
taille varie, félon les efpèces , entre un & douze
pieds. Leur habitation n‘eft pas bornée au rivage des
mers > on en a obfervé à la diftance de trois cents
ou quatre cents milles de toute terre, & Ton n’en
a jamais vu fur le continent ou fur les îles s en général
j ces animaux paroilîent confinés dans les
mers les plus chaudes du Globe, dans l’Océan
indien furtout, dans le golfe Perfique, dans la
Mer-Rouge, dans celle qui baign'e lés côtés du
nord-oueft & du nord de la Nouvelle-Hollande :
la haute température de ces mers, le calme donc
elles jouifitnt habituellement, la mukipticité des
animaux qui pullulent dans leur l'ein, & dbnt les
ferpens de mer fe nourriffent, parôiifent être les
raifons .principales' de leur prédilection pour les
mers équatoriales.
Les baleines abondent également dans la mer
qui baigné les côtés de la terre d’Endracht ,
& même dans la baie des Chiens marins ; elles
y font combattues par une efpèce particulière
d ’efpadon qui acquiert quinze pieds de longueur
, & qui diffère principalement deTefpadon
de notre'hémifphère par deux franges ou lanières
( longues d’un pied ) , q u i, placées fur les côtés
de l’epée , flottent librement au milieu des eaux.
L’île Bernier, qui eft la plus feptentriona’e des
trois ilês qui ferment en partie la baie des Chiens
marins, eft de forme étroite & alongée j elle n’a
guère plus de quinze milles de longueur lur cinq
ou fix milles de largeur. Sa côte de l’oueft, ex-
pofée à toute la fureur du vent du large,.e ft de
toutes parts hériflee de brifans, & la mer y déferle
avec un bruit affreux. En avant de fon extrémité
nord eft l’îlot de Ko k s, rocher fauvage, qu’une
longue traînée de reflîfs lëmble-rattacher à l’île
principale. Toute la côte de l’eftèft anfraCtuèufe,
èfcarpée , mais offre quelques petites criques
Commodes pour le débarquement. Le fable du rivage
eft quartzeüx, mêlé d’ une grande proportion
difpofition générale, ils ne font cependant pas tous
homogènes dans leur fubftance : il eft furtout une
variété de ces roches plus remarquable par faftruc-
ture j ce font des galets calcaires agrégés dans
une terre fablonneufe, ochracée, qui leur eft tellement
de débris calcaires fortement atténués j la fubf-
tance d e l’île même fe compofe, dans fes couches
inférieures, d’un grès calcaire coquillier, tantôt
blanchâtre,, tantôt rougeâtre, dépofé par couches
horizontales, dont l’épâiffeur varie de fept à.onze
pouces, & qui, toutes, étant très-uuiformes dais
leur prolongement, pourroient offrir à la maçonnerie
des pierres de conftrüétion naturellement
taillées.
Les coquilles incruftées dans ces maflifs de roches
font prefque toutes univalves j elles appartiennent
plus particulièrement au genre natîce de
M. Lamarck, & ont.les plus grands rapports avec
l’efpèce de ftatice qui fe trouve vivante au pied
de ces rochers. Elles font fans doute pétrifiées
depuis bien des fiècles} car, outre qu’il eft très-
difficile de les retirer intactes du milieu de ces
grès , tant leur adhéfion avec eux eft intime , on
les obferve encore à plus de cent cinquante pieds
au-deffus du niveau aétuel de là mer. Quelque régularité
que les bancs puiffent affréter dans leur
adhérente, qu’ôn ne fauroit détruire cette
efpèce de gangue fans les brifer eux-mêmes. Tous
ces galets "affrètent la forme globuleufe, & fe coin-
pofent d’ un grand nombre de zones concentriques
qui fe développent autour d’un noyau central d’un
grès fcintillant & brunâtre. Ces diverfes couches
ont à peine quelques millimètres d’épaiffeur, Ôç
affëélent des nuances agréables qui varient depuis
le rouge-brun jufqu’au jaune-clair, La difpofition
générale de cette brèche lui donne donc quelques
rappo:ts grofliers avec le granité globuleux de
n ie de C o r fe , & par fes couches rubanées, concentriques,
elle a quelque chôfe de l’ afpeét des
agates onyx ,• elle eft d'ailleurs fofeeptibie de poli ,
6c pourroit fervir à divers objets d’agrément on
même de luxe.
Les bancs de grès divers dont on vieht de parlet;
conftituent, à bien dire , la mafïe entière du pays
où eft fituée la baie des Chièns marinsj mais 1 r
les roches mêmes repofe une couche de fable plus
ou moins profonde qui fe développe fur toute là
furface de l'île , fe relevant vers fes bords en une
efpèce de ceinture de dunes, très - mobiles de
foixaote à quatre-vingts pieds de hauteur. C e
fable , de la même nature que celui du rivage, eft
très-calcaire, d’ un grain très-fin j ce qui fembleroic
devoir permettre aux vents,d’en bouleverfer aifér
ment les malfes , & de changer, pour ainfi dire,
la furface de li le au gré de leurs caprices & de
leur violence.
La description de cette île eft rigoureüfement
applicable à celles de D orre& de Dirck-Hartighs ;
leurs produ&jons animales & végétales leur font
auffi communes : on y trouve une affez grande
quantité d’ arbuftes & de petits arbriffeaux, parmi
lefquels pne efpèce de figuier, dont le fruit, înfi-
pide d’ailfeurs, eft à peine ds la groffeur d’ une
noifette 5 deux ou trois efpèces de petits mimofa
à fleurs agréables & odorantes, un petit meta-
leuca , quelques atriplex, un rumex, & notamment
un fpinifex qui croît aux lieux les plus arides,
forme des efpèces de peloufes d’une étendue quelquefois
affez grande, qui fe deffinent naturellement
de mille manières agréables. Cette plante fe
compofe d’une innombrable quantité de feuilles
pour ainfi dire capillaires, racficales, Effiles, roi-
des & tellement aiguës, qu’ il eft impoffible de
toucher aucun de ces buiffons de verdure, fans
êtr.e percé de miile petits dards. C ’ eft à cette
plante,qui fe décompofe.promptement, que l’on
doit attribuer la petite quantité de terre végétale
qu’on.trouve en quelques endroits de.ces îles. On
y voit auffi un mimofa qui ne s’élève pas à plus de
trois pieds, mais dont les pieds font fi ferrés les
uns contre les autres, 8: tellement garnis de branches
enlacées, que les petits animaux qui viennent
y chercher un g îte , font obligés de fe frayer
• noient dans les chemins creux , pratiqués dans les
des chemins couverts au milieu des haies, inextricables
que forment les branches, les feuilles & les
racines de cette plante. Enfin, on y remarque une
efpèce de cyper us, dont les racines longues & fto-
lonifères forment une efpèce de réfeau qui empêche
l’effet des.vents fur les fables mobiles des
dunes, & ainfi leur donnent une certaine fixité.
I On ne trouve forces bords aucune trace pofi-
tive du féjour ou du paffage de 1,’homme. Une feule
efpèce de mammifère s'y -prélente j c ’eft le kan-
guroo à bandes ( kangurus fafeiatus, Péron &
Lëfoeur) , 1a plus,petite & la plus élégante efpèce
de ce genre extraordinaire des animaux de la
Nouvelle Hollandç, qui fecara&érife plus particu-^
fièrement par la forme conique de fon corps, par
la difpofition de fes pieds, parla poche dans la quelle
les petits font portés & nourris ,\&c.'
L ’efpèce dont il s’agit, fe distingue âü premier
afpeét de toutes celles connues jufqu’à ce jour,
par douze au quinze bandes tranfveri alertent dif-
ofées Tur le dos, étroites , d’un roux légèrement
run,mriains régulières, ihoins décidées à la hauteur
des épaules, où elles commencent à paroître ;
mais devenant bientôt plus diftin&es & plus brunes
à mefore qu’elles.defeendent vers la queue, à ,
la bafe de laquelle elles fe: terminent.' Ces fafeies
viennent fe perdre for les côtés, fans qu’on puiffe
en obErver aucune trace for le ventre} la face &
les pieds affeéient une couleur légèrement jaune ,
tandis què l’abdomen eft d’un gris-clair & tant
foie peu Blanchâtre. Le refte du pelage eft gris de
fièvre plus ou moins foncé dans les différent individus.
Les oreilles, dans cette efp ece, font
proportionellement plus coujtes:que dans aucune
autre de ce genre } il en eftde même de la queue ,
qui fetrouve auffi plus foible-, & q ui, dépourvue'
de poils, offre beaucoup de reffemblance avec celle
d’ un très-gros rat} du refte, même forme cônoï-
dale du corps, même disproportion entré les pieds
de devant & ceux de derrière, même oiftribution
des doigts, des ongles, & c . , que dans les autres
kanguroos.
Le kanguroo à bandes peuple de fes effaims les
trois îles de Bernier, de Dorre 6c de Dirck-Hartighs
, fans qu'on ait pu jamais en retrouver fof
aucune partie du continent ou des îles qui l'accompagnent,
& ce qui eft forprenant, ce phénomène
a lieu pour toutes les efpèces de kangu-
roos, c’eft-à-dire que chacune d’elles eft fixée pari
la nature for telles ou telles île s , for telle ou telle
terre, fans qu’aucun individu paroiffe au-delà de ,
ces limites particulières à leur efpèce.
Ces animaux , comme les lièvres de nos climats,
ont un caractère doux & timide ; le plus léger
bruit les alarme j le fouffle du vent foffit pour les
mettre en fuite ; auffi , -malgré leur grand nombrç
fur l’île Bernier, la chaffe en éfoit-elle d’abord
difficile & précaire pour nos navigateurs : ils fe t e - .
buiffons de mimofa dont nous venons de faire
mention , & ce n’etoit qu’en en gardant les iflues,
qu’on parven <it à les tuer, lorfqu’on avoit battu
les buiffons pour les effrayer & les eft faire fortir.
Leur chair eft analogue à celle des lapins de garenne,
mais elle eft plus aromatique. Les femelles'
ne portent qu’un petit à la fois, pour lequel elles
montrent le plus tendre attachement.
Les oifeaux de ces îles font des cormorans &
diverfes efpèces de foux, de petrels, de goélands,
d’ àigles de mer & d ’huîtriers : on y voit auffi des
gobe-mouches, . des pies-grièches &c une jolie
mélange à collier bleu.
Les reptiles fe bornent à une efpèce de feinque,
un tupinambis de quatre à cinq pieds de longueur
& un gecko, tous trois nouveaux.
Les rivages des trois îles qui nous occupent ne
préfentent prefqu’ aucune efpèce de poiffons, tandis
que ces animaux abondent ail fond de la baie,
des Chiens marins. On y rencontre feulement plu-
fieurs efpèces dé poulpes d’affez grandes dimensions.
Les coquillages univales font nombreux,,
tandis què les bivalves feréduifont à deux efpèces;,
dont une très-belle efpèce de moule (mytilas ef-
'fuigens) & une huître analogue à cellejque nous
avons foffile en Angoumois, dont une valve ( l’inférieure)
eft beaucoup plus confi.lérable que la
fopérieure qui lui fert d’opercule. C ’ëft Yofirea
fcypkophilla de Péron.
Les mêmes îles offrent encore quelques coquilles
univalves auxquelles Péron & Lëfoeur ont
donné lès noms de trochus fmaragdinus, patella gi-
gante a , voluta nivofa , conus doreenfis ; un bulime,
une hélice très-abondante, mais toujours morte,
&c. Deux cruftacés, les ponünus pleuracanthus &
portunus euchromus, couvrent les rochers de leurs
troupes nombreufesj peu d'infeétes des genres
fourmis, blatte ou kancrelas, fauterelle, criquet, & c . ;
6c a ce fujet Péron mbferve que l’ordre des infec-'
tès orthoptères qui préfèrent généralement les
lieux arides & fecs , offre un grand nombre d’ef-
pècès for lé continent de là Nouvelle-Hollande , &
que chacune délies y paroît exceffivement multipliée.
Cevte même mer préfente une multitude de
zôbphytes plus ou moins curieux, des étoiles de
mer , des burfins , & c .
La baie des Chiens marins eft très-vafte; fon ouverture
eft au nord} fon milieu préfente une vafte
prefqu’ ile qui la partage en deux hâvres très-profonds
, qui ont reçu les noms*de kâvre Freycinet &
de havre Hamehn. Sa côte orientale fe prolonge
vers le nord, jufqu’au cap Cuvier j enfuite, toujours
dans la même dfre&ion & fous i’afped nu ,
ftérile, bas, informé qu’élle affeéle, comme dans
tous les autres points que nous avons décrits,
l’ouverture de la rivière du roi Guillaume qu’elle
préfente, ne mérite fous aucun rapport l'importance
qu’on feroit tenté de lui donner, d’après les
B b b b b i