
plus pénibles. Çes peuples ont confervé la plus
grande liberté dans le mariage; car s'il arrive que
le mari né foit pas content de fa femme & qu'il
s'en plaigne le premier, le Seigneur du lieu envoie
prendre la femme , la fait vendre & en donne une
autre à l’homme qui s’en plaint î & de "même fi la
femme fe plaint, on la lailfe libre & on lui ôte fon
mari.
. Les Mingreliens font tout aufli beaux & aufli
bien faits que les Géorgiens ou les Circadiens., &
il femble que ces trois peuples ne faflTent qu’une
feule & même race d’hommes. En Mingrelie, les
femmes font belles & bien faites, d’une taijle admirable
& d’ un port majeftueux. Elles ont outre
cela, fuivant Chardin , un regard qui careffe tous
ceux qui les voient. Les moins belles & celles qui
font âgées, fe peignent tout le vifage : elles ont
de 1 efprit j elles font civiles & affeétueufes, mais
en même tems perfides. Les hommes ont aufli de
bien mauyaifes qualités : ils font tous élevés au vol
& au larcin j ils fe permettent le concubinage,, la bigamie.
Les maris font peu jaloux. Quand un homme
prend fâ femme fur le fait avec un autre, il a droit
de le contraindre de lui payer un cochon, & d ’ordinaire
il ne prend pas d’autre vengeance, & le
cochon fe mange entre le mari, la femme & le
galant. Il n’eft pas étonnant q ue, dans un pays où
l ’on fait commerce, d ’efclaves, les hommes aient
plufieurs femmes & plufieurs concubines pour
multiplier une denrée qui leur produit de l ’argent
ou des marchandises en échange.
Les Turcs qui achètent un très-grand nombre
de ces efclaves, font un peuple compofé de plu-
fîeurs autres peuples. Les Arméniens, les Géorgiens,
les Turcomans, fe font mêlés avec les ■
Arabes, les Egyptiens & même avec les Européens,
dans le tems des croifadçs. Il n’eft donc
guère polfib'e de reconnoîrre dans ce. mélange les
habitai» naturels de l’Afie - Mineure / de la Syrie
& du refte de la Turquie. Tout ce qu’ on peut j
dire , c’eft qu’en geçéjral les Turcs font des hommes
robuftés.& allez bien faits. Les femmes font
aufli ordinairement belles, bien faites & agréables :
étles font fort blanches parce qu’elles fortent
peu-, &c que quand elles fortent elles font toujours
vojlées.
Il n’y a femme de laboureur ou de payfan en
A f ie , fuivant Belon , qui.n’ait le teint frais & la
peau délicate & blanche j elles fe peignent les
fburcils en noir. Les Turcs , hommes & femmes,
îïe portent de poils en aucune partie du corps, excepté
les cheveux & la barbe, ils fe fervent de.
rufma Jp d ’autres dépilatoires pour enlever tous
ces, poils. Les femmes turques fe mettent de la *
t.utie brûlée & préparée dans les yeux pour les
rendre plus noirs.; elle? Çe. baignent aufli très-fou-
vent &' fe parfument tous les jours. Les femmes,
perfanes fe Recherchent encore, plus, fur la prrq- !
prêté que lés turques- Les'Per fans préfèrent les.. '
briiaés, & lès Turcs les roufles. ...... i
On a prétendu que les Juifs, qui tous fortent
originairement de la Syrie & de la Paleftine ,
ont encore aujourd’hui le teint brun : ruais cela
n’eft .vrai que des Juifs portugais } car les Juifs allemands
font aufli blancs que les autres Allemands.
Aujourd’hui les habitans de la Judée reffemblent
aux autres Turcs} feulement ils font plus bruns
que les Turcs de Cônftantinople ou des côtes de
la Mer-Noire , comme les Arabes font aufli plus
bruns que les Syriens parce qu’ils dionaux. font plus mériIl
en eft de même chez les Grecs : ceux de la
partie feptentrionale de la Grèce font fort blancs }
ceux des Îles ou des provinces méridionales font
bruns. Généralement parlant, les femmes grèques
font encore plus belles & plus vives que les turques,
& elles ont de plus l’avantage d’une beaucoup
plus grande liberté. Les femmes grèques
ont les plus beaux cheveux du Monde., & furtout
dans le voifînage de Conflantînople > mais elles
lne so natu ptraess leGsr ètqrauietss ..aufli beaux & auiïi réguliers que
I-.es Grecs regardent comme une très-grande
beauté dans les femmes , d’avoir de grands & de
gros yeux & les fourciis fort élevés, èc ils veulent
aufli que les hommes îés aient encore plus gros &
plus grands. Les habitans des îles de l’Archipel
font prefque tous nageurs & bons plongeurs.
Les Grecs , les Napolitains, les Siciliens , les
habitans de Corfe & de Sardaigne, enfin les Efpa-
gnols, étant fi tués à peu près fous le même parai-
. lsle, font affez femblables pour le teint. Tous ces
peuples font plus bafanés que .les Français, les.
Anglais, les Allemands, les Polonais , les Moldaves,
les Circafliens & tou? les habitans du nord
de l’Europe jufqu’en Laponie , r ù , comme nous
l’avons dit au commencement de cet article,, on
trouve une autre racé d’hommes. Lorfqu’on fait le
voyage. d’Ëfpagne, on commence à s’appercevoir,
dès Bayonne, de la différence de couleur. Les
fyeemuxm peslu so nbtr ialluâfnlis .le teint un peu plus brun & les
Les Espagnols font maigres & alîez petits : ils
ont la taille fine, la tête belle & les traits réguliers,
les yeux beaux, les dërts alfez bien rangées
; mais ils ont le teint jaune & bafané. Les
petits en fans naiffent fort blancs & font fort
beaux ; nuis en grandiffant leur teint change d’une
manière furprenante. L’air les jaunit, le foled les
brûle, & il eft ailé de reconnoïtre les Efpag; ois
& de les djftinguer par-là des autres nations. On a
remarqué que, dans quelques provinces d’Efpagne ,
comme aux environs de la rivière de Bidaffoales!
^habitans ont de grandes oreilles.
• Les hommes à cheveux noirs ou bruns commencent
à être rare? en Angleterre ,, en.Flandre, en
4Hollande & daus les provinces, feptentrionales e l’Allfmagne. On n’en, trouve prefque point en
Ç?nei8‘^‘cfe en Suède | en Pologne. Les.Goths
6ht les chevèüx lïffés', blonds & argentés, Ta taillé
haute
haute, & ï*iri$ de l ’oeil bleuâtre. Les Finnois ont le
corps mufculeux & charnu, les cheveux blonds,
jaunes & longs, l’ iris de l’oeil jaune-foncé. Les
femmes font fort fécondes en Suède : il n’eft pas
rare d’en voir qui ont huit à dix enfans. Il y a beaucoup
de vieillards. Cette fécondité des femmes ne
fuppofe pas qu’elles aient plus de penchant à l’amour.
Les hommes mêmes font beaucoup plus chaftes dans
les pays.froids, que dans les climats plus chauds.
On eft moins amoureux en Suède, qu’en Efpagne
& en Portugal, & cependant les femmes y font
beaucoup plus d’.enfans. Tout le monde fait que
les nations du nord ont inondé l’Europe, au point
que les hiftoriens ont appelé ces contrées ojfîcina
gentium.
. Si les hommes vivent en Suède plus long-tems
que dans la plupart de? autres royaumes de l ’Europe
, on doit l’attribuer à la falubriré de l’air de
ce climat. Il en eft à peu près de même du Danemark.
Les Danois font grands & robuftes, d’ un
teint v if & co lo ré } ils vivent fort long^téms à
caufe delà pureté de l’air qu’ ils refpirenr. Les femmes
font aufli fort blanches, affez bien faites &
très-fécondes.
Avantle czarPierre Ier. , lesMofcovitesétoient
encore prefque barbares. L e peuple, né dans l’ef-
clavage, étoit groflier, brutal, crue l, fans courage
& fans moeurs. Ils fe baignoient très-fouvent,
hommes & femmes, pêle-mêle dans des étuves
échauffées à un degré de chaleur, infoutenable
pour tout autre que pour eux. Ilsalloientenfuite,
comme les Lapons, fe jeter dans l’eau froide
au for.tir de ces bains chauds. Ils fe nourriffoient
fort mal : leurs mets favoris n’étoient que des
concombres ou des'tnelons d’Aftracan, qu’ils met-
toient pendant l ’été confire avec de l’e a u , de la
farine & du fel. Ils fe pri voient de quelques viandes,
comme de pigeons ou de veau, par des fcrupules
ridicules. Cependant, dès ce tems-là même , les
femmes favoierit fe mettre du rouge, fe peindre
les fourciis, porter d^ pierreries, parer leurs
coiffures de perles, &<fCeci ne prouveroit-il pas
que la barbarie commétfçsoit à finir ? Ce peuple eft
aujourd’huiciviliféen grande partie, commerçant,
curieux des arts & des fciences, aimant les nouveautés
ingénieufes} il s’eft montré très-brave
dans toutes les guerres qu’ il a eues à foutenir.
Les Ingriens & les Caréliens, qui habitent les
provinces feptentrionales de la Mofcovie , & qui
font naturels des environs de Pétersbourg, font
des hommes vigoureux & d’ une conftitution ro-
bufte-: ils ont pouf la plupart des cheveux blancs
ou blonds} ils reffemblent affez aux Finnois dont
ils parlent la langue, laquelle n’a aucun rapport
avec les autres langues du nord.
• Lorfqù’on fuit avec attention la defeription hif-
torique que nous venons de faire de tous les peuples
de l’Afie & de l’Europe, on voix aifémènt que
la couleur de chacun de ces peuples dépend beaucoup
du climat, fans cependant qu’on puiffe dire
Géographie-P hy^que. Tome I F .
qu*elle en dépende entièrement. En effet, plufieurs
caufes doivent influer fur la couleur & fur la forme
du corps & des traits des différens peuples. Cette
dernière reffemblance peut être confidérée comme
la fuite de la propagation d’une fouche primitive,
& la confédération des coutumes femblables peut
fervir à reconnoïtre cette filiation des peuples de
la même race.
Cependant une feule & même race a reçu quelques
modifications, furtout par la manière de vivre
& par la nourriture. Un peuple policé, qui vit dans
une certaine aifance, qui eft accoutume à une vie
réglée, douce & tranquille , qui eft à l’abri d’ une
certaine mi 1ère & ne manque pas des chofes de
première néceflîté, doit par cette rai fon être compofé
d’hommes plus beaux & mieux faits fi la
.race primitive eft forte & vigoureufe. Si cette
même race fe trouve dans un canton où le peuple
mène une vie fativage & indépendante, où chaque
individu, ne tirant aucun fecours de lafociété, eft
obligé de pourvoir à fa fubfiftance, de fouffrir alternativement
la fo if & la faim ou les excès d'une
nourriture fouvent mauvaife, de s’épuifer de travaux
& de laflitude, d’éprouver les, rigueurs du
climat fans pouvoir s’en garantir, en fuppofanc
ces.‘deux nations dérivées d’ une même fouche A
fous le même climat, on peut croire que les
hommes de la nation fauvage feront plus bafanés,
plus laids; plus petits, plus ridés que ceux
de la nation policée. S’ils avoient quelqu'avan-
tage fur ceux-ci, ce feroit par la force ou par la
dureté de leur corps. Mais outre cela, le pays de
la nation civiiifée, quoique fous le même climat,
fera lui-même plus civilifé, d’ une température plus
douce , par les travaux raifonnés de la culture.
Ainfi j’admettrois d’abord »pour caufe principale
de là variété des races, la force & l’ influence du
climat : c’eft lui qui fait la conftitution du corps
des habitans > c’elt: lui aufli-qui'fournit la.nourriture,
laquelle eft une fécondé caufe très-puiflante.
Enfin, à la fuite du climat font les moeurs & la
manière de vivre.
Mais avant de développer ces conféquences,
qui découlent naturellement des faits que nous
ayons expofés, il eft néceffaire de donner la defeription
des peuples de l’Afrique & de l’Amérique.
Nous avons déjà parlé des nations de la partie
feptentrionale de l’Afrique, depuis la mer Méditerranée
jufqu’au Tropique. Tous ceux qui font
au-delà du Tropique, depuis la Mer-Rouge juf-
qu’ à l’Océan, fur une largeur d’environ cent ou
cent cinquante lieues, font encore des efpèces de
Maures , mais fi bafanés qu’ils paroiffent prefque
tout noirs. Les hommes furtout font extrêmement
bruns. Les femmes font un peu plus blanches, bien-
faites & affez belles. Parmi ces Maures, il y aune
quantité affez confidérable de mulâtres, qui font
encore plus noirs qu’e u x , parce qu’ils ont pour
mères deeNégreffes que les Maures achètent, &
L