
qui s’élève toujours jufqu’à ia borne que la Nature
a prefcrite à chaque chofe.
O n v° it donc que les mers polaires font infef-
tées de glaces, qui varient fans celle de forme &
de place fuivant que le plus ou moins de calme
en forme les elémens 5 que les tempêtes les brifent,
en accumulent les débris, & que les diverfes additions
s’adaptent aux noyaux primitifs..
D après cette expofition des moyens que la
Nature emploie dans la formation des glaces, on
fent que les mers polaires doivent en être couvertes
: il en réfulteaufli que les mers polaires gèlent
à leur fuperficie fans le fecours des terres , fans le
chariage des fleuves.
Plus on avance vers les p ôL s , plus on trouve
de ces glaces plates ou bien de débris de champs
de glaces.
La différence qu’il y a entre les glaces polaires
& lés glaces des côtes , c’eft que les unes proviennent
des mers, quelque vaftes qu’elles foient vers
les pôles, & que les autres font formées le long
des côtes, ou produites par le chariage de fleuves.
Il eft vrai ajiS que les vents chaffent fouvent, ou
contre les côtes ou dans des latitudes éloignées
des pôles, les glaces des pôles mêmes 3 mais ces
circonftances font rares : alors les mers polaires
font dégagées entièrement de glaces, mais cet
état dure peu.
GLAISE. C ’eft à la propriété qu’a la glaife
de retenir J,es eaux & de ne point leur donner
pairage, que font dues la plupart des fources &
des fontaines que nous voyons fortir de la terre,
& c eft au niveau des iits de glaije que font afiu-
jettis ceux des fources; ainlï lorfque la couche de
glaife eft au deffbus du fond-de-cuve des vallées,
il n y a point de fource qui abreuve cette vallée.
Au conrraire, fi elles réfident à une grande hauteur
dans les maflifs des croupes des vallées, les ;
fources verft nt leurs eaux le long de ces croupes
& à différens points, ou les couches de glaije
viennent aboutir &: font interrompues. lien eft de
meme de 1 eau des puits , qui fuit aufli cé niveau
des couches de glaije. Lorfqüe la glaife eft à la fur-
face de la terre, l'eau pluviale ne peut pénétrer
aucune des vallées, & par conféquent toutes font
à fec : l’eau nJy coule qu’ en torrens pendant les
pluies & quelques jours à l'a fuite, jufqu’à ce que
ces eaux foient écoulées.
GLANDEVES. Le ci-devant diocèfe de Glati-
ûfèvcj contenoitenviron cinquante-fix paroiffes. La
partie feptentionale du diocèfe de Nice le Bornoit
ou levant au nord, les vallées d’Entrevaux & de
Colmars de i’eft au nord, le diocèfe de Senez au
couchant, & celui de Vence au midi. Une partie
de ce diocèfe étoit fituée dans les montagnes alpines
: celle du midi eft dans un climat plus doux,
& tient aux foufalpines maritimes. Il eft F paré dü
diocèfe de Senez par le Verdon* La vallée d’Ar.-
not commence à la montagne nommée le Col de
Saint-Michely elle eft entourée de montagnes,
dont les unes, à droite en allant à Entrevaux,
font de nature calcaire, & les autres, à gauche,
font de grès. Le terrain de cette vallée, formé par
. les débris de ces montagnes, tient de leur nature
fablonneufe ; il eft léger & poreux. La Vaize
prend naiffance à l’extrémité nord de cette vallée,
& la traverfe dans toute fa longueur. Le climat de
la vallée d’Annot eft affez doux l’été par fon expofition
au levant, mais les hivers y font encore
fort rudes. Tous les coteaux font, comme dans la
balle Provence, couverts de plantes aromatiques.
Tous les été s , une grande quantité d’hommes Se
de femmes accourent fur ces coteaux ; là , munis
d’alambics, ils dreffent des tentes & diftillent la
lavande, qui eft alors en fleurs. Ce travail fait négliger
les moiffons ; il caufe encore un autre mal, en
cequ’ildépouilleces coteaux des plantes qui empêchent
les eaux pluviales d'y caufer des ravages.
La petite ville d’ Entrevaux eft bâtie au pied
d’une montagne au bas de laquelle le Var coule à
. l’eft ; elle eli près du comté de Nice. Ce fleuve,
grofli par les torrens qui défeendent des montagnes,
eft déjà confidérable à Entrevaux. Les vieillards
de cette ville affurent que., dans leur jeu-
neffe, ils paffoient le Var avec la plus grande facilité.,
n’ayant pas de l’eau jufqu’ à la cheville : aujourd’hui
cela n’eft plus polfible.
Les montagnes de grès occupent toute la partie
feptentrionale d’Entrevaux jufqu’au deffus de
Guillaume. Les torrens qui vont fe jeter dans le
Var charient du quartz, de la pierre d’argile,
parmi lefquels on trouve des indices de minéraux,
comme de plomb , de cuivre , & furtouc
de fer. On voit quantité de marcaffires ferrugi-
neufes tout le long du torrent qui coule fous lés
murs d'Entrevaux. Le partage nommé la Clue de
Montauban eft fort feabreux : c’ eft une montagne
coupée en deux, formée par de grandes couches
ou lits de pierres calcaires, la plupart inclinés à
l’horizon. L’Efteron paffe au milieu, & coule avec
plus ou moins de fra.as, fusant la profondeur de
fon lit & l’afpérité des rochers. Les neiges qui
s’amoncèlent en hiver 3 dans cet efpace refferré ,
& la hauteur des montagnes , dont les cimes fem-
blent fe toucher, rendent ce paffage difficile,
obfcur & effrayant.
Le petit vidage de Saint-Auban eft adoffé à la
montagne de la Clue. On peut regarder ce canton
comme formant un point de partage entre les eaux
qui coulent, d’ un c ô té , vers l’ou eft , & celles
que leur pente entraîne vers le midi. Les premières,
après avoir fourni quelques petites rivières
, vont fe jeter dans celles d’Artubi & de
Verdon, qui s’embouchent avec la Durance; les
fécondés luivent le cours de rEfteron, lequel
paffe par les territoires de Muges, de Briançon y
fort de la Clue de Montauban , traverfe les territoires
de Coilongues , Sallegrifon , Aiglun , Cir
gaje & de la Roque , & fe jette dans le Var ,, vis-
à vis de Saint-Martin dans le comté de Nice. Le
lit de l’Efteron eft encaiffé en plufieurs endroits ,
rétréci en d’autres par la bafe des montagnes dont
Lvcime s’élargit en éventail. Cette rivière eft dan-
gereufe après la fonte des neiges & les grandes
plyies.
Il y a dans lé territoire de Saint-Auban une
fontaine que le peuple nomme la Fontaine de Ca-
refiié 3 dont Soleri. & Bouche ont parlé. Cette
merveilleufe fontaine.a donné lieu à un préjugé
fingulier j elle ne coule que dans le tems de dilette
&, de mauvaife récolte, & annonce, dit-on , que
les blés fe vendront fort cher. Dans les années
abondantes elle tarit entièrement. On ne fera pas
étonné de ce phénomène fi l’on fait attention
qu’en Provence les grandes pluies & les orages
font les caufes des mauvaises récoltes, au lieu que
dans les années de féchereffe, ou lorfqu’il ne^leut
qu’aux tems convenables, la fontaine de Careftié
refte à fec & annonce l’abondance. Le territoire
du diocèfe de Glandèves n’eft pas également fertile
partout ; il eft léger & fablonneux dans les
vallées de Fauffe, d’Annot, jufqu’à Entrevaux.
Les montagnes fupérieures ont leur terrain mêlé
d’argile & de terre calcaire. L’argile fertilife les
bas-fonds. La terre calcaire, mêlée de fable, de
gravier & de pierres roulées, ne fauroit produire
d’abondantes récoltes. La terre nommée Roubino
y eft très-abondante , furtout dans les bas-fonds ;
elle eft tantôt fous forme fèche & fehifteufe, dénuée
de tout fuc végétal; tantôt fous forme glu-
tineufe, imprégnée de fucs aigres, & dans laquelle
les fucs vitrioliques tombent quelquefois
en efflorefcence : elle fait le défefpoir des cultivateurs.
GLARIS. Ce canton offre, dans fon étendue,
plufieurs objets intéreftans. Nous les allons préfen-
ter fuccinélement en débouchant par le territoire
de Schwdtz , & par Bilten, premier village de ce
canton. On voit à Bilten les mêmes agrégations
de pierres roulées par les eaux j.ufqu’ à Nider-
Urnen. Ces amas de galets agglutinés, qui continuent
de fe montrer fur les croupes inférieures
des montagnes à différentes hauteurs, font appliqués
contre les roches calcaires, & non pas def-
fous; ce qui prouve que ces dépôts de galets font
poftérieurs aux roches calcaires , qui font par couches
fort hautes, & quelquefois lurmontées de
pics.
Une autre preuve que les térrains de niveau
qui font fur les bords de la Linth ont été occupés
par les eaux, c’eft que ces agrégations de pierres
roulées font fouvent par couches & par lits. On
y trouve effe&ivement ftratifiés des graviers, des
fuites de gros galets, puis de petits, puis de
moyens, & quelquefois ils font diftingués par des
couches de fable interpofées. Ces lits font faciles
à reconnoître dans l’elpècé des matériaux qui les
compôfent. Enfin, on remarque que les terrains
qui vont en pente vers la plaine ne font également
compofés que de ces galets déplacés, & que
les pâturages qui les couvrent quelquefois n’empêchent
pas de reconnoître. leur compofition.
On trouve enfuite, fur fa route, le lac de Wal-
lenftatt, qui eft dans une gorge : il a environ trois
lieues de longueur fur une de largeur; il eft entouré
de très-hautes montagnes calcaires, la plupart
efearpées à pic. La navigation y eft très-dan-
gereufe, parce qu’il y a peu d’endroits pour aborder
, & que les vents font terribles lorfqu’ ils s’en-
goufrent dans cette vallée.
On ne trouve plus d’agrégations de cailloux un "
peu avant d’arriv’er à Noefels. Il eft bon d’obfei-
ver que tous les galets qui compofent ces agrégations
ou poudingues font calcaires, de différentes
couleurs, & qu’il eft rare d’y trouver d’autres,
fortes de pierres, & des granits en particulier.
Noefels, & Mollis qui vient à la fuite., font fitués
dans un baffin dont le fond eft de niveau, & qui
eft tout entouré de très-hautes montagnes calcaires.
Sur celles qui font du côté de Glaris il y
a de la neige. L’entrée du vallon qui y conduit,
eft fort étroite. Glaris eft dans une pofition fi ref-
ferrée entre des montagnes fi hautes, qu’on les
v o it , de l’intérieur du bourg, dominer au deffus
dès maifons. La rivière de Linth traverfe ce vallon.
Au-delà de Glaris, dans le même fond, eft
Enneda, petit village. A l’oueft de Glaris eft le
Glarnifch, montagne extraordinairement haute,
fur laquelle il y a ditferens glaciers qui fe forment,
commè les autres glaciers, par l ’amas &
par la chute des neiges fupérieures, & dont la
glace s’étend dans les baffins inférieurs.
C ’ eft à Glaris que fe prépare le fehab^ieger ou
fromage vert dans lequel il entre différentes herbes
, entr’autres le mélilot. C e fromage eft fort
vanté pour fes bonnes qualités; mais, il n’eft pas
du goût de tout le monde. C ’eft aufli dans ce
canton que fe.recueillent les plantes dont on com-
pofe le thé fuiffe.
En fortant de Glaris on côtoie Se pied de Glarnifch
& l’on paffe par Miroldi, paroiffe d’ou l’on
voit le bas.du glacier de Glarnifch. Schwanden,
gros lieu, eft à la tête de deux vallons, dont l’un
eft la continuation de celui de Glaris , & la Linth
y. coule ; il conduit au canton d’Uri & aux Gri-
fons. On apperçoit dans le fond des montagnes couvertes
de neige. On le nomme Grojlhal. Celui qui
eft à la gauche eft le Kieinthal ou le petit vallon ,
où coule la Sernft ; il eft fi refferré, qu’ il n’y a
place, dans le fond, que pour l’écoulement de la
Sernft. On monte continuellement jufqu’à Mat.
La partie droite du vallon n’eft que de pierres
compofées, mais très-variées par leurs mélanges,
& fouvent de fubftances qui ne paroiffent pas faites
pour être jointes enfemble.
Dans certaines pierres ferrugineüfes, les mélanges
font des pierres oftaires vertes, des parties
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