vers jufqu’à des hauteurs qui ont été appréciées de
quatre-vingt-feize à cent pieds..
Une partie de l’eau qui retombe, rencontrant
dans fa chute de nouveaux jets, remonte avec eux.
Enfin, le baflin étant rempli, l’eau, qui eft agitée
a la furface par de greffes vagues , commence à
couler de tous côtés en ruiffeaux le long des flancs
du monticule1. Pendant qu’une partie des jets fe
diflipe en vapeur, une autre plus confidérable re tombe
en pluie fort ferrée. Les jets fe fuivent de
trop près pour qu’on puiffe les diftinguer à l’oeil.
A leur fortie du baflin, leur denfité les fait paroi-.
tre du bleu le plus pur & le plus brillant} mais
plus haut on ne diftingue point de couleurs. Quel- |
ques-uns montent verticalement ; mais d’autres, I
qui s’élançent avec une légère i:.iclinaifon , prennent
des courbures fort élégantes:
La viteffe de ces jets eft inconcevable. Ceux
qui s’élèvent fans rencontrer d’obftacles fe terminent
en pointe aiguë, & s’évanouiffcnt dans l’ air.
Les éruptions, changeant de formes à tous les
inftans, durent dix à douze minutes 5 l’eau def-
cend enfuite dans le tuyau & di (paroît entièrement.
Ces éruptions fe fuccèdent avec quelque régularité
, mais elles ne font égales ni en durée
ni en intenfité. Quelques-unes durent à peine huit
à dix minutes , pendant que d'autres fe foutien-
nent avec une violence égale pendant quinze à
dix-huit minutes. Dans l’intervalle de tems qui fé-
pare les grandes éruptions, & pendant que le baf-
îin & le tuyau fe rempliffènt, l’eau jaillit à une
hauteur confidérable à plufieurs reprifesj mais ces
jets partiels ne durent guère plus d’une minute,
& fouvent beaucoup moins.
Dans l’efpace d’une heure & demie, pendant
lequel l’eau remplit en partie le tuyau & le baf-
fin , on compte vingt de ces jets. Cette eau paroît
alors agitée fréquemment, & bout avec une grande
violence. On remarque que les jets font plus beaux
& plus durables à mefure que l’eau augmente dans
le baflin. Laréfiftance étant plus grande ' leur, force,
jufqu'à un certain point contrariée, & leur forme
plus divifée offrent des jeux plus variés dans les
moüvemens de l’écume & de la vapeur.
Tandis que le tuyau fe remplit, fï l’on jette
dedans plufieurs pierres d’un poids confidérable,
on remarque que, chaque fois que l ’eau eft lancée
avec violence, elles font projetées beaucoup plus,
haut que le liquide lui-même} & que lorfqu’elles
rencontrent en tombant des colonnes d’eau amendantes.,
elles remontent & defcendent enfuite al- j
ternativement. On diftingue aifément ces pierres i
au milieu de l'écume blanche, & elles contribuent
à accroître la fingularité & la beauté du fpeétaele
du grand Geyfer.
Lorfque le baflin eft à peu près rempli, ces
éruptions feconJaires font annoncées par des fe-
couîfes dans le fo l, affez femblables à- celles qui
précèdent les grandes éruptions, & , immédiatement
après le choc, la maffe entière de l'eau du
baflin fe foulève confidérablement : une violente
ébullition fuccede. On voit de grandes vagues partir
du centre , d’où jaillit enfin l’énorme colonne
• qui termine ce jeu des eaux.
Après quelque tems de repos dans le baflin, la
température de l’eau ne palTe pas foixante-cinq
degrés de Réaumur 5 mais immédiatement après
une éruption, elle s ’élève à foixante-quatorze.
On a fait cuire dans cette eau up morceau de fau-
mon qui fe trouva excellent, fans le moindre goût
de foufre. L eau de Rykum n’avoit pas donné
d aufli agréables refultats pour la cuiffon du même
poiffou. ( V o y i Ry k u m . )
L’eau que produit le grand Geyfer fe joint, au
bas du^monticule, à celle qui coule de la fource
du Geyier grondant. Le ruiffeau formé par ces
fources réunies fe jette dans la rivière, à trois ou
quatre cents pas de diftance, & la température de
l’eau fe trouve réduite à dix-fept degrés J de
Réaumur. Le dépôt de ces eaux eft encore là fore
abondant, & toutes les plantes quelles arrofent,
' font couvertes de belles incruftations.
1 Le nouveau Geyfer eft à la même diftance de
la colline que le grand Geyfer. Son tuyau paroît
avoir une forme aufli régulière j il a fîx pieds de
diamètre, & quarante-fixpieds fix pouces de profondeur.
Il ne s’ouvre pas dans un baflin , mais il
eft environné à peu près d’un rebord ou d’une
forte de muraille de deux pieds de hauteur. Après
chaque éruption, le tube fe vide, & l’eau y rentre
; graduellement, comme dans le grand Geyfer. Pendant
près de trois heures que le tuyau met à fe
remplir, les éruptions fecondaires ont lieu affez
rarement, & ne s élèvent pas très-haut j mais l’eau
bout pendant tout ce tems, & fouvent avec une
grande violence. La température , après chaque
éruption , s’eft trouvée conftamment.de deux cent
onze degrés ( point de l’ébullition de Fahrenheyt).
Il y a peu d’ incruftations autour de cette fource ,
mais on en trouve dans le ruiffeau qu’elle forme. *
Les grandes éruptions ne font précédées par
aucun bruit, comme le font celles du grand Geyfer.
L’eau fe met foudainement à bouillir, & fe
trouve en conféquence foulevée jufqu’au deffus
des bords du baflin j enfuite, après avoir un peu
redefeendu, elle jaillit dans l’air avec une violence
inconcevable. La colonne d’eau demeure entière
jufqu’à ce qu’ elle ait atteint la plus grande hauteur,
& là elle fe divife en jets innombrables. Sa direction
eft verticale , & fa plus grande hauteur de
cent trente-deux pieds. Ces éruptions, comme
I celies du grand Geyfer, offrent plufieurs jets qui
fe fuccèdent avec une grande rapidité. Les pierres
qu’on jette dans le puits font lancées à cent
vingt-neuf pieds de hauteur t pour lo rs, parvenu^
à cette hauteur, elle fe divife tellement, qu’elle
retombe froide. Pendant dix ou quinze minuté»
l’ eau jaillit avec la même impétuofité , enfuite
elle diminue, & enfin la vapeur feule lui fuccède.
A mefure que l’eau baifle dans le tuyau, l’abondance
de la vapeur diminue aufli j de manière que
l’eau ayant difparu entièrement, la vapeur s!éva-
nouic de même.
Il ne peut guère exifter d’opinions différentes
fur la caufe immédiate de l’afcenfion de l’eau dans
ces fources. Elle eft évidemment due à la force
élaftique d’ une vapeur aqueufe, qui cherche à fe
faire jour au dehors. C ’eft aufli, félon toute apparence,
la forme du cylindre ou tuyau par lequel
l’eau s’é lè ve , qui.lui donne cette force projectile
fi prodigieufe.
On ne peut rien dire furTancienneté de ces fources,
finon qu’elles font défignées comme lançant
l ’eau à une très-grande hauteur par Saxo Gramma-
ticus, dans la préface de fon Hiftoire de Danemark
, écrite dans le douzième fiècle. D’après
la difpofition générale du local & des environs, il
paroît vraifemblable qu’elles font très-anciennes.
Lës effets des feux fouterrains paroiffent en général
dater d’ une haute antiquité. Toutes les montagnes
& collines de cette île prouvent avec quelle
violence ces feux ont agi pendant des fiècles.
Si nous revenons auxGeyfers, nous trouverons
que le nouveau Geyfer n’avoit pas jailli fortement
avant 1789 i mais comme au mois de juin de cette
année cette île éprouva de fortes fecouffes de tfern-
blemens de terre, il n’eft pas invraifemblable que
quelques-unes des cavités qui communiquent avec
le fond du tuyau , furent alors agrandies, & que
de nouvelles fources fe firent jour dans leur intérieur.
On peut d’ailleurs expliquer la différence
qu’il y a entre les éruptions de cette fontaine &
celles du grand Geyfer, par cette ci rconftance particulière
, qu’il n’.y a pas de baflin au deffus du
tuyau de la première , dans lequel une eau tranquille
faffe obftacle aux jets dans le moment où
ils s’élèvent. On n’a pas découvert de correfpôn-
dance entre les éruptions des fontaines. ( K oye^ les
'Articles RYKUM & ISLANDE. )
H A T T EM , village du département du Bas-
Rhin, à trois lieues de Weiffembourg. On y exploite
avec fuccès les terres propres à la poterie.
HAUTE-PIERRE, village du département du
Doubs, à deux lieues de Dormans. On y trouve
des incruftations très-curieufes, faites par les dépôts
de l’eau.
H AU T E V IL L E , village du département de la
Haute-Saône, à une lieue & demie de Luxeuil. Il
y a un fourneau & une forge dite de Bouchot.
HAUTES TERRES de l’Amérique feptentrio-
nale. On appelle ainfl une plaine peuplée en bois
ou en prairies, & qui fert de retraite aux bifons
ou buffles, aux cerfs, aux daims de Virginie, aux
ours & à une grande quantité de gibier. Elle occupe
une étendue prodigieufe de pays, depuis les
grands lacs du Canada jufqu’au golte du Mexique.
Ces hautes terres font bornées à l’eft par unè chaîne
de montagnes connues fous le nom d’Apalaches ,
qui font les alpes de cette partie de l’Amérique
feptentrionale.
HAUTES PLAINES. Affez près du pays dont
nous venons de parler dans L’article précédent,
fe trouvent ces hautes plaints. Ce vafte pays elt
une terre extraordinairement, fertile. Il commence
à la rivière de Mohock, s’étend fort près du lac
Ontario, & fe confond vers Toueft avec les vaftes
plaines de l’C h io , d’où il s’étend fort loin au-delà
du Miififlipi. De.grandes rivières y prenneht leurs
fources , & coulent vers tous les points de l’ horizon
, d’ abord dans le lac Ontario , enfuite dans la
rivière d’Hudfon , & enfin dans la Delaware & la
Sufque-Hama. La marée de la rivière d Hudfon
remonte très-loin dans, fon lit profond, & même
jufqu’ à une petite diftance des fources de la Delà-
ware. Cette rivière, après un cours précipité fut
une longue pente qui n’eft interrompue que par
des rapides » rencontre la marée affez près de fon
embouchure dans l’Océan. D’après cela l ’on doit
penfer que les deux plans inclinés, dans lefquels les
rivières ontereufé leurs lits , diffèrent infiniment,
quant à la diftribution de leurs pentes.
H AU TE V IL L E -LA -G U ICH A RD , village du
département de la Manche, à trois lieues de Cou-?
tances. On y trouve des mines de houille non exploitées.
H AU T PO U L , village du département de l’Hérault,
à quatre lieues de Saint-Pons. On y exploite
du marbre griote très-eftimé & une carrière à
plâtre.
H A U X , village du département des Baffes-Pyrénées
, à deux lieues & demie de Mauléon. Au
nord de ce village, à la montagne de Lavaquia,
on trouve une mine de fe r , exploitée près la forge
de l’Arrace, ainfi qu’une autre mine de fer en
filon, fituée à la montagne de Hargo. Il y a aufli
une mine de cuivre dans le même territoire.
H A V A N N E , île dans le golfe du M exique, aux
extrémités de la zone torride & dans le voifinage
de la zone tempérée. La ville fe trokuve à vingt-
trois degrés dix minutes de latitude nord : d’un côté
elle a la baie, & de l’autre la grande mer. Le refte
eft un pays plat, où il fe trouve à la vérité queb"
ques éminences , mais çloignées les unes des autres
& peu confidéiables j ce qui n’empêche pas
les vents de parcourir toute la contrée, Les obfer-
vations qu’on a faites à la Havanne, relativement
à la température de cette île , l’ont été en partie
dans la ville , & en partie à Guanabacoa, hameau
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