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elpagnoJes à une grande profondeur fous terre, pas tous des travaux des Romains j & ce n'eft fans
Comme cette obfervation fcrt à confirmer notre » doute pas rendre juftice aux anciens Germains &
opinion , que dans ces tems les terres à tourbes j aux Bataves, que de croire qu'ils étoient affezbar-
etoient ,très.-diftia£tes, des terres hautes & culti- j bares pour avoir ignoré Part de faire des briques ,
vees j. la fituation des couches à tourbes dans des j comme il paroît que Tacite le fait entendre. *
tems poftériems meparoit une preuve affez grande ! D'ailleurs , ces pavés & ces puits qu'on trouve
pour ofer prétendre que., depuis cette .époque in- ; fpus terre ne font pas des preuves que le terrain
diquéé, elles fe font rehauffées de pi us en plus * I a été r-ehauffé dans ces endroits par lè limon des
ou *ü io n veut plutôt, q u e , demeurant toujours
marécageufes , elles ont été .rehaufiées annuellement
de plus en plus par la décompofition des
plantes : c’eft du mpins ce qu'on, peut remarquer
dans les terrains marécageux des fblîés0. &c. Si
donc on peur tirer ,des veftiges d’anciens.bâtimens
quelquespréuvfis.du.rehauflement des.terres, ou,
pour nous en tenir à «notre première idé e, de l'ancienne
élévation & folidité du terrain, de la Sud-
Hollande , d'un autre côté , on peut prouver
la fituation baffe,d’autres .terrains , je crois alors
qu'il ne refte aucun doute que les fondemens des
anciens bâtimens neYoient des preuves convaincantes
que je terrain où on les trouve, a été.à,fec &
élevé. D e meme le défaut de feihblables monumens
dans les couches à tourbes prouve clairement que
les autres terres de la Sud-Hollande.ont été marécageufes
, & par conféquent baffes. Il nous paroît
donc inconteftable que les couches de tourbes-
quoiqu'elles foient devenues plus compaétes en .fe
refferrant avec le tems., lorsqu'on a entouré les
terres de digues, ont cependant.été anciennement,
ainfi qu'elles le font encore aujourd'hui y plus
baffes relativement aux terres plus élevées., & que
les plus baffes de toutes ont été couvertes par les
debordemens des rivières, de couches de fable ou
d^argilej ce qui fait aufli, à ce que nous croyons,
qu en plufieurs endroits de la Hollande, & particuliérement
de la .Norr Hollande, on trouve auxbords
aéluels ou anciens des rivières y de la tourbe fous le
fable ou fous l’argile, tandis que dans les tourbières
plus hautes on trouve la tourbe à la furface, cepen.-
dant toujours entre des terres plus élevées. Ces terres
élevées , & nommément celles de la Sud-Hollande t
n’ont pas éprouvé de fi grands changemens depuis
qu’elles ont.été habitées par les anciens habitans-,
que les terres de la Nprt-Hollande,.de la Zélande,
& les terres baff.s,& humides de la Meufe & du
Rhin , ,comme plufieurs terres affaiffées & d e s bâr
timens enfouis nous le prouvent.
Par tout ce que nous venons de dire * il eft facile
de voir que nous penfons que le terrain de la Hoir
lande a é té beaucoup élevé par le fédiment des
rivières & de la mer, mais que nous ne prétendons
pas que ce rehauffement ait eu lieu depuis le tems
que .les Romains ont été dans c e pays, quoique
nous reconnoiflions cependant que, depuis cette
époque , il a éprouvé plufieurs changemens, foit
par l'élévationau terrain, foit par fon éboulement,
caufé par le battement des eaux. Nous avons des
raifons pour penfer que les pavés, les rue s, les
puits & les autres ouvrages fembiables ne font
rivières,.- C ’eft auilî le.fentimert de M. Lulofs, en
parlant des puits, des rues & des fondemens qu'on
a trouvés à une grande profondeur fous tc-ne à
Dordrech, à Egmont- fur-Mer & dans d'autres
endroits. On ne peut cependant difconvenir que le
Dorfche-Waart n’ait été fouvent inondé, & que
fon terrain n’ait été elevé par le limon des rivières $
mais on ne peut chercher la preuve de ce tehauf-
fement du terrain dans les rues, les pavés, dont
on vient de parler, & qui ne font, à ce qu'il
paroît , que les refte s de quelques caves conftruités
par les Moines dans des tems poftérieurs, & par
conféquent long-tems après le changement confi-
dérabfe que-ceterrain a du éprouver. Tel e ft, par
exemple, l'ouvrage qu’on a trouvé dans la fei-
gneurie. de Warmond. Près d'un ancien mur de
l'églife. qui a été brûlée, on voit, une efpèce de
maçonnerie ronde, qu'on appelle encore aujourd’hui
foTqurdesMoiaes.Dzns cette tour il y avoit un
efcalier à noyau, de pierre maçonnée, qui defeend à
une grande profondeur fous terre, & qui fe termine
à une route qui fe prolonge affez loin fous terre, &
cju'on a parcouruei plus de cent pas. Elle aboutiffoit
à un couvent dont le terrain eft aujourd'huicôuvect
de prairies.& de.bois, & qui fe nomme encore Kloofr
ter.land (de terrain du couvent ). J'ai trouvé, dit
Lylofs, de pareilles voûtes dans deux maifons dont
j'ayois lait 1 acquifuion derrière une églife à Leyde.
-Voici un exemple encore plus frappant. En 17 £ on
découvrit dans le terrain de l'ancien Alkemade, à
un quart de^ lieue de Warmond.; lesi fondemens
d'un bâtiment circulaire, dont le diamètre étoit de
£ré$tê~fix pieds. Le mur circulaire avoir huit pieds
d'épaiffeur d'aplomb, & étoit conftruit de briques
rouges de.douze pouces de long fur fix de large ,
& . trois d'épaiffeur, jointes enfemble avec un ciment
pur. Au nOrd-ett on trouya, après avoir
abattu quelques rangées de briques, un efpace
d'un pied ;& demi en carré, maçonné de toutes
parts, fe trouvant hors de l'épaiffeur du mur. A environ
trois pieds feus terre., du côté du fud-eft,
il y avoit une efpèce de pavé dejalargeur de deux
pieds à deux pieds & demi, fait de briques plates,
allant au fud-elt du bâtiment. En comparant la fituation
de ce bâtiment avec celle d'autres de ce
même, genre, & particuliérement de la tour des
Moines, on peut affurer que non-feulement la
haute partie SudyHoltande, mais même la
partie baffe > qui tient i h Nort-Hollande ^ c'eft-à-
dire, qui fe trouve-derrière les« dunes, aux environs
des rivières, n’a pas éprouvé de révolution
depuis le tems des Romains, & que les plus grands
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changemens dans les couches de terre, -opérés par
la mer ou par les rivières, n’ont pas eu lien partout
dans un même tems j car en examinant les brique/
du bâtiment circulaire dont nous venons de parler,
on verra qu’elles.font delà même efpècer& de la-
même grandeurque les briques du Burg, de-Leyde,
& que celles du château de Britterr, trouvecs à
Rhymsburg & à Roomburg. Le plan en eft aufli
dans le goût romain. Il eft donc probable que ce
bâtiment a été conftruit par ces conquérons du
Monde, quoiqu'il y ait des écrivains qui le regardent
comme un refte de l’ancien Alkemade. Mais
fuppofons que cela foit ainfi : les briques delà tour
des Moines font plus petites, & la manière de
bâtir eft d’un tems moins reculé & plus connu,
ayant été fondé en 1410 par Jean I , feigneur de
Warmond & d'Yffelmonde. Ces deux bâtimens ,
qui fe trouvent à environ un quart de lieue l'un de
l'autre, font à peu près à une même profondeur
fous terre, dans un terrain ferme <k dur, & , qui
plus eft ,furune même couche fuivie. C e terrain n’a
donc pas pu fubir un changement confidérable pendant
le laps de tems qui s'eft écoulé depuis la conf-
truéfion de ces deux bâtimens jufqu'à nos jours :
la terre a feulement été plus habitée, plus cultivée
& plus excavée par la fouille des tourbes. Cet
intervalle a été au moins de douze cents ans , fi
l’on compte depuis le tems de s changemens que
les côtes & des terres ont effuyés après la de^
meure des Romains dans ce pays. Toutes ces raifons
prifes enfemble nous prouvent donc que ces bâtimens
en voûtes >i;&c. qu'on peut trouver fous
terre , ne font pas des preuves que les couches du
terrain ont-été rehauflees, quoiqu’â'la vérité' il
y en ait d'autres qui viennent à l’appui de ce fen-
timent,.comme nous l’avons fait-voir plus haut.
Mais, fans nous arrêter davantage à difeuter Ces
différentes opinions y nous; nous bornerons à en
tirer cette conclufton. Nous confidérons d’abord
la Hollande, de puis le commencement du Monde,
ou fi l’on, veut après, le déluge univérfel , comme
fe formant du fediment en-couches uniformes &
parrallèles fur les fondemens de la terre j qui nous
font inconnus. Après la confolidation de ces couches,
ce pays doit avoir étédong^tems défert, inconnu
& inhabité, fe trouvant dans le même état
que toutes les autres contrées du nord; dont J< b
a fans doute parlé > lorfqu’ il a dit nG’eft lui ( c'eft-
à-djre Dieu •) qui fait -repofer le pôle dm feptem
trion fur-le vide \ ce qui s’accorde aveeda- connoif-
fànce que nous r ayons • de l’état des pays .fèptèn-
tripoaux dans* des aems moins reculés; Ileftrfirrf's
doute impoflihle de marquer-avec quelque certitude
les changemens que les couches de h Hollande
ont éprouvés, & de quelle manière ces changemens
ont pu s'opérer. Mais , d?après la • natuiei
des chofes, nous pouvons« fuppofer un fécond;
changement à une époque moins reculée, c'eft-à-,
dire, depuis la première irruption des fources du.
Rhin & de la Meufe, & par conféquent depuis
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i'inftant'où ces rivières ont commencé à porter,
& ont eïifuite continué à porter leurs eaux, leur
limon,& leur fable dans ce pays., La troifième éaufe
de changernent doit être attribuée à la proximité,
à fëloignement & à la fituarion haute ou baffe de
la mer du.Nord.^yoilà tout ce que,nos connoif-
fances bornées nous permettent de conjecturer fur
des, faits aufli difficiles à approfondir.
§. IL Rivières delà Hollande, ' •
Il faut d’abord remarquer que la ^Hollande, eft
arrofée & travelfée par deux ou plutôt par quatre
grandes rivières principales j faydir : le Rhin-, la
Meule , le Leek 6c T’Iifel 5 mais comme ces deux
dernières fe forment du Rhin & de la M eufe , on
ne. doit regarder comme rivières principales que
les d;ux premières. Le Rhin mérite le premier
rang. .
Le.grand Rhin, en arrivant fur le territoire de
la HZllànde, le divife, près d’Emmerick, en deux
branches prefqu'égales entr'elles, le Wahal & le
Rhin proprement - dit. L e 'lit de chacune de, ces
branches eft à peu près égal à celui de là rivière
entière avant ia divifionj & quand les eaux grof-
filfent, elles font également hautes dans l’une 8ô
dans l ’autre* La fécondé branche fe divife dé nouveau
vers Arnheim pour former l’Iffei, & la fec-
tion de Tlllel n’eft pas fort différente, de celle du
Rhin. La première divifion de toutes les eaux du
Rhin a été commencée fous les généraux romains
Drufus & Coibulon j elle a été enfuite continuée,
dans .-les fiècles poftérieurs, par un grand nombre
d’autres fubdivifîons. Ce tte ’ grande multiplicité
de canaux, en procurant.de très-grands avantages
à là navigation & au commerce dé la Hollande,
entraîne avec elle les conféquenees les plus fuhef-
tes, quifontqueles eaux, diviféesen tant de branches,
perdent la viteffè & la force dont elles aù-
roient befoin pour foutenir & pouffer en avant
les matières hétérogènes qu’elles tranfporrent. Le
rehauffement continuel du fond rend toujours
plus grands les dommages que fouffrent de vaftes
terrains 1 orfqu'il fe fait quelques ruptures , &
menace le pays d’une ruine totale.
.La Mefffe n’eft pas moins fameufe que le Rhin
lui même, avec qui elle.a une liaifon n étroite en
Hollande, que ces deux rivières prennent fouvent
le nom Lune de l’aiitre , ou qu'elles èn portent
enfemble de nouveaux. Ainfi toutes les moindres
rivières qui arrofent la Hollande, & dont nous allions
aufli fuivre le cours dans cet article, ont leur
fource dans-ces deux rivièfes principales.
■ La Meufe,-que les Romains ont nommée Mofa,
eft appelée par les Allemands Mafe, & par les
Hollandais: Maa^e. Cette rivière a fa fource en
Champagne , province de France, à.environ fix
lieues de Langres^près des villages de Meufe &
4 e Montigny-le-Roi, qui eft un fort bâti fur une
haute montagne : de là elle continue fon cours
par Saint-Thiébaud, où elle commence à porter