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beaucoup d’autres rivières de France & d’Angleterre.
Iles efpagnoles.
Les principales îles circonvoifïnes qui appartiennent
à YEfpagne, font Majorque, Minorque 8c
Iviça. Majorque a environ quarante-fepc milles de
longueur fur vingt-huit milles de largeur. La partie
nord oueft eft montagnéufe : le relie abonde en
terres cultivées, en vignobles, en vergers 8c en
prairies. L air y eft tempéré. Le miel que cette île
produit, eft trèv-renommé. La capitale, lituée fur
une belle baie, eft une jolie v ille , & l'on croit
qu’elle renferme environ dix mille habitans. C'eft
là que naquit Raymond- Lulle , célèbre vifionnaire
du quatorzième lïècle.
Majorque eft généralement dans un tropvbon
état de défenfe pour qu’ il foit facile de la conquérir.
Minorque a environ vingt-cinq milles de
longueur fur dix milles de iargeur. L’ air y eft humide,
8c le fol, principalement calcaire, offre dans
certains endroits, du plomb & de beau marbre, 5c
d’ailleurs eft très-peu fertile. Le vin en eft eftimé,
& les'habitans ont en partie conlervé leur ancienne
réputation d’exçtllens-ftondeurs. Citadella fa capitale
a un affez bon port ; mais la population eft
peu nombreufe & les fortifications peu importantes.
Port-Mahon , au fud-eft, poffède un havre
excellent.
Iviça , qui de toutes ces îles eft la plus voilïne
de YEfpagne, a treize milles de long f ur dix de
large. Elle eft remarquable par fes fruits & la grande
quantité d'excellent fel qu’on en tire. *
On eftime le nombre des habitans de Majorque
« cent quatre-vingt-cinq mille neuf cents ; celui de
Minorque à vingt-huit mille cent foixante-dix, 8c
celui d’Iviça à treize mille fept cents.
§. 1er. Confidêrations particulières furies chaînes de
montagnes de £Ejpagne.
Quoiqu’on n’ait pas encore ni étudié ni figuré
bien en détail les chaînes de montagnes de Y E f
pag/ie, cependant il peut être utile d’en tracer ici
une ébauche, par laquelle on aura quelque facilité
de connaître, en fuivant les points de partage des
eaux, l’enceinte des badins des rivières Sc des
fleuves, ainfi que leur diftribution à 1* furface de
ce royaume.
Suivant ce plan, j’ indiquerai, i° . une chaîne de
montagnes au nord-eft de YEfpagne ce font» les
Pyrénées, où des neiges continuelles entretiennent
les lources de la Garonne, de l’A d ou r, 8 c c .,
du côté de la France, & celles de quelques autres^
rivières moins tor.fidéiables du côté de Y Ejpagne.
2 ° .Une autre chaîne qui commence dans lu partie
du nerd-oueft, 8c qui, s'élevant fous les douzième
& quatorzième degrés de longitude, y donne
nai&uice au Minho» au Dueio Si à i ’E bre, pu.s,
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s avançant par le fud-eft jufqu’au-delà du quinzième
degré , forme les maffes où fe trouve Moueayo ,
une des hauteurs la plus connue de YEfpagne.
Dans cette chaîne fe trouve la fource du Tage 8c
.de quelques autres rivières qui le joignent au
Duero. _
Cette chaîne, en s’avançant fans interruption
dans la direction du nord au fud, fous le feizième
degré de longitude, s’élève vers le quarantième
degré de latitude , 8c forme une maffe où font les
lources qui fourniffent par le fud-oueft les eaux de
la Guadiana 8c du Guadalquivir, & , par l’e ft, le
Guadalquivir, le Xucar, 8cc.
3°. Entre les trente-huitième 8c trente-neu-
vieme degrés de latitude, la même chaîne qui
forme deux branches, l’une au nord du T a g e , 8c
1 autre au nord de la Guadiana, fe fépare encore
en deux autres branches ; l’une s’étend à l’oueft,
en fuivant la limite îeptentrionale du badin du
Guadalquivir, fous le nom de Sierra-Morena ou
montagnes noires; l’autre delcend au fud, 8c va fe
terminerait cap deGate, tandis que d’autres maffes
montueufes, courant de l ’eft à l’oucft, forment
la Sierra-Nevada ou les montagnes neigéesî Elles
s avancent au lud où eft Gibraltar, 8c à la pointe de
terre la plus ava-ocee dans le détroit où fe trouve
Tarifa
4°. Une petite chaîne de montagnes, réparées
des autres par le lit de la Guadiana , termine la
partie du fud-oueft où eft le cap Saint-Vincent.
C ’ eft entre ces montagnes 8c la mer que fe trouve
la portion de pays nommé par les Arabes, A l-
garves.
Chaîne de montagnes qui parcourent la partie fepten- '
trionale de CEfpagne.
A partir du cap Finifterre, où les terres font fort
baffes J auflibien qu'au capOrtegal, le fol va toujours
en s'élevant de I'oueff à l'eff, fous le quarante
troifièmé degré de latitude jufqu’aux fources’
de 1 Ebre : là les maffes montueufes Ont acquis
leur plus grande hauteur, & de quelque coté
qu'on s'éloigne de ce point on eft obligé de def-
cendre.
La plus grande partie de ces montagnes eft comp
t e de pierres de labié. L’air eft extrêmement1
froid fur les plateaux les plus élevés, qui font toujours
couverts de neiges.
A quelque diftànce des fources de l'E b re , on
trouve une montagne que l'on nomme Arandillo,
& qui eft fort élevée ; mais fon fommet s’eft décom-
p o fé , de manière qu’ il forme actuellement une
vafte plaine couverte de prairies abondantes.
’ Sa corappfition d'aileurs eft très-lïnguliëre. Au
pied ou voit du gppfè, au fommet de la pierre de
fable, & , dans la moyenne région, delà pierre
calcaire , renfermant des cornes d'ammon , & une
quantité prodigieufe de l'efpèce de coquilles qu'on
nomme peigne. Sur le chemin dcRu nofa, lieu peu
éloigné des fources de l’E bre, on rencontre de
grandes mafiTes de marbre noir , parfemé de veines
blanches. 11 y a auffi quelques montagnes d’ardoi!e,
dont les fentes trapézoïdales font obliques à l’horizon.
En s’éloignant d’Efpinofa jufqu’à Mondragon,
8c même jufqu’à la rivière de Bidaffoa, le pays eft
couvert de montagnes de différentes hauteurs,
8c par quelques, plaines que l'on peut confîdérer
comme de grands vallons. Prefque toutes les montagnes
de la partie orientale de ce pays , c’eft-à-
dire, depuis le quinzième jufqu’au feizième degré
de longitude, même au-delà du quarante-troilième
degré de latitude, font compofees de bancs d’ argile.
D ’ailleurs , les pierres de ces montagnes fe
decompofent, 8c de leur décompofition il réfulte
une terre forte 8c compacte qu’on né rend fertile
que par un mélange de chaux. Chaque année il faut
mettre de cer engrais fur ces terres, parce que la
matière calcinée redevient pierre calcaire en ré-
abforbanc de l’air fixe. D’ailleurs, il eft vraifembla-
ble que cette décompofition des pierres argileiifes
qui s'opère perpétuellement, amène fans ceflè de
nouvelle terre fo r te , qui a également befoin d’un
nouvel engrais pour redevenir propre à la végétation;
car il faut que le remède foit proportionné
au mal.
Outre cela, on trouve dans le même canton un
grand nombre de montagnes à couches inclinées
de mi’le manières différentes 8c pliées dans tous
les fens : telles font les montagnes des quatre couronnes,
des environs du port du Palfage, de Saint-
Sébafiien, de Bilbao.
Cette partie de YEfpagne renferme suffi beaucoup
de fer. De ces mines, les unes font en couches, les
autres en rognons, 8c quelques-unes en filons : on
y trouve des hématites de toutes les formes 8c de
toutes les groffeurs. La mine la plus abondante eft
celle de Somoreftro, qui eft un compofé de lames
ou de petites écailles minces comme le papier,
appliquées les unes fur les autres par l’effet de
l’eau qui a tenu ces principes en diffolution.
Vers le fud-eft de Bilbao, les montagnes qui
courent à l’eft commencent à prendre le nom de
Pyrénées; elles font compofées, de ce cô té , de
roches ardoifées, de pierres de fable & de bancs
calcaires.
très lieux remarquables, le village de Saünas,
nommé ainfi d’une fource d’eau falée, dont on retire
du fel en la faifant bouillir. Le coteau où eft
S ilinas eft prodigieufement élevé : outre l’amas de
fe l, on y voit des coquillages pétrifiés dans une
efpèce de marbre bleu.
Dans toutes ces montagnes il y a très-peu de
fontaines, quoiqu’ il y pleuve fréquemment. Il eft
vifible, pour peu qu’on ait obfervé la furface du
pays, que ce défaut de fources provient de la
nature dès terres qui font difperfées à la furface
du pays, & qui, n'admettant point les eaux pluviales,
ne peuvent permettre à ceSeaux de former
de ces réfervoits intérieurs qui fervent à aiim nier
les lources 8c à les former. Tous les produits des
pluies font alors torrentiels, 8c les rivières dont
le cours eft foutenu 8c réglé, ne font guère entretenues
que par les neiges fondues.
Chaîne de montagnes qui s*étend depuis Moncaro
jufquau cap de Gâte.
i° . Cette chaîne , qui commence à l’endroit le
plus élevé de YEfpagne, ne laiffe pas à l’orient un
très-grand bafiîn'vers la Méditerranée; mai* à
l’oueft, elle a pîufieurs branches qui forment les
baflins de plufîeurs grands fleuves J e Es parcourrai
les uns après les autres.
La montagne appelée Moncayo eft une efpèce
de grand plateau. Le Duero 8c pîufieurs autre s
rivières y ont leurs fources. Cette montagne eft de
roches calcaires, qu*i fe décompofent continuellement
8c fe convertiffem en terre ; aulfi le fo l y
eft-.il couveit de toutes fortes de plantts.
Molina d’Arragon eft vers le fud-eft de cette
grande mafle, où le froid règne pendant neuf
mois de l’année. On la regarde comme la partie la
plus élevée de l'intérieur de YEfpagne. Les rdchrrs
aux environs de Molina font de marbre blanc &
de couleur de chair, partie en blocs , partie en
couches. Pîufieurs coteaux voifins ont à leurs fora-
mets de cette efpèce de marbre : au deffous eft une
pierre à plâtre, rouge , cendrée 8c blanche , 8c
vers leur bafe on trouve des pierres arrondies par
couches, liées enfemble par un ciment fablonneux
8cquartzeux.
| Dans ce même endroit font deux mines de fer ;
l’une dans la partie calcaire delà montagne ; l'autre
eft placée au milieu du quartz.
On voit auffi aux environs de Molina 8c dans
quelques autres endroits de YEfpagne, une pierre
de fable, imprégnée de fe l, 8c qui eft tantôt en
b lo c , tantôt par couches. Comme quelques mai-
fons font çonftruites de cette pierre faline, les
chevaux 8c les mulets en lèchent les murs.
La rivière qui paffe à Molina a creufé un ravin
qui a plus de cent trente pieds de^ profondeur ,
entre deux bords verticaux. On apperçoit, en examinant
avec foin cette coupure, que la pierre, en
fe décompofant, a contribué à fon approfondiffe-
ment. A une petite diftànce de Molina on trouve
un petit coteau, compofé de pierre calcaire, remplie
de pétrifications : on y trouve différentes ef-
pèces de coquiT s foffiJes, comme les coeurs de
boe u f, les huîtres de différentes efpèces, des bé-
lemnites.
2°. La chaîne de montagnes qui s’avance du
nord au fud au deffous de Molina, porte le nom
de Sierra. C ’eft le nom général que les Efpagnols
donnent aux montagnes dont les fommets ont U
forme de p ic s , femblables aux dents d’une feie.
On défigne celle-ci par la dénomination de Sierra