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mer, paffeaujourd’hui pour le plus élevé de tous.
LeCanigou ulurpoitantérieurement cet honneur,
quoiqu’ il ne dépaffâc pas mille quatre cènt quarante
toifes. Il eft d'autres cimes remarquables, leT u c -
caroy, leMarboré, le Pic-du-Midi, lePic-d’Arni,
la Niége-Vieille, le Vignsmale , la Brèche de-
Roland, & c . La chaîne des Pyrénées paroît de
lo in, comme une croupe efcarpée,"préfentant à la
France un fegment fphérique , & s’abài fiant, par
degré s, aux deux extrémités, jufqu’ au niveau de
l’Océan & de la Méditerranée, où elle dïfparoît.
C ’eft ainfi qu’àSaint-Jean-de-Luz, on ne voit plus
que de hautes collines : il en eft de même à l’eft
au-delà du Canigou. Les élévations diminuent graduellement.
Les plus hauts fommets fe couvrent
d/ujfe neige éternelle. Oii .y trouve, des blocs de
granit, entre-mêlés débandés verticales, argileu-
fes & calcaires, ces dernières primitives ou fe-
condaires. C ’eft de là qu’on tire les beaux marbres
de Campan & d’Antin , dont le fond eft un
beau rouge tacheté de blanc , quoique la maffe
générale de la montagne offre une couleur g-rife.
Au fud & à l’oueft des Pyrénées, ce n’eft partout
qu’une effrayante ftérilité. Au nord & à l’e ft, l’in-
clinaifon eft moins rapide, plus graduée, & fe
couvre fréquemment de bois & de pâturages.
Outre la terrible chute des jo c s minés par les
torrens , les Pyrénées offrent le fpe&acle effrayant
des lavanges, montagnes de neige , roulant avec
une tmpécuofité que rien n’arrête : c’eft ce qu’en
Suiffe on nomme avalanches. Les Pyrénées ont
aufii leurs glaciers & d’autres traits fublimes des
Alpes.
Selon plulïeurs obfervateurs-, le mont Perdu
abonde en dépouilles marines, & doit avoir été
couvert par la mer. Ce mont eft d’un très-difficile
accès, parcequela roche calcaire y prend fouvent
la forme de murailles perpendiculaires à l’horizon,
ayant depuis cent jufqu’à fîx cents pieds de hauteur,
& que les neiges, la glace & les glaciers augmentent
encore la difficulté j auffi nos obfervateurs n’atteignirent
pas ce Commet, mais ils crurent reconnaître
que fa roche étoit de la forme & de la
nature de celles qu'ils avoient gravies. On remarque
des fingularités dans ces régions montueufes : ce
font de grands enfonçemens à parois perpendiculaires
& circulaires , que les gens du pays appellent
ouïes ou marmites.
Près du fommet du mont Perdu eft un lac très-
vafte , à plus dé neuf mille'pieds au d’effus du niveau
de la mer | qui fe décharge dans la vallée e s pagnole
de Rëoufle 5: c’ eft cè que les voyageurs que
nous avons cirés, confinèrent comme une preuve
que le mont Perdu appartient à l'Efpagne, & que
la ligne de démarcation paffe par Tuccarôy. Il eft
probable que le fommet du mônt Perdu n’eft ac-
ceffible què du côté de l’ECpagné, où s’élèvent
trois cimes que les Efpàgnolsappellent'Au/ra Sor-
rtlas, les trois Soeurs dont là plus haute eft aii
nofdr U pius balle au fu d , mais que de vaftes glaciers
femblent féparer. D’après cet examen des
Pyrénées, on conclut qu’il y a des chaînes de montagnes
dans lefquelles des bandes verticales de
granit, de porphyre, de trapp, d’ hornblende & de
pétrolîlex font difpofécs alternativement avec la
pierre calcaire primitive,' & entre-mêlées de manière
à prouver une origine commune j mais dans
les Pyrénées, ces bandes font furmontées d’une
pierre calcaire fecondaire, remplie de dépouilles
marines, & contenant des fquelètes d’ animaux :
d’où l’on s’ hafarde à conclure que les plus hautes
montagnes de la chaîne doivent avoir cédé à la
furie de l’Océan, & qu’il n’exifte aujourd'hui que
les parties fecondaires. M.Tov/nfend obferve que
la pierre calcaire & le fchifte nourriffent les végétaux
au nord des Pyrénées, tandis que le midi
eft granitique & ftérile > mais, par le fait, les montagnes
font généralement ftéules & efcarpées au
fud & à l’oueft, parce que c’eft fur ces points que
redirigent les pluies & les tempêtes les plus viole
ntes.-
Nous terminerons ce léger apperçu des Pyrénées
par-cette obfervation, c’eft qu’on n’a fa it ,
avant 1801, aucune grande recherche , aucune
étude laborieufe & entière de là chaîne que nous
devons parcourir s mais depuis qu’on a dit ceci ,
Ramond a publié un Voyage au mont Perdu. L'ex*
trait de fes obfervations, que nous allons préfenter
à nos leéfeurs, réclame toute leur attention par
l’importance du fuiet, la nouveauté & la fingula-
rité des réfultats.
Les Hautes-Pyrénées font fondées furie granit.
Cette pierre fe montre à découvert dans la partie
moyenne de la chaîne., & y forme une mafie très-
étendue & fort élevée. Sa compofition eft abfolu-
ment pareille à celle du granit fondamental des
Alpes. Les montagnes qui en font compofées,
femblent d'abord formées de maffes irrégulières
& comme au hafard. Un examen plus attentif y
découvre bientôt les indices d'un double arrangement
5 il fe manifefte dans la difpofition des fentes
dont les différentes mafles font traverfées. 11 y en
a de deux ordres, les unes partielles, & les autres
générales. Les premières appartiennent à la deffic-
cation j elles fubdivifent les maffes, comme le
femble exiger cette opération de l’ air qui deffèche.
Plus la defficcation eft aétive, & plus les folides
circonfcrits font réguliers. Les fentes fediftribuent
au centré des maffes granitiques comme fur les filières
, fi les principes qui les conftituent s’y prêtent
également. Les fécondés femblent partager les
montagnes entières en bancs parallèles, coupéspar
des bancs verticaux. Au. centre des maffes granitiques
lès fentes font , le plus fouvent, obf-ures
& vagues : on les diftingue mieux fur les filières J
elles deviennent plus marquées aux points où les
porphyres & les trapps commencent à s’interpofer;
On ne peut pas croire cependant que ces fentes
appartiennent à la fucceffion chronologique des dë*-
pôts de U uicr. Les feuillets qui ferminent les fomtnets
du terrain granitique paroiffent orientés dans
le fens de l’oueft-nord-oueft à l’ eft-fud-eft : tout
ce qu’ il y a de-bancs diftin&s & remarquables femble
courir dans le même fens. Le terrain entier
conftitue une bande qui fe prolonge dans la même
direction, laiffant, à droite & à gauche, deux fériés
de montagnes que fes bafes fupportent & que
fes cimes féparent. Cette bande n’a pas moins de
vingt à vingt - cinq lieues de long , fur deux à
quatre de large. À l’orient, elle embraffe Declar-
bide & D oo, qui font partie de la crête de la chaîne
à l’o c c id e n t e l l e fe perd entre, les montagnes
moyennes des Pyrénées baffes. Au centre, elle eft
hériffée de pic s , dont l’élévation le cède peu au
mont Perdu : tel eft ce que M. Ramond appelle
Y axe primitif des Hautes-Pyrénées, & qui peut
encore exiger un autre examen raifonné dans les
Pyrénées ou ailleurs, dans les montagnes formées
de matériaux primitifs.
Et en effet, que de cet axe on fe porte, foit au
nord, foit au midi., on trouvera, de part & d’aut
r e , la même fucceffion de rochès, d’abord primitives,
puis fecondaires, enfin tertiaires, formant
autant de bandes fubordonnées, qui fe répètent
fur fes deux faces & s’alignent parallèlement
à fa din.<ftion. Les premières de ces bandes,
celles qui avoifinent le plus l’axe granitique, en font
des dépendances immédiates $ elles conftituent deux
chaînons latéraux, l ’un feptentrional, l ’autre méridional
, qui fupportent les bandes fecondaires ,
comme ils font fupportés eux-mêmes par le granit
fondamental. Le chaînon du fud va former au couchant
la crête des Baffes-Pyrénées. Le chaînon du
nord forme, au levant, les montagnes de granit
qu’on rencontre aux fources du Saliat & de l’Ar-
tiège j ainfi la fon&ion de réparer les bandes fecondaires
paffe fucceffivement de l’axe granitique
à chacun des chaînons latéraux. Cette fubftitution
s’opère à mefureque celui-ci s’abaiffe & que ceux-
là s’élèvent. La chaîne entière n’ eft qu’une fuite
de fubftitutions pareilles. Les chaînons dont elle
fe compofe , fe fuccèdent & fe dépaffent, par éche;- ,
Ions, dans des directions toujours parallèles, &
chacun d ’eux , dominant à fon tour, attire & fléchît
de fon côté la ligne qui exprime la crête
générale, & qui divife les verfans des eaux. La
bande où toutes les limites fe trouvent & où elles
font toutes indécifes, eft nommée "bande de tranfi-r ;
tion. Au fiord & au fud, ce font des mélanges
analogues, placés fur des parallèles correfpopdans i
& au même point des deux fériés oppofées. Tout
eft fi fymmétrique à cet égard , & fi l ’on ne con’fi-
déroit la chaîne que dans fes bafes, le plan feroit
régulier jufque dans fes irrégularités. Au nord de
l’axe granitique, la hauteur des montagnes fe gradue
proportionellement à leur .époque. Le pic du
midi eft inférieur à Néouvieile, &: laiffe.au deflbus1
de lui les amas fecondaires que fes bafes fupportent.
Vignemale, qui fe trouve au fécond rang , ;
domine toutes les féminités centrales, & cette i
montagne eft dominée à fon tour par le mont
Perdu, qui eft placé au troifième.
Notre auteur termine fes remarques en obfer-
vant que la différence réelle des Alpes avec les
Pyrénées fe réduit à ce qui fuit : i°. la ch.iîne des
Pyrénées eft eflèmiellement plus fimple ; t ° . cependant
il y a eu plus de trouble dans ja formation
des montagnes fuperpofées au primi tif i 30. le
calcaire , foit primitif, foie fecondaire,, y elfe fen-
fiblement plus abondants 40, le fecondaire s’y eft
élevé à une hauteur plus confidérable y enfin ,
fuivant le fyftème de l’auteur, l’invafion des eaux
s’eft effeiftuëe dans une direction contraire.
Te l eft le réfumé des obfervations de M. Ramond
dans quatre voyages qu’ il a faits au mont
Perdu,' où il effaya en vain d’atteindre la cime de
cette montagne élevée. Mais en juillet 1801 il
eft parvenu à ce fommet, & , paffant par le col de
Fanlo ou de Nifcle, il a toujours trouvé fur cette
route des bancs de chaux carbonatée & compacte
dans une fituation verticale. Ils renfermoient des
bancs de grès calcaire, & il a vu que ces grès
recouvroient en couches prefqu’horizontales -les
tranches faillantes des bancs verticaux. Cette
pierre calcaire fe délite fpontanément en petits
fragmens irréguliers s elle répand, par le plus léger
frottement, une odeur fétide & nauféa-^
bonde.. Quelques bancs de cette pierre renferment
des rognons de filex, d’autres des amas fi confidé»
râbles de camerines / que la pierre femble en être
entieTemenc compofée. Le fommet du mont Perdu
eft formé d’une pierre calcaire fé tid e , fouillée de
quartz , & contenant un peu de fer & de charbon
fans alumine. M. Ramond n’y a pas trouvé de débris
de coquilles 5 mais la nature de cette pierre ,
analogue à celle des bancs voifins qui en préfen-
ten t , lui fait penfer qu’une recherche plus fuivie
en feroit découvrir, & en effet il a auffi trouvé
de la pierre noire hépathique au haut du Marberé
& au pic B anc j il a rencontré la même pierre avec
une fuperbe ammonite. Ramond a déterminé les
limites des neiges permanentes & celles de la
végétation pour cette partie de la chaîne des Pyrénées.
Les neiges s’arrêtent à deux mille quatre
cent quarante mètres, c’eft-à-dire, à douze cent
cinquante-trois toifes. Les bois finiffent à mille cent
toifes .par les' pins de 1,’efpèce de ceuxd’Ecoffei
viennent enfuite les arbriffeaux à quatorze cent dix-
neuf toifes. On trouve le ranunculus parna{fi&folios,
le faxifraga groenlandica , &c. , puis Yartemifia ru-
peftris j enfin, autou^du pic même du mont Perdu
, fur les rochers trop inclinés pour retenir les
neiges, croiffent un ceraftium , qui eft peut-être
Yalpinum de Linné, & Yaretia alpina à fleurs rofes.
Le granit, ainfi que nous l’avons obfervé, conftitue
les montagnes de l’axe de la chaîne des Pyrénées
> il eft le granit fondamental des Alpes &
de toutes les grandes chaînes connues. Quartz
demi-tranfparent & feldfpath blanc , mica ordinairement
noir & fouyent doué de fa forme cril-
F f i