
dents incifives, à doigts armés de griffes, dont on
a découvert le fquelette au Paraguay, aucun de
tous ces animaux n’ a d’analogue vivant.
Tous ces- faits analogues entr’eux paroiffent
exiger un ordre de chofes différent de celui dont
nous fortunes témoins > mais le palfage de l’un à
1 autre fuppofe encore une fuite de moyens dans
la nature , dont il eft fort difficile de trouver les
traces & les veftiges.
ELHORN ( 1’ ) , rivière du département du
Finifterre , canton de Pleyben. Sa fource , à une
lieue & demie de Brafpars, verfe fes eaux au nord-
nord-oued, puis au nord, puis redefcend àl'oueft-
fud-oueff, pafle à Landernau , & fe rend dans la
rade de Breft, à fept lieues nord-oueft de fa fourcej
à la pointe de Rollivier.
ELINGEN j village du département de laDy le,
canton de Hall, à trois quarts de lieue eft-fud de
Hennich-Saint-Martin, & à une lieue un tiers fud-
eft de Hall. Il y a dans ce village une braderie &
une geniévrerie j & le territoire d’ailleurs abonde
en grains de toute efpèce.
ELNE , ville du département des Pyrénées-
Orientales , canton de Perpignan , fur le Tech ,
près de la Méditerranée. Cette ville s’appeloit
IUiberïs lorfque Hélène, mère de Conlîantin , la
fit rebâtir. Les bords de la rivière de T e c h , qui
pafTe près & au nord d ‘Kir:c , font couverts de
pierres roulées.
E L SG A U , riche & grande vallée du ci-devant
évêché de Bâle, qui renferme la ville & le château
de Porentruy, trente-deux villages 8c treize mille
lubitans. Elle faifoit autrefois partie de la Rau-
racie, aux confins du pays des Séqunnois. Cette
vallée formoit un bailliage de cinq lieues de longueur,
fur trois lieues de largeur, arrofé par la
Halle ou l’Aleine. C 'e ft , de l’évêché de Bâle, la
partie la plus fertile en b lé, fourrages, fruits &
légumes, 8c la feule dont les produits fuffifent aux
befoins.
On y parle la langue françoife, à laquelle cependant
les campagnards fubftituent ufuellement un
patois nommé roman , compofé de mots latins,
celtes 8c français. Il s’y faifoit peu de commerce
à caufe du féjourde la cour, des charges, des emplois
8c des bénéfices qu’elle diftribuoit aux ha-
bitans de Porentruy j mais l'exemple leur a prouvé
combien de pareilles reflources font précaires en
c-omparaifon ae celles qu’ ils pouvoient rencontrer
dans l ’induftrie. On y trafique cependant fur les
ouvrages de tr ico t, fur les to ile s , le bois, les
planches, le bétail , le plâtre , 8c principalement
fur la poterie 8c la faïencerie qu’on fabrique à
Bonfol 8c à Cornol. Quoique le prince-évêque de
Bâle réfidât à Porentruy depuis plufîeurs fiècles,
cette ville 8c fon territoire dépendirent dudiecèfe j
de Befançon jufqu’en 1779 y que l'évéque de Po-
, rentruy & fon haut chapitre conclurent avec l’archevêque
de Befa.rçon leur métropolitain , un
concordat, par lequel ils échangèrènt entre le
fiége de Befançon & celui de Bâle vingt-neuf pa-
roiffes dans l’ancienne Franche-Comté , contre la
ville de Porentruy & le bailliage d’Ajoie; mais
depuis la nouvelle organifation du culte en 801 ,
Porentruy & le ci-devant évêché de Bâle font de
la juridi&ion épifcopale de Strasbourg, L’ Ajoië,.
réunie à la France le 25 mars 1793, avec le pays de
Porentruy , fous le nom de département du Mont-
Terrible, forme à préfent le canton de Porentruy
dans le département du Haut-Rhin, auquel celui
du Mont-Terrible eft incorporé depuis 1799.
E LV IN , bourg du département du Morbihan ,
arrondifiementde Vannes & à trois lieues un quart
de cette ville. La montagne de Ke rzy , fituée près'
de Cette commune , entre le Bourg & le pont de
Guiliemai, fournit des criftaux blancs j tranfpa-
rens, hexagones, qui, étant taillés, ont les mêmes
réfultats que ceux du Rhin.
ÉM A LE , village du département-de la Meufe-
Inférieure, arrondiffement & canton fud de
Maëftricht, commune d’Éhen-fur-la-Jaar, à une
lieue & demie fud-oueft de Maèftricht. C e village
fut pris le 20 août 1794. ( ^ l’article du
Maseyck , où l’on expofe l’importance de cette
expédition. )
EMBOUCHURES DES FLEUVES ( Aterriffemens
des). On ne doit pas confidérer comme
la fuite de la retraite de l’Océan fes aterriffemens
faits par les fleuves d’un certain ordre à leurs embouchures.
Ces aterriffemens, d’un autre côté
méritent d’être examinés & difcutés à part : c'eft
ainfi que l’on prouvera que le Delta eft l’ouvrage
du Nil , pendant qu’on fera voir d’ailleurs que
la Baffe-Egypte eft le produit des dépôts de la
mer. C ’eft ainli que , fuivant la remarque de
Polybe, on trouve, v e rsXembouchure du Danube,
dans la Mer-Noire, un banc de fable de mille
ftades de longueur. Nous favons que les alluvions
du Pô élèvent de larges plaines le long du golfe
de Venife. Enfin, une grande partie du Brabant
hollandais eft formée des dépôts du Rhin, de la
Meufe & de l’Efcaut.
Il en eft de même du Rhône, dont les débor-
demens ont accumulé de larges fédimens que les
flots de la Méditerranée ont concentrés à l ’extrémité
de l’ancien golfe de ce fleuve. Je pourrois
citer également le Gange, l 'Indus, dont les delta*
font fi considérables & fi étendus entre les bras
de leurs embouchures, parce qu'ils éprouvent, par:
la pofition de leur cours , des inondations périodiques
femblables à celle du Nil. ( Voye.j Ater-
ri s sement des Fleuves, Delta, & c! )
Je crois que le fleuve des Amazones doit avoir
de grands aterriffemens le long des canaux qui ter- j
minent fon cours. Nous favons d’ ailleurs que ces
aterriffemens s’étendent le long des côtes de la
Guiane, depuis le Para, & qu’ils ont une grande largeur.
Ce font vifiblement des vafes entraînées par
les eaux du fleuve dans fes débordemens , avec
des arbres que ces eaux détachent des bords.
Je dois mettre au nombre de ces fleuves à grands
aterriffemens, le Mifliflipi , qui offre à fon embouchure
des île s , des bancs de fable d’une nouvelle
formation. Ces dépôts ont rapport à tous ceux qui
remontent ou qui defcendent fon cours, fi on ne'
trouve le fol natif primitif qu’ à une très-grande
diftance de leur embouchuredans la mer; ce qui
donne lieu de préfumer que l’ancienne embouchure
formoit un golfe particulier, auffi large que profond.
Si toutes les embouchures des fleuves qui offrent
ces aterriflemens dont je viens de faire mention ,
étoient connues & notées -fur une carte, le bord
de la nie-r feroit pour lors dentelé d’une manière
finguiière. Si l’on remontoir à l’ancien état des
choies, on retrouveroic que le fol primitif rem-
pliffoit les mêmes vides que les aterriffemens ont
occupé depuis ; je veux parler feulement de la
fimpie embouchure du fleuve. On voit par-là les
avantages qu’ il y a de rapprocher les uns à côté
des autres les différens états par lefquéls certains
fols ont paffé depuis qu’ils font partie des Conti-
nens, jufqu’à nos jours.
Embouchures des rivières dans la Méditerranée.
La mer Méditerranée, & principalement
la mer Adriatique , nous préfente deux
phénomènes bien curieux & bien intéreffans, le
prolongement des plages en divers lieux, & le re-
hauffement uniforme de la fuperficie de la mer.
On pourroit, par un feul principe, rendre raifôn
de ces deux phénomènes > en difant que les matières
tranfportées par les rivières & amâffées fur
le rivage l’alongent, & qu’ainfi, en refferrant le
circuit de la m e r , elles doivent en faire éfever
la fuperficie. Cette explication paroîtroit fort
plaufible fi la mer Baltique ne nous préfentoit en
même tems le prolongement des plages & l’abaif-
fement de fon niveau , & s’il n’étoit pas évident
que toutes les mers devant être de niveau entre
elles, la hauteur abfolue de l’eau ne peut augmenter
dans l’une fans qu’elle augmente en même
tems dans toutes les autres.- Mais pour nous en
tenir aux feuls faits, nous voyons dans l^s Mémoires
de l’Académie de Stockholm, que MM. Cel-
fius, Dalin, Stembeck & plufieurs autres nousont
décrit une longue fuite de faits qui prouvent ma*
nifeftement le.prolongement de toutes les plages.
Ces faits font entr’ autres, que la pêche a manqué
en plufieurs endroits , à caufe que le fond eft
trop bas j que plufieurs anfes & ports du golfe de
Bothnie , qui pouvoient autrefois recevoir de gros
naviies , ne font plus praticables que pour les petites
barques; que de nos jours plufieurs îles fe
font unies au Continent, & que même tout le
Continent de la Suède n’étoit autrefois qu’ un amas
de plufieurs îles. Le prolongement des plages pour-
roit encore s'accorder avec l’élévation du niveau
de la mer, dans le cas où les caufes particulières
concourroient plus à l’accroiffement du rivage ,
que les caufes générales ne concourent à l’élévation
du fond & de la fupafficie de la mer. Mais-
les obfervations de l’Académie de Suède nous
donnent encore une diminution de la hauteur ab -1
folue de l’eau : on y voir que plufieurs pointes où
l’on pêchoit autrefois des chiens marins, fontpré-
fentement, par leur hauteur, hors de la portée d e ;
la pêche ; qu’à préfent on peut diftinguer facilement
plufieurs ecueils où les navires fe brifoient autre-'
f o i s ,& lurtout que les fignaux & les marques de
la hauteur à laquelle arrivoit autrefois la fuperficie
de la mer-fout à préfent notablement au deffus
de cette fuperficie.
L’élévation continuelle du niveau des eaux dans
la mer Adriatique n'a pas été inconnue aux favans
du feizième ftècle , & l’ ingénieur Sabbauini en a
parlé formellement dans fon Difcours fur la lacune
de Venife. Euftache Manfredi a été le premier’qui
ait établi cette opinion. S’étant trouvé à Ravenne,
quelques nivellemens lui firent appercevoir que
les pavés de plufieurs anciens édifices de cette
ville étoient au deffous du niveau de la mer. Les
principaux de ces édifices font ceux du Dôme,
de la Rotonde & de la magnifique églife de Saint-
Vital , bâtie fous le règne d’Amalafonte, & que
je n’ai pu voir fans un grand fentimefic d’eftime
pour les architeftes de ce cems-là. O r , puifque la
mer arrivoit autrefois à Ravenney & qu’on ne
peut pas croire que ces habiles architedés euffent
voulu bâtir dans des lieux expofésau regorgement
des eaux , il faut donc dire que dans ces tems la
fuperficie de la mer étoit plus baffe. Bernardin
Zendrini a confirmé cette même opinion par
d’ autres obfervations femblables qu’ il a faites à V e rnie,
où il a vu que les anneaux qui fervoient autrefois
pour arrêter les barques, étoient aujourd’hui
au deffous du niveau de la mer; que l’ëglife fou-
terraine de Saint-Mare n’eft plus d’aucun ufagey
parce q uelle eft furmontée par les eaux, & que
quelquefois le fol de la place eft inondé dans les.
marées un peu hautes, quoique depuis quelque
tems on l’ ait relevé d’environ un pied. On obferve
les mêmes chofes dans la mer Méditerranée. Dans*
l’ile de Caprée, tout le terre-plein d’un ancien édifice
des Romains, placé fur le rivage de la mer, eft
à préfent inondé : on voit auffi à.Viareggio & en
d’autres lieux plufieurs pavés pareillement inondés.
Mais pour lever toutes les objeâions que
l’on pourroit former en difant que de pareils
changemens pourroient provenir de quelqu abaif-
fement accidentel de tout le fo l, il fuffit de produire
les obfervations faites par le célèbre Donati
le long de la côte de Dalioatie. À Ljffa , à Dieîo,