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intermédiaires y font également bien marquées,
eft la plus tempérée , mais la plus inconftante dans
l’ordre de fes faifons. Ses hivers , tantôt doux ,
tantôt rigoureux , 8c communément offrant la
réunion de toutes les températures, fujets à des
changemens fréquens 8c quelquefois fubits, des
étés non moins irréguliers, non moins variables,
amenant rarement de longues féchereffes & de
longues ch fleurs , toute l’année portant' les caractères
d'inconftançe, caraCtérifent cette zone,
dans laquelle fe trouve un des pays les plus fertiles
& les plus rians de YEurope 3 la France.
11 faut remarquer que c’eft à peu près au milieu
de l’hémifphère boréal« à.égale diftance de
l’éqttareur 8c du p ôle, que fe trouve placé ce c limat
intermédiaire entre la grande chaleur & le
grand froid : ainfi, toute la partie méridionale de
l’Allemagne, prefque toute la Hongrie, la Mold
a vie, la petite Tartarie , & une portion méridionale
de la Ruflie, peuvent être confidérées
comme répondant à cette zone. Nous indiquerons,
au refie, parla fuite, toutes les exceptions
qui peuvent fe rencontrer dans ces différentes
contrées.-.
Zone cinquième.
La zone de YEurope la plus méridionale eft remarquable
par la chaleur de fes étés & le peu de
durée de fes hivers , qui, rarement accompagnés
de fortes gelées/plus rarement de neiges durables,
doivent leurs plus grandes rigueurs au vent de
nord-oueft, Mdejhro , ou aunord-eft, Tramontana.
Le printems y eft délicieux, comme nous le représentent
les poètes de ce pays} mais les étés y
font fées 8c brûlans , & il n’y a que les nuits qui y
réparent la chajeur des jours : l’Efpagne, la France
méridionale, l’ Italie, la Grèce & la Crimée appartiennent
à cette zone.
Il eft bon d’obferver que fi l’on réunit en une
feule zone la troifième 8c la quatrième, q u i, en
e ffe t , ne diffèrent que par des nuances, alors les
quatre divifions parallèles de YEurope fe trouveront
à peu près égales , ç ’eft-à-dire , de huit à dix
degrés de latitude chacune : la cinquième, en
e ffë t, s’étendra depuis le trente-fixième degré
jufqu’au quarante-cinquième ou environ : la quatrième
& la troifième depuis le quarante-cinquième
jufqu’au cinquante-cinquième : la fécondé s’étendra
julqu’au foixante-troifîème, & la plus feptentrio-
nale, du foixante-troifîème au foixante-douzième.
C e partage de YEurope en cinq climats principaux
eft le réfultat de l’éloignement où les différentes
zones ou bandes font de l’équateur : on
n’y a pas compris d’ autres circonftances, qui font
cependant très - dignes d’attention 5 car , par
exemple, les fols montagneux font en général plus
froids que les pays de plaines environnant : ainfi
les pays plats & maritimes, ou dans lefquels font
des lacs nombreux & des rivières multipliées..
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peuvent être confidérés comme étant en général
d’une température plus douce que tous les terrains
élevés contenus dans les mêmes parallèles.
Les pays renfermés dans les Alpes, & q u i, par
leur pofition, appartiennent à la quatrième & à la
cinquième zone , peuvent être confidérés comme
appattenans, par leur température, au climat de
la troifième 8c de la fécondé. Les départemens du
Puy-de-Dôme & du Cantal, placés dans la France,
vers la partie méridionale de la quatrième zone,
ont de même des hivers très-froids : les neiges y
couvrent les hauteurs de bonne heure 8c fe. fondent
très-tard. C ’ eft aufli, par une conféquence de
ce qui vient d'être dit-, que les côtes de la Norvège
ne font pas fous un ciel auffi rigoureux que la Suède,
tandis que les Dofrefields Ou les hautes montagnes
qùi féparentle Danemarck de la Suède, font couverts
de neiges & de glaces qui y fubfiftent toute
l ’année , & qui y repréfentent le climat des côtes
fepcentrionales de là Laponie ou celui duSpitzberg
& de la Nouvelle-Zemble. Au rèfte, lés caufes de
ces différences, qui ne tiennent point aux divifions
de la fphère, mais aux difpofitions des lieux,
méritent un examen particulier. Je difeutetai, au
refte , les caufes principales de ces exceptions en
parlant des mouvemens généraux des mers,
§. IV. Vents en Europe.
Les vents ont une grande influence fur là différente
température des lieux : ils augmentent l’évaporation
des liquides à un degré confidérable j ils
occafionnent une diminution bien fenfible de chaleur,
tant dans les corps à la furface defquels l ’évaporation
fe fait, que dans l’ air au milieu duquel
cette opération fe paffe 5 ainfi : quel que foit le vent
qui opère cette évaporation , il refroidit généralement.
Il faut excepter le vent du midi lorfqu'il
chaffe devant lui une maffe d’air fort échauffée. On
fait que fi le vent du nord fouffle, le refroidiffe-
ment eft très-confidérable.
Les vents font extrêmement variables au-delà
du trentième degré, des deux côtés de l’ équateur.
Dans YEurope, fituée toute entière au-delà du>
trente-cinquième degré, aucune marche régulière
n’ a jufqu’ici caraéfcérifé les vents. Ils foufflent de
tous lés rhu-mbs en tout tems, 8c l’hiftoire d'une
année ne fe raccorde point avec celle de l’année
qui précède ou qui fuit. Cependant il eft dans certains
pays des vents qui font remarqués entre tous
les autres, par lenr fréquence, leur violence 8c
leurs effets.
§. V . Mers de UEurope.
Dans l’expofition & la description de ces .mers, je
fuivrai un plan qui appartient plus à l’hydrographie
qu’ à fia- géographie, quoiqu’il fatisfaffe également
à ces deux parties de la connoiffance de n otre.
Globe, furtout dans ce qlii concerne l’ inftruéUon
publique. Je me flatte, au refte, d’avoir adopté à ce
fujet des vues nouvelles, auffi lumineufe$ qu’elles
peuvent être agréables. Du moins il me paroîc qu’ il
réfultera de mon travail un nouvel enfemble , qui
eft'le rapport des mers avec lès baffins terreftres
que parcourent les rivières ou fleuves qui fe jettent
dans ces mers.
Ge qui frappe & ce qui nous intéreffe le plus en
Europe, c’eft le nombre 8c l’étendue des mers intérieures,
confidérées avec raifon comme les premiers
canaux de la grande indufirie 8c de la civili-
fation de cette partie du Globe, &par conféquent
de fa fupériorité fur les trois autres. Si l’Afrique
eût été pénétrée à l’oueft d’une grande mer intérieure
, il eft probable que les bienfaits de l’induf-
trie s’y feroient répandus avec facilité. La Méditerranée
obtient parmi les mers intérieures, une
prééminence méritée, puifqu’elle a été le céntre
de la ciyilifation de YEurope ancienne & moderne.
Les Colonnes d’Hercule marquoient fes bornes à
l’occident : c ’ étoient le Mont ou le Roc d’A bila,
aujourd’hui Ceuta, & leCalpé enEfpagne, maintenant
le célèbre Gibraltar. De ces points à fa dernière
extrémité en Syrie, la Méditerranée a une
longueur d’environ mille fept cent vingt milles. Au
nord elle s’ouvte en deux grands golfes, l’Archipel
& celui de V en ife , le premier la mer Egée
des Anciens , 8c le fécond la mer Adriatique. De
la mer É gée, le détroit des Dardanelles, autrefois
l'Hellefoont, conduit à la mer de Marmara, la
Propontide ancienne : de là l’ancien Bolphôre de
Thrace, maintenant canal deConftantinople, communique
avec lePont-Euxin ou la Mer-Noire, qui
préfente au nord le bas-fond des Palus-Méotides
ou de la mer d 'A zo f, qui de fon côté eft la dernière
limite de ces parties de la mer intérieure de
YEurope. C ’eft auffi de ces points intérèffans, que
l’eau a commencé à couler lors du premier ap-
profondiffement du badin de la Méditerranée. La
v.afte étendue de ce baffin eft interrompue par un
grand nombre d’îles, 8c bordée décotes opulentes,
où la Nature a prodigué fes traits les plus pittoref-
ques 8c les plus intéréffans. Excepté dans les plus
refferrées, on n’apperçoit pas l’ effet des marées5
mais, fuivant l’opinion des obfervateurs natura-
liftes, il y règne un courant qui, le long du rivage
italien, fe dirige de l’eft à l’oueft 8c , dans le fens
contraire, vers la côted’Afrique. Dans l’Adriatique,
le courant fuit la direction nord-oueft vers la Dal-
matie, & la difpofition contraire en retournant
le long de l’ Italie. La Méditerranée, très-abondante
en poiffons, nous en offre plufieurs efpèces inconnues
dans les latitudes plus feptentrionales. Les
principales pêches font celles du thon, du fpadon,
du marfouin, efpèce de goulu de mer, & des anchois.
Ce font auffi ces mêmes parages où l'on
trouve très-abondamment le corail, qu’on fait aujourd’hui
être l’ouvrage des infe&es de mer ou
plutôcdes zoophytes. Il fe préfente fous trois couleurs,
le rouge, le vermillon & le blanc, & dans
la plus grande hauteur il n'a jamais plus d’onze
pouces. Sa dureté eft la même au fond des eaux
qu’ à l’air libre. On le recueille avec une efpèce de
file t, à la profondeur de foixante à cent vingt pieds.
C ’eft à l’hydrogrographe à donner l’énumération
des écueils 8c des rochers} mais les bancs dépêché
font d’ une grande importance générale, & nous
dirons qu’ il y en a quelques-uns près les côtes de
la Sicile.
Si nous remontons à la mer d ’A z o f , nous dirons
que cette mer eft pleine de vafe à l’embouchure du
Don ou Tanaïs. C ’eft de là que lui vient la dénomination
de Palus ou Marais que lui donnèrent les
Anciens, comme nous l’avons dit ci-deffus. Elle
communique avec la Mer-Noire par le détroit de
Caffa, autrefois Bofphore cimmérien. Nous quitr
tons la Méditerranée en renvoyant à fon article
pour une infinité de détails que nous croyons devoir
fupprimer i c i , & nous paffons à la Baltique ,
la fécondé des grandes mers intérieures de YEurope.
Les Allemands la nomment Mer orientale, 8c les
Anglois Eafiern-Sea , d'où viennent les Eafterlings
de l’Hiftoire d’Angleterre, qui étoient des peuples
voifins des rivages de la Baltique. ElLe débouche,
fur l'Océan atlantique feptentrional} ce que prouvent
les courans que parcourentles différens golfes
de cette mer, & qui en portent les eaux aux trois
débouchés qui s’y font ouverts lorfque les fleuves
qui y concourent, en ont creufé les baffins, lefquels
continuent à les abreuver. Effectivement, cette mer
intérieure fe partage en trois branches, dont une fe
porte au fu d , forme le petit golfe de Livonie,
nommé auffi golfe de Riga. La fécondé, qui fe dirige
vers l’e ft, & qui eft plus confidérable que la première,
s’enfonce dans la Finlande, fous le nom de
golfe de Finlande. La troifième, plus confidérable
que les deux autres, fe porte dans le nordà travers
la Scandinavie, jufqu’au foixante-fixième parallèle,
celui d eT o rn éo , célèbre par les travaux des Académiciens
français, & elle reçoit le nom de golfe
de Bothnie, qu’elle tire de cette province de la Laponie
fuédoife , que ce golfe divife en Bothnie orientale
& en Bothnie occidentale. Il ne me refte plus
qu’à faire connoître les fleuves qui d’ua côté
abreuvent les golfes, & q u i, après avoir arrofé les
baffins terreftres, fe réunifient aux côtes- correspondantes.
D ’un autre c ô té , il convient d’examiner
ies trois paffages qui. ont formé les îles de Danemarck
: favoir, au nord, POre-Sund ou paffage du
Sund entre la Scanie & l’ ÎIe de Séélande au milieu
} entre cette île & celle de Fionie , le paffage
du Grand-Belt, 8c au fud,. entre File-de Fionie 8c
leJutland, le p'affage du Petit-Belt. Nous achevons,
de réunir ces débouchés de la Baltique avec l’Océai*
atlantique feptentrional, en indiquant le Categat
& la Manche de Danemarck. Parmides divifions.
des différens golfes ou mers qui environnent les
États de YEurope3. nous citerous la mer d’Allemagn
e , ainfi nommée parce quelle baigne les cô-tes