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de force de l'aûion de l’eau contre les bords,
n eu pas douteux que les détours du Gange dans
la plaine ne foient dus furtout au peu de confif-
tance du fol. Leurs changemens continuels fervent
a le prouver 5 car dans les cas où les finuofités font
dues à l’ inégalité du terrain , ces changemens arrivent
fort rarement.
De là il ré fui te que fi le cours tortueux du
Gange étoit converti en un canal en ligne droite 3
cette direction régulière feroit de peu de durée :
le fol mouvant d’ un des bords fe dégraderoit j il
s ’en formeroit une cavité d’où il réfulteroit une
légère flexion du courant j fa direction oblique
creuferoit bientôt un enfoncement, une baie, qui
rejeteroit le courant de l’autre côté , & lJ chemin
faifanr, il dépoferoit la terre qu’il auroit détachée,
laquelle deviendroit un banc de fable au bord du
canal. C ’eft ainfi que fe forment les finuofités qui
doivent leur exiftence à la nature du fol. On voit
que la baie s’approfondiffant donne peu à peu une
direction nouvelle au courant 8c au canal i car les
matières dépofées contribuent à rejeter le fleuve
fur le bord oppofé, où il fe forme une nouvelle
baie par un procédé femblable à celui que nous
venons de décrire.
L’aêtion du courant produit aufli I’approfondif-
fement du lit auprès du bord , 8c, quand le courant
s'approfondit^ il augmente de viteffe. Un canal
tel que nous l'avons fuppofé- dans le Gange deviendroit
donc peu à peu une portion du lit du
fleuve, femblable aux autres. Il y a plufieursexemples
d'un changement même total dans le cours
des rivières du Bengale. La C o fa , qui eft égale au
ilh in , paffoit autrefois à Purnech, & joignoit le
Gange vis-à-vis le Rajemal ; elle le joint maintenant
à quarante-cinq milles plus haut. G our, ancienne
capitale du Bengale, étoit lïtuée fur le
bord du Gange, 8c fes ruines font maintenant à
quatre ou cinq milles du fleuve.
A juger par les formes du terrain, il paroît que
le Gange avoir autrefois fon lit dans la contrée
occupée maintenant par des lacs 8c des marais,
entre Nattore Sc Jaffierjunge, 8c qu’il fe féparoit
de fon lit aâuel à Beauleah , pour palier par Poo-
tyah. Les mêmes apparences, jointes à la tradition
, indiquent que le Gange paffoit autrefois par
Dacca , 8c fe joignoit près de Fringybazar au
Burram-Pooterou Megna. La réunion de ces deux
fleuves immenfes avoit coupé le lit prodigieux
que la Megna a confervé. Le Burram-Pooter prend
le nom de Megna dans la partie inférieure dé fon
cours. La Megna fe jette dans le Burram-Pooter,
8c, quoique fort inférieur en maffe d'eau,lui donne
fon nom jufqu'à la mer.
En fuivant la côte dans toute l'étendue du
delta , on ne trouve pas moins que huit embouchures
, dont chacune a probablement été
dans fon te ms la principale bouche du Gange. Le i
changement du cours du canal principal n’a pas
été yraifeinblablement la feule caufe des change-
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mens qui fe font opérés & s’opèrent dans les di-
mènfions du delta. On obferve en général que les
deltas des grands fleuves, furtout de ceux fitués
entre les tropiques, gagnent confidérablement
fur la mer ; ce qui ne peut être dû qu’au dépôt
! fucceflif des fables & des vafes que ces fleuves
charient. Leurs eaux font tellement chargées de ces
vafes, qu’elles troublent les eaux de la mer quelquefois
jufqu’à vingt lieues de diftance des côtes.
Aujourd’hui les bancs de fable & de vafe s’étendent
jufqu’ à vingt milles des îles fitùées dans les
bouches du Gange 8c du Burram-Pooter. Ces
bancs s’élèvent, dans quelques endroits, jufqu’ à
quelques pieds au delfus de la furface des eaux.
Les générations à venir verront probablement ces
bancs formant des îles, & d’aurres générations les
cultiveront. On voit, par ces détails, que rien ne
change plus promptement la face du Globe que le
cours des fleuves des tropiques. Dans un efpace
de tems beaucoup plus court que celui d’une vie
d homme, il fe forme des îles très-confidérables
dans le Gange. Quelques-unes de ces îles, de cinq
a fix milles d’étendue, fe forment aux.détours du
fleuve j elles font d’abord des bancs de vafe ou dè
fable formes comme nous l’avons expliqué ci-def-
fus j & qui ont été fépàrés par une brèche que le
courant a faite. D’autres fois ils naiffent dans le mi-
i “ eu du lit du fleuve j mais il eft probable qu’elles doivent
leur première formation à'quelques fragmens
de terrain détachés des bords. Un arbre ou un
canot fubmergé a pu fervir de noyau. Enfin un
obftacle quelconque fuffit pour occanonner l ’accumulation
des fables, qui fe fait avec une rapidité
étonnante jufqu’à ce que le banc parvienne à la
furface de 1 eau. Cette maffe de terre nouvelle qui
occupe une partie du lit rejette les eaux contre
les deux bords j aufli remarque-t-on le plus fou-
vent que, vis-a-vis des îles ain.fi formées, les deux
bords font efcarpés. Cette inondation périodique
ajoute de la matière à cette île croiffante >elle s’élève
en même tems qu’elle s’étend, & fa hauteiîr
parvient enfin jufqu'au niveau désbordsdu fleuve.
Elle a pour lors affez de terre végétale pour être
cultivée avec avantage , parce que, dans chaque
baiffe des eaux, la vafe s’eft depofée par lits luc-
Tandis que le fleuve forme ainfi de nouvelles
île s , fon courant en fait difparoître d’ autres, 8c
pendant cette deftruétion l’on pe.ut obferver comment
avoient été difpofées les couches fucçefïives
lors de la formation de ces îles anciennes, & l’on
y découvre que la pefanteur relative des matières
y^ a déterminé l’ordre de leur fuperpofition. On
n’ y trouye jamais un lit de terre fous un lit de
fable , parce que les particules de la vafe flottent
plus près de la lurface de l’eau 8c plus long-tems,
mais les fables, plus pefans, fe précipitent les premiers
On a compté jufqu’ à fept couches dans la
feftion d’une de ces î l J qui fe détruifoient. Ce
qu’il y a de remarquable, c’eft que la plupart des
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bords efcarpés du fleuve offrent la même diftribu- '
tion dans les matières qui font entrées dans leur j
compcfition :d ’où l’on peut-conclure que les maf-
fifs au milieu defquels les canaux du fleuve fe
trouvent creufés dans la plaine, font les produits
des dépôts affez femblables à ceux des îles ; ce
qui s’eft opéré par le travail des eaux des fleuves
pendant une longue fuite de fiècles.
On peut obferver en preuve de ce que nous
venons de dire & de la marche des différens canaux
du Gange dans toute l’étendue du delta,
qu’il n’y a aucune terre vierge, c’e ft-àd ire , dans
fon ancien giffement, depuis les monts Tiperah à
Tell, jufqu’ à la province de Burdwan à l’oueft, 8c
jufqu’à Dacca 8c Bauleah au nord.
Dans toutes les fe&ions des criques du delta
on ne trouve que du fable 8c de la vafe noire en
lits réguliers, puis enfin de la glaife qui forme la
bafe. On ne voit aucune fubftance aufli groflière
que du gravier, jufqu’à la diftance de quatre cents
milles de la mer , où une pointe de rocher qui fait
partie de la bafe d’une montagne voifine s’avance
fur la rivière. Dans l’ intérieur du pays , à une
grande diftance du fleuve, la terre eft rou ge,
jaune ou d’ un brun-foncé.
Nous fommes d’aurant plus autorifés.à conclure
la formation des plaines du Bengale comme le
produit du travail des eaux des fleuves qui les parcourent
à préfent, que, dans un verre de l’eau du
Gange, il y a , pendant les grandes eaux, une par-'
tie de vafe fur trois d’eau. Il n’eft donc pas furpre-
nant que, d^ns la baiffe des eaux, il fe foit fait des
dépôts fort étendus, & qu'il s’en faffe encore de
manière que le delta gagne, comme nous l’avons
d it, fur la mer.
INDRE (Département de 1’ ). C e département
a pris fon nom de la principale rivière qui le tra-
veife par le milieu du fud-eft au nord-oueft.
Il eft formé de la partie occidentale de l’ancienne
province de Berry.
Les bornes de ce département font au nord celui
de Loir 8c C h e r , à l’eft celui du C h e r , au fud
celui de la Creufe 8c de la Haute-Vienne, à l’ouelt
ceux de la Vienne 8c d’Indre & Loire.
Les principales rivières font l’Indre qui paffe à
Sainte-Severe, à la Châtre, à Châteauroux, Buzan-
çois, Palluau 8c Châtillon-fur-lTndre. Cette rivière
reçoit à droite celle de Saint-Chartier 8c de Tef-
fones au deffus de Buzançois , puis à gauche celles
de Magny 8c de Vanvre réunies, 8c plus celle
d’Ozance entre Palluau 8c Châtillon. Entre l’ Indre
8c la Creufe on voit la Chaife 8c le Lofon, qui reçoivent
quatre chaînes d’étangs à gauche, 8c
paffent à Mézier-èn-Brienne 8c Mortizay.
Si l’on paffe à la Creufe on trouve un fyftème
d’eaux courantes qui arrofent la partie fud-oueft de
ce département j ainfi la Creufe paffe à Eguzon,
Argenton, Saint-Gautier 8c au Blanc. Elle reçoit
à droite l’Orfenne, & la Bouzanne, groffie du
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Lofon 8c du Gourdon; enfuite la Mance, qui paffe
à Rofnay, & dont la partiefupérieureeft une chaîne
d’étangs. A gauche, la Creufe reçoit l’Anglin
groflt du Porte-Feuille 8c de l’A blon, & qui paffe
à Belabre 8c à Mérigny.
Si nous remontons vers le nord-eft nous rencontrerons
la Théole,groflie de la Taguife, & del’Ar-
non , qui paffe à Neuvipaillou , à Ifloudun & à
Reuilly, puis, plus au nord , le Nahon, grofii du
Feufon, & du Fourion, qui prend fa naiffance à.
Levroux, puis paffeà Valencé, lefquelles rivières,
réunies à Chabris, fe joignent au Maden. C ’eft
ainfi qu’on peut diftinguer, dans ce département,
deux fortes de pentes de terrains affez régulières.
Les principales villes 8c habitations font Châteauroux,
Ifloudun, la Châtré 8c le Blanc.
Aigurande , petite vilie fur la Bouzanne : jl s'y
fait commerc&de'bétail.
Argenton , petite ville fur la C reu fe , com-i
merce de toiles communes.
Belabres , ufinss 8c forges de fer.
Le Blanc, fur la Creufe , commerce de vins &
de poiffons.
Châteauroux fur l’Indre , manufa&ure de draps
confidé râble,.
Ifloudun, fitué fur le Théo ls , commerce e»
draps , chapellerie 8c bonneterie.
Saint-Benoît-du-Sault, commerce de peaux de
chèvres.
Va lencé, forges.
Vatan, centre de culture.
Ce département eft fertile en grains 8c en
fruits. Il y a beaucoup de pâturages. On y élève
beaucoup de moutons, donc la laine eft d’ une
bonne qualité*
INDRE E T LOIRE ( Département d’ ) . C e
département tire fon nom de deux de fes rivières
les plus remarquables.
11 renferme une grande partie de l’ancienne province
de Touraine.
Les bornes de ce département font, au nord ,
celui de la Sarthe, au-nord-eft celui de Loir &
C h e r , au fud-eft celui de l’ Indre, au fud-oueft
celui de la Vienne, 8c à l’oueft celui de Mayenn®
8c Loire.
Ses principales rivières font la Loire, qui le tra-
verfe de l’ eft à l’oueft, 8c qui reçoit dans ce trajet,
à droite , la Brenne qui paffe à Château-Renaud ,
puis les rivières de Luines 8e de Langeois, U
Vienne, qui reçoit à droite la Maufe qui paffe
à Sainte-Maure, 8c à gauche, qui reçoit la Vende
8c l’Amable, laquelle arrofe Richelieu , 8c le
Doigt, qui arrofe Bourgueil, 8c à gauche la Mafle*
qui paffe à Amboifej le C h e r , qui arrofeBleréj
i’ Indre, qui paffe à Loches, à Cormery, à Mont-
bazon 8c à Azay-le-Rideau s enfin la Vienne, qui
fe jette dans la Loire à Candes, après avoir arrofé
l’ Ifle-Bouchard 8c Chinon, & avoir reçu la Creufe,
groffie par la Claife, qui paffe à Preuilly 8c. au