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de ces dépouilles d’animaux matins qu’ on trouve
en creufant fur l'efpace de dix milles eu avançant
dans les terres 3 on peut juger qu’ un terrain plat
& marécageux a été abandonné par les eaux de la
mer ; mais on ne nous apprend pas, pour décider
l ’époque de cette retraite de la mer, fi ces coquillages
appartiennent à la mer aéluelle ou à d’anciennes
mers.
Des troupes d’oifeaux fe retirent dans cette
contrée éloignée, ainfi que dans le Labrador & à
Terre Neuve, & y viennent des parties du midi
affez éloignées , peut-être même des Antilles. On
obferve aufli que, dans d’autres faifons, la plupart
de ces oifeaux, avec nombre d’autres oifeaux aquatiques
, retournent vers le fud , accompagnés de
leur jeune famille, pour chercher des climats plus
favorables. Les fauvages, à quelques égards, règlent
& comptent leurs mois fur l’apparition des
oif-aux. Ils ont un mois qu’ ils nomment goofe à
1 apparition des oies , lefquelies viennent du midi
auprintems. Tout le genre des gélinotes à longue
queue,des corbeaux, des corneilles cendrées, des
méfanges 8e du pinfon de Laponie affrontentl’hiver
le plus rigoureux , 8c plufieurs des faucons Se des
hiboux cherchent un abri dans les forêts.
Les rennes paffent par troupeaux nombreux en
e â o b r e , 8e s’enfoncent dans les contrées du nord
en cherchant le froid le plus âpre. Les ours polaires
mâles courent les mers furies glaçons flottans, la'
plus grande partie de l ’hiver 3e jufqu’en juin. Les
femelles relient cachées dans les bois ou le long
des bords des rivières jufqu’en mars : alors elles
fortent avec leurs deux jumeaux, 8e dirigent leur
marche vers la mer, où elles vont chercher les
pères. On en tue quantité dans leur paffage. Les
femelles 8e les petits ourfins qui ne font pas interrompus
dans leür route vont jufqu’ au bord de la
mer. En juin, les mâles reviennent au rivage, 8e
dans le courant du mois d'août ils fe réunifient
à leurs compagnes. Leurs petits alors ont acquis un
accroifiement confidérable.
HUERS. Il y a , dans plufieurs vallées de l'If-
lande, des fontaines d’une nature bien fingulière
8r qu’on nommel Avers ,• elles lancent de tems à autre
des jets d’une eau bouillante, qui s’ élèvent
jufqu’à quatre-vingt-dix pisds de hauteur, 8e qui
ont près de trente pieds de diamètre, 8e offrent,
comme on voir, â l’oeil les plus magnifiques jets
d’eau qu’il y ait fur le Globe. Us fortent du fein de
tuyaux cylindriques naturels, dont la profondeur
eft inconnue. A la furface ces efpèces d’ajutages
ont la forme d’entonnoirs fort évafés : on y remarque
des ondulations fucceffiyes 8e concentriques,
formées par les dépôts de l ’eau. Le jeu de
ces étonnantes gerbes eft annoncé par un bruit
confidérable : on voit tout aullitôt le cylindre
intérieur fe remplir d ’eau qui s’élève par degrés
jufqu’au bord, & forme petit à petit un jet qui
augmente de hauteur en jetant des tourbillons de
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vapeurs lançant des pierres énormes. Lorfque
le jet^ eft parvenu à fa plus grande élévation, il
‘ “ ecr0*t & s’ abaiffepar degrés^ jufqu’ à ce qu’ il dif-
paroiffe entièrement. Ces jets d’eau bouillante
ainfi que les fontaines d’eau chaude, fe rencontrent
fort fréquemment dans l’Iilande.
Le principal de ces jets d’eau bouillante eft celui
qu on nomme Gcyer, &c qui fe trouve dans une
plaine remplie de petites collines , d’où l'on ap-
, perçoit un grand nombre de montagnes de glace
J au milieu delquelles l’Hécla domine avec fes trois
I fommets.
1 a Lei ®ramen c'e montagne croît en abondance
! dans le voilinage de ces eaux bouillantes 8c jaillif-
1 fautes. A pou de diftance du Hugel brûlant ou du
I tertre forme a i entour d'un de ces jets d'eau eft un
j lac où des cygnes viennent nager, & un ruiiîeau
( °u 1 onpeche une affez grande quantité de truites j
uuiu J ■eau fraiehe & l'eau bouillante font affez
i près 1 une de l'autre. A l'eft & au fud font des
• ét: ndues confidérables de terrains couverts de
; malles de lave.
Entre plufieurs fources qui font près de. Ska-
cnoll, il y en a deux fort remarquables. Les Mandais
s'en fervent pour faire bouillir leur, lait &
pour faire cuire leur viande, ainfi que pour blanchir
leur linge & pour fouler les étoffes de laine -,
iis les emploient même à ramollir les os defféchés
aes boeufs & des moutons.
Ces huers ou jets d'eau ne font pas bornés à fa
j terre-ferme : on en voit qui s’élèvent dans le baf-
j h» de la mer, & l’on voit jaillir de l’eau bouil-
! jante au milieu des flots, à des distances affez con-
: r fidérables des côtes 5 & la nouvelle ile volcanique
qui eft fortie de la mer à douze milles de la pointe
de Reickenefs prouve que les feux foute ira ins 5c
jes eaux chaudes s’étendent fort loin de la terre-
ferme, & qu’ainff Jes eaux jailiiiTantes^ des huers
peuvent être diftribuées également à un certain
eloignement des côtes.
Les phénomènes que nous préfentent les jets
d eau bouillante d’ Iflande & les dépôts qui fe
forment autour les rapprochent infiniment des
bullicames qu on trouve dans plufieurs cantons
d Italie , & particuliérement dans les cantons vol-
canifés. On y voit également des eaux bouillantes
former des jets plus ou moins abondans, plus ou
moins élevés , & s’entourer dè dépôts pierreux
qui font difperfés dans toute l’étendue où fe rét
pand l’eau : on en voit même q u i, comme les
huers, font intermittens. Ainfi cette comparaifon
des jets d’eau d’Iflande avec des jets d'eau obfer-
vés attentivement dans un pays plus accefîible que
l’Iflande ne peut que jeter du jour fur ces phénomènes,
en diminuant furtout le merveilleux qui
réfulteroit de ces effets naturels s’ils étoient particuliers
à l’Iftande.
HUMUS. Quelques naturaliftes ont donné ce
nom à la coushe de terre végétale qui eft pro-
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duite par les détritus des végétaux : c’eft une ef-
pèce de terteau naturel. En cela ils ont été plus
fondés que ceux qui ont donné ce nom à la couche
univerfelle qui fe r t, félon eu x , d'enveloppe
à notre G lo b e , & qu’ ils ont fuppofé couvrir la
furface des continens terreltres jufqu’ à un demi-
pied de profondeur. Je diftinguerai ici Y humus de
la terre végétale formée de la décompofition des
pierres ou des lits de terres qu’ elle recouvre, au
lieu que Y humus eft le réfultat de la pourriture des
végétaux feulement.
M. de Buffon nous dit que là terre végétale n’eft
peut-être pas en moindre .quantité fur le fond de
h mer, où les eaux des ruiffeaux, des rivières. 5c
des fleuves la tranfportent 5c la dépolent de tous
les tems. Mais nous ne devons parler que de ce
qui eft ici fous nos yeux : nous remarquerons que
la couche de terre produétive & féconde j enfin
Yhumus eft toujours plus épais dans les lieux abandonnés
à la feule Nature, que dans les pays habités,
parce que péfte terre étant le produit du détritus
des végétaux, fa quantité ne peut qu'augmenter
partout où l ’homme ne détruit pas les végétaux,
& ‘ne Les emploie pas à fes befoins. L à ,
les bois, au lieu d'être abactus au bout de quelques
années, ne tombent de vétufté que dans la
fuite des fîècles, pendant lefquels leurs feuilles,
leurs menus branchages & tous leurs déchets naturels
5c fuperflus forment à leurs pieds des couches
de terreau qui bientôt fe convertit en terre
végétale. La quantité de cette terré devient en-
fuite bien plus confidérable par la chute de ces
mêmes arbres trop âgés. Ainfi d’année en année ,
&r bien plus encore de fiècle en fiècle, ces dépôts
d'humus le font augmentés partout où rien ne s’eft
oppofé à leur accumulation. La couche cl ‘humus eft
plus mince fur les montagnes que dans les vallons
dans Jes plaines , parce que les eaux pluviales
dépouillent les fommets de cette terre, & la tranf- "
portent au loin. Les contrées nouvellement découvertes
offrent partout de grandes forêts, dont
Fe fond eft couvert d‘humus. Les fommets nus des
hautes montagnes, les régions polaires,, relies
que le Spitzberg & la terre de Sandwick, où la
végétation ne peut exercer fa puiffance, font par
cette raifon dénués de. cette terre végétale.
H YERES, ville du département du V a r , qua-
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trième arrondiffemenc maritime. Elle eft bâtie en
amphithéâtre fur le ' penchant méridional d'une
’ montagne très-élevée & fehifreufe, & à quinze
kilomètres de Toulon. C ’eft fous l’abri de cette
montagne qu’on élève l’oranger, le cédrat, le ci-
.-tronier, le pondre & leurs .métis, arbres puiffans
de vie <k de force, qui noiirriffeut en même tems
la fleur naiffante , l’embryon qui fe noue , le fruit
qui croît 5c celui qui mûrit} préfentent, réunis fur la
même tige, tous les âges de la production. L’orange
n’atteint fa parfaite maturité que huit à neuf mois
après la chute de fa fleur} 5c fi elle paffe fur .l'arbre
l’époque de la floraifon , elle y -perd fon fuc, mais
elle le recouvre quand les nouveaux fruits font
noués. On cueille à Hyères les oranges deftinées
pour les pays lointains dès que le plus petit point
jaune a marqué leur écorce. Elles font expédiées
en cet é ta t, & achèvent de mûrir en moins d®
quarante jours. Cette récolte fe fait au commencement
de l’automne, C ’eft encore dans la même
faifon que des légumes de toute efpèce, favou-
reux aucant que hâtifs, vont repréfenter le prin-
tems fur les tables du Nord.
Les champs les moins précieux produifent en
abondance l'huile, le v in , la câpre, la figue & la
pêche. Une dérivation du Capeau facilite les productions
y mais, comme s'il failoit que le mal fût
partout à côté du b ien , des marais peftilentiels
infeCtent ce territoire|fi riche des complaifances
de la Nature , 5c y entretiennent des fièvres inflammatoires
& putrides. En 1773 & en 1781 elles
furent épidémiques. Il’ refte à Hyères des landes
immenfes, où l'oliv ier, la vigne & le châtaignier
pourraient être cultivés avec fuccès. L’agriculture
n’attend, pour diriger fes conquête^vers ces dé-
ferts, que le defféchement ou l ’avivement des
marais.
Hyères adesfaliües où l’on travaille pendant cinq
mois. Leur produit annuel eft de deux cent mille
minots de fel. Le-chéne blanc & le chêne vert croif-
fent dans fes vallées incultes j mais les arbres les
plus communs dans fes forêts font le lièg e , le petit
& le grand pin maritime.
Le terrain des îles à*Hyères eft fehifteux, 8c
renferme des amas de quartz, de mica 5c quelques
gtès. Louis X IV faifoit élever des faifansi Por-
querolles, l’une de ces îles.