
même ordre dans laNature..On defcend, on monte
à plufieurs reprifes, & on arrive à Panix. C e t endroit
eft encore fort élevé : on y cultive un peu
d'orge. Le refte eft en pâturages. On paffe enfuite
par Çedret. Dans le fond eft Waltensbourg, lîtué
fur un plateau. Au-delà du plateau, dans un vallon
profond , paffe le Rhin, dont on fuit le cours fort
loin , fur le bord duquel eft Ilantz, petite ville du
pays des Grîfons. Derrière le plateau de Waltenf-
b ou rg , & au-delà du Rhin, eft une montagne
fpacieufe, couverte de champs, de terres labourées
, de pâturages, de villages & d'habitations :
c ’eft la communauté d'Uber-Sax. De là on arrive
à Briegels en côtoyant des rochers de pierres oî-
laires, de fehiftes verdâtres, & au milieu des terres
cultivées & des pâturages. Dans le fond, au-delà
du Rhin j eft Rinckénberg. Après beaucoup de
marche on parvient au fond du vallon où coule le
Rhin.
On ne trouve dans ce fond & au bord du Rhin
que des granits roulés , où il y a beaucoup de
fchorl j ils font de la forte que les Italiens nomment
granitelloy petits granits, parce que lés taches
noires ou le fchorl y font par petites parties fur
un fond blanchâtre. 11 y a quelques granits en
grandes maffes avec des parties de feldfpath , des
veines de quartz , où le fchorl & le mica dominent.
Le vallon où coule le Rhin 3 en remontant vers
Difentis, fe nomme Cadic ,• il eft fertile en tour,v
ôç bordé de très-hautes montagnes qui y concentrent
la chaleur. De la droite en-deçà de Sonvic
il defcend, des montagnes qui font frontières du
canton d’U r i, une quantité confidérable de granits.
Les plus élevées de ces montagnes font couvertes
de neige. Paffé Campadels, il fe trouve aux
environs une très-grande quantité de granits, dont
quelques-uns font verdâtres & très-beaux. Les ravins
qui defcendent de l'autre côté du Rhin n'apportent
que des pierres calcaires. A droite il fe '
précipite, avec l'eau d'une cafcade, une belle i
variété de granits & des pierres vertes, dont nous
ayons parlé ci-devant. A l'infpeétion feule du bas
des cafcades, il eft facile de connoître de quoi font
compofés les fommets des montagnes élevées.
Le pays s'ouvre en s’approchant de l’abbaye de
Difent’S : il y a beaucoup de pâturages & d’arbres
fruitiers : on y fème du feigle & de l’orge.
Pour aller de Difentis aux fources du Rhin on
monte;, & l'o n ne voit que des granits &des pierres
vertes dans les torrens, & les maffes qui bordent
en avant le vallon, des deux côtés, font des
adoffemens compofés de décombres, & derrière
on voit des pics & des fommets arides couverts de
neiges. Les fonds font en pâturages, cependant on
y recueille quelques feigles qui fe fèment à la fin
de mai, & ne font pas mûrs à la fin de fep-
tembre.
On monte toujours. Le vallon fe rétrécit beaucoup
, & le Rhin coule dans un vallon très-proj
fond. Il y a quelques villages, & des moiffons
encore fur pied après la mi-feptembre. Les torrens
de la droite charient des pierres fchifteufes, composées
de quartz & de mica. Du même côté eft
l'entrée du vallon de Stumer, qui conduit au
canton d’Uri > il eft aride & rempli de neiges. Un
fécond vallon communique également au canton
d Uri j il eft également fans aucune végétation : les
torrens qui en débouchent, roulent des granits.
Plus loin, Valdinfs, femblable vallon, qui va au
même canton j Selva, & plus haut Chiamut, font
les derniers endroits habités. Tout ce canton eft
en pâturages : on y voit, auffi, avec furprife , des
moiffons à cette hauteur, & des hommes d’une
grande & forte corpulence.
Sources du Rhin.
Le vallon derrière Chiamut eft entouré de très-
hautes montagnes, dont les fommets, couronnés
de pics & d’aiguilles, font couverts de neiges. En
fortant de ce hameau on côtoie à gauche le Cave-
radi, au bas duquel il y a quelques aunes rabougris,
dernière production en arbres $ enfuite le
laurier-rofe beaucoup d’airelles, après lefquels
on ne trouve plus que des pâturages & une herbe
courte dans les lieux où les végétaux peuvent
croître. A droite de ce vallon eft le mont Crif-
p a lt, compofé de plufieurs montagnes, entre
lesquelles eft. le petit vallon de Surpatiffe : plus
loin eft le vallon de Nourchelas. Entre le Crif- *
paît & le mont Baduz, qui eft une communication
de la vallée d'Urferen au mont Saint-Gothard,
le mont Baduz ferme le fond de vallon j il eft fur-
monté de petites pointes de rochers. A gauche ,
en retour, eft la pointe la plus élevée du rocher
Caveradi. Au milieu du vallon eft un gros mamelon
ou montagne, nommé Toma. Telle eft la pofi-
tion des montagnes qui entourent ce vallon, &
telles qu’on les^.voit du bas. Il eft vifible qu’elles
font partie de rarrondiffement connu fous le nom
de Saint-Gothard 3 du côté de l’eft.
Ce n'eft qu’après trois heures de marche qu’on
parvient au haut du T om a, q u i, vu du bas, ne
paroît pas fort élevé , à caufe de la hauteur du
Baduz , qui le furmonte beaucoup. La montée du
Toman'eft pas difficile. On chemine toujours fur
le gazon ou fur la mouffe : il s'y trouve peu de
rochers faillans. Cette montagne paroît être formée
de décombres : on la reconnoît aifément par fa
forme bombée & arrondie. Son plateau eft très-
vafte & couvert de pâturages d’ été : il y a des
parties marécageufes par la quantité d’eau qui y
féjourne. Trois ruiffeaux y font beaucoup de détours
avant de fe réunir pour tomber du Toma,
où ces eaux forment une cafcade & defcendent du
côté de Caveradi. Le cours des deux ruiffeaux fur
la gauche conduit au pied du Baduz. La fonte des
neiges qui font à fon;pied, & de celles qui font
au deffus, fournit les eaux des deux ruiffeaux. Les
pics qui furmontenc le Baduz font énormes pour
la grofieur, & ne paroiffent cependant que comme
de petites tours ruinées. A la quantité d’eau qui
defcend & s’écoule de ces rochers, il faut qu'il y
ait encore beaucoup de neiges au deffus, qu'on ne
voit pas parce que cette partie de rocher eft à
p ic , & furplombé en plufieurs endroits. Le troi-
fième ruiffeau, qui eft fur la route de Baduz, ’fournit
feul autant d’eau que les deux autres réunis
: il falloit voir d'où il provenoit. Après avoir
monté trois quarts d’heure & fuivi la route du
ruiffeau, on parvient à un périt lac qui a trois
cents toifes environ; il eft placé entre plufieurs
aiguilles ou pointes de rocher, qui s'élèvent par
derrière à une grande hauteur. Cet efpace eft à
moitié rempli par une quantité de blocs de rochers
qui s’y font précipités.
Les rochers de toutes les parties élevées qu'on
vient de détailler font fohifteux ou compofés de
couches minces de quartz & de couches micacées,
ordinairement noires j quelquefois ces mica font
blancs, jaunes & de différentes nuarices. Il y a
des couches étonnantes, prêtes à fe détacher du
rocher, qui font dans difterens degrés d’inclinai-
fon. Une partie des rochers qui font autour du
petit lac eit en couches prefque perpendiculaires
à l’horizon : ces rochers font fort durs. D'autres
rochers ne font compofés que de parties micacées
fort fines, & toujours par couches, dans lefquelles
il n'y a pas de quartz apparent, quoiqu’elles loient
compofées de fables : ces dernières font fouvent
verdâtres & jaunâtres , de différentes nuancés. Il
s’eft trouvé à côté du petit lac d’autres combinai-
fons des principes du granit, mais point de granit
ordinaire.
En retournant à Chiamut on peut voir les montagnes
qui font derrière le Caveradi & le pied
du mont Crifpalt, où l'on place communément
les fources du Rhin. Il fort un ruiffeau du petit
ruiffeau de Surpatiffe : plufieurs fources y fournif-
fent j mais ce font particuliérement des fontes de
neiges qui font au fond du vallon. Ce ruiffeau
porte le nom de Rhin3 fait tourner un moulin, &
fe jette dans le ruiffeau qui coule dans le vallon, :
& dont les eaux viennent des hauteurs du Baduz :
ce dernier porte auffi le nom de Rhin dans le pays.
Ces eaux réunies s’écoulent par le vallon de Chiamut
> jufque vis-à-vis l’abbaye de Difentis.
D’apfès ce qu’on vient de dire, le Bas-Rhin
fort du mont Crifpalt ; mais il faut y joindre les
trois autres fources qui fortent du mont Baduz &
du lac dont nous avons parlé. -
Ce font des fources & la fonte des neiges qui
produifent les fources du Rhin du milieu, qui font
au midi du Bas-Rhin. Le Rhin du milieu eft féparé
du Bas-Rhin par une grande chaîne de montagnes,
qui fe termine vis-à-vis l’abbaye de Difentis. Le
vallon qu'il parcourt, fe nomme Medels , eft fort
refferré par le bas. L’ un & l'autre Rhin réunis
continuent leur cours vers Ilantz & C oire jufqu'à
-Richenau.
De Thruns, le chemin fuit les bords du Rhin,
qui dans ce retour eft à droite. Il occupe beaucoup,
de terrain dans les inondations , fait de
grands ravages : on ne voit que des granits foulés
iur fes bords. Les pierres micacées, moins dures,
fe détruifent davantage. Au deffoüs de Rincken-
berg , le vallon eft âfifez étroit. Il y a^ies fâpiris &
des bouleaux au-delà du Rhin, au pied des rochers.
Sur la gauche, le fol étant mieux expofé, il n'y
a plus de fapins, mais des arbres de différentes
efpèces. Les montagnes font de fehiftes, fur lefquels
il y a d'énormes maffes de tu f : il y en a
de groffes comme des maifons. Elles fe font écroulées
de plus haut : on les voit dans le hiuc de la
montagne, en defeendant deWaltensberg.
Route de Thruns a Ilantç.
Au fortir do Thruns on paffe le Rhin fur un
pont. Après deux heures de marche les torrens
de^ la droite font remplis de pierres fchifteufes
mêlées de quartz & de mica, & les rochers qui font
en avant font auffi fehifteux, mêlés de rognons
de quartz. Ces roches font à pic & très-élevées;
auflî il s'en eft précipité de grandes maffes dans
les bas. La même forte de pierre continue fur la
droite : feulement elle change de couleur en devenant
bleuâtre & verdâtre. On fait près d’une
lieue dans un bois d'aunes, dont les arbres font
fort grands. A gauche/au-delà du R h in , eft la
communauté de Wakensberg, dont ôn a déjà
parlé, & à droite celle d’Uberfax. Le torrent
qui paffe derrière Wakensberg &■ qui va fè jeter
dans le Rhin fe nomme $targant(; il a formé de
-grands terrains par les matériaux qu’ il a amenés.
Plus loin on voit une grande quantité de fehiftes
de différentes couleurs, dont il y a beaucoup de
verdâtres qui inondent & couvrent un grand
terrain. En approchant d’Ilantz le pays eft plus ouvert
: il y a beaucoup de terres labourées, & dés
fehiftes mêlés de quartz & de mica : on y trouve
auffi des roches calcaires qui font établies fur une
bafe de rochers argileux par couches alternativement
bleuâtres & verdâtres.
Ilantz eft la capitale de la quatrième communauté
de la Ligue grife. Le vallon qui eft derrière
Ilantz eft entouré de très-hautes montagnes. Le
fond eft en cultures ou en pâturages. La rivière de
Glumer, qui fe jette fur la droite d’Ilanrz dans
le Rhin, fait de grands ravages; & charie une
grande quantité de pierres du haut des montagnes
d’où elle defcend.
Route cCIlantç a Richenau.
Les mêmes fehiftes bleus continuent fur la
gauche du Rhin. On trouve Sebleven, v illageion
monte pour y arriver; On rencontre des pierres
f