appercevoir la
moindre colline.
Les forêts font extrêmement multipliées dans cet
immenfe pays y & les provinces du nord & du nord-
oueft font en quelque forte défertes. On ne peut
appeler plutôt chrétiens que païens, le peu d’ha-
bitans qu’elles contiennent.
Mers , golfes , lacs & fleuves.
La Baltique, qu’on appeloit autrefois la Mer des
Vuraignes, 8c qui a la (orme d’ un grand golfe ,
baigne la Livonie a l'oueft. L’Océan lui fournit
moins d’eau qu’elle n’ en reçoit des lacs & des fleuves
delà Ruffie , de la Suède, de la Pologne 6c de
l’Allemagne; auffi eft-elle peu falée. La plus grande
profondeur n'eft que de cinquante toifes , & les
favans de Suède ont obfervé q'ü’elle diminue de
quarante-cinq pouces en un fiècle. Lorlqu’elle eft
violemment agitée, elle dépofe de l’ambre fur les
rivages de la Courlande & de la Pruffe. (Le golfe de Finlande communique avec cette
mer : il commence au dèffous de Pétersbourg ; il a
cinq cents lieues /le long & vingt-flx de large. Le
golfe de Riga , qu’on appelle autrement golfe de
Livonie, appartient auffi à la mer Baltique. La Met1»
Glaciale baigne au nord toutes les côtes de la Ruffie,
dans une étendue de cent cinquante-huit degrés
de longitude. Les principaux lacs font le Ladoga î
il a plus de quarante lieues du fud au nord, fur en-*
viron vingt-fix de large ; il donne naiflance à la
.N e v a , qui fe jette dans le golfe de Finlande. Les
fréquentes tempêtes dont il eft agité, changent les
bancs de fable, & rendent la navigation très dan-
gereufe. C ’eft ce qui a engagé Pierre Ier. à faire
creufer un canal qui commence à Schluffelbourg,
fuit la rive feptentrionale du la c , 8c fe termine au
Volkhof. lia vingt-cinq éclufes, & reçoit les eaux
de cinq rivières qui fe jetoient auparavant dans le
Ladoga.
Le lac Onega eft fitué au nord-eft du Ladoga ,
entre ce lac & la Mer-Blanche. Il- a du fud au nord
quarante-cinq lieues de long fur vingt de large s
il reçoit par plufieurs rivières lès eaux de plufieurs
lac,s inférieurs, & lui-même, par le S vir, jette les
ïïehnes dans le Ladoga. Le Biélô-Ozèro ou lac
blanc eft aufud-elt de l ’Onéga > il groffit le Volga,
avec lequel il communique parla Chekna. Le lac
■ llmen eli célèbre dans les antiquités ruffes, parce
que fes bords s'élèvent à Novogorod. Il a dix lieues
de long fur fept de large ; il reçoit l’es eàux deplu-
fieurs rivières.,Le Volkhof, qui fe jette dahs le Ladoga
, y- prend fa foùrcè. Le lacPeÿpus ou Peipons
forme a fon extrémité’méndi'Pnaïe-un golfe qivoh
appelle le lac de Pieskof. Le Péypus fedéohârge
dans le lac de Finlande par laNavora, qui a donné
fou nom à la ville de Narva. Les fleuves les plus con-
fidérables font, i ° . le Volga : il a fes fources dans
plufieurs lacs & marais dans le Noyogorod, court
eft 8c fudj il prend fa fource dans la forêt de la province
de Welik-Louki, & , après avoir arrofé les
villes de T v e F , Vglitfels, Koftroma , Nifni, No>-
vogorod, Damiensk 8c Samara, & par mille fi-
nuofités prolongé fon cours dans une longueur de
mille lieues, il fe jette dans la mer Cafpienne, au
deffous d’Aftracan. If eft reconnu , non-feulement
comme le plus grand fleuve de Y Europe, mais comme
un des plus favorables à la fertilité. Il renferme toutes
fortes de poiffons, & féconde toutes les terres
qui le bordenr, & qui font enrichies d’arbres, de
fruits & de légumes. L'on compte qu'il nourrit
plus d’un million de pêcheurs 8c de travailleurs. Il
eft à remarquer q u e , dans un lî long cours, il n’a
pas une feule cataraéte qui puiffe interrompre la
.navigation ; mais plus il approche de fon embouchure,
plus il forme d’ïles en fe divifant, plus qu'aucun
autre fleuve du Monde, en une multitude de
bras, 8c ces bras fe fubdivilent en d’autres plus
petits qui fe rejoignent de nouveau ; en forte que
le Volga fe décharge dans la mer Cafpienne par plus
de foixante & dix bouches. Par le moyen de ce fu-
perbe fleuve, la ville de M o fco v entretient communication
, non-feulement avec les parties méridionales
de la Ruffie, mais avec la Perfe, la Géorgie,
la Tartarie & 'autres pays qui bordent la mer
Cafpienne. 20. Le Don ou Tanaïs, qui fépare de
l ’ Afie la partie la plus orientale de la Ruffie. Dans
fon cours vers l’e ft, il s’approche tellement du
Volga , que le dernier Czar avoit entrepris d’établir
de 1’ un à l ’autre une communication en creu- I
fane un canal. Ce grand projet fut renverfé par l’irruption
desTartares. C e fleuve, fans parler de fes
circuits & finuofités, fe jette dans les Palus-Méo-
tides ou mer d’A z o f , à environ trois cent trente
lieues de fa fource, qui eft à vingt-cinq lieues de
M o fco v , dans le lac Ivan. 30. LeBoryfthène ou
Niéper, qui eft également un des plus grands
fleuves de l ’Europe, a fa fource â vingt lieues nor !-
eft de Smolensko., traverfe la Lithuanie, le pays j
des Cofaques Zaporog & celui des Tartares No-
gais, & fe jette dans la Mer-Noire àKinburn, près
.d’Oczakov ; il a treize cataractes vers le quarante- :
huitième degré. Dans un allez petit efpace à ces
trois fleuves, .on peut ajouter les deux Dvina ou
Duna, dont l’ une, à l’oueft, fort d’ un lac dans le ;
gouvernement de Pleskov, non loin deToropetz,
& fe jette dans la Baltique à Riga; l’autre, au nord,
a fa fource près d’Uftioug, & , fe divifant en
deux branches près d’Arthangel, fe perd dans la
Me r-B!anche. La Névq eft large 8c profonde : elle I
fort du Ladoga, &-tombe dans le golfe de Finlande
après un cqurs de quinze lieuesj elle fe divife en
trois bras différées,en .craverfànt Pétersbourg.
Suède. C e pays eft; borné, au fud, par la mer ■
Baltique , leSand 6c le Categat ou Scagcrac; à
l’ oueft, par les montagnes impraticables de la Norv
è g e ; au nord, par la Laponie danoife ou norvégienne,
& à l’eft par la Ruffie. On divife la
Suède en cinq grandes parties : 1Q. la Suède propre ;
20. le Gothland; 30. la Finlande; 40. la Laponie
fuedoiiè; j ° . les î.es fuédoiles. Ii y a une grande
réduction à faire fur l’étendue de la Suède, pour
les lacs 6c les parties incultes, qui font fi confidé-
rables, que la partie fufceptible d’être habitée eft
reiferrée dans des bornes étroites. Suivent les di-
menfions qu’on nous donne de ce royaume.
Elle ne reftemble pas moins à ces pays fous le
rapport du climat & du fol. L’été naît de l’ hiver,
& la végétation eft plus prompte que fous les climats
méridionaux;, car le foleil eft fi ardent, qu’ il
brûle quelquefois les forêts. Les poils & de bonnes
fourrures tempèrent l’excès du fro id , qui eft quelquefois
fi rude, que les habitans en ont le nez & les
extrémités attaqués. Le meilleur remède que l’on
aie trouvé pour ces cas-là, eft de frotter avec de la
neige la partie endommagée. Jufqu’ au tems de Charles
X I I , les Suédois fe font donné des peines incroyables
pour corriger la ftérilité naturelle de leur
pays, en établiffant des collèges d’agriculture, qui,
dans quelques lieux, ont eu de grands fuccès. Le
fol e ft,en grande partie, le même qu’enDanemarck
& en N o rv è g e , en général très-mauvais , quoique
1 on trouve des vallées d'une fertilité furprenante.
Les Suédois, jufqu à ces derniers tems, n’ont pas
eu affez d’ induftrie pour remédier à l'aridité &
améliorer les endroits fertiles. Des payfans fui-
vent à prëfent les principes d’agriculture des Français
6c des Anglais, & l’on prétend qu’ils recueillent
affez de grains pour l’approvifionnement des
naturels. La Gothie produit froment, feigle,orge
avoine, pois & fèves ; & en cas de difette, le peuple
tire des denrées de la Livonie & des provinces
baltiques. En é té , les champs font couverts de
verdure & de fleurs; ils produifent des fraifes, de,s
framboifes , des grofetjles rouges & d’autres menus
fruits. Les gens du peuple s’entendent peu à
la culture çh s pêchers, des abricotiers, brugnons,
ananas & autres arbres fruitiers; mais, dans les
faifons de féchereflè, les melons font portés à la
perfeêfion.
La Suède abonde en criftaux, amethyftes, lapis-
lazuli, agates, cornalines, marbres 8c autres minéraux.
Cependant la principale richeîTe de ce
royaume fe rire des mines d’argent, de cuivre, de
plomb & de fer. L’exploitation de ce dernier métal
n’occupe pas moins de quatre cent cinquante forges,
moulins à marreàux & fonderie s. On a auffi
découvert en Suède une mine d’ o r , mais fi peu
confidérable , que, de 1741 à. 1747, elle n’a produit
que 2,589 ducats d’o r , évalues à 11 1. 4 f. La
première galerie d’ une mine d'argent eft à cent
.toifes fous terre : le plafond en eft loutenu par
d’énormes poutres de!chêne, & delà les mineurs
descendent de quarante tpifes jafqu'aux plus baffes
veines. Il y a des mines qui rapportent jufquà